𝐀𝐍𝐂𝐎𝐋𝐈𝐄
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chapitre dix-sept —— "A plus tard"
« Ce n'est qu'un au revoir. »

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Lara entra timidement dans la salle exclusivement réservée à quelques enfants de Lambda. Comme la dernière fois, elle vit de nouveau Adam, Cislo et Norman, chacun dans leur coin, occupés à diverses tâches. Ce dernier lui sourit lorsqu'elle s'avança vers lui, le visage pâle.

— Ça va ? Tu as l'air malade, s'inquiéta immédiatement en vérifiant la température de Lara.

— Oui, oui, tout va bien, finit-elle par dire avec un léger rire. C'est juste que tout ce qui se passe dans cet endroit me dépasse, je finis par me demander ce que je suis réellement.

— Tu te l'es toujours demandée, pas vrai ?

Lara hocha la tête après quelques secondes de silence. Elle ne préférait pas aborder la découverte de sa nouvelle faculté, et encore moins du fait qu'elle avait tué plusieurs personnes. Elle se sentait déjà honteuse et culpabilisait suffisamment de son crime. Rien que le fait de penser à ce sujet provoquait en Lara une sorte de dégoût pour elle-même.

Emma ne me pardonnera jamais d'avoir fait ça, songea-t-elle avec un pincement au cœur.

Mais elle chassa rapidement la rousse de ses pensées. Elle devait être forte, ne pas imaginer au pire et toujours rester positive, malgré la situation. Enfin, c'était ce qu'elle se forçait à penser, la vérité était tout autre. La réalité la rattrapait toujours et ses idéologies utopiques tombaient rapidement dans l'oubli.

— Tu devrais vraiment te reposer, poursuivit Norman avec sérieux. Tu n'as vraiment pas bonne mine. Ils te fournissent toujours des médicaments ?

— Non, ils ont arrêté depuis pas mal de temps, soupira Lara avec un haussement d'épaules, l'air de s'en ficher. De toute façon, ce n'étaient que des anti-dépresseurs. Enfin bref, j'ai une super nouvelle à t'annoncer !

— Ah oui ?

Lara s'approcha de l'oreille de son ami pour lui murmurer :

— Nous allons nous évader dans trois jours !

Le visage de Norman s'assombrit immédiatement à cette annonce. Lara l'observait sans un mot de plus, surprise de cette réaction. Que lui arrivait-il ? Pourquoi n'était-il pas heureux ? Ne sautait-il pas de joie ? Elle ne s'attendait clairement pas à cette réaction et ne la comprenait pas.

— Tu n'es pas content ? Pourquoi tu ne dis rien ?

Toujours plongé dans le silence, le jeune garçon ne la regardait même plus. Il baissait la tête, face au sol, sans qu'aucune once de joie ne se reflète sur son visage. Le sang de Lara ne fit qu'un tour. Elle le saisit par les épaules, avant de répéter avec colère :

— Pourquoi tu ne dis rien ?

Car elle comprenait maintenant les paroles de Smee et du chirurgien en ce qui concernait l'évasion de Norman : ils savaient qu'il n'avait pas l'intention de s'évader. Celui-ci leva lentement les yeux vers son amie, une faible lueur animait ses yeux devenus ternes, tandis que ceux de Lara commençaient à être teintés de rouge et envahis par les larmes.

— Je ne pars pas avec toi...

— Pourquoi ? Donne-moi une seule raison de rester ici à moisir ? A moins que tu sois en train de me faire une blague ?

— Je ne veux pas partir en laissant d'autres enfants dans ce laboratoire. J'ai besoin de plus de temps pour élaborer une plus grande évasion que juste nous deux.

Lara n'arrivait pas à le croire. Elle ne voulait pas le croire. Ne voulait-il pas rejoindre sa famille ? Pourquoi souhaitait-il aider ces inconnus ? Cela paraissait peut-être égoïste, mais Lara ne songeait plus qu'à se sauver elle et Norman, et personne d'autre. Même si laisser ces enfants maltraités lui crevaient le cœur, elle ne voulait pas attendre et voulait garantir la réussite de son évasion.

