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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐎𝟑












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C  H  A  P  I  T  R  E    3

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— tw : harcèlement
au travail + mention
d'un suicide
+ xénophobie


























           Je ne suis rentrée chez moi que pour prendre un change, hier soir. Uryu a fait semblant de ne pas m'entendre puis j'ai filé en direction d'un hôtel. L'unique nuit que j'y ai passée a été particulièrement coûteuse et, une chose est sûre, je ne vais sûrement pas recommencer de sitôt.

           Je dois trouver un plan B. Contrairement à mon copain — ou ex-petit-ami, à en croire mes paroles de la veille —, je n'ai pas les moyens de dormir dans un hôtel tous les soirs.

           Certains s'attendraient naturellement à ce qu'il me laisse l'appartement que j'ai autant payé que lui, étant le seul de nous deux à avoir plusieurs solutions de repli — puisqu'en plus de pouvoir se payer des hôtels, ses parents n'habitent pas loin, son meilleur ami possède un appartement proche du nôtre qui est actuellement vide et il est très ami avec le propriétaire de différents biens immobiliers dans la ville.

           Seulement, je connais Uryu. Il ne bougera pas. Non pas par méchanceté, sachant que j'ai bien moins de solutions que lui.

           Simplement par flemme.

— Salut, madame spéciale, retentit une voix, dans mon dos.

           Mes sourcils se froncent tandis qu'un de mes collègues, un cinquantenaire au crâne dégarni qui ne rate jamais une occasion de me faire une remarque déplacée, s'esclaffe. Dans son dos, un maigrichon blondinet lui servant de stagiaire l'imite.

           Ne comprenant pas de quoi il retourne, je leur souris poliment et me concentre à nouveau sur mon café.

— Alors ? insiste-t-il. Il est bon, ce café ?

— Je... Oui, Pascal. Il est bon, ce café.

           Je n'ai jamais été très tendre avec lui. Mais Simon, son stagiaire, vient juste d'arriver. Je n'aimerais pas que l'on me parle mal devant mon stagiaire alors je peux faire un effort. Surtout que, si cette conversation est étrange, elle n'est, pour une fois, pas insultante.

— C'est parce qu'il vient pas d'un drive ? Hein ? Il vient d'une bonne machine ? C'est assez distingué pour toi ?

           Atterrée, je l'observe tandis qu'il éclate de rire, secondé du blond. J'espère avoir mal compris. Ne me dites pas que...

— T'es spéciale, toi, hein ? Garce spécialité superficielle, hein ?

           Mes yeux s'écarquillent et mon cœur se fait soudainement gros. Hébétée, je regarde Pascal qui me dépasse, approchant les distributeurs automatiques dans mon dos en me gratifiant d'un clin d'œil.

           Simon, lui, reste à côté des machines et commence à se préparer un café.

— Dis-moi, tu te trouves vraiment belle, hein ? lance Pascal en se tournant vers moi. Un mec mignon et riche te demande en mariage mais tu crois sérieusement que tu peux le repousser ? Que tu vas trouver mieux ?

           Ma gorge se serre brutalement. Je peine à croire ce que j'entends. Pourtant, de toute évidence, Uryu qui, n'est ami avec aucun de ses employés, s'est permis de raconter ce qu'il s'est passé hier.

           Je lutte contre mes yeux s'humidifiant. Je n'ai même pas envie de pleurer de tristesse. Je crois que le fait de me sentir acculée, face à ces deux hommes se moquant de moi sans même me connaitre, m'angoisse simplement. A un tel point que mes yeux sont humides.

— Sérieux, c'est tellement odieux de ta part, lâche Simon.

           Je me fige. Mais pour qui se prend-t-il, celui-là ? Il est né hier et est arrivé dans l'entreprise le lendemain ! Je suppose qu'insulter l'ex-petite-amie du patron va devenir une nouvelle façon de s'intégrer et se faire bien voir de celui-ci.

