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8 - Guérir la douleur par la douleur

Ma flèche vint se planter en plein cœur du minuscule cercle rouge qui me servait de cible. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire satisfait.

Vaeri applaudit, appuyée contre un arbre, dissimulée dans l'ombre. Et bien que mes oreilles auraient dû percevoir son arrivée, mon cœur fit un léger bond. Mon entraîneuse ne faisait pas partie de l'élite meridiem pour rien. Elle était l'espionne la plus vicieuse qu'il m'avait été donné de rencontrer — et même si je n'en avais pas vu des centaines, je savais qu'elle était douée. Il suffisait de voir comment les autres soldats la saluaient. Leurs yeux brillaient de ce respect que j'espérais acquérir un jour.

— Pas mal, lâcha-t-elle, mâchant distraitement sa pomme.

J'opinai, en haussant les épaules.

— Merci.

— Tu n'es vraiment pas mauvaise... tu pratiques l'arc depuis combien de temps ?

— Quelques mois, même si je ne m'y entraîne pas très souvent.

— Tu devrais, tu pourrais facilement intégrer nos archers.

Je hochai la tête, touchée par sa remarque. Vaeri n'était pas du genre à faire des compliments pour faire plaisir aux autres... cette semaine, il m'était arrivé de sortir de ses cours avec l'envie de pleurer. Elle peut vraiment être très austère quand elle veut. À côté d'elle, Elyon pourrait avoir l'air d'un agneau. Pourrait.

Elle s'approcha, le regard pointé sur mon Profondeanus, scintillant légèrement dans l'ombre des arbres.

— Curieux, cet arc. Il est... magique ?

— C'était l'arme de ma mère.

Et le ton que j'avais employé sans vraiment le vouloir lui fit comprendre que je ne voulais pas en parler davantage. Elle acquiesça, sans toutefois se défaire de son regard curieux. Elle continua de l'observer une longue seconde, avant de relever son regard vers moi et de balancer son trognon de pomme dans les fourrées.

— Tu viens souvent ici ?

Du doigt, elle désigna la clairière, bordée par une petite plage.

— Pourquoi cet interrogatoire ? répondis-je du tac au tac, mi-embarrassée, mi-agacée.

Elle haussa le sourcil, et je finis par répondre, d'un mouvement de tête.

Nous nous trouvions dans une petite crique, accessible en escaladant la falaise soutenant le palais. J'avais trouvé une sorte de passage, dans lequel les rochers formaient un petit escalier de fortune. Je m'étais plusieurs fois écorchée en l'utilisant, mais la descente valait le coup : cet endroit était calme, avec personne pour m'embêter. Le bruit des vagues apaisait mes émotions quand je les sentais m'envahir un peu trop. Et les arbres m'abritaient de la pluie, qui ne s'arrêtait jamais de tomber en ce moment. J'y allais tellement souvent ces derniers temps, que j'avais même fini par y laisser des affaires : une couverture, une gourde, un sac avec du raisin, du pain et du fromage. Je m'y arrêtais pour faire la sieste, pour parler avec Xerys, pour méditer, ou pour m'entraîner sans que personne ne vienne m'ordonner quoique ce soit. Comme je le désirais aujourd'hui.

Ce refuge ne devait plus être connu de personne récemment, car je n'y avais jamais rencontré personne — et heureusement — jusqu'à maintenant. J'y avais juste observé quelques écorchures sur les pierres et les arbres, comme si quelqu'un s'était entraîné au couteau par le passé. Et, sur un des troncs, j'avais même remarqué l'inscription « L + L » entourée d'un cœur. Il semblerait qu'un amant en peine s'était installé ici, comme moi.

— Tout va bien ?

La voix de Vaeri fit s'évaporer mes pensées comme un rideau de fumée. Je secouai la tête, bredouillant :

— Oui, oui. Comment m'as-tu trouvée ?

— Je suis ton mentore, et la meilleure espionne de l'armée meridiem, petite.

Et elle conclut sa réponse en haussant un sourcil, comme si c'était évident.

Avais-je déjà mentionné que Vaeri avait un ego bien développé ?

— Promets-moi que tu ne le diras à personne.

— À condition que tu viennes plus souvent aux entraînements.

— Je ne suis pas à l'aise au milieu de tous ces guerriers.

Il y a une petite semaine, mon entraîneuse avait eu la brillante idée de m'inclure dans un groupe de jeunes soldats meridiems, tous très prometteurs. Son argument était que, pour que j'apprenne à me battre comme une vraie Meridiem, je me devais de m'entraîner avec et contre ces derniers. C'était très juste et très intelligent, mais ils étaient tous tellement différents de moi : impulsifs, incroyablement audacieux, du genre à parler fort et à faire de grands gestes. Je me sentais écrasée par toute cette force qu'ils dégageaient sans même s'en rendre compte, parce qu'ils étaient certainement nés comme cela. Et puis, cette étiquette que je sentais collée en permanence contre mon front (« L'Héritière-avec-un-grand-H ») ne m'aidait pas.

