Mon très cher Célestin,

Depuis des jours, je n'ai point reçu de vos nouvelles et cela m'inquiète au plus haut point. Avez-vous attrapé une quelconque maladie pendant mon séjour ? Ou vous est-il arrivé quelque fâcheuse mésaventure ? Répondez, je vous en prie, si promptement que faire se peut. Bien que votre missive risque de ne me parvenir que dans quelques jours, dû à la longue distance, hélas, qui nous sépare, je l'attendrai avec toute l'inquiétude qui m'accable.

J'aimerais tant revenir à la Cour, nonobstant Sa Majesté le Roi préfère que je comparaisse en tant qu'ambassadeur de ladite Cour en son nom dans ce pays si lointain. Si seulement vous aviez pu venir, vous auriez pu constater par vous-même la divine beauté de ce pays. Je ne manie pas aussi bien les mots que vous mon cher alors cette lettre paraîtra bien fade à côté de vos brillantes fables. Vous ai-je déjà dit que votre écriture était fort élégante ? Peut-être point assez à la vue de cette absence de réponses. Cela me blesse que vous m'ignoriez, puissiez-vous au moins avoir l'obligeance de me faire savoir ce qui vous déplaît chez moi.

Peut-être, mon cher, souhaiteriez-vous que je vous ramène des présents ? Si cela peut vous aider à m'écrire. J'y ai aperçu, l'autre jour, une plume d'une grande finesse, dont la couleur azurée me rappelle celle de vos remarquables yeux. À moins que vous ne préfériez plutôt la soie et la broderie somptueuses, que j'imagine se marier à merveille avec votre chevelure soyeuse, dont disposent les marchands ? Si vous continuez de m'ignorer, j'ai bien peur de me retrouver à acheter tous les objets les plus fantaisistes et les plus susceptibles de vous plaire que je trouve.

Je divague dans mes propres pensées et je me laisse souvent à rêver. Je souhaite plus que tout revenir à la Cour. La hâte me gagne à l'idée de rentrer, mon très cher ami, bien que je me retrouve obligé de faire preuve d'une grande patience.

Vous me manquez atrocement et mon encre se vide comme moi sur cette lettre tandis que la peur s'empare de mon cœur au fait que votre réponse ne puisse jamais m'atteindre.

Prenez soin de vous, mon très cher, et j'espère avoir de vos nouvelles bientôt.

Toutes mes plus sincères amitiés,

Gabriel