— Je m'évaderai avec tous les autres détenus dans quelques temps. En attendant, enfuis-toi et rejoins notre famille ? lui souffla Norman.

— Pourquoi veux-tu les aider ? Ne devrais-tu pas penser à toi d'abord ? répliqua Lara sur un ton sec, les larmes essuyés.

— Emma n'apprécierait pas et aurait souhaité qu'on s'évade tous ensemble.

— Emma n'est pas là et je suis sûre qu'elle voudrait d'abord que tu te sauves.

— Je ne peux pas partir, je me suis promis d'aider tout le monde.

— Alors tu m'abandonnes une nouvelle fois ? Tu abandonnes encore ta famille ?

Norman ne répondit rien. Lara serra rageusement les poings. Elle ne réussirait pas à persuader son ami de partir avec elle. Lorsqu'il avait un plan en tête, il était impossible de le faire changer d'avis. La petite blonde pouvait très clairement se remémorer le plan qu'Emma et Ray avaient prévu pour lui à Grace Field la veille de son adoption.

— Je n'ai pas envie de te laisser mourir ici, finit par dire Lara, la voix étranglée par le chagrin. Je veux que tu viennes...

— Ce n'est pas possible, mais je vous rejoindrai, tu as ma parole.

Il se leva et la prit dans ses bras sans un mot de plus. Laissant quelques larmes couler, la petite fille le serra fort à son tour. Elle voulait qu'il parte avec elle, qu'ils rejoignent tous les deux leur famille, qu'ils soient enfin heureux et vivent en toute liberté. Tout cela était impossible. Chaque espoir et rêve de Lara demeuraient impossibles dans ce monde.

Norman relâcha doucement son emprise et fit face au visage de la petite blonde. Elle pleurait, pleurait beaucoup. Les larmes se déversaient comme un torrent.

— Je sais que tu survivras, je ne me fais pas de soucis pour toi. J'espère que tu trouveras qui tu es vraiment. Je te le souhaite. Tu es une très bonne personne, peu importe ce que les autres ou toi-même pensent. Ne doute jamais de tes capacités, tu accompliras de grandes choses, j'en suis sûr.

Alors, c'était le moment des adieux ? Encore une fois ? Non, il n'avait pas le droit de partir, pas encore. Mais d'un côté, Lara se voyait contrainte d'accepter le choix de son ami, elle ne pouvait l'obliger à la suivre dans sa fuite.

— Tu me promets que tu nous rejoindras ? finit par demander Lara entre deux sanglots.

— Je le promets, lui répondit-il avec un tendre sourire. Une dernière chose, je veux que tu n'en parles à personne.

— De quoi ?

— Je ne veux pas que tu dises aux autres que tu m'as vu.

— D'accord mais pourquoi ? Ils seront tous heureux de savoir que tu...

La porte de la salle commune s'ouvrit brusquement. Lara se retourna vivement vers le vacarme, oubliant complètement de finir sa phrase. Plusieurs gardes firent irruption et se dirigèrent vers elle, le visage sombre.

— Le temps accordé est écoulé.

— Non, attendez ! Je veux encore lui parler ! leur supplia Lara, la voix déchirée par le chagrin.

— Tu n'as aucun droit de contester les ordres.

L'un d'eux empoigna subitement le bras de Lara et commença à l'éloigner. Tout se passait très vite. Les larmes lui obstruaient la vue, elle ne percevait qu'un voile flou, et la silhouette de Norman qui l'observait au loin.

Il lui semblait qu'il lui souriait.

Et qu'une fine larme dévalait sa joue.

— A plus tard, lui lança-t-il simplement.

Puis, les portes se refermèrent dans un grand tremblement.

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CHAPITRE 17 TERMINÉ
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