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5 | Action ou vérité ?

Il y a une fille assise sur les genoux de Jackson. Une brune aux cheveux coupés courts et au rire franc. C'est la copine de Violet qui papotait avec nous dans la cuisine. Je crois qu'elle s'appelle Kristen.

Nous avons migré dans l'arrière-cour après la partie de bière-pong. Je me suis laissée entraîner par le groupe en vérifiant que Violet était toujours occupée à se trémousser sur la piste. Elle est mon phare dans cet océan de rencontres et d'imprévus que sont les soirées étudiantes, l'endroit vers lequel je retourne quand la présence des autres commence à peser ; mais pour la première fois depuis longtemps, je me sens à l'aise en compagnie de personnes différentes, presque intégrée. Et l'attitude naturellement fédératrice de Jackson n'y est pas étrangère.

Je me penche pour attraper une bière dans la glacière posée sur l'herbe humide, avant de réaliser que je ne saurai pas la décapsuler toute seule. Le type assis sur la chaise de jardin à côté de la mienne s'en saisit et fait sauter le bouchon avec son briquet.

— Alors ? Quel est le nom de notre tueuse au bière-pong ? lance-t-il en me la rendant.

— Ruby, soufflé-je. Merci.

Jackson aussi discute avec son voisin. Il est assis juste en face de moi – et je le trouve pourtant si loin, soudain si hors d'atteinte. Chaque fois que Kristen gigote pour prendre ou faire tourner son joint, sa grande main se pose distraitement sur sa hanche, comme s'il voulait éviter qu'elle tombe.

Est-ce qu'ils sortent ensemble ?

— Moi, c'est Rubens. Oui, je fais partie de l'équipe de football et oui, ma soirée se passe plutôt bien.

— Pardon, tu disais ?

Je me tourne vers mon interlocuteur en essayant de rassembler mes esprits. Il me faut encore quelques secondes pour réaliser qu'il s'agit du garçon avec lequel j'ai dansé tout à l'heure, parce qu'il a détaché ses longs cheveux bouclés pour les laisser tomber sur ses larges épaules de sportif. On dirait que l'alcool me monte à la tête.

— Puisque tu ne poursuivais pas la conversation comme toute personne normale le ferait, j'ai répondu aux questions que tu étais censée poser.

— Je... Désolée, bafouillé-je en rigolant. Je suis un peu pompette.

Il cogne sa bière avec la mienne en guise de pardon. Pendant les minutes qui suivent, Rubens me parle de ses actions au foot et des entraînements intensifs à la salle avec l'équipe. L'éclat doré des guirlandes accrochées à la corniche de la maison arrose son visage comme pour m'aider à fixer mon intérêt sur lui. Mais à l'image des moustiques qui tournent autour d'elles, attirés par leur lumière éblouissante et leur chaleur diffuse, je le suis par Jackson.

La voix grave de cette fille s'est mêlée à la sienne dans la conversation. En l'espace de quelques phrases, j'ai appris que Kristen s'appelle bien Kristen, qu'elle est la capitaine de l'équipe féminine de natation et qu'elle a déjà laissé un Jackson complètement ivre dormir dans son lit.

Je profite que Rubens se sert à son tour dans la glacière pour observer la nageuse plus franchement. Son short en jean est si court qu'il dénude entièrement ses cuisses. Elle a des épaules larges, des jambes à la fois généreuses et bien galbées qui rendent sa silhouette énergique. Je ne doute pas que Jackson doit se faire violence pour ne pas y penser alors qu'elle est quasiment grimpée sur lui, un genou juché sur l'accoudoir de la chaise.

— Tu te ronges les ongles ?

Quand Rubens me prend le poignet pour observer ma main, j'arrête de m'imaginer à la place de Kristen. Et heureusement, parce que j'en venais à me demander ce que ça ferait de sentir la jambe musclée de Jackson faire pression entre les miennes.

— Je sais, dis-je en le récupérant, ça craint.

— Non. C'est l'angoisse qui craint. J'ai le même problème, même si j'ai trouvé une solution temporaire. Regarde.

Il agite ses doigts sous mon nez. Je les attrape pour regarder le vernis noir qui se craquèle sur ses ongles.

— Tu peux me croire, le goût dégueulasse du vernis me dissuade de les bouffer.

— Ça te va bien ! m'exclamé-je. Pourquoi tu dis que c'est une solution temporaire ? Tu n'en portes pas tous les jours ?

