5 - La Fin d'un espoir
Point de vue de Lenora
Je baissai la tête. C'était une catastrophe... Le conseil venait justement de convenir du rôle de Seira dans nos prochaines batailles, et voilà que les cartes étaient redistribuées.
Depuis que Seira et le Mage avaient débarqué dans la salle, un bruit sourd habitait les lieux. On chuchotait, marmonnait, susurrait dans tous les sens. Un violent mal de tête me prit, et je portai mes doigts à mes tempes. Depuis l'arrivée des Alliés, je ne croyais pas avoir dormi plus de quatre heures par nuit. Sois j'étais occupée, sois j'en étais tout simplement incapable. Mes journées étaient remplies du lever au coucher du Soleil, garnies de réunions, conseils, discussions diplomatiques entre les différents royaumes. Je me devais aussi de rendre visite aux camps militaires, et de passer dans les plus grandes villes du royaume afin de faire le point sur nos ressources et nos effectifs ; mais surtout, de motiver et rassurer la population. Normalement, une bonne partie de mes tâches étaient incombé à Seira, mais ma cousine étant l'Héritière et la dernière de la Lignée, la faire aller par monts et par vaux en ces temps sombres était bien trop risqué. Nous étions en guerre, et nous ne pouvions pas nous permettre de la perdre.
À l'autre bout de la table, le roi de Tamilaris, le souverain Telor, haussa les sourcils avec dédain et marmonna à l'oreille de son conseiller - ils ne devaient sûrement pas parler des vitraux de la coupole et encore moins du déjeuner. Non, à voir leur regard hautain tourné vers Seira, ce n'était pas des gentillesses. Soudain, je fulminai, me sentant perdre patience.
La cohésion se révélait plus dure que je ne le pensais ; Tamilaris, en particulier, faisait preuve d'une mauvaise foi comme je n'en avais jamais connu. Il ne faisait aucun effort lorsque nous tentions de trouver des compromis, et rejetai chacune de nos stratégies - il nous imposait les siennes. C'était simple, il refusait de s'incliner devant le savoir militaire des elfes et encore moins devant celui des Meridiems. Leur immaturité me transcendait ; j'en venais à me demander qui n'avait que dix-huit ans ici.
D'autant plus que le Roi Telor était particulièrement exécrable. C'était un vieil homme d'une bonne centaine d'années, enrobé, de petite taille. Il n'avait en rien l'élégance de sa femme, la reine Kori, qui, bien qu'arrogante, s'efforçait comme elle le pouvait de tempérer les décisions arbitraires de son mari. Il était rustre, irréfléchi, revanchard. À notre première rencontre, il y avait quelques années, je m'étais sérieusement demandé par quel moyen son peuple l'avait laissé monter sur le trône - la réponse était soit qu'il avait été assez riche pour corrompre les élections, soit que son peuple était aussi mauvais que lui.
Et puis Telor était profondément xénophobe et misogyne, ce qui avait le don de me mettre hors de moi.
Je serrai les dents lorsque le vacarme se fit plus fort, et que je vis Telor lâcher un rire gras. Cette exclamation hypocrite me démangea les oreilles, et mes deux paumes s'enfonçant dans le bois brut de la table, je m'apprêtai à me lever pour ordonner de faire silence. Mais, au moment où mon postérieur se soulevait de ma chaise, la voix caverneuse de mon père résonna dans toute la pièce.
- Il suffit !
Il fallut encore quelques secondes pour que les derniers chuchotements s'éteignent, mais le silence revint. Mon père hocha alors la tête dans ma direction, et je le remerciai silencieusement.
Je me reconcentrai sur la situation, en jetant une œillade soucieuse à ma cousine, qui se tenait toujours dans l'entrée de la salle. Ses mains tremblaient, je pouvais le voir d'ici. J'aurais aimé pouvoir lui dire que tout irait bien, mais c'était faux. Ces derniers temps, nous allions d'échecs en échecs, et la participation de Seira aux combats aurait dû nous permettre de reprendre le dessus. Mais maintenant ?