Vaeri acquiesça, et soupira.

— Ne te laisse pas impressionner. Pour l'instant, ils ont plus l'air de pigeons arrogants que de grands aigles.

Je me mordis la lèvre, surprise, et laissai échapper un discret sourire. La Meridiem m'adressa un discret clin d'œil, et poursuivit :

— Vraiment. Ils se pavanent, mais ils ne sont pas tellement plus doués que toi.

— Ils ont quand même beaucoup plus de force et d'expérience.

— Ils ont grandi à Danamore, petite. Et la majorité d'entre eux vivent avec cette idée de devenir guerrier depuis l'âge de huit ans. Forcément ! Mais tu as de bonnes bases, et tu peux les rattraper.

Je haussai un sourcil, et me penchai pour ramasser mes affaires.

— C'est vrai. Tu t'es beaucoup améliorée cette semaine. La technique commence à venir. Ce n'est pas encore ça, mais tu l'intègres petit à petit. Et plus rapidement que certains de nos élèves.

Je n'osai pas lui dire que si je fournissais autant d'efforts dans nos séances, c'était parce que je n'avais qu'un souhait : être assez forte pour que l'on me donne enfin la permission de participer aux missions et aux combats, et de sauver Elyon.

Même si elle s'en doutait sûrement. La rumeur de mon effondrement dans la salle du conseil une semaine plus tôt avait fait le tour du palais pendant plusieurs jours.

Quand j'eus ramassé toutes mes flèches et rangé mon arc, je me tournai à nouveau vers ma professeure.

— D'accord. Je reviendrai m'entraîner avec les autres. C'est juste pour me dire ça que tu es venue jusqu'ici ?

Elle sourit, satisfaite, et nia de la tête.

— Non. Au départ, c'était pour te signaler que le Général Iandar et la Princesse Veris te cherchaient.

— D'accord. Merci de m'en avoir informée.

Elle acquiesça, et m'annonça m'accompagner. J'aurais aimé pouvoir lui dire que ce n'était pas nécessaire, que je pouvais trouver mon chemin et me débrouiller toute seule, mais je me tus. C'était le protocole, et son métier.

Nous étendîmes donc nos ailes, et priment impulsion avant de décoller dans les airs. Mes ailes se stabilisèrent sans difficulté, et entreprirent de battre l'air avec régularité. Je retins un sourire en constatant le regard satisfait de ma mentore ; mes leçons de vol commençaient enfin à payer.

Sur le chemin, nous restâmes muettes. Vaeri, car elle inspectait les alentours à la loupe, ses grands yeux dardés sur chacun des passants ; moi, car je n'avais rien à dire. Je me contentai donc de l'imiter, et observai les terres qui se tenaient en dessous de moi.

Mon cœur se serra. La réalité n'avait jamais été aussi dure que ces dernières semaines. Des villages entiers se vidaient, les récoltes mourraient, l'économie tombait en dépression. Et cette situation, à la base déjà désastreuse, ne faisait qu'empirer ces derniers jours depuis que quelques contestataires s'amusaient à mettre le feu aux poudres : les tensions au sein de la population ne faisaient que grimper et nous avions tout le mal du monde à faire face.

On finit par se poser sur la plateforme du palais, gardée par une dizaine de gardes. Ceux-ci nous saluèrent d'un discret mouvement de tête, avant de me laisser passer et de m'ouvrir la porte. L'espace avait été sécurisé avec sérieux depuis que souverains des pays alliés s'étaient installés à Roseris...

Vaeri m'abandonna ici, et me souhaita une bonne soirée avant de repartir en un battement d'ailes. Je détendis mes épaules et entama de traverser la longue allée, à la recherche de Lenora. Qu'avait-elle donc à me dire ?

Je n'eus pas le temps de faire dix pas que je fus déjà interceptée, par l'objet de ma recherche, justement.

— Seira, tu es là, soupira Lenora, visiblement soulagée. Viens !

Elle m'attrapa le bras, et commença à me traîner dans un couloir annexe, que je commençais à bien connaître. C'était dans ce dernier que se trouvaient la salle d'armes, et le conseil de stratégie militaire. Ma gorge se serra d'elle-même.

— Que se passe-t-il ? Quelque chose de grave ?

Lenora soupira à nouveau, apparemment trop désemparée pour trouver ses mots. Et cela n'annonçait rien qui vaille, car mon amie n'était pas du genre à bafouiller.

J'eus une pensée pour Xerys. Je n'avais rien dit à Lenora quant à sa résurrection, et la culpabilité pesait lourd sur mes épaules. Je m'étais d'ailleurs plusieurs fois demandé si je n'avais pas rêvé ; si je ne devenais pas bel et bien folle. Seule la présence de Saphir, en parfaite santé, me permettait de situer l'instant et de l'ancrer dans la réalité.

