Truyen2U.Net quay lại rồi đây! Các bạn truy cập Truyen2U.Com. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Un pas dans la gueule du loup

Le murmure des conversations des courtisans amassés dans l'immense salle s'éteignit à l'annonce du héraut. Il fut aussitôt remplacé par le bruissement feutré de centaines de tenues de soie et autres tissus précieux se frottant les uns aux autres tandis que leurs propriétaires s'amassaient en une foule compacte tout au long du chemin qui séparait l'imposante porte d'entrée à battants doubles du majestueux trône qui siégeait à l'autre bout. La chaleur du lieu était étouffante en cette fin d'été malgré les hautes fenêtres en arcade qui perçaient les murs de la galerie supérieure, et les effluves lourdes de parfum peinaient à masquer les relents de sueurs que cette agitation n'avait pas manqué de remuer. C'était pourtant une sueur glacée qui coula dans le dos d'Altéria en voyant ainsi le couloir humain qui s'était constitué devant eux à la mention de leur présence.

Le trajet depuis Agathil jusqu'à la capitale impériale avait semblé passer en un claquement de doigt et la jeune femme ne pensait pas pouvoir se sentir moins capable qu'à l'heure actuelle d'affronter l'épreuve qui les attendait. Un coup d'œil à ses côtés lui apprit rapidement que Rymian et Saosa n'était pas plus à l'aise qu'elle, masquant comme ils le pouvaient leur appréhension derrière une rigidité qui leur donnait l'allure de deux statues inflexibles. Les trois novices se sentaient d'autant plus à découvert qu'il avait été décidé que leur nahori, Camexen, ne se présenterait pas avec eux à cette audience. Même la Selven Lacemil qui les accompagnait s'était laissée aller à prendre une longue inspiration avant de mettre le pied dans la salle du trône, comme pour mieux se préparer à ce qui surviendrait désormais.

A l'opposé de la salle, au bout du couloir infini des courtisans curieux et surélevé sur une estrade, flamboyait dans toute sa splendeur le trône impérial d'Orlegon. La légende voulait que cette relique ait appartenu à Arkos le Fondateur lui-même, qui l'aurait fait fabriquer durant son règne. L'assise en elle-même était faite d'une pièce unique de granit rose taillée mais c'était le dossier qui en faisait une œuvre exceptionnelle. Derrière l'assise de pierre rose s'épanouissaient, pareilles à une gigantesque fleur écarlate, d'immenses flammes sculptées dans du bois précieux couvert ici de feuilles d'or et là de peintures aux tons écarlates et orangés. Le tout donnait l'apparence que celui qui siégeait sur le trône le faisait au cœur d'un incendie monumental.

Ce jour-là, au cœur du brasier, siégeait la silhouette longiligne d'une femme d'âge moyen dont les cheveux noirs de jais tranchaient avec l'or de la couronne qui les ceignait. Altéria avait appris auprès de la Selven de l'Obsidienne que la couronne impériale, tout comme le trône d'Orlegon, remontait à la fondation de l'empire et au mythe qui l'entourait. On racontait ainsi qu'Arkos, le premier roi d'Orlegon, était à la tête d'un peuple nomade venu de l'ouest qui s'était sédentarisé lorsque son roi fut témoin du miracle d'un phénix renaissant de ses cendres. La ville de Xephios s'érigeait désormais sur les fondations de cet antique royaume et le phénix protégeait désormais de ses ailes les monarques d'Orlegon sous la forme de la couronne impériale. Les ailes d'or venaient ainsi de part et d'autre enserrer la chevelure sombre de celle qui siégeait désormais sur le trône incandescent et qui dardait un regard tout aussi sombre sur les quatre Enartiens qui remontaient l'allée jusqu'à elle.

Lorsqu'ils furent arrivés au bas de l'estrade sur laquelle se tenait l'impératrice Lirany d'Orlegon, les novices s'arrêtèrent un pas en arrière de la selven avant de s'incliner en un complexe salut. La position était difficile à maintenir avec stabilité, et c'était bien là son intérêt avec expliqué Lacemil quand elle la leur avait enseignée. Tout le poids du corps était reporté sur la jambe gauche, tandis que la jambe droite venait s'étirer sur la gauche. La main gauche était posée au bas du dos et la main droite venait se présenter paume vers le haut au niveau du cœur. Le tout provoquait un était de déséquilibre dont le but premier était de décourager quelconque tentative d'attaque sur le monarque salué, et à défaut de rendre celle-ci suffisamment évidente pour être interceptée par les quatre gardes qui se tenaient au bas des marches. Il aurait été difficile, même pour un Enartien, de porter ainsi une quelconque attaque tout en conservant un effet de surprise.