Je voulus ouvrir la bouche, désireuse de briser cette attente silencieuse, mais les mots mourraient sur mes lèvres. Je n'avais simplement aucune idée de ce que je devais dire, ou faire. Mon cerveau si durement entraîné à ce genre de situation me laissait tomber ; cette semaine, j'avais eu l'occasion de réaliser à quel point la théorie et la pratique étaient deux mondes bien différents.
Je restai ainsi immobile, fiévreuse, debout devant mon siège. Mon cœur battait dans ma poitrine et dans ma tête, et s'emballait au fur et à mesure que mon mutisme s'éternisait. Mes yeux accrochèrent alors les yeux d'Aarin qui, comme tous les autres, attendait les ordres. Ils étaient plissés, ce qui ne me laissait qu'entrevoir le chocolat de ses yeux. Pendant une seconde, je me surpris à détailler la retombée souple de ses cheveux sur son front, et ses lèvres s'entrouvrirent tandis qu'une lueur inquiète traversa son regard. Mais contemplation dût l'emporter lui aussi, car le battement de ses cils se fit plus espacé et il s'immobilisa inconsciemment.
Un raclement de gorge me ramena à la réalité. Je secouai la tête, brisant le contact visuel.
- Pardon... je...
Et voilà que je me mettais à bégayer, chose qui ne m'était jamais arrivée. Même ma mère sembla s'en apercevoir, car du coin de l'œil, je la vis froncer les sourcils.
Reprends contenance, vite !
- Je...
Je me tordis les mains, incapable de la moindre phrase. Je sentais une horde de regards du moi, de plus en plus insistants. Le rouge me montait aux joues, sentant la honte me gagner et me paralyser. C'était simple, même si je détenais la solution, je n'étais plus capable de réfléchir. C'était trop.
- Je ne sais pas.
Les chuchotements reprirent alors crescendo, et je sus que cette autorité que je m'efforçai de conserver depuis le début de cette réunion venait de me glisser entre les doigts.
- C'est donc elle, l'Arme qui nous sauvera tous ? s'écria alors le Roi Torel par-dessus le vacarme, en se relevant de son siège.
Puis, pointant son doigt vers ma cousine, il continua en riant :
- Nous nous pensions trop démunis numériquement parlant pour renoncer à sa présence sur le champ de bataille, mais cette idée est maintenant révolue. Non, maintenant, nous ferions mieux de nous demander si nous ne nous en sortirions pas mieux sans elle !
Je foudroyai le roi du regard. Malheureusement, il ne le remarqua pas, portant toute son attention sur son poignard, qu'il faisait tourner entre ses doigts ; maladroitement, en plus.
Je n'eus pas l'occasion de réagir que d'un coup, toute la salle sembla s'enflammer. Impuissante, je vis Seira se faire mettre plus bas que terre, par des hommes et femmes pleins d'orgueil agissant comme si elle n'était pas là. Le visage de ma cousine vira au rouge, et elle baissa la tête, serrant les poings. Ses jointures blanchirent, de même que son visage. Ses ailes tremblaient, et j'avais envie de lui crier : « Relève la tête. N'oublie pas qui tu es ! ». Ceci était la première règle que l'on m'avait prise à la Cour : agir comme si nous avions le contrôle, constamment. Même quand, en réalité, tout s'écroulait.
Le Général Iandar fit un pas vers elle, ses ailes écartées pour la protéger des injures. Son visage était rouge, et froid ; furieux.
Si quelques Meridiems contre-attaquaient, fidèles à leur future souveraine, beaucoup restaient silencieux. Peut-être que, comme moi, ils ne savaient pas quoi répliquer à cela - parce que, bien qu'elle ait été dite sans la moindre gentillesse, la vérité était là : sans ses pouvoirs, Seira ne nous était pas d'une grande utilité dans l'immédiat. Elle n'avait aucune connaissance en stratégie militaire, dans le protocole, ou au combat.
Me mordant la lèvre, je m'apprêtai à quitter ma place pour aller rejoindre mon amie. Je fus arrêtée dans mon mouvement, saisie au coude par une main ferme. C'était ma mère, qui m'intimait « non » d'un hochement de tête. Je voulus froncer les sourcils et protester, quand elle s'expliqua.
- Réagir comme tu en avais l'intention ne l'aidera pas, souffla-t-elle au plus proche de mon oreille.