Lenora passa la porte du conseil, et à ma grande surprise, la pièce se révéla vide. Seul se tenait Aarin, nous tournant le dos devant la grande table au centre de l'espace. Ses grandes ailes brunes encadraient son dos puissant, frôlant de leurs plumes le sol de marbre. La tension dans ses épaules ne fit qu'augmenter ma nervosité.

Quand celui-ci entendit le porte s'ouvrir, il se retourna. Son regard noisette, rendu soucieux par ses sourcils froncés, me détailla de pied en cape. Je me souvins alors que je me trouvais en tenue de combat, probablement recouverte de boue avec quelques branches égarées dans ma tresse.

— Votre Majesté, nous vous attentions, me dit-il en me saluant d'un mouvement de tête.

Je lui rendis son geste, et m'approchai. Lenora me suivit puis me dépassa, pour se placer à côté du Général. Tous deux se penchèrent sur la table et, intriguée, je les rejoignis pour observer à mon tour ce qui les préoccupait tant.

C'était une carte, représentée en relief grâce à la magie. Et visiblement, elle devait représenter un territoire en temps réel, car on pouvait observer les nuages bouger, des masses se déplacer, du feu brûler.

— Qu'est-ce que... murmurai-je, mes yeux survolant le paysage.

— Voilà Amoris en ce moment, dit Aarin, les lèvres pincées.

— Observe la mer d'Émeraude, et celle d'Apricus m'orienta Lenora, à son tour. Qu'est-ce que tu vois ?

Sa voix était tremblante.

Mes yeux embrassèrent les deux étendues d'eau, et mon ventre se noua. Je n'étais pas spécialiste en la matière, mais de ce que j'avais pu voir et entendre ces dernières semaines, je ne pouvais pas me tromper.

De grosses masses noires, provenant de Krægon — la Terre des Ombres — et se déplaçant à toute vitesse vers nos côtes, celles de Tamilaris et de Frondor.

— La deuxième Vague.

C'est comme cela qu'avait été nommée la deuxième offensive d'Archaos. Nous n'avions aucune idée de quand elle aurait lieu, ni à quel point elle ferait mal. Nous nous préparions juste à l'éventualité de son déroulement imminent.

Archaos était prêt.

L'étions-nous ?

— Les Ombres toucheront nos côtes dans deux jours, voire trois, si nous avons de la chance, commenta Aarin. Elles doivent traverser ces deux mers, et avec la tempête qui se prépare, cela nous permettra de gagner du temps.

— Les affrontements ne tarderont donc pas à avoir lieu, en déduis-je, la mine sombre.

— Oui. Nous... J'ai déjà envoyé des soldats en éclaireurs, afin qu'ils nous informent sur les effectifs.

J'opinai.

— Sommes-nous assez bien préparés ?

— Si nous le sommes assez, je ne peux rien vous promettre. Mais nous sommes à notre maximum, compte tenu de la situation actuelle.

Je croisai les bras, et le cœur battant, j'approuvai de la tête. Je ne comprenais toujours pas pourquoi l'on m'avait fait venir.

— D'accord... qu'est-ce que vous attendez de moi, dans ce cas ?

Lenora jeta un regard à Aarin, avant de me prendre les mains. Ses yeux se plantèrent dans les miens.

— Tu es l'héritière légitime. C'est à toi que revient le trône, et si Kalyra n'était pas... tu sais... normalement, ça aurait été elle qui aurait dû remplir cette tâche.

— Quelle tâche ?

Ce suspens était insupportable.

— Tu dois annoncer l'état d'alerte générale... et autoriser notre entrée en guerre.

Sa main fit glisser vers moi un papier, un sceau et de la cire.

— N'y a-t-il pas un autre moyen ?

— Crois-moi, m'assura-t-elle, en glissant un regard vers Aarin. On l'aurait souhaité aussi.

Je clignai plusieurs fois des yeux. Cette requête aurait pu me sembler facile si je n'avais pas mesuré ces dernières semaines à quel point tout ceci était extrêmement grave et sérieux.

Nous entrions en guerre.

La Deuxième Guerre des Ombres.

Tremblante, je me saisis du sceau en or, et le plongeai dans la cire chaude. Aarin me montra l'emplacement, sur lequel était déjà inscrit mon nom, dans une encre rouge sang : « Seira Illire Selenis Crystal ». J'y apposai le cachet, refusant de réfléchir davantage, et le document se retrouva scellé par ordre royal.

Mon ordre.

Ma gorge se serra, et Lenora apposa une main rassurante entre mes omoplates.

— Ça va aller. On va s'en sortir, murmura-t-elle.

Je n'arrivai pas à acquiescer.

— Demain à la première heure, nous réunirons l'Alliance, prononça Aarin, d'une voix grave. Mes généraux y assisteront.

Il marqua une pause.