— J'en sais rien, j'aime bien le style que ça me donne, mais les autres trouvent parfois ça bizarre. Même si le coach est assez ouvert d'esprit, il n'aime pas les excentricités quand on entre en saison. Après l'été, je le retire pour recommencer à me ronger la peau jusqu'à l'os.

Je lui rends sa main alors que mon regard dévie naturellement sur Zach, installé un peu plus loin. Le monde du football peut se montrer cruel envers ceux qui n'entrent pas dans ses normes. Je me demande si le coach appellerait aussi son cas une « excentricité », avec tout le dédain et la condescendance qu'une telle dénomination suggère.

— C'est débile, dis-je en avalant une gorgée de bière. Tes ongles sont trop classes.

— J'suis bien d'accord, répond-il en se penchant davantage sur moi.

Sa paume s'échoue dans le bas de mon dos, et voilà que je n'ose plus m'appuyer contre mon dossier de chaise. Mais si je m'avance pour trouver une position plus confortable, il va croire que je trouve sa tentative de rapprochement déplacée.

Est-ce qu'elle l'est ?

J'observe le jeu tactile entre Jackson et Kristen, puis jette un coup d'œil vers Rubens, occupé à tirer sur le joint. Il est mignon, enfin je crois. Sa tenue confortable, mais placardée de marques inaccessibles, laisse penser qu'il cherche encore entre ses véritables aspirations vestimentaires et le compte en banque de ses parents. Des cheveux à la fois aussi bouclés et plus soyeux que les miens, qui détonnent avec son allure imposante. Toutes ses contradictions physiques le rendent authentique, parce qu'il ne cherche pas à se cacher de ce qu'il est ici, à ce moment exact de sa vie.

Quand son index commence à faire des ronds dans le creux de mes reins, je me dis qu'il serait peut-être temps de le retirer. Ensuite, mon intérêt dérive vers le rire tonitruant de Kristen.

— « Zach Kamara : mais qui est vraiment l'étalon noir des Thunders qui les fait toutes craquer ? », lit-elle sur l'écran du téléphone que Zach lui tend. Ils ont vraiment osé ?

— Ouais, lui répond-il d'une voix dégoûtée. Pour ce bled paumé, je suis « l'étalon noir » des Thunders, même pas un attaquant, putain.

— Fallait pas s'attendre à mieux de la part d'un torchon régional, le réconforte-t-elle. Ce sera différent quand tu quitteras l'université.

— Mais oui, lâche Jackson en se penchant pour lui tapoter le bras. On sait tous très bien que dans quelques années, tu seras surtout Zach Kamara, le joueur qui a tout cassé au Super Bowl. T'aimerais entrer dans quelle équipe, d'ailleurs ?

Zach range son téléphone dans sa veste et se met à énumérer les équipes phares de la NFL. C'est étrange de le voir aussi passionné. Je savais déjà qu'il était le meilleur joueur des Thunders, mais je pensais que rejoindre le club de football était surtout un moyen pour lui de se faire mousser, comme toujours.

Je ferme l'oreille à leur discussion. De toute façon, j'ai des préoccupations beaucoup plus importantes que l'amour de Zach pour le ballon : les autres membres du cercle que nous formons dans le jardin ont entamé une partie du pire jeu du monde. Bientôt, c'est à Kristen de poser une question. Sans surprise, elle tourne la tête vers Jackson.

— Action ou vérité ?

Jackson roule des yeux :

— Vérité, sinon tu vas encore me demander de te passer la bague au doigt, même si tu sais qu'on n'en est pas encore là.

— Qui te plait le plus sur le campus ?

Donc, ils ne sortent pas ensemble ?

Un silence intéressé gagne le groupe. Jackson, qui s'attendait à une question du genre, feint de réfléchir en nous balayant du regard avec un sourire coquin. Quand vient mon tour, je prie pour ne pas rougir à la faveur des guirlandes de fête.

— Le nouveau prof de marketing, sans aucun doute !

Tout le monde éclate de rire, moi y compris.

— Je savais bien que tu n'obtenais pas tes crédits en travaillant !

— Kristen qui se fait doubler par un cinquantenaire...

— Il tient mon avenir entre ses mains, je le lui dois ! se défend Jackson.

— Jackson, tu me brises le cœur.

Les questions gênantes et les gages s'enchaînent. Comme personne ne me connait vraiment, j'ai la chance d'y échapper. En attendant, mon cerveau surchauffe : ce sera bientôt à moi de désigner quelqu'un et je risque de passer pour la ringarde de service si je ne réfléchis pas tout de suite à un truc marrant. Qu'est-ce qu'on peut bien demander de dire ou de faire à de parfaits inconnus ?