Le silence s'éternisa dans la salle du trône et Altéria put sentir ses muscles commencer à peiner pour maintenir la complexe position malgré l'entraînement assidu qu'ils avaient dû subir pour la maîtriser. Elle n'avait même pas le loisir de pouvoir observer plus attentivement le visage de la souveraine car elle restait obligée de fixer son regard au sol jusqu'à recevoir l'ordre du contraire. Finalement celui-ci vint d'une voix mélodieuse et presque chuchotée qui rappela à la jeune femme le chant du vent dans les feuillages des jungles de Niméo.

- Enartiens, relevez-vous.

Les trois novices se redressèrent et Altéria eut le loisir de contempler le visage de celle qui exerçait plein pouvoir sur l'empire, de Saisio aux chaînes de la Mâchoire, de Thénéan à la frontière du Royaume de Luten'zi. L'impératrice était, malgré les quelques rides qui venaient marquer le coin de ses yeux et que son maquillage laissait trahir son âge, d'une beauté époustouflante. Ses pommettes hautes faisaient ressortir ses pupilles sombres et la rougeur de ses lèvres charnues. Ses longs doigts fins étaient croisés sur ses genoux, défroissant un pli imaginaire sur sa robe de soie rouge brodée d'oiseaux et de motif floraux. Les ailes d'or du phénix maintenaient ses fins cheveux sous leur coupe tandis que son long bec venait se reposer sur le large front de l'impératrice, comme pour venir s'y reposer. Ce visage d'apparence si doux peinait cependant à masquer la fatigue qui en tirait les traits et toisait les novices d'un air sévère.

- Qui me présentez-vous, Selven Lacemil ? demanda-t-elle de sa voix toujours presque chuchotante.

- Sur votre requête, votre Majesté Impériale, j'amène devant vous les novices les plus prometteurs de la dernière cérémonie d'Appel.

La Selven avait prévenu ses trois protégés qu'elle tenterait par tous les moyens de ne pas exposer Altéria à la connaissance de tous dès leur audience avec l'impératrice. Elle ne pouvait cependant garantir que la souveraine n'exige de plus amples informations dès cette première rencontre. Le cœur d'Altéria battit donc la chamade jusqu'à ce que cette dernière ne reprenne la parole.

- Je vous remercie, novices, d'avoir répondu à l'appel de l'Empire, reprit-elle en levant son regard vers ceux à qui elle s'adressait désormais, comment vous nommez-vous ?

Saosa s'avança d'un pas vers l'avant, se retrouvant à la hauteur de la selven, avant de répondre.

- Je suis Saosa d'Agathil votre Majesté Impérial, c'est un honneur d'être à votre service.

- Je suis Rymian d'Agathil votre Majesté Impérial, poursuivit son frère dans le même mouvement, c'est un honneur d'être à votre service.

- Je suis Altéria d'Agathil votre Majesté Impérial, c'est un honneur d'être à votre service.

L'Impératrice Lirany, examina tour à tour les trois novices qui s'étaient avancés aux côtés de leur supérieure et Altéria sentit son regard fatigué mais acéré la transpercer comme pour déterminer lequel des jeunes gens face à elle était celui qu'elle avait spécialement fait mander. Satisfaite ou non de son examen, elle n'en laissa rien paraître lorsqu'elle reprit la parole.

- La couronne d'Orlegon a toujours soutenu et protégé les vôtres. Ce que j'attends de vous n'est rien moins que de rendre à ma famille ce qui pour vous a toujours été acquis.

A ses mots, l'Impératrice lança à Lacemil un regard lourd de sous-entendus. Durant leur voyage, Camexen avait prit le temps d'expliquer à ses protégés les bases des relations de pouvoir qui se jouaient à la cour. Lirany n'avait pas hérité du trône par le sang, mais par son mariage avec l'empereur Dornar héritier légitime de la lignée d'Orlegon. L'impératrice n'avait ainsi jamais été censé prendre le trône et celui-ci lui avait échu lorsque l'empereur avait trouvé la mort quelques années plus tôt. Le décès de l'empereur Dornar avait bouleversé la cour et toutes ses intrigues, tandis que sa veuve se voyait propulsé à la tête d'un empire auquel elle n'avait jamais prétendu. Cette dernière était d'ailleurs réputée pour n'être que la marionnette des différentes factions qui se disputaient le pouvoir à Xephios, selon qui lui promettait la meilleure protection pour la seule chose qui comptait à ses yeux, la princesse impériale. Le peuple, délaissé par cette souveraine, la surnommait ainsi la « reine chouette », en référence à la tendance de ces oiseaux à ne nourrir qu'un seul de leurs enfants au détriment des autres. La suite de son discours, n'accorda que plus de crédits à ces reproches.

- Vous allez être responsables de la protection du bien le plus précieux de notre empire, annonca-t-elle en se levant pour dominer les Enartiens depuis l'estrade du trône, je vous confie l'avenir de notre peuple. Tâchez d'être à la hauteur de votre mission.