— Nous discuterons de la meilleure stratégie à adopter.

Ma nuit, ce jour-là, fut longue et agitée.

J'étais venue au monde pour mettre fin à une guerre. Pas pour en commencer une deuxième...

⋅∙✶⦁☾⦁✶∙⋅

Point de vue de Lenora

Peut-on vraiment régler une guerre par une guerre ?

Guérir la douleur par la douleur ?

Je me redressai, le front luisant, mes draps et ma nuisette trempés de sueur.

Nous ne devrions pas vivre cela. Ce n'était pas de notre ressort, nous étions trop jeunes... Diriger un royaume s'avérait beaucoup plus compliqué qu'en théorie, surtout que cette tâche n'était pas censée me revenir avant un bout de temps.

Constatant qu'il était inutile de batailler une minute de plus contre ce sommeil qui ne voulait pas m'emporter, je décidai de me lever. J'enfilai rapidement une tunique, un corset et un pantalon en cuir, et coiffai mes cheveux en un chignon flou. Puis, après avoir noué les lacets de mes sandales, je sortis de ma chambre.

Le couloir était traversé par un courant d'air frais, sombre et silencieux ; on pouvait entendre tomber la pluie au-dehors. La seule présence humaine se résumait à deux gardes, postés de part et d'autre de ma porte. Je fronçai les sourcils en constatant que j'avais apparemment récupéré celui qui m'avait été retiré la semaine dernière, lorsqu'on avait appris que je n'étais plus l'Héritière. Un coup d'Airain, je supposai. C'était contraire au protocole : normalement, seule la Lignée avait droit à ses deux gardes de Nuit. Je n'allais pas m'en plaindre, au contraire : c'était toujours une sécurité de plus en ces temps sombres...

Lorsque je franchis mon palier, le regard des deux hommes fondit sur mon ombre. Leurs yeux m'inspectèrent au radar, cherchant sûrement une explication à mon escapade nocturne. Un hochement de tête de ma part, et leurs traits se détendirent. Ils s'écartèrent légèrement pour me laisser passer.

Je décidai de me rendre dans la salle d'armes. Peut-être que si je me défoulais assez, j'arriverais enfin à fermer l'œil. Pourtant, ce n'était pas comme si j'avais beaucoup dormi ces derniers temps... Les stratégies militaires élaborées lors des derniers conseils envahissaient chaque recoin de mon esprit.

Traversant à pas de loup le palais, je finis par atteindre l'entrée de la salle d'armes. Par quoi pourrais-je commencer ? Je n'avais pas travaillé l'épée depuis longtemps... les couteaux non plus, d'ailleurs. Et si...

ma réflexion fut brusquement interrompue lorsque, ayant à peine fait un pas dans la salle sombre, deux mains puissantes m'attrapèrent le cou et me plaquèrent contre le mur avec violence. Le choc, rude, me garda un moment assommée. Puis, l'instant de surprise passé, je tentai de me défaire de cette emprise indésirable : mes mains se chargèrent d'un feu ardent et redoutable, qui vint engloutir celles qui me maintenaient prisonnière.

Puis, l'étau disparut aussi vite qu'il l'avait enserrée. Mon cou fut libre sans que j'eusse à faire quoique ce soit — mon feu avait à peine eu le temps de toucher mon agresseur.

Que..?

Je relevai la tête et me projetai loin du mur, saisissant l'occasion pour retourner la situation à mon avantage. Seulement, je m'immobilisai en découvrant le visage de mon assaillant.

Celui-ci arborait une mine aussi abasourdie que la mienne l'était.

— Votre Altesse... que... que faites-vous ici en pleine nuit ? s'exclama Aarin, les yeux agrandis par l'horreur, et le souffle saccadé.

— Et vous ? soufflé-je, incapable de répondre quoique ce soit d'autre.

Je portai ma main à ma gorge, dure et douloureuse, mon sang y pulsant avec virulence. Le Général s'approcha, chuchotant :

— Je suis désolé... je ne pensais pas... j'ai cru...

Sa voix était noyée par la culpabilité.

— Ça ne fait rien, dis-je pour le rassurer, en dépit de ma douleur persistante. Au moins, j'ai la confirmation que vous avez de beaux réflexes.

Mes joues rosirent violemment, mais heureusement, Aarin s'était déjà retourné. En un puissant battement d'ailes, il se précipita jusqu'à un coffre en métal, que je devinai renfermer le nécessaire aux soins de premiers secours. Une seconde plus tard, il appliquait déjà une compresse contre ma peau, et de la glace.

— Je venais m'entraîner, dit-il alors. Je n'arrivai pas à fermer l'œil... je suppose que vous aussi.

Il soupira.

— Je deviens vraiment paranoïaque. J'aurais du vérifier l'identité de ma cible avant de vous tomber dessus. Je m'en excuse.

