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Chapitre unique

Toi.

Moi.

Lui.

Nous.

La pluie qui tombe.

Lui.

Elle.

Vous.

Pronom.

Une autre goutte qui tombe. Elle s'écrase contre le carreau, comme toutes les autres. Elle descend, doucement, à son allure, le long de la vitre, telle une petite chenille, s'accrochant à cette surface lisse de toutes ses forces jusqu'à ce qu'elle atteigne le bord de la fenêtre et, dans un ultime soupir, à la manière d'un papillon qui se libérait de ses entraves, elle s'envole, poursuivant sa route vers le bas. Inextricablement attirée vers le sol, elle finit par l'embrasser avec tendresse, mettant fin à sa courte existence. Le papillon gisait à son tour, toute vie l'ayant quitté.

La mort n'était-elle pas plus douce qu'une longue vie emplie de souffrances ? C'était ce que je pensais, il fut longtemps. Oui, il fut longtemps...

...

Aucune pensée cohérente. Un grain de folie. Des souvenirs ondulant à la surface d'un océan de l'oubli. Disparates. Errants. Comme moi. J'erre dans cette demeure, sans but et sans objectif, perdu dans cette confusion et ce désespoir permanents qu'étaient ma « vie ».

Pourquoi étais-je encore là ?

Pourquoi ?

...

Le temps est une étrange chose. Un grain de sable se noyant parmi les autres dans cette rivière qui continue de s'écouler inlassablement. Le sablier du temps ne peut malheureusement jamais être retourné. Le mien s'est brisé il fut longtemps...

...

Certains viennent, d'autres repartent. La vie parfois emplit ces lieux mornes. Mais depuis quelques années, ce n'est plus le cas. Cette maison est oubliée, devenue une ruine, égarée dans la temporalité d'une autre époque. Elle a perdu toute sa gloire d'autrefois.

Il y a encore une fuite dans le toit...

...

Désespoir. Tristesse. Rage. Pleurs. Voilà un quotidien banal. Au milieu de ces murs qui peinent à tenir et de ce toit troué par les larmes, la pluie pleure avec moi. Ce n'est qu'un chagrin parmi tant d'autres.

Le fauteuil ne tient plus que sur des ressorts, et le bois pourrit doucement comme mon âme. Lentement, le poison s'insinue à l'intérieur, l'infectant petit à petit, le rendant malade d'un tourment qui ne fait que grandir de jour en jour. Pourtant, il tient toujours. Il persiste dans cette tâche, même s'il sait qu'un jour... il faillira.

...

Le bois s'est effondré. Et le toit avec. Maintenant, il pleut dans la maison. J'ai essayé de soulever les planches, mais je suis trop faible. Je peux étonnamment sentir l'averse sur ma « peau ». Et c'est agréable d'un certain côté. Je me laisse bercer par cette douce pluie.

...

J'ai l'impression que ma pauvre demeure s'apprête à céder à tout moment. Je refuse d'assister à sa chute. Je vais me terrer quelque part où je ne pourrais pas y assister. Le placard de la cave sera mon unique refuge. En attendant, je vais profiter d'une longue sieste...

...

...

Qu'est-ce que c'est que ce vacarme ??

J'étais tranquillement en train de dormir et de me lamenter comme à mon habitude, lorsque des bruits de pas et des voix bruyantes ont fait irruption dans la pièce où je sommeillais.

Je sors de mon placard confortable pour tomber presque nez-à-nez avec un couple, un homme et une femme enceinte, dos à moi. Je décide de les ignorer et monte l'escalier de la cave.

La surprise est sûrement faible en comparaison avec la vision qui s'offre à moi lorsque je fais irruption dans ma maison. Elle est de nouveau debout, en grande partie neuve, comme si un vent de renouveau avait soufflé.

Je me promène de pièce en pièce, appréciant leur disposition similaire à l'ancienne. Le premier étage était semblable au précédent. Cependant, un bois flambant neuf avait pris la place de son prédécesseur, assurant sa relève. Le toit, bien entier, était fermement soutenu. Je m'assois sur la rambarde de l'escalier, mes jambes se balançant dans le vide, appréciant la chaleur qui émanait de l'endroit, contrastant avec le froid glacial du sous-sol.

Le son un peu plus en bas attire mon attention, des bribes de conversation me parvenant avant que je ne me penche davantage.

Puis, je me relève à nouveau.

Cela ne m'intéressait pas tant. Bien des colocataires avaient vécu dans cette demeure. Quelques-uns de plus ou de moins, qu'est-ce que cela changeait ?