Elle avait raison. Je ne ferais que l'afficher en victime, et puis, que comptais-je faire, après ? La faire s'enfuir avec moi dans nos chambres ?
- Cela suffit !
Toute l'assemblée se tourna vers cette voix féminine, provenant de l'un des vingt-sept sièges de la table du Conseil. C'était Torryn, la reine elfe, qui s'était levée sous le coup de la colère.
- Regardez-vous, enfin. Personne ne s'écoute, personne ne s'entend. Comment voulez-vous faire front dans ces conditions ? Nous perdons du temps, ce que nous ne pouvons pas nous permettre. Je le rappelle, votre présence ici mes chers Confrères, ne tient qu'à vous. Si vous êtes ici, c'est que vous êtes en accord avec l'Alliance que nous tentons de reconstruire. Si ce n'est pas le cas, vous êtes libres de partir.
Elle darda alors son regard d'un vert argenté sur le roi de Tamilaris.
- Quant à vous, votre Majesté. J'aimerais savoir. Que seriez-vous, vous, sans vos pouvoirs ? Seriez-vous toujours Roi ? Ou simple roturier ?
Les joues du roi virèrent pivoines. Elle se tourna alors vers le reste de l'assemblée, répétant sa question aux autres moqueurs. Tous lui répondirent en demeurant muets, et la tension monta d'un cran. Torryn eut l'air de n'en avoir que faire. Et, pour la première fois, moi aussi.
Un silence se fit dans la salle, et, bien que les propos tenus étaient dangereux, je sentis un sourire se former à la commissure de mes lèvres. Je remarquai le même chez Aarin, et du côté de l'Ambassade elfique. Une chose était sûre, le franc-parler presque cru de la nation des elfes m'avait manqué. Il contrastait avec l'hypocrisie dont transpiraient les autres nations.
La reine hocha la tête, et déclara avec autorité :
- Bien, cela étant dit, parlons de la solution de ce petit imprévu.
- Vous en avez une ? intervint le roi nain, Bräm, d'un ton qu'il voulut neutre qui ne masquait toutefois pas sa surprise.
La Reine Torryn haussa un sourcil, et soupira.
- Elle est évidente. Il faut accélérer les recherches, et retrouver le Guerrier de l'Aube.
Les chuchotis reprirent dans la salle, et je vis Seira se crisper. Plusieurs ministres baissèrent la tête, mais pas assez vite pour qu'un certain malaise se peigne sur leur visage.
Les prochains mots de la reine firent taire les langues de vipères.
- Personne ici n'a donc jamais été amoureux ?
Ceux qui n'étaient pas au courant du lien entre Elyon et Seira ouvrirent de grands yeux.
- N'oubliez pas que nos pouvoirs sont influencés par nos émotions. Si nous retrouvons le guerrier Kaerio, leur réunion devrait briser ce blocage et ainsi restituer ses pouvoirs à Son Altesse. Nous enverrons donc une équipe pour partir à sa recherche, dès demain matin. Je lui confie mes hommes, sans hésiter...
Elle planta ses yeux dans ceux de ma cousine, qui, fébrile, paraissait suspendue à ses lèvres. Depuis l'intervention de la Reine Torryn, Seira avait reprit contenance, et ses yeux n'avaient jamais brillé plus fort qu'en cet instant, depuis le jour où nous avions appris qu'il était vivant.
La Reine conclut :
- Je dois un service à ce jeune homme.
Seira opina, et une reconnaissance infinie se lisait dans son regard. Torryn lui adressa un discret sourire.
- Mes guerriers en seront également, ajouta Aarin, en acquiesçant.
- Moi aussi, dis-je. Mes parents, la princesse Briseis et le Duc Reagal se chargeront de la direction du royaume en notre absence.
La main de ma mère pressant la mienne m'encouragea. L'elfe opina, et reprit :
- De toute manière, nous devions partir bientôt. Si nous attendons davantage, nous risquons de le perdre ; et les Invictus sont bien trop rares pour que nous nous le permettions, encore plus aujourd'hui.
Elle se rassit dans son siège, et ajouta d'un ton las :
- D'ailleurs, leur chef est en route pour nous rejoindre. Et croyez-moi, Armos ne sera pas content de perdre son bras droit.