- Nous y veillerons, répondirent les trois novices d'une même voix comme le leur avait intimé Lacemil plus tôt.

- Je n'en doute pas. Le traitement réservé aux vôtres dépendra grandement de vos services.

L'impératrice n'avait même pas pris le soin de masquer la menace dans ses mots et poussa Lacemil à prendre la parole.

- Dans la mesure où vous avez tenu à ce que des novices se chargent de cette mission, et ce malgré mes conseils votre Majesté, déclara la Selven avec un respect qui détonnait avec la colère qui brilla un instant dans son regard, il semblerait inapproprié de leur tenir rigueur de ne pas avoir les compétences d'Enartien complètement formés.

- La Déesse a offert à notre empire l'existence d'un être hors norme parmi une race déjà exceptionnelle. J'y vois le signe de sa protection de cet empire et de la famille qu'elle a choisi pour le diriger. Douteriez vous de son champion et de ses choix, Lacemil d'Agathil ?

La selven s'abstint de répondre à la question de l'impératrice. Remettre en question le jugement de la famille royale était une chose. Questionner un signe divin relevait en revanche du blasphème et Camexen avait expliqué aux novices qu'à Xephios, ce genre de prise de position pouvait s'avérer bien plus dangereuse même que de s'opposer à l'impératrice. Cette dernière venait de mettre un point final au débat et la Selven de l'Obsidienne connaissait trop bien cet exercice pour se laisser prendre au piège.

- Nous suivrons bien évidemment la voie que nous montre Enartia, votre Majesté.

- J'en suis fort aise. Je vous laisse désormais présenter à ma fille ses nouveaux protecteurs. Vous trouverez le capitaine de ma garde pour vous accompagner à la sortie.

D'un geste élégant, l'impératrice Lirany congédia Lacemil comme elle l'aurait fait d'un serviteur et commença à discuter à l'oreille avec un homme d'âge mûr qui s'était approché du trône pendant la conversation qui avait précédé. Il avait ainsi progressé pas à pas jusqu'à l'estrade avant d'y monter sans la moindre tentative de discrétion, ce que l'imposante manteau jaune qu'il portait n'aurait en aucun cas permis. Alors qu'Altéria jetait un dernier regard en arrière vers le trône impérial, elle remarqua que le regard incandescent de l'homme était posé sur elle alors même qu'il continuait de converser avec l'impératrice. La jeune femme ne put soutenir longtemps ce regard et se retourna immédiatement vers la marée humaine qui s'était à nouveau ouverte devant eux.

- Le clairvoyant Belen, le représentant du Haut Monastère à la cour, chuchota Lacemil sans même se retourner, évitez-le autant que vous le pouvez. Il hait viscéralement les nôtres et fera tout pour vous nuire s'il en a les moyens.

- Il est autorisé à s'approcher ainsi de l'impératrice ? s'étonna Rymian lui aussi sans se retourner.

- Il siège au conseil impérial, expliqua la Selven, il pourrait s'asseoir sur le trône que personne ne l'en empêcherait.

- Et vous n'êtes pas vous-même membre du conseil ? renchérit Saosa en se maintenant à hauteur de sa supérieure.

- Je l'étais... tous les Selven de l'Obsidienne y ont siégé.

- Pourquoi n'est-ce plus le cas ? poursuivit Saosa avec curiosité.

- Quand elle a prit le trône après la mort de l'empereur, l'impératrice a considéré que nous n'étions plus dignes de siéger au conseil.

Les jumeaux se turent à la suite de cette révélation et les Enartiens traversèrent la salle du trône en sens inverse et regagnèrent la galerie qui rejoignait la grande cour entourée de colonnades qui servait de cœur au palais. Sous une arcade, un homme portant la livrée des gardes impériaux, une épée pendue à la ceinture, attendait appuyé à une colonne. Il leva la tête avec un sourire quand Lacemil arriva et son visage se ferma aussitôt qu'il vit son expression.

- Si mauvaise que ça cette audience, Selven ? demanda-t-il en emboîtant le pas à la petite Enartienne.

- Je ne sais pas comment tu arrives à rester des heures auprès d'elle sans lui passer ton épée au travers du corps, fulmina cette dernière tout en s'engouffrant dans une galerie opposée.

- Je pourrais te mettre aux fers pour ce genre de remarques, surtout si elles tombaient dans de mauvaises oreilles, prévint le garde avec sérieux.

- Pas d'inquiétude, les mauvaises oreilles sont toutes encore autour de notre impératrice bienaimée à discuter de comment mettre en danger trois enfants dans le seul but de couper toute liberté aux miens. Tout ça au nom d'un empereur à la mort duquel ils ont tous grandement participé.

- Lacemil..., soupira le garde d'un air las.