Je me détourne et me dirige dans l'une des nouvelles chambres aménagées. Je me glisse dans un placard, appréciant la tiédeur qu'offrait cet espace, sombrant dans une somnolence agréable.

...

Des pleurs me tirent de ma léthargie. Qui donc osait se plaindre plus fort que moi ?

Je quitte mon endroit de prédilection pour me rapprocher de la source de mes problèmes. Un berceau trône au centre de la pièce. Et dedans, un bébé. Un gros bébé joufflu. Bien laid ma foi.

« Que tu es laid mon petit », lui dis-je.

Ce dernier ne semble pas comprendre ce que je lui déclare vu qu'il se met à mordiller intelligemment son pied en réponse, babillant des sons incompréhensibles.

Je lui souffle alors au visage et cela semble le faire rire, tapotant avec ses petites mains d'enthousiasme.

Je lève les yeux au ciel, fasciné par l'étrange bêtise de ce nouveau-né bien hideux. La porte s'ouvre soudainement et fait irruption la mère de ce petit bien affreux. Elle m'ignore complètement et se concentre plutôt sur son horrible bébé. Elle lui murmure quelque chose et lui donne le biberon. Je me détourne de cette scène et préfère sortir de cette chambre.

À peine ai-je le temps de poser un pied en-dehors qu'un canidé surgit et m'aboie dessus. Que cette colocation débute si bien !

J'ignore le chien persistant qui me suit avec ses aboiements bruyants et jette un coup d'œil aux autres pièces. Dans l'une, un jeune adolescent est occupé à écouter de la musique à fond, dans une autre, une jeune fille est en train de dessiner et dans la dernière, un enfant joue avec ses joujoux en plastique.

Finalement, l'adolescente intervient enfin, interpelant l'animal insupportable.

« Mimo ! Arrête ! », s'exclame-t-elle en saisissant le canidé par le col et en le traînant dans l'escalier.

Je détache mon regard de cette scène pour me concentrer plutôt sur une chambre. Je choisis celle de la jeune fille. Pourquoi ? Parce qu'il est le plus calme pardi. Je me faufile dans le placard, entre deux couettes et me cale confortablement, appréciant la mollesse et la chaleur de cette place. Encore une fois, je m'endors paisiblement.

...

Peut-être que je devrais cesser de dormir tout le temps ? Ou bientôt, je devrais me renommer Sleepy. Peut-être devrais-je me nommer ainsi ? Je n'ai aucune idée de mon prénom, alors Sleepy me paraît être une bonne idée.

Je lève finalement mon regard de la revue sur la table pour le poser sur le bébé qui n'a pas renoncé à me dévisager depuis mon arrivée. Entre deux cuillérées de purée, sa mère s'inquiète.

« Chéri, tu ne trouves pas étrange que Jilly passe son temps à avoir les yeux dans le vide ? Ou à fixer un mur ? »

« Un prénom laid pour un bébé laid. Parfait », marmonné-je en jetant un œil au concerné.

« Ne t'inquiète pas, ça lui passera », soupire le père en continuant à manger.

J'observe le reste de la tablée, assez silencieuse. Après tout, les deux adolescents sont bien plus occupés à contempler le contenu de leur téléphone que celui de leur assiette. Enfin, s'ils n'en veulent pas...

Discrètement, je pique plusieurs frites pour les grignoter sous la table, fier de mon coup. Pour ne pas être dénoncé, j'en offre même quelques-unes à mon complice, Mimo. Celui-ci s'empresse de les avaler goulûment. Lorsque les deux s'en rendent compte, le méfait était déjà accompli.

« Mais ?? Erwan ! C'est toi qui as encore mangé toutes mes frites !!, l'accuse la jeune fille.

- C'est même pas vrai ! C'est toi qui as mangé mes frites, espèce de voleuse !, s'insurge le dit Erwan.

- Ne dis pas n'importe quoi ! Je n'ai pas touché à une seule de tes frites !, s'emporte la sœur.

- Ça suffit vous deux, gronde le père, ne vous disputez pas pour des frites, vous n'aviez qu'à les manger avant que l'un des deux ne le fasse.

- Mais papa ! On n'y a pas touché !, s'exclament les deux en même temps.

- Pfff, bien sûr, et c'est le fantôme de la maison qui les a mangées, glousse l'enfant, peut-être âgé de douze ans.

- Tais-toi Harry, t'y connais rien, crache Erwan.

- Erwan, tu t'excuses. Et Harry aussi, ordonne le parent, visiblement de mauvaise humeur.

- Pardon, s'excusent-ils en même temps.