- Soit, se résigna le roi de Tamilaris, encore rouge de la joute de toute à l'heure. Envoyons une petite escouade. Mais savons-nous seulement où il se trouve ?
- Pas encore, mais nous pensons avoir trouvé un moyen de le localiser, intervint alors Aarin.
Le général se tourna vers Seira, et lui demanda :
- Votre Majesté, pensez-vous votre lien assez fort pour que nous précédions à un sort de localisation à travers lui ?
La jeune héritière me jeta un regard, et se mordit la lèvre.
- Peut-être.
- C'est une piste à exploiter, renchéris-je, sentant l'assurance et l'espoir refleurir en moi. Qui ne tente rien n'a rien, nous devons essayer.
Aaron opina, et s'adressa alors au mage, se tenant toujours aux côtés de Seira :
- Quand seriez-vous prêt pour procéder au sort ?
Sans qu'Igar n'ait pu prononcer un mot, Seira intervint, ses ailes se dressant derrière elle :
- Faisons-le maintenant ! Je suis prête.
Aarin jette un regard au mage, et Igar acquiesça.
- Je procéderai selon vos exigences.
Le général m'interrogea du regard, et imperceptiblement, j'acquiescerai.
- Nous ne pouvons plus attendre, dis-je. Allons-y.
Igar opina et, se tournant vers Seira, annonça alors :
- Votre Majesté, placez-vous au milieu. Je vais vous expliquer comment je vais opérer.
Seira obéit, et il n'y eut plus un bruit dans la salle.
- Utiliser ma propre magie ne fonctionnerait pas, commença alors Igar, en traçant de son bâton un large cercle magique. Pour fonctionner, le sort doit utiliser la vôtre, afin d'accéder au plus proche de votre lien. En effet, ce n'est pas parce que vous ne pouvez pas utiliser votre magie, qu'elle n'est plus en vous. Vous devez juste accepter de me laisser l'utiliser.
La gardienne hocha la tête, et le mage poursuivit :
- Détendez-vous, et pensez aussi fort que vous le pouvez au guerrier Kaerio. Essayez de ressentir votre lien, de le solliciter en le faisant vibrer.
Seira ferma les yeux, et ses sourcils se froncèrent sous la concentration. Igar continua de marquer le cercle dans le sol, traçant de sa magie arabesques et symboles bien trop complexes pour que je puisse en saisir le moindre sens. Ce devait être un sortilège de localisation adapté aux nombreuses dimensions ouvertes dans l'Univers. La magie requise était si forte que je pouvais presque la sentir crépiter et chauffer mon épiderme.
Quand le mage eut fini, il releva la tête.
- Voyez-vous quelque chose ?
Ma cousine se mordit la lèvre, et attrapa son poignet pour le serrer très fort. Je pensai être la seule à avoir remarqué le léger scintillement au bord de sa paupière.
- Je... je crois.
Ses paupières tremblaient, et sa poitrine se soulevait de plus en plus vite.
- Surtout, ne vous arrêtez pas, lui intima le mage, qui avait lui aussi fermé les yeux.
Et, comme une simple étincelle aurait allumé un grand feu, le cercle magique sur le sol parut s'illuminer, d'un seul coup. Je retins ma respiration.
La voix grave et caverneuse d'Igar entama de réciter les incantations, et la luminosité augmenta progressivement. Ma nature de Meridiem me permettait de ne pas quitter la scène des yeux ; ce n'était pas le cas des autres peuples présents dans la salle du Conseil.
Mes ongles s'enfoncèrent dans le velours rouge de mon siège. Ce n'était maintenant plus qu'une question de secondes avant que nous connaissions la position d'Elyon.
Je me concentrai sur le visage de ma cousine, baigné de lumière. Ses lèvres étaient tordues en une expression désespérée ; ses yeux bordés de larmes. Immédiatement, je sus que quelque chose n'allait pas, et la peur me noua les entrailles.
Mon instinct ne trompa pas, car sans prévenir, la lumière comme le cercle magique au sol disparurent. Seira tomba sur les genoux, et ses ailes blanches s'échouèrent lourdement autour d'elle. Elle tremblait de tous ses membres.
