𝐁𝐀𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐌𝐀𝐒𝐐𝐔𝐄𝐒
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prologue —— L'heure d'Agir
« Le monde cache de lourds secrets. »

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— TU VAS VRAIMENT le faire ?

La tête baissée en direction du sol, les mains tremblantes, les yeux embués de larmes, la jeune fille répliqua avec une pointe de colère :

— Tu crois que j'ai le choix ?

Elle releva la tête en direction de son ami, le cœur serré de chagrin. Elle le fixa intensément, plongeant dans ses beaux yeux azur pendant un court instant. Elle aurait tant voulu lui donner une autre réponse qui l'aurait satisfait. Elle aurait juste voulu lui répondre par un "non". Si bref, simple, et pourtant qui l'aurait empli d'un immense soulagement.

Le garçon détourna vite le regard, visiblement gêné, avant d'observer le décor de la ville d'un air mélancolique. La nuit était déjà tombée depuis pas mal de temps. Un silence planait dans l'atmosphère, si bien qu'il pouvait facilement entendre le bruissement des feuilles sous la brise nocturne.

— Si seulement tu n'avais rien fait...

Il soupira à cette pensée dite à voix haute. À côté de lui, la jeune fille serra ses poings, d'un geste de colère et d'impuissance. Elle aurait tant voulu que tout redevienne comme avant, qu'elle n'ait rien vu, qu'on lui efface ses souvenirs qui lui causaient tant de problèmes. Mais le mal était fait. Il était trop tard pour ressentir un quelconque sentiment de remord.

— Adella, j'aimerais te le demander une dernière fois, poursuivit le garçon, la voix tremblante et hésitante. Est-ce que...

— Ryu, tu ne peux pas m'accompagner, je suis désolée, interrompit l'intéressée avec fermeté. C'est dur pour toi et pour moi, mais je ne peux pas t'impliquer là-dedans.

— Je t'avais promis que je te suivrai jusqu'au bout du monde ! tenta le garçon avec une pointe de supplice. Je te l'avais promis...

— C'est entièrement de ma faute, je vais en assumer les responsabilités. On se reverra, et à ce moment-là, on restera ensemble pour toujours, je te le promets ! lui assura Adella, un franc sourire aux lèvres.

Le garçon semblait moins confiant que son amie.

— Tu dis ça, mais c'est sûrement la dernière fois qu'on se voit, lança-t-il dans un profond soupir.

— Oh, allez, tu sais que je vais m'en sortir !

— C'est vrai. Mais même si tu as tout prévu, ils seront forts, je pense que tu les sous-estimes.

— Je pense que mon plan ne comporte presque aucune faille, j'y ais mis toute mon intelligence et mon énergie dans son élaboration. Bien sûr, je ne serais pas à l'abri d'une mauvaise surprise.

— Et ta famille ? Emilia ? Tu ne vas rien lui dire ? Vu tout ce que tu m'as dit, c'est clairement le genre de fille qui va se laisser s'abattre en apprenant...

— Elle y arrivera.

La réponse courte et sèche d'Adella fit comprendre à Ryu qu'elle n'avait pas envie d'en parler. Il pouvait le comprendre aisément : sa petite sœur était imprévisible, personne ne pouvait prédire ses pensées ou ses faits et gestes, ce qu'elle pensait réellement ou ce qu'elle comptait faire, pas même sa grande sœur. Elle était un grand mystère pour tous.

Et pourtant, Adella semblait être convaincue du contraire. Ryu, lui, était persuadé qu'elle se raccrochait à un pauvre mirage, un espoir futile. Et d'ailleurs, il lui avait répété des tas de fois ce qu'il pensait de ce plan si bancal malgré sa rigueur. Mais Adella faisait la sourde oreille, n'en faisait décidément qu'à sa tête telle une enfant.

— Je suis sûre qu'Emilia va comprendre mon plan, même s'il va lui falloir un peu de temps, reprit la jeune fille avec sérieux. Même si elle ne connaît pas la véritable Adella, je vais lui laisser des tas d'informations qui lui seront adressées, et à ce moment-là, elle devinera tout. Je vais aussi cacher quelques traces de mon plan et mes raisons. Elle réussira à trouver tout ça, j'en suis certaine.

— Tu pars longtemps ?

Adella ne répondit rien, le regard perdu dans le vide, plongé dans le plus grand des silences. Bien sûr, elle pourrait mentir à son petit-ami, ou bien lui donner une date précise qu'elle aurait calculé. Mais elle n'était pas le genre de fille à donner des informations approximatives ou des faux espoirs. Alors elle se tut, car c'était la seule réponse à donner.

Ryu comprit immédiatement qu'elle ne préférait pas s'avancer sur la question. Alors il soupira une énième fois, comme à son habitude, puis porta ses yeux sur la lune claire. Ce soir, comme tous les autres soirs, elle brillait d'un vive éclat argenté. Et pourtant, malgré cette banalité que lui offrait la vie, la lumière du soir ne lui procurait pas les mêmes sensations qu'autrefois.

Cette lueur lui paraissait si fade ce soir-là.

— Je t'aime Adella, lui dit-il en essayant de prendre un air décontracté habituel. Peu importe ce qu'il peut t'arriver, sache que tu auras toujours une place importante dans mon...

Il ne put finir sa phrase tant sa gorge se serrait à cause du chagrin. Ses membres tremblaient, il tentait de refouler ses larmes du mieux qu'il le pouvait. Et pourtant, il ne réussit pas. Des petites perles apparurent, dévalant ses joues rouges de honte, et éclatèrent au sol. Il se trouvait misérable dans cette position de faiblesse.

— Désolé, c'est clairement la dernière chose que tu as envie de voir... finit-il par dire entre deux sanglots silencieux.

— C'est moi qui suis désolée, Ryu, souffla Adella en lui prenant la main. Tout est de ma faute, tu mérites mieux que moi comme petite amie. S'il m'arrivait quelque chose, tu dois me promettre de vivre ta vie sans penser à moi.

— Et puis quoi encore ? Jamais je n'arrêterai de penser à toi.

Adella laissa échapper un léger rire à cette réponse.

Blottis l'un contre l'autre, ils observèrent les étoiles scintillantes s'illuminer face à eux. Ils restaient là, silencieux, profitant de ce qui pourrait être leur dernier moment ensemble.

Ryu avait tenté de l'arrêter dans sa folie, il avait échoué.

Adella avait gardé ses objectifs, elle n'avait pas cédé.

Il était temps qu'elle mette à exécution son plan pour se sauver elle, et ceux qu'elle aimait.

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PROLOGUE TERMINÉ
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