- Bien, et maintenant mangez »

Le silence reprend dans la maison. Enfin, sans compter que je suis mort de rire dans un coin de la pièce. Mais aussi un peu outré.

Si j'étais un fantôme, je le saurais. J'en avais rencontré un il y a longtemps. Au moins, il savait pourquoi il était mort lui. En plus, les fantômes, les revenants, ou je ne sais quel autre nom, il suffit d'ouvrir un dictionnaire de synonymes, prennent l'apparence qu'ils avaient le jour de leur mort. Ce n'était pas mon cas.

Je finis par m'éloigner du salon, retournant dans ma cachette favorite pour une sieste bien méritée.

...

Qu'est-ce donc ?

Des voix fortes me tirent de mon sommeil. Je m'extirpe des couettes et traverse la chambre, dont la porte est grande ouverte, pour rejoindre la ribambelle de jeunes gens, penchés par par-dessus la balustrade. J'accomplis le même geste et assiste à une scène de dispute entre les deux parents.

Je souris intérieurement du drame familial qui se déroule alors que les enfants soupirent de désespoir. Je descends les escaliers et pars fouiller dans un placard à leur insu. Bien trop occupés à se hurler dessus pour des broutilles, je m'enfuis furtivement et grimpe en haut de l'armoire pour me caler confortablement. J'ouvre la boîte et commence à engloutir le popcorn, n'ayant rien d'autre chose à faire que de dormir en soi.

Pour une question d'argent, d'emprunt et de je ne sais quoi, la dispute est telle qu'aucun des deux adultes ne souhaite en démordre. À la fin, la mère éclate en sanglots et balance tout ce qu'elle a sur le cœur. Le père, quant à lui, soupire et se résigne. Il s'excuse auprès de sa femme et l'enlace pour la consoler. Ma boîte de popcorn est presque vide. Dommage.

Je pensais qu'il y aurait un peu plus d'émotions, mais je me suis fourvoyé. Pourtant, le précédent couple s'était entretué sous mes yeux. Enfin, le mari avait tué son épouse et l'avait enterrée dans le jardin. La pauvre. La police avait découvert le cadavre peu de temps après. Peut-être sûrement à cause du fait que j'avais déterré son bras et qu'il dépassait du sol. Enfin, une simple supposition.

Je jette la boîte au sol, dorénavant vide et cela a pour effet de faire sursauter le couple.

« Les enfants ! On vous a déjà dit de ne pas manger en cachette !, remarque le père en ramassant le récipient et en l'agitant sous le nez des concernés, en haut des escaliers.

- C'est pas nous !, rétorquent-ils.

- C'est jamais vous », grommelle le parent en allant mettre le contenant à la poubelle.

Je hausse les épaules, me retenant de rire face à l'échange amusant. Je m'étire alors et m'allonge sur l'armoire, la trouvant confortable au final afin de piquer un petit somme.

...

J'étais tranquillement perdu dans mes propres réflexions, me lamentant sur mon sort comme à l'accoutumée lorsque les parents se dirigèrent de manière bruyante vers la porte.

« Clara, Erwan, Harry, soyez sages ce soir d'accord ? On revient demain après-midi, vous saurez vous débrouiller ?

- Ne t'inquiète pas maman !, affirme le dit Erwan d'un sourire qui se voulait rassurant, on gère !

- Et pas d'invitations impromptues, ordonne le père, je ne veux pas que des inconnus soient ici pendant notre absence, d'accord ? Et n'oubliez pas de nourrir Jilly.

- T'inquièète, tout va bien se passer !, confirme l'adolescent d'un sourire se voulant rassurant.

- Mouais... Prenez soin de vous surtout », lâche le père avant de quitter la maison avec la mère.

Finalement, le jeune homme remonte à l'étage, tout excité. Je saute de l'armoire et le suis pour le voir annoncer la nouvelle à sa sœur, occupée à lire sur son lit.

« Clara ! Ils sont partis, c'est bon, on peut faire venir les copains !

- Mais papa a dit pas d'invitations impromptues..., tente la jeune fille, légèrement mal-à-l'aise.

- Il a dit, pas d'inconnus, c'est pas des inconnus, c'est les amis, Clara. Tu peux inviter tes copines si tu veux, lui propose le frère, Harry restera dans sa chambre, et faudra juste qu'on donne le biberon à Jilly. Ça te va ?

- Bon d'accord » agrée-t-elle.

Je lève les yeux au ciel, sachant pertinemment que ce genre de fêtes finit toujours mal. Et qui allait devoir jouer au baby-sitter ? C'est bibi !