Zach doit passer avant moi. Quand il prononce mon nom, je suis certaine que Rubens peut sentir mon corps se crisper sous sa paume.

— Quoi ? lâché-je bêtement.

— À ton avis ? Action ou vérité ?

Il adopte une attitude relâchée, les poings plongés dans ses poches de veste, mais je vois bien l'un de ses sourcils tressauter nerveusement au-dessus d'un œil rusé. Qu'est-ce qu'il prépare ?

Je ne dois pas rentrer dans son jeu. Jusqu'ici, et ce depuis notre inscription dans la même université, Zach et moi nous sommes contentés de nous éviter plus ou moins cordialement. Il y a parfois des regards mauvais, des sourires moqueurs, parce que nos connaissances communes, comme Violet, nous poussent souvent à nous trouver aux mêmes événements. Mais jamais de confrontation directe. Peut-être que ma présence dans son cercle d'amis plus proches marque la limite de sa patience, et je sais pertinemment que s'il décide d'attaquer, je serai bien incapable de faire face.

Je me penche pour poser ma bière et gagner du temps. J'espère que personne ne voit ma main trembler dans l'obscurité relative du jardin.

— Non.

Quelqu'un rigole près de moi :

— Comment ça « non » ?

— Ce n'est pas comme ça que ça marche ! ajoute Rubens. Tu dois choisir entre les deux !

— Ne te défile pas, Ruby.

Je plonge mon regard dans celui de Jackson, qui vient tout juste de parler avec un ton railleur. Mes doigts agrippent les accoudoirs en plastique de la chaise alors que j'inspire discrètement. Calme-toi, Ruby. Il ne peut pas savoir ce qui ne va pas.

Je me racle la gorge.

— Je passe.

Un râle monte dans le groupe. Kristen lâche que c'est con, que je ne suis pas drôle, et je serre les dents. Ils peuvent bien me trouver naze, je m'en fiche.

— Je... Je vais aux toilettes, bafouillé-je en me levant.

Je ne crois pas que quiconque, hormis Rubens, m'ait entendue. Ils ont déjà repris le jeu sans se préoccuper de la ringarde de service pas même fichue de respecter les règles. Les yeux satisfaits de Zach suivent chacun de mes mouvements et se détournent quand je le surprends.

Il l'a fait exprès.

J'avance d'un pas mal assuré jusqu'à la porte-fenêtre pour regagner le salon. À l'intérieur, la musique et l'alcool conjugués me désorientent. Baisser la tête. Raser les murs pour ne pas être vue. Atteindre le couloir, puis les toilettes.

Mes jambes flageolent. Une fois la porte de la petite salle de bain verrouillée, j'abaisse la cuvette pour m'écraser dessus. Mes doigts cherchent l'élastique autour de mon poignet sans le trouver.

Ne le fais pas. Ne le fais pas.

À défaut de l'élastique, c'est ma peau que mes ongles triturent et pincent. Je regrette déjà d'avoir réagi à chaud. Pourquoi c'est si compliqué de faire semblant ? Maintenant, tout le monde doit me prendre pour une hystérique. D'un point de vue extérieur, il n'y avait aucune raison de fuir ou de s'énerver. Mais j'ai sauté à pieds joints dans la vague d'émotions, comme d'habitude.

Tous les jours, je m'efforce d'agir comme n'importe quelle autre étudiante le ferait, j'entretiens ma place confortable de fille lambda, je reste sur le fil de l'entre-deux. Et voilà que Zach, avec trois mots, parvient à faire s'écrouler le château de cartes que j'ai si durement construit. Et je me précipite vers la honte, encore.

Quelqu'un titube et se cogne à la porte des toilettes. La pièce est trop serrée et surmontée d'une vitre opaque. Je me sens trop près de tout, exposée.

Si tu traînes, ils vont se poser des questions, ou croire que tu fais la grosse commission.

Je lève mes mains tremblotantes pour trouver l'élastique dans ma natte et l'enfiler à mon bras. Enrouler, tirer. Enrouler, tirer. En même temps, je me force à pleurer pour évacuer le stress. Juste quelques larmes, et soudain, la pression de ma poitrine descend en simple douleur diffuse dans l'estomac.

Comme je commence à respirer de nouveau, on toque à la vitre.

— Ruby, c'est bien toi ? lance la voix de Violet à travers la porte. Je t'ai vue traverser le salon. Tu me laisses entrer ? J'ai trop envie de pisser !