Je voulus secouer la tête, mais la douleur m'en empêcha aussitôt. À la place, je me contentai d'argumenter, faisant de mon mieux pour remuer au minimum mes cordes vocales :

— Vous ne pouviez pas savoir que je débarquerai au milieu de la nuit.

— Tout de même. Souhaiteriez-vous consulter un médecin ?

Je niai de la tête ; ce n'était pas nécessaire. Il me proposa ensuite de m'assoir, ce que j'acceptai cette fois à contrecœur. Ses yeux noisettes inspectèrent avec attention ma blessure, qu'il prit soin de bien masser.

Ses gestes étaient étonnamment doux et légers quand on tenait compte de sa carrure, musclée et imposante. Je pouvais aussi sentir son souffle contre ma peau, et sans savoir pourquoi ni comment, je me sentis prendre feu. Bien vite, l'air sembla me manquer. Et, juste quand je me sentis suffoquer, il s'éloigna, et murmura :

— Cette décision... elle n'était pas simple, mais nous n'avions pas le choix.

Il parlait de notre récente entrée en guerre. Je haussai des épaules, et me relevai. Il se redressa à son tour, et il ne me parut jamais aussi grand. Il me dépassait bien d'une tête, ou deux.

— Je n'en suis pas si sûre...

— Ne doutez pas, vous faites de votre mieux. Et malheureusement, aujourd'hui, nous n'avions le choix qu'entre la pire décision, et la moins bonne : celle de se laisser détruire, ou de se défendre et de riposter. Vous assurez la survie de votre peuple.

Oui, mais à quel prix?

L'odeur du néant et de la mort hantait déjà mes narines.

Je ne répondis pas, me dirigeant vers le grand tableau, sur lequel étaient accrochées différentes variétés d'armes. L'esprit ailleurs, je choisis l'épée, et m'avançai vers un des mannequins en bois.

— Je ne préfère pas en parler, dis-je. Pas ce soir.

Puis, de toutes mes forces, j'y abattis ma lame. Encore et encore, jusqu'à ce que le mannequin fut réduit à de simples morceaux de bois, éparpillés à mes pieds. Mon poignet me lançait, et ma paume me brûlait, serrant trop fort le pommeau.

— Vous êtes en colère.

Aarin s'approcha, d'une démarche posée, à peine audible. Il s'était contenté d'observer la scène, sans rien dire. Je me demandai alors de quoi je pouvais bien avoir l'air, à m'acharner sur ce bout de bois, avec mes cheveux en pagaille, mes cernes, mes bleus, mes pauvres petits muscles. Je devais sûrement être ridicule. Je me maudis pour ça.

— Non, me contentai-je de rétorquer.

Et je levai mon épée, pour réduire en pièce ce qu'il restait encore du pantin. Je fus arrêté dans mon geste par une autre épée, qui vint intercepter la mienne dans une dissonance aiguë et assourdissante. Je relevai la tête, et ouvrai la bouche pour protester.

— Si. Et je crois savoir pourquoi, m'interrompit Aarin.

Il me poussa jusqu'au centre de la pièce, dans l'arène d'escrime. Nos épées continuaient de s'entrechoquer bruyamment, tandis que nous nous lancions dans un ballet de pas chassés.

— Vous ne vous sentez pas reconnue. Vous vous sentez invisible, remplaçable. Et cela vous frustre, car vous pourriez tout aussi bien être sur le terrain à vous battre, plutôt que penchée sur toute cette paperasse qui vous ennuie.

Je pinçai des lèvres, et c'est là qu'en effet, la colère que je retenais au fond de moi explosa. Mes coups redoublèrent d'intensité ; je frappai, encore et encore, sans même réfléchir. Je n'étais plus qu'agressivité ; la technique, la finesse de l'épée s'étaient éclipsées au seul profit de la brutalité. Aarin ne se laissa cependant pas surprendre, bien qu'il recula de quelque pas. Il suffit que mon poignet flanchât un instant pour que son épée manquât de me trancher la joue ; je l'esquivai précipitamment.

Mes ailes m'emmenèrent dans les airs, et le combat se déplaça en altitude, toujours plus déchaîné.

— Parce que vous avez cette sensation que l'on vous a volée votre place. Vous vous sentez basse, seule, poursuivit Aarin, dont le souffle s'était accéléré sous l'effort. L'impression de n'être jamais assez bien vous broie les entrailles, parce qu'il n'y a que la perfection qui compte, ça ou rien d'autre.

Je lâchai un rire jaune, et mis toute ma force dans mon coup ; ma lame passa à quelques millimètres de son oreille, et il l'évita de justesse.

— Et pourtant, vous êtes fatiguée. Mais vous continuez, encore et encore, car on ne vous a jamais appris à vous arrêter. Vous vous battez jusqu'au bout, même si vous devez y passer, même si vous devez vous sacrifier. Et personne ne le voit.