Je décide cette fois-ci de me réfugier dans la chambre du bébé, me faufilant dans le placard, entre les couvertures et décide de passer le temps en dormant.

...

Je m'extrais de mon endroit fétiche et souffle légèrement d'agacement. Les jeunes ont mis la musique à fond. Heureusement, la chambre du bébé est la plus éloignée et elle semble en partie insonorisée. Malheureusement, l'enfant est allongé à côté du berceau sur un matelas de fortune, dormant profondément.

Quelle famille ingrate. Je décide de sortir de la pièce et observe la fête en bas. Un attroupement d'adolescents. Tous en train de se dandiner comme des poules devant un poulailler sur une chanson aux paroles nanardesques. Je suis tellement dépité que je mélange même mes adjectifs.

Je cherche dans la foule les deux inconscients et les trouve. Le frère est en train de parler à un groupe de garçons, se vantant de je ne sais quel exploit auprès des filles qui gloussent comme des dindons. Quant à la sœur, elle est accoudée au bar. Non, elle est plutôt étalée dessus. Seule. Ou presque. Un adolescent est avec elle. Il la prend finalement par le bras et elle le suit. Il l'emmène à l'étage et passe devant moi, entrant dans la chambre pour la déposer sur le lit.

J'ai un mouvement de recul en ayant pénétré dans la pièce. Cette Clara sent à des kilomètres à la ronde l'alcool. J'observe l'autre jeune homme secouer la fille mais elle ne réagit pas. Je m'approche et entrouvre légèrement ses paupières, constatant que ses pupilles sont légèrement dilatées. Elle n'est pas ivre, elle est droguée. Cette constatation faite, je me tourne vers le responsable qui a commencé à se déshabiller. Je me pince l'arête du nez face à ce que je m'apprête à faire. Si je ne fais pas un bon colocataire.

Je n'attends pas qu'il touche la sœur et attrape le drogueur par le cou, le traînant hors de la chambre tandis qu'il commence à lentement s'étouffer, une confusion grandissante sur son visage. Je le jette alors dans les escaliers et il roule jusqu'en bas, à moitié nu. Je sors ainsi le popcorn et assiste à la scène qui en découle.

Des cris s'élèvent face au spectacle. Le dénommé Erwan arrive paniqué. Il monte abruptement les escaliers avant de les redescendre, après avoir jeté un coup d'œil à sa sœur.

« Connard ! T'allais faire quoi à ma sœur ?? », se met-il à hurler en lui sautant dessus et en se mettant à le tabasser.

Je ris de l'absurdité de la situation et laisse tomber la scène finalement pour descendre, puis récupérer un biberon déjà prêt en toute impunité. Ensuite, je remonte et entre dans la chambre du bébé. Jilly a les yeux grands ouverts, secouant ses petites mains d'anticipation. En m'apercevant, un immense sourire prend place sur son visage très laid. Je m'approche de lui et lui offre le biberon, le laissant téter à son allure. L'enfant continue de dormir profondément. J'aimerais bien faire comme lui. Au bout de quelques minutes, le nouveau-né babille et je l'aide à faire son rot en le tenant à bout de bras. Une fois cette tâche accomplie, je le replace dans son berceau et le laisse aux soins de Morphée, plus des miens. Je m'étire et retourne dans la chambre de la sœur. Je place alors cette dernière sous sa couette et je soupire un bon coup. J'avais l'impression d'être devenu une seconde maman. Quelle horreur.

Après tout ça, je me glisse dans son placard et plonge dans un sommeil bien mérité.

...

Le lendemain matin, j'aperçois la porte d'entrée qui s'ouvre soudainement. Le père a l'air furieux et la mère désespérée. L'adolescent se frotte le bras de gêne et de culpabilité. La mère se précipite vers le premier étage pendant que le père fait la leçon à son fils.

« Erwan ! Espèce d'inconscient ! Tu n'as donc rien écouté de ce que je t'ai dit !, s'énerve l'homme.

- Je... Je ne pensais pas que ça allait tourner comme ça !, réplique le concerné.

- Tu as bien fait d'aider ta sœur mais tout cela aurait pu être évité si tu n'avais pas décidé de tenir une fête sans nous tenir au courant, ta mère et moi. Que serait-il arrivé si l'agresseur de ta sœur n'avait pas trébuché dans les escaliers ?? Tu imagines un peu les conséquences sur ta sœur ?? Tu comprends ce qu'on a ressenti en plus ?? Venir te chercher au commissariat sans savoir pourquoi ?? On a été très inquiets !

- Pardon papa... », s'excuse Erwan en baissant la tête.