Igar rouvrit les yeux, étrangement calme, tandis que le Conseil s'agita, effrayé. Comme montée sur un ressort, je me précipitai auprès de ma cousine, qui ne s'était toujours pas relevée. Ses cheveux tombaient autour de son visage, rendant toute expression impossible à discerner. Seira semblait fixer ses paumes, comme si elle y observait quelque chose qui aurait disparu, la laissant démunie.
Je lui empoignai les épaules, cherchant à capter son regard. Il semblait encore prisonnier de cette dimension dans laquelle elle venait d'émerger. Qu'avait-elle vu ?
- Seira, qu'y a-t-il ?
Ma voix s'était faite plus agressive que je ne l'aurai voulu. Il fallait dire que mon espoir de revoir mon meilleur ami s'était éteint aussi vite qu'il avait été réveillé.
Elle fut incapable de répondre, absente, les lèvres tremblantes. Je me relevai et m'adressai au mage, répétant ma question.
- Je n'ai rien pu faire, me répondit-il. Alors que je pensai tenir le lien pour pouvoir m'y accrocher et remonter jusqu'à lui, il s'est simplement et purement volatilisé. Je ne saurai dire s'il a été rompu ou dissimulé. Je suis désolé, Votre Altesse.
- Dissimulé ? Est-ce seulement possible ?
- Par l'un des détenteurs, oui, avec suffisamment de conviction.
Je le remerciai d'un mouvement de tête, la gorge sèche.
Pourquoi Elyon chercherait-il à dissimuler le lien ?
Mon cœur se compressa dans ma poitrine, et je m'agenouillai à nouveau contre le marbre de la salle pour serrer Seira dans mes bras. Elle ne réagit pas, certainement sous le choc, mais son regard semblait plus vif qu'il y a encore quelques instants.
- Seira, c'est important. Peux-tu nous dire ce qu'il s'est passé ? As-tu vu Elyon ?
Et comme si ce dernier mot avait eu l'effet d'un électrochoc, elle sursauta et se tourna vers moi, ses yeux fous se plantant dans les miens. Plus vite que je ne l'aurai cru possible, ils se remplirent de larmes et elle se jeta dans mes bras. Je l'étreignis du plus fort que je le pus, me retrouvant projetée une semaine en arrière. Nous croyions à ce moment qu'Elyon était mort ; heureusement, ça n'avait pas été le cas. Mais maintenant ? L'angoisse me brûla les veines.
- Il était là... chuchota-t-elle alors, son visage dans mes cheveux. Il était là, je l'ai vu... Il a murmuré quelque chose-chose, puis tout s'est arrêté. C'est comme s'il m'avait poussé de toutes ses forces hors de lui, et je n'ai plus été capable de le voir, de l'entendre, de l'approcher...
- Qu'est-ce qu'il a dit ? Tu as réussi à l'entendre ? murmurai-je, afin de garder notre discussion la plus discrète possible.
- Oui. J'ai entendu.
Elle se détacha de mes bras, essuyant ses joues. Inspirant profondément, elle conclut :
- « Ne me cherche pas. » Ce sont les mots qu'il a prononcés avant que tout ne s'arrête.
Je restai muette, m'attendant à tout sauf à cela. Quoique... je connaissais assez bien Elyon pour savoir que, s'il était en grand danger, il préférait faire face seul plutôt que de recevoir l'aide de ses amis, et prendre le risque de les emporter dans sa chute.
Elyon, ton altruisme te tuera, pestai-je intérieurement.
- Comment il était ? Il allait bien ?
Ma question était inutile, j'en connaissais déjà la réponse.
Seira secoua la tête.
- Je n'ai pas réussi à le voir assez longtemps pour me rendre compte de son état, mais il allait mal, Len ». Et il avait peur.
Ces quatre derniers mots m'effrayèrent bien plus que le reste de sa réponse. Elyon était bien le dernier homme qu'il était facile d'effrayer.
Quand je repris Seira dans mes bras, je ne sus dire si je le faisais pour la conforter elle, ou moi. De même quand je prononçai les mots suivants, plus gros mensonge prononcé depuis des semaines :
- Ça va aller.
Et alors que j'entendis mon père sonner la fin du Conseil, une unique larme traversa ma joue. Je ne fis pas l'effort de l'essuyer, pas même quand je surpris le regard d'Aarin sur moi.
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