𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre dix-neuf —— Introspection
« L'introspection est un lent travail, qui demande de la régularité et de la persévérance, mais qui finit toujours par payer. »

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Emilia avait perdu.

Cela ne lui était encore jamais arrivée. Tout ce qu'elle avait entreprit, jusqu'à maintenant, avait toujours marché. Elle avait toujours réussit, tout s'était déroulé à chaque fois comme elle l'avait voulu, peu importait les circonstances. Alors, pourquoi Emilia avait perdu ? Elle s'était toujours débrouillée pour tout réussir.

Elle avait appris seule, avait observé les autres autour d'elle, avait puisé dans son intelligence et ses ressources. Elle avait surmonté toutes les difficultés seule. Elle réussissait sans l'aide de personne, car personne ne l'avait jamais aidé auparavant, personne ne lui avait appris, lui avait tendu la main lorsqu'elle en avait besoin le plus besoin.

Parce qu'elle avait compris une chose dès son plus jeune âge : les gens étaient cruels. Il en était ainsi, personne ne pouvait contredire cette vérité. Tout le monde se voilaient la face en permanence, fermaient les yeux sur les problèmes qui ne les concernaient pas, et laissaient ceux dans le besoin mourir.

Pour réussir, il fallait écraser les autres, mais en même temps, se faire bien voir par eux pour paraître être quelqu'un de gentil et appréciable. Pour réussir, il fallait s'imposer, se faire remarquer, que ce soit par l'intelligence ou le physique. Pour réussir, il fallait sourire pour tout et n'importe quoi, et faire semblant d'être heureux, même si les temps étaient durs.

Et ça, Emilia ne l'avait pas compris au début. Lorsqu'elle était plus jeune, elle n'était pas celle qu'elle était aujourd'hui. Elle n'avait pas été spécialement belle, ni même très intelligente. Elle avait été timide, parfois trop gentille avec les gens. Elle avait toujours fait ce qu'on lui avait demandé, ne s'était jamais réellement posé de questions sur ça. Elle avait été naïve, avait cru que le monde était beau et sans imperfection.

Mais le monde était une scène, un spectacle où chacun portait le même masque, et derrière celui-ci se cachait toujours une personne cruelle. Emilia l'avait appris après quelques expériences. Il ne fallait faire confiance à personne, car à la fin, elle finissait toujours seule, trahie, déçue par ceux en qui elle avait donné sa confiance.

Alors un beau jour, Emilia décida de changer complètement pour correspondre aux normes de cette société. Elle s'était simplement adaptée au monde qui l'entourait, qu'y avait-il de mal à cela ?

La jeune fille avait rassemblé toutes ces choses indispensables pour réussir et était devenue un exemple parfait. Une utopie de l'humain, mais seulement en apparence, car au fond, elle s'était transformée.

Elle était désormais une mauvaise personne, comme tout le monde. Elle prenait les gens de haut, les rabaissait sans cesse, les critiquait, les détruisait s'ils osaient se mettre en travers de sa route, obtenait tout ce qu'elle voulait, agissait seulement si cela l'intéressait et si elle obtenait quelque chose en retour. L'humain ne faisait jamais quelque chose par bienveillance ou sans arrières-pensées, c'était seulement pour se donner bonne conscience ou gagner en échange.

Depuis sa défaite en finale, il y a quelques jours, Emilia ne cessait de remettre son mode de vie en question, son masque habituel, sa manière de penser. C'était-elle trompée depuis le début ? Avait-elle fait le mauvais choix en adoptant cette manière de vivre ? Pourtant, jusqu'à sa défaite, tout avait fonctionné comme elle l'avait voulu.

Et surtout, le pire dans cette histoire, c'était qu'elle avait perdu simplement car elle n'avait pas écouté un stupide bon conseil à cause de sa fierté. Emilia savait qu'elle avait beaucoup d'égo, elle avait également conscience de sa grande fierté qui la poussait toujours à se surpasser dans certains moments, mais qui l'amenait aussi parfois à faire de mauvais choix, qui ne lui ont jamais coûté cher jusqu'à maintenant.

Lors de la finale, après sa défaite, tous les élèves de la classe E s'étaient murmurés entre eux des tas de choses. Emilia le savait : ils se moquaient d'elles, juste parce qu'elle elle avait été battue dans un de leurs jeux débiles. Nagisa et Kaede avaient l'air de s'en ficher d'avoir perdu, mais Karma, lui, semblait légèrement en colère contre Emilia. Elle comprenait, elle ne l'avait pas écouté.

— Pourquoi est-ce que tu n'as pas pris un couteau de secours ? lui avait-il demandé, à moitié en colère. T'es censée être intelligente !

— Parce que, même si je sais que c'était une bonne idée, jamais je n'aurais écouté le conseil d'un cancre comme toi ! avait répliqué la jeune fille avec rage.

— Tu vas arrêter avec ça ? Tu sais très bien que nous sommes pareils !

— Non, c'est faux, je suis bien meilleure que toi alors tais-toi !

— Je te faisais confiance.