Je m'essuie les yeux en vitesse, relève la cuvette des toilettes et lui ouvre. Violet se précipite pour baisser sa culotte et se laisser tomber dessus avec un soupir d'ivrogne.

Je me lave les mains pour donner le change. Sous l'eau chaude, elles ne tremblent plus.

— J'ai trop bu, marmonne Violet. J'imagine même pas si Jackson m'avait fait boire ses shots...

Elle n'est pas très stable. Quand elle se rhabille, sa jupe lui remonte sur le ventre. J'attends qu'elle se penche à son tour au-dessus du lavabo pour la lui rabaisser jusqu'à mi-cuisse.

— Tu veux rentrer ? tenté-je, l'air de rien.

— Ouais, acquiesce-t-elle d'une voix pâteuse. Dodo.

Merci mon Dieu !

Je sors dans le couloir, un bras enroulé autour de sa taille. Rubens m'attend, appuyé contre le mur d'en face. Maintenant qu'il est debout, ses cheveux me paraissent encore plus longs. Je ne sais pas quoi penser du fait qu'un mec que je connais depuis une heure à peine tienne à s'assurer de mon état.

— Tout va bien ? demande-t-il en se redressant.

— Oui, il fallait juste que je trouve Violet avant de rentrer.

— Salut Rubens ! lance Violet dans la foulée. On en pince pour ma copine ? Tu lui feras la cour un autre jour, nous, on se taille.

Je fais comprendre à Rubens qu'il vaut mieux que je suive Violet pour l'empêcher de se casser la figure. Quand je passe à côté de lui, il pose sa main sur ma hanche.

— Elle a raison, me glisse-t-il. Tu me plais.

Panique à bord. Je souris :

— Toi aussi.

Pourquoi je dis ça, moi ?

J'oblige Violet à patienter dans l'entrée pendant que je pars retrouver nos deux sacs et nos vestes. Une fois sur le perron, loin de l'agitation du salon et de la musique bruyante – loin de Zach, surtout –, je respire de nouveau. Je suis bien contente que plus personne n'est dehors pour fumer ; loin du regard des autres, je peux me détendre et ouvrir les vannes.

Violet descend les marches, les yeux rivés sur son téléphone. Je lui emboîte le pas avant d'entendre la porte s'ouvrir dans mon dos.

— Action ou vérité ?

Ça, ce n'est pas Zach.

Je me retourne.

— Ça te fait marrer ?

— Action ou vérité ? répète Jackson, appuyé sur la rambarde en bois.

Mon cœur se met à battre vite, trop vite. Je n'arrive pas à traduire l'expression inhabituellement froide sur son visage. Je jette un œil vers Violet, qui se tient debout sur le trottoir et semble nous commander un chauffeur pour rentrer.

— Vérité, dis-je en revenant à lui, la gorge nouée.

— Pourquoi tu te comportes comme si le monde entier te voulait du mal ?

Dans ma manche de veste, mon pouce tire sur l'élastique. Qu'est-ce que je peux bien répondre à ça ?

— Ne te moque pas de moi.

Je me retourne et marche loin de lui. En deux bonds, il a descendu le perron pour me rejoindre. Je crois que mon comportement d'éternelle fuyarde commence à l'agacer.

— Qu'est-ce qui te fait dire que je me moque de toi ?

Tu es le meilleur ami d'un connard.

— Laisse-moi tranquille, Jackson.

Mais Jackson ne m'écoute pas. Il pose une main sur mon épaule pour m'obliger à me retourner.

— Ruby, souffle-t-il soudain en me lâchant, pourquoi tu pleures pour un jeu ?

Je m'essuie les yeux rageusement et fais un pas en arrière. Comment lui expliquer que je ne pleure pas pour son jeu stupide ? Que je fonctionne comme ça et puis c'est tout ? Quels mots poser sur ce mélange d'émotions qui me bouffent de l'intérieur chaque fois que je me retrouve en présence de Zach ?

Devant mon silence, le visage de Jackson s'adoucit. Il jette un œil par-dessus mon épaule alors que le ronronnement d'une voiture se rapproche.

— Je crois que Violet t'attend, lâche-t-il finalement.

Ses doigts pressent le haut de mon bras. Tout va bien, semble-t-il vouloir me dire.

Je me retourne pour ne pas qu'il me voie grimacer en retenant de nouvelles larmes, plus doucement cette fois.

Il n'en sait rien.

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