L'après-midi était vite passée. Le soir, une personne, devait partir de l'orphelinat pour rejoindre sa nouvelle famille. Tous les enfants se réunirent autour de Maman et de Conny, une petite fille blonde de six ans, qui tenait fermement son doudou appelé "Little Bernie" dans ses mains. Elle pleurait et souriait en même temps, cette fille était un vrai ange. Et c'était elle qui s'était faite adopter.

— Je vous écrirai des lettres moi ! s'exclama-t-elle en serrant encore plus fort sa peluche. Tous les jours !

— Tu vas énormément nous manquer Conny, souffla Emma en l'enlaçant.

Après de nombreux adieux de la part des enfants, Maman sortit accompagner la petite fille jusqu'au portail.

Le petit groupe d'enfants se dissipèrent. Le départ de leur petite sœur avait fait régné une atmosphère pesante parmi les orphelins. Entre les larmes et la tristesse des orphelins, la journée se finissait plutôt mal.
Le départ d'un frère ou d'une petite sœur laissait toujours après une vague de mélancolie dans l'orphelinat.

Ayant observé la scène de loin, Lara été trop attristée pour lui dire au revoir en face. L'adolescente détestait être aussi émotive et sensible. A chaque fois, elle disait au revoir un petit peu avant son départ, pour que personne ne la voit pleurer, sauf l'enfant qui partait. Lara était toujours horriblement triste lorsque quelqu'un était adopté, mais elle savait qu'il aurait une vie heureuse dehors.
Et son adoption à elle, quand viendra-t-il ?

La blonde partit dans la cuisine, un balai en mains. Aujourd'hui, c'était aux tours des plus âgés de faire le ménage ce qui ne déplaisait pas plus que ça à l'adolescente. Lara y voyait toujours un moyen de s'amuser entre ses frères et sœurs.

Alors qu'elle commençait sa tâche, son regard se posa sur une des tables de la salle à manger.
Little Bernie était là. Lara mit quelques secondes avant de réagir, pensant qu'elle était en train de rêver. Elle cligna plusieurs des yeux, mais la peluche était toujours là.
Lara se stoppa subitement et lâcha le balai qui tombait au sol dans un bruit assourdissant.
La blonde accourue vers la table où était posé le doudou, et s'exclama d'une panique soudaine :

— Oh non !

Lara prit le petit lapin dans ses mains, encore tout chaud. Conny avait oublié sa peluche ! Mais comment ? Elle l'avait à l'instant où elle est partie...

Emma, Norman et Gilda arrivèrent tout de suite dans la salle, eux aussi ayant chacun un balai. La rousse s'approcha de son amie, suivie de près par le blanc.

— Qu'y-a-t'il ? questionna Emma inquiète.

— Conny a oublié Little Bernie sur la table ! s'exclama Lara tout en montrant la peluche qu'elle tenait dans ses mains.

— C'est horrible ! clama la rousse.

Les deux enfants ne surent que faire. Norman les rejoignit, intrigué, et demanda ce qu'il se passait. Une fois que Lara finit de raconter la situation, le garçon réfléchit. Mais il hésitait à aller au portail, craignant qu'il était déjà trop tard.

Alors qu'Emma et Lara paniquèrent, Ray entra dans la salle, tout juste sortit de la douche.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le garçon tout en prenant un balai posé contre le mur.

— Conny a oublié Little Bernie ! lui expliqua Emma, affolée.

Ray réfléchit un instant, et lui répondit :

— Je pense que tu peux aller le rapporter, je viens de voir de la lumière près du portail. Conny et Maman ne sont sûrement pas encore parties.

La rousse hocha la tête. Déterminée et à la fois pressée, elle déclara :

— D'accord, j'y vais !

— Emma, je t'accompagne ! ajouta Norman, ayant entendu la conversation.

Et les deux enfants partirent.
Lara ne souhaitait qu'une chose : qu'ils arrivent à temps.

~

Après les tâches ménagères, Lara décida d'aller voir Ray qui était parti dans sa chambre dès qu'il avait fini sa part de travail. Emma et Norman n'étaient toujours pas revenus, et cela inquiétait la blonde.

Et si quelque chose leur était arrivé ? se demanda-t-elle avec nervosité.

Lara toqua à la porte de la chambre de Ray, bien décidée à savoir si lui aussi s'inquiétait ou non. La fille entra dans la pièce, sans attendre que Ray lui donne la permission. De toute façon, il n'aurait pas répondu puisqu'il était sûrement en train de lire.

Le garçon posa son regard sur la nouvelle venue, avant de replonger dans sa lecture, comme Lara l'avait prédit.
La blonde lui demanda en s'asseyant sur le lit de son ami :

— Est-ce que tu penses qu'ils vont bien ?

— Bien sûr.

Ça avait été une réponse simple, sans aucune hésitation. Peut-être que Lara c'était jouée tout un film ? Elle ne supportait pas que quelqu'un ne soit pas là, et elle imaginait toujours le pire scénario possible, c'était ce qu'elle détestait le plus chez elle.

Lara se laissa tomber sur le lit, songeuse. Une question lui brûlait les lèvres. Elle voulait la poser à Ray, mais celle-ci avait peur de la réponse.

Finalement, Lara chassa ses doutes et demanda d'une voix hésitante :

— Ray, est-ce que tu ne trouves pas ça étrange ?

L'intéressé leva les yeux de son livre, il répondit :

— Que tu sois couché sur mon lit ? Si.

Lara répliqua, gênée :

— Mais non, pas ça ! Je parlai du fait que Conny ait oublié Little Bernie, elle l'avait dans ses mains !

— Que veux-tu, ce n'est pas de ma faute si elle voulait aller aux toilettes avant de partir.

— Jamais elle ne l'aurait oublié ! Et puis, elle n'ait même pas aller aux toilettes avant de partir, qu'est-ce que tu me racontes ?

Un silence s'installa entre eux. L'orpheline se redressa et fixa son ami, qui ne prenait même pas la peine de la regarder. Il avait immédiatement replongé sa tête dans son livre.
Lara insista en ajoutant :

— Avoues, c'est toi qui lui a pris sa peluche et l'as laissé sur la table pour qu'on aille au portail.

Le garçon écarquilla les yeux, avant d'enfin regarder son amie en face. Stupéfait, il resta sans voix, ce que la blonde prit pour un oui.

— Elle est partie où Conny ? Et pourquoi as-tu laissé sa peluche ?

Ray ne répondit rien. Comment pouvait-il rester calme dans un moment pareil ? Lara avait tellement de questions à lui poser, n'était-il pas capable de lui dire la vérité ?
Mais finalement, Ray répondit à son amie, d'un ton presque déterminé :

— Parce que vous devez découvrir la vérité.