           J'espère tout de même qu'Uryu ne laissera pas cela se produire. Pas en qualité de petit-ami, mais en celui de supérieur hiérarchique. Il n'est pas censé laisser des employés harceler d'autres employés.

— Mais de quoi vous vous mêlez ? je lance d'une petite voix, ma gorge se serrant sous l'émotion.

           Là est mon plus grand problème, ici.

           En sortant du bureau, mettant un casque sur mes oreilles, j'aime m'imaginer être une femme fatale, disant tout haut ce que je pense tout bas, crachant aux visages de ces hommes, leur expliquant ma façon de penser. Dans mes rêves les plus fous, je m'imagine même obtenir une promotion et devenir leur supérieur hiérarchique.

           Seulement, en réalité, lorsqu'ils me vannent, ma gorge se serre et ma voix sonne trop aigue. Quand ils m'insultent, je n'ai aucune répartie qui me vient en tête.

           Un jour, j'ai songé à en gifler un, rien que pour montrer l'exemple. Mais, dans le meilleur des cas, je serais renvoyée.

           Et dans le pire, il me rendra cette gifle. Plus fort. Beaucoup plus fort.

— Comment tu veux avoir confiance en la gent féminine ? lâche Pascal. Déjà que c'est pas un avion de chasse, elle le quitte parce que le diamant n'était pas assez gros.

— Je te jure. C'est comme si moi, le petit stagiaire, je refusais de faire affaire avec le grand PDG Aizawa.

— C'est l'analogie la plus stupide, conne, déplacée et indiquant ton peu de connaissance des femmes, du consentement, du respect que j'ai jamais entendu. J'ai la sensation d'avoir perdu dix points de QI juste en t'écoutant, في امان الله.

           Je me tourne vers Fawzia qui vient d'ouvrir la porte de la salle de pause, Uryu dans son dos. Elle tient à la main un fin classeur ainsi que des photocopies qu'elle tend à Pascal. Il les saisit sans rien dire, pris de court.

           La jeune femme m'adresse un clin d'œil. Je lui souris.

           J'aimerais avoir la répartie de Fawzia. Elle sait toujours quoi dire, ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Qu'importe ce qu'elle rétorque à un homme, il ne cherche pas à aller plus loin. Pascal, qui n'a pas la langue dans sa poche, ne dit plus rien.

           Je me souviens encore du premier jour où elle lui a cloué le bec.

           Il était catalogué ici comme l'homme qui faisait remarques déplacées sur remarques déplacées sans que nul ne lui dise rien. Elle venait d'arriver depuis peu et s'occupait beaucoup du téléphone.

           Un de nos clients turque a appelé. Ravie de reconnaitre leur accent mutuel, ils ont commencé à discuter dans leur langue maternelle. Un sourire mesquin aux lèvres, Pascal a attendu la fin de son appel avant de lui balancer depuis son bureau, sans même se lever de sa chaise, qu'elle n'était pas dans « son » pays et qu'ici, ils ne parlaient pas cette langue.

           Jamais je n'oublierais sa réponse.

« Mon pays ne te dérange pas quand tu vas t'y faire greffer des cheveux, crâne d'œuf. »

           Je ne suis pas la seule à avoir éclaté de rire, ce jour-là. Tiphaine, de la compatibilité, a même applaudi.

— Bon, je profite que vous soyez tous réunis ici, lance Uryu, me tirant de mes pensées, pour vous parler de la venue très prochaine de notre PDG. Certaines mesures vont devoir être prises afin de s'assurer du bon déroulement de notre rencontre.

— Mesure un. Eloignez les salopes. Compris, (T/P) ? Dehors.

           L'intervention me Pascal le fait l'effet d'une claque. Bien qu'il soit de nature graveleuse et aime à faire des remarques particulièrement déplacées, je me serais tout de même attendue à plus de légèreté devant Uryu.

           Comprenant que Fawzia s'apprête à lever sa main avec violence, j'attrape son poignet discrètement. Elle me jette un regard surpris en réalisant que je l'empêche de frapper Pascal pour ses paroles.