- Et ensuite ils discuteront de comment retirer définitivement toute liberté aux Enartiens pour les mettre sous la coupe de ces fanatiques du Haut Monastère !

- Lacemil.

- Et peut-être que quand ils viendront chercher ton fils dans son lit pour l'enfermer dans une de leurs cellules, tu réagiras un peu plus !

- Lacemil ça suffit ! tonna le garde en attrapant la Selven par les épaules.

Les novices avaient assisté en silence à ce dialogue à sens unique et s'étaient stoppés net en voyant le capitaine de la garde s'emporter. Les deux interlocuteurs se dévisagèrent un instant, mettant en exergue la différence de taille entre eux. Ce fut finalement la selven qui baissa rompit le duel de regard et vint poser sa tête sur le torse du garde impérial.

- Je suis désolée Merim, se contenta-t-elle de déclarer d'une voix en partie étouffée par l'étoffe qui recouvrait la cotte de maille de l'homme, j'ai juste l'impression d'être la pire Selven de l'Obsidienne que notre ordre est connu. Tout le monde compte sur moi pour les mettre en sécurité et tout ce que je parviens à faire c'est me retrouver à la porte du conseil.

A la surprise des trois jeunes spectateurs, le garde impérial vint refermer son étreinte sur l'Enartienne et la serra doucement dans ses bras presque comme pour la bercer avant de venir déposer un rapide baiser sur ses cheveux noirs. La Selven reprit rapidement une contenance et, après avoir entendu un long soupir s'échapper de la livrée de tissu, les novices virent leur supérieure en émerger et lever le regard vers Merim.

- Merci capitaine, déclara-t-elle avec douceur, pour cette remise au point.

- A votre service, Selven, répondit l'autre avec un sourire, comme toujours.

Le petit groupe reprit sa route à travers une première galerie, puis une suivante. Altéria tentait de repérer des éléments notables qui lui permettraient de se repérer à travers de ce labyrinthe de couloir mais dû rapidement s'avouer vaincue et se contenter de suivre ses guides. Après une vingtaine de minutes de marche, Merim jeta un œil par-dessus son épaule vers les novices qui le suivaient.

- On vous a tenu au courant des quelques règles à respecter auprès de la princesse ? demanda-t-il en désignant la selven d'un rapide regard.

- J'avais prévu de le faire en sortant de l'audience, répliqua l'intéressée en haussant les épaules.

- Il serait je pense temps de le faire.

- Je te laisse l'honneur de les renseigner, ironisa la selven.

Merim se tourna alors vers les trois novices tout en continuant de suivre Lacemil dans les couloirs du palais. Altéria, intriguée par la notion de nouvelles règles spécifiques à la princesse impériale reporta toute son attention sur le capitaine de la garde.

- Tout d'abord il faut savoir que l'impératrice souhaite protéger la princesse contre toute forme de danger. Et quand je dis toute, je veux dire que la princesse n'est toujours pas informée de la mort de son père.

- Depuis deux ans ? s'étrangla Saosa avec stupéfaction.

- Depuis deux ans, confirma Lacemil avec lassitude, et l'impératrice a formellement interdit que quiconque ne le lui annonce jusqu'à ce qu'elle en ai décidé autrement. Pour la princesse, son père est parti en voyage diplomatique dans l'ouest.

- Des lettres sont même écrites, renchérit Merim, supposément de la main de l'empereur à destination de sa fille. Pour maintenir la supercherie.

- Donc silence à ce sujet, poursuivit Lacemil en lançant un regard appuyé à Saosa.

- Enfin, reprit le garde en ignorant l'insistance de la selven, comme vous pourrez bientôt le découvrir, la princesse évolue dans un milieu... particulier.

- Dans quel sens ? demanda Altéria.

- - Sa mère souhaitait qu'elle soit préparée au mieux à la tâche qui sera la sienne lorsqu'elle montera sur le trône, expliqua Lacemil en s'arrêtant au milieu du couloir où ils se trouvaient.

- Elle a donc instauré que la princesse règne sur sa propre cour, pour être prête à ce qui l'attendra plus tard. Mais une cour un peu particulière.

- En quel sens ? demanda Altéria.

- Vous allez bientôt le découvrir.

A ces mots, Merim frappa quatre grands coups à l'imposante porte de bois devant laquelle la Selven de l'Obsidienne avait arrêté leurs pas. Au bout de plusieurs minutes, des bruits se firent entendre de l'autre côté et ils purent percevoir le son d'une planche de bois barrant la porte être retirée. Quand le battant s'ouvrit, les novices n'en crurent un instant par leurs yeux.

Habillé lui aussi d'une livrée de garde impériale dont l'immense ceinture peinait à retenir tous les plis, un petit garçon d'à peine dix ans se tenait à la porte, l'air sévère et une flamme jouant joyeusement au creux de sa main libre.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Com