Le père semble se calmer alors et s'avachit sur le canapé, passant sa main sur son visage à cause de la fatigue.

« Bon... Tu es de corvée de ménage dans les semaines à venir Erwan. Et je ne veux plus la moindre fête à la maison. Si tu invites des copains, je veux un nombre limité et les noms de chacun. Est-ce que c'est clair ?

- Oui papa...

- Bien..., souffle d'un air las le parent avant d'observer rapidement les alentours, bravo pour avoir tout nettoyé au passage.

- Je... n'ai rien fait... Je n'ai pas eu le temps, j'ai été emmené par la police avant, et elle a dispersé tout le monde », lâche l'adolescent de manière confuse.

Son père hausse un sourcil face à la réponse de son fils. Je fais de même face à sa remarque. Qui d'autre, à part moi, aurait pu nettoyer tout ce bazar ?? Cela reste ma demeure tout de même et il est hors de question qu'elle se transforme en dépotoir !

« Fabrice, appelle soudainement la mère, Clara va mieux. Elle a juste une petite migraine.

- Tant mieux..., soupire de soulagement le concerné.

- Merci d'avoir nourri Jilly en tout cas, remercie la mère en berçant l'ignominieux nourrisson dans ses bras.

- Je ne l'ai pas fait maman... », avoue Erwan.

Les trois se dévisagent étrangement. J'ignore leur duel de regards et préfère me recentrer sur ma sieste à venir. Ranger tout le désordre dû aux adolescents m'avait épuisé. Cette fois-ci, je me dirige vers la cave et me glisse entre deux matelas entreposés, appréciant leur tiédeur et la fraîcheur du sous-sol.

Je plonge ainsi dans un sommeil de plomb, espérant ne pas me réveiller pour d'autres broutilles.

...

Malheureusement pour moi, j'avais parlé trop vite. Je me réveille à cause du tapage dans la pièce, constatant que les deux adolescents sont en train de ranger de vieilles affaires.

« Regarde ça, y a tellement de vieux trucs !, s'exclame Erwan en secouant une antiquité devant les yeux de sa sœur.

- Arrête de tout toucher espèce d'idiot. Certaines affaires étaient déjà là dans la cave avant qu'on arrive. Il vaut mieux éviter de tout casser.

- Pourquoi ? Tu as peur que le fantôme de l'ancien propriétaire nous hante ?

- Très drôle crétin, souffle Clara, visiblement agacée par son frère.

- Hey attends, regarde, un vieux miroir, trop stylé »

Le plus inconscient et le plus stupide de la fratrie s'approche de mon miroir à la bordure dorée pour l'observer de plus près. Il se place en bas, de sorte à ne pas se refléter dedans. Quant à la jeune fille, elle s'avance et s'examine à travers la glace, remettant sa barrette en place.

Je sors définitivement de ma cachette, histoire de vérifier si l'idiot qui lui servait de frère n'allait pas abîmer mon miroir adoré. Cependant, à peine ai-je le temps de faire deux pas que l'adolescente s'immobilise face à son reflet.

« Er-... Erwan..., bégaye-t-elle.

- Quoi ?

- Regarde... dans... le... miroir... »

Son frère et moi relevons nos yeux en même temps avant qu'ils ne s'écarquillent de surprise. Tiens donc. Je peux apercevoir mon reflet ? C'était bien une première pour moi.

Les deux se retournent à l'unisson et je saute sur le côté, sortant du cadre du miroir. Lorsqu'ils se concentrent à nouveau sur l'objet, j'avais disparu de leur vision. Pendant qu'ils étaient occupés à trembler de peur et à confirmer ce qu'ils venaient de voir, je gémis de « douleur ». Pourquoi ai-je atterri la tête la première dans un seau ? Je tente de me relever mais c'est un échec et je m'effondre lamentablement, trébuchant sur une serpillère inutilisée. Je produis tout un vacarme, les objets s'effondrant sur ma tête les uns après les autres.

« Aïe, aïe et aïe », me plaignis-je en frottant mon pauvre crâne.

Les deux s'enfuient en hurlant en apercevant cela et grimpent les escaliers à une vitesse surprenante. Je me retrouve seul et humilié. C'est moi qui devrais hurler de rage. Je tape du pied de mécontentement et me contente de me rouler sur le sol d'un air furibond. Je me faufile sous le matelas, espérant ne jamais ressortir tellement la honte m'étreignait.

...

Ou pas.