Les mots de Karma avait laissé Emilia dans un profond silence. Jamais encore, quelqu'un lui avait dit cela, sans arrières pensées. Il avait juste été sincère. Emilia s'était rappelée, à cet instant, le nombre de fois où elle avait donné sa confiance à quelqu'un, et avait fini par être déçu.

Sans un mot, elle avait pris ses affaires et était partie. Elle se sentait coupable et avait honte, terriblement honte, voulait aller se terrer six pieds sous terre pour que personne ne la dérange ou ne la voit dans cet état. Ses pensées étaient embrouillées, elle ne parvenait plus à réfléchir correctement. Elle était rentrée chez elle, avait posé l'ordinateur de sa grande sœur sans même jeter le moindre regard, et s'était couchée sur son lit à fixer le plafond en pensant à tout ce qui venait de lui arriver.

"Je te faisais confiance."

Les mots de Karma résonnaient en permanence dans son esprit. Pourquoi ? Pourquoi cela l'obsédait-elle tant ?

"Donner sa confiance aux autres, c'est d'abord difficile, mais après, lorsque tu as des amis sur qui compter, cela devient naturel."

"Je suis sûr que t'as jamais eu de vrais amis pour réagir de cette façon."

En entendant de nouveau ces paroles, Emilia ne savait pas pourquoi, mais elle sentait quelque chose au fond d'elle. Elle ne savait comment décrire cette sensation étrange. Peut-être du regret ? De la culpabilité ? Des remords ? Ou bien un mélange de tout cela ?

Aujourd'hui, elle restait seule chez elle. Ses parents ne lui posaient aucune question, restaient chacun dans leur coin. L'ambiance de la maison était pesante. Ils ne mangeaient plus ensembles, ne se saluaient même plus le matin ou le soir, et c'était à peine s'ils se croisaient dans la journée.

Profitant de l'absence de ses parents, Emilia éclata subitement en sanglots. Elle essaya cependant de les étrangler, mais en vain. Alors, elle laissa les larmes couler, sans cacher plus longtemps sa tristesse. Elle avait l'impression d'avoir tout raté, d'avoir pris le mauvais chemin lorsqu'elle était enfant. Cette défaite la frustrait, la rendait coupable car tout était de sa faute, car même si elle avait énormément de fierté, la jeune fille savait admettre ses erreurs. Et à cet instant, elle souhaitait réparer celle qu'elle avait commise.

Désirant se changer un peu les idées, Emilia saisit son téléphone et ouvrit sa messagerie. Il y avait des tas de messages d'un peu tout le monde du collège, mais principalement de ses amies. Les ignorant, elle bascula sur le premier réseau social qui lui tomba sous la main. Beaucoup de rumeurs circulaient sur la disparition d'Emilia, mais la principale était son transfert dans la classe E.

Son nombre d'abonnés avait baissé, celui d'Eriko, son amie, avait au contraire, largement augmenté. Une sourde colère grondait en Emilia en voyant cela. Elle se faisait peu à peu remplacer. Et même si, d'un côté, tout ce qui lui importait en ce moment-même était de retrouver sa sœur, voir sa popularité baisser sous ses yeux ne l'enchantait pas. Sauf qu'elle ne pouvait rien n'y faire.

— Je vais d'abord retrouver Adella, et après je reprendrai ma place légitime dans ce collège minable, maugréa la petite brune en se levant docilement.

Elle se dirigea vers son bureau, là où était posé l'ordinateur de sa grande sœur. Avec tout ce qui s'était passé, elle n'avait pas vraiment eu le temps de s'attarder sur son enquête, qui pourtant, aurait dû être sa priorité. Elle s'était arrêtée au moment où elle avait découvert un dossier secret, où celui-ci nécessitait un mot de passe. Alors, Emilia commença à chercher dans les documents et images de l'ordinateur.

Il y avait des tas de textes qui concernaient principalement les devoirs d'Adella, en droit et en juridique. Cependant, il y avait que très peu d'images, dont une qui avait retenu l'attention d'Emilia : c'était une photo de famille, datant d'il y a quatre ans. En apparence, la suite de nombre inscrit sur la photo ressemblait à une date banale, mais pourtant, Emilia savait pertinemment que ce n'était pas ça. Elle essaya de trouver leur signification, mais rien à faire. Aussi, elle transmit ce code dans le mot de passe du dossier secret, qui afficha immédiatement un message d'erreur. La voilà bloquée à nouveau.

"Tu ne pourras pas toujours tout faire toi-même, car un moment ou un autre, tu auras besoin des compétences et des qualités de quelqu'un d'autre."

Les mots de Karma résonnaient dans la tête de la jeune fille. Allait-elle réellement avoir besoin de lui et de ses cancres de la classe E ? Elle se retrouvait dans une impasse face à l'énigme de sa sœur, elle n'avait pas vraiment le luxe de refuser.

— C'est la honte de leur demander... murmura-t-elle avec agacement. Non, je vais continuer à chercher toute seule ! Demain, je retournerais en cours.

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CHAPITRE 19 TERMINÉ
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