Je sentis mon cœur tomber bien bas dans ma poitrine, lourd. Je frémis, et ma poigne faiblit. Mais Aarin ne s'arrêta pas, murmurant, le souffle haché :

— Croyez-moi : sans vous, cette cour comme cette alliance auraient déjà sombré depuis longtemps.

Et sans prévenir, telle la foudre s'abattant sur un arbre, ou un aigle sur sa proie, j'éclatai en sanglots. Des sanglots violents, tels que je n'en avais pas eu depuis longtemps, tel que je m'étais rarement autorisée. Mes ailes vacillèrent, et je manquai de m'écraser sur le sol ; Aarin me rattrapa in extremis. Son regard était grave et sombre, emphatique, mais sans aucune pitié.

Au milieu de cette salle d'armes, en pleine nuit, j'eus la sensation de perdre pied. Ce boulet d'émotions que je traînais depuis plusieurs jours avait fini par m'emmener toucher le fond...

Aarin me cala dans ses bras, enserrant ma taille et mes épaules, ses genoux contre la pierre froide. Sa paume, chaude et râpeuse à force d'entraînement, enveloppa ma nuque, et mon visage s'enfonça dans son cou, qui ne tarda pas à être noyé de larmes. Il m'étreignit, fort. Et, dans ses bras, je me sentis en sécurité ; ce fut comme si, ici, plus rien ne pouvait m'atteindre. Plus personne n'était capable de me toucher.

J'aurais aimé me justifier, lui dire que je n'étais pas comme ça, d'habitude. J'avais mis des années avant d'être considérée comme une vraie guerrière, et non plus comme une petite princesse pleurnicheuse et pourrie gâtée. Je m'étais endurcie — peut-être même trop, selon ma mère.

Mais j'étais cuisante de honte, et j'avais cette intuition que chaque mot qui sortirait de ma bouche ne ferait que m'enfoncer encore plus. Alors je gardais le silence, en priant pour que tout ceci ne soit qu'un long et douloureux cauchemar. Je ne pouvais pas m'écrouler, ici, dans les bras du Général de mon armée. Cela n'avait aucun sens.

Toutes les pensées qui occupaient mon cerveau en cet instant me donnèrent le tournis, et je fus reconnaissante à Aarin de garder le silence. Je n'avais pas besoin qu'il me témoigne quelconque pitié, quelconque compassion. J'étais forte. Cet instant n'était qu'un moment d'égarement... j'avais juste à espérer qu'il ne s'en souviendrait pas demain.

Sa main passa sur mon front, et il resserra son étreinte autour de mes épaules. Je cessai de respirer ; non pas parce que son contact était oppressant, mais bien parce que sa présence me coupait le souffle. Littéralement. Mon cœur s'emballa dans ma poitrine, alors que, indépendamment de ma volonté, mon corps se détendit entre ses bras.

Et pourtant, je devrais me dégager. Je devrais franchir cette porte et ne pas me retourner. Je ne pouvais pas prendre le risque de nouer quelconque relation avec le Général de mon armée, alors que nous étions en temps de guerre. Je n'avais plus seize ans. Si mon histoire avec Elyon m'avait bien appris une chose, c'est que les relations interprofessionnelles ne faisaient jamais bon ménage... et aujourd'hui, tout était déjà bien assez compliqué comme ça.

Malheureusement, je ne trouvais pas la force de m'arracher à sa chaleur, à son énergie. Je les sentais onduler autour de moi, faire pression sur les miennes, résonner entre elles. Elles m'apaisaient. Je me sentais presque m'endormir.

— Vous me faites confiance ? dit-il alors, sa voix grave rompant ce long moment de silence.

Je relevai la tête, interdite. Il dut prendre mon silence pour un oui.

— Alors, levez-vous, et suivez-moi.

— Je suis censée dormir, m'entendis-je répondre.

— Nous dormirons quand nous serons morts, ce qui arrivera bien assez tôt. Suivez-moi.

Il m'aida à me remettre sur pied, et me tendit sa main, que je saisis. Sans attendre, il sortit de la salle d'armes, m'entraînant à sa suite. Une fois dans le couloir, il décolla, ses ailes projetant une large ombre sur le sol, à la lumière des flambeaux. Je fis de même, et nous nous retrouvâmes à traverser en volant tout le palais. Les quelques gardes que nous croisâmes ne firent que jeter un œil à Aarin, avant de précipitamment baisser la tête. La seule présence du Général devait suffire à éluder toute question... Je me surpris à penser qu'Aarin avait des airs d'Elyon, parfois. Il n'était pas aussi réservé, et était loin d'être sombre et effrayant comme l'Invictus pouvait l'être ; mais il avait ce charisme, cette posture. Cette aura flottant autour de lui, si spécifique aux grands guerriers. Un seul regard de leur part suffisait à nous rassurer ou nous terroriser. Ce n'était d'ailleurs pas pour rien si Aarin avait réussi à grimper les échelons de la hiérarchie militaire à une telle vitesse. Il était doué.