Il faut dire qu'on s'ennuie fort en bas, dans cette cave humide et froide. Peut-être devrais-je aller voir le bébé si vilain ? Je remonte les escaliers d'un pas décidé. Enfin, « décidé » était un grand mot. J'arrive dans le salon où toute la petite famille est occupée à dîner.

Je me dirige vers la table et constate que seul le père est en train de finir de manger. Les deux adolescents ont posé dessus une sorte de planche en bois sur laquelle il est écrit « Ouija » en énormes lettres. Qui était ce Ouija ?? J'espère que ce n'était pas un énième invité impromptu qui allait occuper ma demeure.

« Vous êtes sérieux ? Enfin, si cela peut vous rassurer, soupire d'un air désespéré le père en secouant la tête.

- Je te jure papa, Erwan et moi avons vu la même chose !!

- Oui, puis il se passe beaucoup de trucs bizarres dans cette maison depuis qu'on est arrivés !, enchérit le frère.

- Comme si les fantômes existaient, se moque alors Harry, foudroyé du regard par ses aînés.

- C'est bon, ne vous disputez pas, intervient la mère en replaçant Jilly dans sa chaise-haute, allez-y, faites votre test »

Leur père lève les yeux au ciel mais semble accepter son sort. Quant à moi, je suis plus occupé à ignorer le bébé qui tend sa tétine vers moi. Que voulait-il que je fasse avec ? Que je tète avec ?? À mon vénérable âge ??

Clara se lève et éteint la lumière sous l'air confus de son paternel puis s'assoit et pose son doigt sur le petit objet au milieu de la planche, son frère répétant son geste.

Ces deux enfants se mettent ainsi à déplacer une sorte de goutte avec un trou au milieu en posant des questions absurdes dans le style : « Esprit, esprit, es-tu là ? » ou encore « Quel est ton nom ? »

Bande d'imbéciles, si je savais mon nom, je vous le dirais ! Et ça ferait longtemps que je ne serais plus coincé dans cette demeure ! Puis, ne sont-ils pas censés communiquer avec un certain Ouija ?? C'était à n'y rien comprendre !

Je m'approche d'eux, alors qu'ils désespéraient de n'avoir aucune réponse, et déplace brusquement la goutte vers le « bonjour » affiché en grosses lettres en bas.

Il fallait toujours être poli dans la vie. Enfin, « vie » était un grand mot pour moi.

« Esprit, esprit, quel est ton nom ? », s'enquiert d'une voix tremblante Clara.

Mon nom ? Aucune idée. Et si je me prénommais Sleepy ? Laissez-moi dormir, n'est-ce pas ? Finalement, après une longue réflexion, tandis que les deux adolescents se faisaient gronder par le reste de la famille, je déplace la goutte vers plusieurs lettres, les unes après les autres.

« E N T I T Y, répète à voix haute Erwan avant de froncer des sourcils.

- Je vous avais bien dit que c'était une blague, l'un de vous deux a dû trafiquer la planche, ricane Harry.

- N'importe quoi !, s'insurge Clara en lâchant la goutte, c'est toi Erwan qui a dû faire ça pour me faire peur !

- Dis pas de bêtises, c'est toi !, accuse son frère en lâchant la goutte à son tour.

- Ah vous deux..., soupire une énième fois le père, sous le regard désespéré de la mère, est-ce que tous les jeunes de votre âge jouent à ce genre de jeux ?

- Ne t'inquiète pas papa, ils aiment bien poser d'autres questions dans le style, oh esprit, depuis combien de temps es-tu mort ?, persiste le benjamin.

- Très drôle, persifle Erwan, et arrête de faire bouger la goutte Clara.

- Mais je ne fais rien ! », confie l'adolescente.

Un long silence prend place tandis que je finis de répondre gentiment à la question posée.

« Je l'ignore ?, déclare la mère après avoir lu, qui de vous deux a fait ça ?

- Pas moi, bredouillent en concert le frère et la sœur.

- Bien sûr, elle a bougé toute seule, se moque le père.

- Non... pas toute seule... quelqu'un l'a fait bouger... quelqu'un..., murmure la jeune fille.

- Quoi ? Un fantôme ? Impossible, lâche Harry en posant un aimant sur la planche sans qu'il ne réagisse.

- Je te jure que la planche n'a pas été trafiquée... », promet Erwan.

Un long silence bien plus angoissant s'étire dans l'atmosphère, tous les membres de la famille ayant les yeux rivés sur la fameuse planche. Pour ma part, j'en avais profité pour leur dérober un paquet de chips et le dévorer allègrement au sommet de mon armoire tranquillement. Je profite alors du spectacle : une dispute éclate, les avis de chacun divergeant. Les deux seuls qui semblent être confus par la situation actuelle sont le chien et l'abominable bébé.

