Les jours qui suivirent rendirent Mattheo fou. Il devait jongler entre garder un œil sur Theodore qui se remettait difficilement et surveiller son frère parce qu'il avait le pressentiment que quelque chose se tramait. Il n'était pas aveugle et voyait l'obsession que Tom avait pour Eden, ce qui le rendait malade.

Pourtant,Eden n'évoquait jamais Tom, elle parlait à peine à Mattheo parce qu'elle n'avait pas le temps. Elle s'occupait d'Ana avait qui elle avait noué une timide amitié qui se développait doucement. Malgré cela, la rouquine peinait à aller de l'avant. C'était comme si plus le temps passait et plus elle s'enfonçait dans la détresse.

Ses résultats chutaient et les regards réprobateurs de ses professeurs la faisait se sentir encore plus mal. La seule façon qu'elle avait trouvé pour avoir du répit était de prendre la poudre que Mattheo lui avait donné. Il suffisait qu'elle en consomme un peu trop et tous ses problèmes disparaissaient. Son euphorie retombait ensuite et le retour à la réalité était d'une brutalité sans nom alors, elle reniflait de plus en plus de drogue.

Elle en avait tellement pris que son stock s'était épuisée et, gênée à l'idée de demander au jeune homme de lui en fournir un peu plus, elle s'était tournée vers Cormac. Le paiement était simple, un baiser en échange d'une nouvelle dose. Quant à Tom, elle l'évitait comme la peste car elle redoutait qu'il se rendre compte de quelqu'un chose ou pire, qu'elle lise de la déception dans son regard.

Elle était censée être unique à ses yeux, la meilleure mais elle avait peur qu'il finisse par jeter son dévolu sur une autre élève. La jeune fille entra dans la salle de classe et les regards se tournèrent vers elle, affamés. Sa jupe était trop courte de 4 cm, ses longues bottes rallongeaient sa silhouette et sa chemise était ouverte légèrement. Elle s'excusa vaguement pour son retard et s'assit dans le fond.

Ron lui fit un signe discret et Eden lui répondit par politesse. Sa jambe bougeait frénétiquement sous la table et ses pupilles étaient dilatées. Cependant, fidèle à elle-même, la jeune fille inspira profondément pour se ressaisir. Elle offrit un sourire à Joshua lorsqu'elle croisa son regard et prit quelques notes pour faire bonne figure. Tom lui jeta un regard inquiet, il détestait l'idée de s'en faire pour Eden, il n'était pas comme ça et le trouble en lui grandissait.

Il continua son cours avec sa froideur habituelle mais ses yeux ne cessaient de se poser sur elle. Eden paraissait ne pas en avoir conscience, elle mordillait sa lèvre d'une façon sensuelle et il était certain qu'elle ne s'en rendait même pas compte mais cela perturbait visiblement tous les garçons de la classe qui avaient la tête tournée vers elle. Il se pinça les lèvres et s'approcha du pupitre de la jeune fille. Il se pencha alors qu'elle relevait ses yeux sur lui et il vit à quel point ses pupilles étaient dilatées.

— Miss Marks, dit-il, arrêtez de mordre votre lèvre avant que chaque idiot de cette pièce perdent leur peu d'intelligence qu'ils possèdent.

À ce moment précis, Seamus tomba de sa chaise dans un bruit sourd. Tom ferma les yeux, exaspéré et se pinça le nez.

— Et ça, dit-il, est exactement ce que je veux dire.

Il se retourna vers ses élèves, le regard sombre.

— Chacun. De. Vous. Vos. Yeux. Sur. La. Leçon.

Les garçons obéirent et Tom jeta un dernier regard à Eden avant de retourner à son bureau. Il repris son cours mais fût de nouveau interrompu par une boulette de papier qui vola jusqu'au pupitre d'Eden. La colère bouilli dans ses veines et en trois enjambées, il se retrouva une nouvelle fois devant elle, attrapant le message. Il déplia la feuille et sa mâchoire se crispa en voyant le dessin obscène la représentant. Un silence de mort régna, Eden le regarda, essayant de comprendre ce qu'il avait lu sur ce mot pour que ses yeux soient aussi sombres.

— Brillant, messieurs, dit-il d'une voix tranchante. Félicitations, vous venez de me prouver que votre intelligence est comme je le craignait, aussi inexistante que la magie de Rusard. J'imagine qu'une lettre à vos parents vous fera peut-être prendre en maturité, ce que je doute fort mais je suis certain qu'au moins, une expulsion de quelques jours vous fera passer un mauvais quart d'heure avec papa et maman.

Les deux garçons responsables du dessin palirent pour le plus grand plaisir de Tom qui afficha un sourire mauvais.

— Sortez. Tous les deux. Hors de ma vue avant que je ne décide de vous torturer jusqu'à ce que vos pantalons se mouillent d'urine.

Eden observa ses deux camarades rassembler leurs affaires avant de partir, terrorisés. Elle n'osa pas regarder une seconde de plus Tom, craignant qu'il ne lise en elle comme dans un livre ouvert. Il resta planté devant son bureau mais elle ne céda pas et il tourna les talons, vaincu. Il termina son cours, espérant intercepter Eden avant qu'elle ne s'en aille mais dès que la cloche sonna, elle bondit vers la porte.

Tom fixa celle-ci, un malaise s'insinuant dans les veines, Quelque chose n'allait pas et une question surgit dans son esprit, la même qui tournait en boucle depuis quelques jours : son inquiétude était-elle sincère ou bien c'était la peur de perdre l'emprise qu'il avait sur elle ?