O6. ELLE NE BRILLAIT PLUS
𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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chapitre six —— Elle Ne Brillait Plus
« Les masques tombent, et montrent les gens comme ils sont. Que le spectacle commence ! »
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𝐋𝐀 𝐉𝐎𝐔𝐑𝐍𝐄́𝐄 𝐏𝐀𝐒𝐒𝐀 𝐒𝐀𝐍𝐒 𝐐𝐔'𝐄𝐌𝐈𝐋𝐈𝐀 aille en cours. Sa mère et elle se retrouvèrent seules, regardant la télé dans un profond silence. L'adolescente aurait voulu rassurer sa mère, même si ce n'était pas son rôle.
Elle aurait voulu lui dire qu'Adella était encore vivante, que les policiers allaient la retrouver, qu'elle rentrerait à la maison et que tout redeviendrait comme avant, qu'ils reformeraient, ensemble, une belle et grande famille soudée.
Mais rien de tout cela n'allait arriver. Tous les espoirs d'Emilia à propos de sa sœur venaient de s'effondrer en une fraction de seconde, de s'évaporer dans l'air, pour ne laisser place qu'à un profond vide dans son cœur.
Le père n'était pas encore au courant de la terrible nouvelle. Comment allait-il réagir ? La mère ne répondait déjà plus d'elle-même, s'était transformée en une véritable pierre, incapable de bouger, de penser, ou de prononcer la moindre parole.
Alors, c'est donc vraiment finis, songea Emilia, les larmes aux yeux.
Pourtant, malgré la dure réalité qui lui faisait face, la jeune fille ne parvenait pas à y croire. Elle se disait qu'elle allait retrouver sa sœur, qu'elle était partie de son plein gré, qu'elle était encore vivante.
Et d'ailleurs, pourquoi Adella était partie ? Emilia n'aura jamais la réponse à cette question, pourtant si simple.
Un vide indescriptible trônait dans son cœur. Il lui manquait quelque chose pour combler son bonheur, ou plutôt, quelqu'un. Et Emilia savait que ce vide resterait à tout jamais en elle, que rien ni personne ne pourrait l'effacer.
Adella avait pourtant toute sa vie devant elle. Depuis toute petite, elle rêvait de défendre les gens en difficulté, de les aider lorsqu'ils allaient au plus mal. C'était son rêve, son rêve de gosse, ce rêve qu'elle avait chéri pendant qu'elle grandissait. Et maintenant ?
— Maintenant elle est morte, murmura Emilia, la voix étranglée par le chagrin. Je n'ai aucun but dans ma vie, je n'ai pas le cœur sur la main, comme Adella, pourquoi est-ce que je ne suis pas morte à sa place ?
***
Trois jours passèrent sans qu'Emila ne bouge de sa chambre. Elle restait là, allongée sur son lit, le regard perdu dans le vide. Tous ses amis essayaient de la contacter sur son téléphone, mais il était éteint depuis bien longtemps. Ces personnes-là étaient bien les dernières à qui Emilia avaient envie de parler.
L'adolescente avait perdu le goût de vivre. À quoi cela servait-il de continuer à se lever chaque matin, si la mort nous attendait simplement au tournent d'une rue ? La mort les guettait tous, il n'y avait rien de plus triste de voir quelqu'un partir trop tôt.
— Les policiers sont incompétents ! hurla Emilia en éclatant en sanglots. Ils ne veulent même pas nous donner des nouvelles sur le corps brûlé. À tous les coups, c'est le corps d'Adella, ils veulent juste pas nous le dire !
Emilia renversa toutes les affaires qui se trouvaient sur son bureau d'un coup brutal. Toutes ses fournitures tombèrent au sol : ses stylos, ses cahiers, ses manuels, à quoi cela servait-il d'étudier pour mourir juste après sans n'avoir rien accompli ?
— Emilia, qu'est-ce qu'il se passe ? se précipita le père dans la chambre, en panique.
La jeune fille ne répondit rien. Elle balança contre le mur le dernier cahier qui se trouvait sur son bureau, sous le regard désespéré de son père. L'adolescente expirait bruyamment, son cœur battait la chamade, ses nerfs venaient de lâcher. Avec un ultime effort, elle réussit à se calmer, pour planter ses prunelles violettes dans celles de son père.
Celui-ci ressentit un frisson le parcourir. Il maintenait difficilement le regard de sa fille. À cet instant, elle lui faisait peur.
On aurait dit qu'elle allait le tuer.
— Tu... Tu devrais sortir un peu, commença son père, la voix légèrement tremblante. Tu dois te changer les idées jusqu'à que les résultats arrivent.
— Tu crois qu'ils arriveront ?
La voix glaçante de sa fille le fit frissonner d'effroi. Mais qu'est-ce qu'il lui arrivait ?
— Bien sûr qu'ils arriveront ! s'exclama-t-il d'un ton qui se voulut rassurant.
— Pourquoi est-ce que je devrais continuer à travailler, si je peux mourir à tout moment ?
— Chérie...
— Papa, dis-moi pourquoi.
Le père baissa tristement la tête, n'ayant aucune réponse qui lui venait en tête. Il n'avait clairement pas les idées claires en ce moment, il n'arrivait plus à réfléchir. Alors, il se contenta de dire :
— Continue de travailler et d'aller en cours, vie juste ta vie. C'est ce que ta grande sœur aurait voulu.
Et à ces mots, il sortit de la pièce, les pas traînant comme un malheureux.
***
Emilia inspira un grand coup, calma ses battements de cœur, puis ouvrit doucement la porte. La tête baissée, la mine fatiguée, elle entra dans sa salle de classe sans même jeter un seul regard autour d'elle.
La jeune fille ne souriait pas, elle ne brillait plus.
Toutes les paires de yeux s'étaient posées sur elle. Des murmures circulaient à travers les élèves, certains dans l'incompréhension, d'autres dans la peine de ne plus voir leur idole briller. Ils étaient tous là, à la regarder sans rien pouvoir faire ou dire, dans l'impuissance. Même ses propres amis n'osaient pas s'approcher et demander si elle allait bien.
— Eh, ça va ?
Légèrement déroutée que quelqu'un l'interpelle dans ses pensées, Emilia releva la tête en direction de la voix. À sa grande surprise, c'était Asano qui se tenait devant elle, l'air très sérieux.
— Oh non, pas lui... soupira-t-elle à voix haute.
— Je suis juste devant toi.
— Mince, je l'ai dit à voix haute ? Peu importe, tu sais ce que je pense de toi.
— Tu ne fais plus semblant de m'apprécier devant nos camarades ?
Même si ces paroles étaient presque à voix basse, Emilia put les entendre parfaitement. C'est vrai ça, qu'en était-il de son image de fille parfaite qu'elle se donnait tant de mal à garder ?
— J'en ai plus rien à faire.
Elle ajouta sur le même ton :
— Je n'ai pas envie de jouer avec toi, qu'est-ce que tu me veux ? Si c'est pour me manipuler alors que je suis faible, tu peux repasser plus tard. Je suis peut-être désespérée, mais pas au point de ne pas voir ton petit manège.
— Je voulais savoir comment tu allais et pourquoi tu tirais cette tête. Ton comportement influence sur la classe.
— Je vais très bien, ça ne se voit pas ?
Asano ne répondit rien. Il laissa planer un étrange silence, avant de finalement dire :
— Non, tu ne brilles plus.
Après ça, il repartit à sa place, sans un mot.
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CHAPITRE 6 TERMINÉ
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