J'ai le temps de finir le paquet qu'ils sont toujours en train de se chicaner. Je le laisse alors tomber et il part voltiger au loin, passant par la fenêtre entre-ouverte.

« Va, vole vers ta liberté Dobby », ricané-je en me rappelant cette vieille série télévisée.

Je descends de mon perchoir, décidant en fin de compte de reprendre ma longue sieste. Néanmoins, j'aperçois du coin de l'œil Jilly se pencher vers l'avant, sentant la douille arriver. Et comme je l'avais prévu, le nouveau-né finit par chuter, à la plus grande horreur générale. Heureusement pour eux, mes réflexes me poussent à me jeter en avant et à le rattraper in-extremis avant qu'il ne s'écrase la tête la première contre le sol. Je le pose ensuite sur le plancher et le nourrisson babille, tendant ses bras vers moi.

« Non seulement tu es laid, mais en plus tu es bête », soufflé-je.

J'ignore ensuite la panique familiale, la mère prenant son fils dans ses bras, et monte à l'étage. Je me réfugie ensuite dans le placard du couloir, entre les couvertures d'hiver en laine, et me plonge à nouveau dans un sommeil que j'espère hibernant.

...

Je m'étais encore trompé. Hélas.

Je sors de ma cachette hibernante et confortable, me dirigeant vers les éclats de voix. Je me penche par-dessus la balustrade, apercevant toute la famille rassemblée dans le salon avec un homme et une femme, inconnus.

Je descends les escaliers et m'approche d'eux. Toutefois, leur conversation cesse brusquement parce que la femme se retourne soudainement dans ma direction. Je cligne des yeux, stupéfait.

« Je peux la sentir... cette présence... cette entité..., murmure-t-elle, comme si elle me dévisageait.

- Est... Est-elle bonne ou mauvaise ?, s'enquiert le père qui avait visiblement retourné sa veste.

- Elle ne semble pas vous vouloir du mal. Mais je ne peux pas vraiment détecter ses intentions, elle-même l'ignore, poursuit l'inconnue.

- Donc... On n'a rien à craindre ?, demande Erwan.

- Je ne crois pas. Vous a-t-elle donné un nom ?

- Lorsqu'on a utilisé la planche de ouija, elle a écrit Entity, raconte Clara.

- Entity ? Alors, il ignore sûrement son prénom, depuis longtemps oublié », explique la femme d'un air triste.

Je croise les bras, mécontent. Quel était le problème avec ce prénom ? Je le trouve très stylé pour ma part.

« Je ne peux rien faire de plus, à part vous dire que vous cohabitez avec une entité qui serait bienveillante, vous n'avez normalement rien à craindre, répète l'inconnue.

- D'accord, merci madame Herza, nous referons appel à vos services si besoin.

- Je vous en prie »

Les parents l'escortent, avec l'autre homme, jusqu'à la porte. Cependant, elle se retourne une fois avant de partir pour leur dire ceci :

« Montrez-vous cordial avec cette entité. On ne sait jamais ce qu'ils peuvent faire »

Puis, elle s'éloigne, non sans me jeter un dernier regard. Je lève les yeux au ciel, exaspéré par une telle attitude.

Je décide alors de m'en retourner à mon activité favorite, à savoir dormir. C'est ainsi que je retourne exactement au même endroit et retombe dans un sommeil libérateur.

...

Étonnamment, les jours s'écoulaient paisiblement, comme si la famille avait pris l'habitude que je vive parmi eux, sans vouloir toutefois le confirmer à voix haute. Un certain doute planait encore.

Pour ma part, je m'en moquais. Tout ce qui comptait était la question suivante : Quel endroit était le plus confortable pour dormir ?

Cette fois-ci, je décide de changer à nouveau et me cale confortablement entre les deux matelas, au sous-sol.

Et c'est reparti pour un gros dodo.

...

Cette fois-ci, je me réveille à cause d'une odeur désagréable.

Mais ça sent le brûlé non ?

Je m'extirpe de ma cachette pour constater que la chaleur a augmenté depuis la dernière fois. Soit, ils ont mis le chauffage trop haut, soit il y avait anguille sous roche. Je remonte et sors de la cave avant de saisir rapidement la situation : MA MAISON BRÛLE. Pourquoi ? Cela me rappelle cette époque où des bombes pleuvaient sans arrêt depuis le ciel. Triste et sombre époque.

Je tourne la tête en direction du frère qui vient de sortir à toute vitesse de ma demeure en flammes, son benjamin dans ses bras.