Et je savais que je pouvais lui faire confiance — je le sentais dans mon ventre. Néanmoins, déboussolée par son attitude, et piquée par la curiosité, je chuchotai :

— Où m'emmenez-vous ?

Je crus qu'il ne me répondrait pas, car il garda silence encore quelques longues secondes. Puis, de sa voix profonde, il prononça ce simple mot :

— Haut.

Et, alors que nous nous engageâmes dans le grand hall, portés par le courant d'air et volant à la vitesse d'une rafale silencieuse, il effectua un violent battement d'ailes qui nous projeta en avant. En une seconde, nous étions dehors, dans la fraîcheur de la nuit. Le vent extérieur me fouetta les joues, et mes cheveux s'envolèrent.

Ma main serrant toujours la sienne, il m'emmena toujours plus haut dans le ciel, traversant une couche de nuage après l'autre. La nuée blanche se couchait à notre passage, et, alors que l'aube pointait, nous pouvions la voir se colorer de mille et une couleurs. Rouge orangé, or, rose. Je n'avais pas vu un paysage aussi doux, aussi plein d'espoir depuis ce qu'il me sembla soudain des siècles.

Puis, lorsque nous fûmes à bien quelques centaines de mètres du sol, il s'arrêta.

À cette attitude, l'air était glacial, uniquement réchauffé par les rayons du Soleil émergeant. Mais il était aussi calme, et dénué de pluie. C'était... paisible. Nos problèmes apparaissaient si petits, si insignifiants. Nous restâmes muets, tout à coup bouleversés par la grandeur de la Nature, qui s'étalait sous nos yeux. D'ici, je pouvais distinguer les vallées et les grandes forêts de Danamore, fraîchement teintées de nuances chaudes, l'Automne s'installant. Les gazouillis des oiseaux étaient déjà perceptibles, bien qu'il soit encore tôt. La brume flouait la silhouette des arbres, comme une fine couche de nuages traversée de rayons de lumière dorée. Les montagnes, plus loin, surplombaient cette verdure comme deux géants rougeâtres, splendides et majestueux. Leur reflet se jetait dans les lacs situés à leur pied, miroirs dorés. Des rivières naissant de leurs profondeurs serpentaient sur tout le territoire et finissaient par se déverser dans l'Océan, qui entourait la Terre comme une immense étendue orangée. L'écoulement de certaines cascades venait bercer le paysage d'une mélodie régulière et apaisante. Et, en fermant les yeux, je pouvais sentir l'odeur des pins, de l'iode... et du Soleil.

Solterra. Danamore.

Voilà mon pays. Voilà mon territoire. Voilà ce pour quoi je me battais.

Je compris pourquoi Aarin m'avait emmenée ici. Un « merci » traversa mon esprit, mais mes lèvres restèrent scellées. J'avais la gorge serrée, tellement que je dus me forcer à inspirer profondément.

— Je viens ici, régulièrement. Dès que j'en ressens le besoin.

La voix d'Aarin trancha le calme environnant, sans pour autant lui faire perdre sa sérénité.

— Voler haut, sentir le vent dans mes plumes et le soleil sur ma peau, observer la terre de mes ancêtres... Ça m'aide à garder la tête froide. Ça me rappelle qui je suis, d'où je viens, ce que je veux.

Sa main se resserra autour de la mienne, et cette légère pression me rappela que je ne l'avais toujours pas lâchée. Je pourrais, je devrais. Mais je n'en avais pas envie. Sa voix et sa présence m'hypnotisaient.

— Ici, plus rien ne semble avoir d'importance, à part l'essentiel. Le présent, nous-même, ce que nous aimons, qui nous aimons. La stupidité de l'Homme, la nature y a survécu, et y survivra toujours. La vie, l'espoir, l'amour, la lumière... Elles continueront de gagner, qu'importe l'épaisseur des ténèbres.

Il inspira profondément.

— Je sais, ça peut sembler très optimiste, comme message. Peut-être que ça pourrait être différent, cette fois. Peut-être qu'Archaos arrivera bel et bien à faire imploser notre monde... Mais ce que me rappelle ce paysage, quand je le regarde, c'est que nous ne sommes rien, mis à part une minuscule partie de l'Univers. Un grain de poussière dans un océan de tout. Et que nous devrions avoir confiance en cette force ancestrale qui l'habite depuis sa création.

Je relevai les yeux vers lui, observant son visage.

Sa mine était pensive, un flot d'émotions se bousculant dans son regard. Je n'en avais jamais vu autant... il se montrait sans masque, son cœur était comme peint sur son visage.

— J'ai peur, souvent. Je tiens trop à ma famille, mes amis, mon pays pour rester de marbre face à ce qui nous menace. La pression me broie les épaules, et parfois, je n'en dors plus. Échouer... cette fois, ce n'est pas permis. Et cette certitude me terrifie.