Je m'approche de la fenêtre et reçois en même temps un jet d'eau en pleine face. Super. Je m'écarte et observe les alentours. Quelque chose m'interpelle. La mère est retenue par des policiers, le père à côté, visiblement très inquiet, le chien en laisse. Où sont donc la fille et l'horrible bébé ?

Je vois les pompiers qui tentent de rentrer mais c'est peine perdue, le feu est bien trop fort pour l'instant.

Je décide finalement de monter à l'étage et aperçois le corps de l'adolescente au sol, en train de tousser et de recracher ses poumons, la fumée l'étouffant. Je me dépêche d'entrer avant tout dans la chambre du nouveau-né et le récupère. Celui-ci semble encore en vie puisqu'il ouvre ses yeux et bouge faiblement ses bras en me reconnaissant. Je sors ensuite de la pièce et attrape la jeune fille par le col pour la traîner vers le bas. Néanmoins, le feu me fait barrage.

Je m'excuse d'avance, soupirant de désespoir par ce que je m'apprête à faire à ma maison bien-aimée. Je lâche Clara qui s'effondre sur le plancher, à moitié évanouie, et frappe de toutes mes forces contre le mur. À force de le malmener, ma main devient plus douloureuse mais il cède dans un gémissement plaintif et un grand « badaboum ». Cela interpelle des pompiers qui se précipitent vers la brèche. Je pose le bébé, ainsi que l'adolescente, sur le bord avant qu'ils n'arrivent. Ils se dépêchent de les récupérer hâtivement avant de les emmener loin d'ici.

Je les observe s'éloigner et retourne dans le salon, ravagé par le feu. Je suis submergé par le désespoir et les flammes. Celles-ci me lèchent la peau et j'ai la désagréable impression de fondre petit à petit, dans une douleur insoutenable. Mais... Je peux voir la famille, heureuse de se retrouver tous en vie.

Comme la fumée qui se dissipe au loin, ma conscience s'évapore lentement...

...

Tiens ? Je suis toujours « en vie » ?

Lorsque je reprends connaissance, je me retrouve à nouveau dans un salon en piteux état. Je décide de ne pas me pencher sur le désastre qui s'offre à moi et préfère me réfugier dans la cave. Heureusement, les affaires du sous-sol ont échappé aux flammes ravageuses, notamment les matelas. Je m'y glisse et espère ne jamais me réveiller. L'apparence aussi pitoyable de ma demeure me brise le cœur...

...

Enfin. Cela se saurait si mes prières étaient entendues. J'émerge de ma cachette et remonte les escaliers. Je suis alors surpris de constater que la maison a été complètement rénovée. Néanmoins, nombre de cartons et de valises sont disséminés dans le vestibule. Visiblement, les colocataires s'en vont.

J'aperçois la famille se regrouper dans l'entrée, vérifiant les dernières affaires. Jilly se tourne dans ma direction et me fait un signe d'aurevoir, babillant des sons incompréhensibles. Je m'approche de lui et tapote son front affectueusement.

« Tu n'es pas si laid finalement. J'espère que tu auras une belle et longue vie Jilly. Et que tu pourras mourir en paix, pas comme moi », lui souhaité-je avant de reculer.

La mère est la première à partir, emmenant le nourrisson qui me donne un dernier grand sourire. Un petit pincement au cœur se fait ressentir. Il va me manquer.

Le père part ensuite en emmenant le chien excité, suivi promptement de son fils aîné et du benjamin. L'adolescente, quant à elle, reste immobile sur le seuil de la porte, hésitante. Finalement, elle se tourne dans ma direction et sourit.

« Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu veux. Mais... Merci, merci pour tout ce que tu as fait. Merci de m'avoir sauvé la vie, deux fois. Et merci d'avoir sauvé celle de mon petit frère. J'espère que tu trouveras un jour la paix », me remercie-t-elle sincèrement, s'inclinant de manière respectueuse et reconnaissante.

Puis, dans un dernier sourire, elle s'en va aussi, la porte se fermant derrière elle.

Et c'est fini.

Le silence règne à nouveau en maître dans ma maison presque flambant neuve. Je me promène un peu dans ce qui est redevenu mon chez-moi et remarque la présence de mon antique miroir à côté du canapé dans le salon.

Je me positionne face à ce dernier, dévisageant mon propre reflet dans la glace.

Quelle importance que mon passé finalement ?

Seul.

Je restais seul. Pour l'éternité...

.

.

.

Enfin, jusqu'aux prochains colocataires.

Un petit film en les attendant ?

Fin

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