Ses yeux noisette plongèrent dans les miens, et mon cœur fit un bond. Ils me détaillèrent intensément, alors qu'il murmura, la lumière épousant sa peau mate comme un halo doré.

— Mais je sais aussi que je suis un optimiste, et que l'espoir guide chacun de mes choix et de mes actes. J'ai foi en notre réussite, car je ne vois pas d'autres manières d'aborder l'avenir. C'est ce qui me tient debout, et qui me donne la force de me battre. Je ne resterai pas immobile.

Il baissa la tête, et le contact visuel se coupa. Je repris mes esprits.

— Je parle beaucoup... (Il inspira, et clôt ses paupières). Tout ceci pour dire... Avoir confiance, garder espoir ; c'est ça, notre arme. Rien n'est impossible quand on ne connaît pas la possibilité de l'échec.

Je déglutis, ses mots continuant de résonner dans ma tête. Et, réalisant que mes yeux n'avaient toujours pas quitté son visage, je me forçais à détourner la tête. Qu'est-ce qui était en train de m'arriver ?

Sa main serrait la mienne toujours aussi fort, comme si elle n'avait plus l'intention de la lâcher, comme si c'était la main qui me rattraperait et non celle qui me laisserait tomber. Je me sentais en sécurité, forte, comme si j'y croyais à nouveau. À tout ça, à moi, à nous. Nous y arriverons. Comme il le disait si bien, il n'y avait pas d'autre moyen pour aborder l'avenir.

Je ressentis soudain l'envie de me confier. Aarin avait enlevé son masque devant moi, sa princesse. Il s'était dévoilé : il m'avait avoué ses faiblesses, et notamment celle qu'il avait peur. Ne devrais-je pas lui rendre la pareille ? J'ouvris la bouche, prise de cette soudaine volonté de lui montrer une partie de moi, à mon tour. Peut-être était-ce de la folie ; après tout, je n'avais plus toute ma tête ces derniers jours. La fatigue s'exprimait plus qu'il ne lui était permis... Sans compter que le principe de confiance m'était assez étranger ; je n'avais jamais eu confiance en quelqu'un au point de lui dévoiler mes sentiments. Et même s'il avait bien quelques personnes pour lesquelles je donnerais ma vie — Elyon et mes parents notamment — je ne me souvenais pas m'être déjà livrée à eux. C'est quelque chose qui m'avait toujours terrorisée ; que l'on me voit telle que je suis.

Et pourtant, là, maintenant, au milieu de ces nuages dorés avec ma main dans la sienne, je me sentais capable de tout lui dire, à lui, ce presque-inconnu. Je ne savais juste pas par où commencer.

— Je...

Ce premier mot fut tremblant, bancal. Je pensais à mes responsabilités de princesse, à l'alliance, à la guerre, à la mort de Kalyra et Xerys, à la disparition d'Elyon... beaucoup de choses à dire pour peu de mots sur ma langue. Je repris, en inspirant un grand coup :

— J'ai peur aussi. Tout ça... c'est...

Je m'arrêtai, tentant de contrôler mon bégaiement, tandis que le rouge me montait aux joues. Je sentais ses yeux noisette fouillant les miens, sans que je sois capable de les affronter.

« C'est beaucoup à endosser », voulus-je conclure.

Et il dut le lire en moi, car sa voix vint chuchoter à mes oreilles, deux mots portés par la brise ; comme un secret :

— Je sais.

Je me décidais à tourner la tête vers lui. Je me sentis brûler dans les braises de ses pupilles. Portées par l'air chaud, en survol, nos ailes se frôlèrent. Un frisson me traversa l'échine. En cet instant, je me sentis toute petite à ces côtés : on aurait dit un Dieu, avec ses cheveux bruns en pagaille, battus par le vent, ses yeux et sa peau d'or, ses ailes immenses reflétant la lumière. C'était à peine s'il n'était pas couronné par le soleil.

Une vibration dans l'air fit éclater le bulle dans laquelle nous nous étions enfermés. Je sursautai. Ma main quitta la sienne. L'avait-il sentie, lui aussi ? À son regard sondant les horizons, les passant au crible, sûrement.

— Qu'est-ce que c'était ? dis-je, soudain aux aguets.

— Je crois... que c'était l'Aegis. Quelqu'un a dû rentrer. Une personne qui n'y était pas autorisée.

— Qui ?

— On ne va pas tarder à le savoir.

Et d'un coup de menton, il désigna le palais. Je suivis son regard, et distinguai un escadron de dix guerriers meridiems. À leur armure d'un noir mat, je reconnus les Faucons, notre unité d'élite — celle que nous avions envoyée quelques heures plus tôt en éclairage, pour surveiller l'avancée des Ombres. Et parmi eux, un autre homme. Je ne parvins pas à distinguer son visage.

Sans que nous ayons eu à nous concerter, Aarin et moi plongeâmes simultanément, le regard braqué sur cet intrus.

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