— Hors de question que tu perdes ton travail à cause de lui.

           Simon s'esclaffe tandis que Pascal me regarde fièrement. Quant à moi, je fixe Uryu.

           Mon sang pulse avec ardeur dans mes tempes.

— Tu ne comptes rien dire ? Rester là en feignant de n'avoir rien entendu ?

           Il me fixe sans afficher la moindre expression.

— Oh, mais j'ai très bien entendu.

— Et tu vas le laisser faire ?

           Il esquisse un sourire venimeux.

— Quoi ? Le terme n'est pas assez « spécial » pour toi ? Je ne suis plus ton petit-ami, (T/P). Ce n'est pas mon rôle de te défendre.

— Ce n'est pas au petit-ami que je m'adresse ! Un employeur n'est pas censé laisser un employé insulter comme ça un autre employé sous ses yeux !

           Uryu hausse les sourcils, un sourire mesquin aux lèvres.

— Je suppose que tu dis vrai...

— Oui, il me semble, je tonne, furieuse d'avoir dû le rappeler à l'ordre.

           Les mains dans les poches de son costard, Uryu observe les deux hommes se bidonnant, à côté de lui. Pascal, le temps d'un instant, doit craindre les répercussions car il se redresse soudain, son expression se faisant moins rieuse.

           Je devine qu'il s'apprête à s'excuser auprès de mon patron, et non moi. Mais Uryu le devance.

— Dans ce cas, j'imagine que non. Je n'ai rien entendu.

           Là-dessus, il tourne les talons.

           Pascal et Simon éclatent de rire avant de le suivre. Au moment où ils ouvrent la porte, Tiphaine rentre, son carré plongeant accentuant les traits fins de son visage. Elle nous offre un sourire poli en allant jusqu'à la machine à café.

           Je ne le lui rends pas, regardant les trois hommes s'en aller à travers les murs vitrés. Mon cœur se fait gros tandis que la quarantenaire, laissant son café couler, se tourne vers nous.

— Bah vous en faites, une tête, les miss.

           Fawzia caresse doucement mon épaule, me pressant contre elle. Je ne réagis pas, encore sous le choc.

           Un mélange de peur, de colère, de honte et de tristesse nait en moi. Il croie à une vitesse intolérable, consumant le peu de confort que je ressentais, ici. Non seulement je me sens insultée, humiliée et j'ai de la peine en voyant qu'Uryu peut rayer si facilement de sa mémoire le respect qu'il avait vis-à-vis de moi.

           Mais je suis aussi effrayée. Mon quotidien va-t-il se résumer à cela, maintenant ? Peiner à trouver un endroit où dormir et me faire insulter au travail ?

           Je frissonne. Je savais que je n'aurais pas dû le quitter.

— Ah... C'est à cause d'Uryu ?

— Toi aussi, t'es au courant ? je lâche d'une petite voix. C'est fou ce qu'on respecte notre vie privée, ici.

           Tiphaine hausse les épaules.

— Que veux-tu... Ce sont des hommes... Même si tu n'avais pas à refuser une demande en mariage juste parce qu'elle n'était pas onéreuse, ce n'était pas une raison pour...

— Elle refuse si elle veut, non mais je rêve, crache Fawzia.

           Mes doigts s'entrelacent à ceux de mon amie tandis qu'elle les serre fort. Je frissonne.

           Tiphaine est sympa... Mais à petites doses. Elle considère qu'Uryu est un bon à rien et elle compatit lorsque je lui dis qu'il ne fait rien, à la maison. Mais à chaque fois que je me plains qu'il ne me dise pas que je suis jolie, qu'il ne me regarde plus, qu'il n'ait plus d'attention pour moi, elle me dit que je suis coincée dans un film à l'eau de rose ou que je suis superficielle.

           Alors, généralement, j'évite de lui en parler.

— De toute façon, je tente d'apaiser l'ambiance qui s'est brutalement tendue après la dernière intervention de Fawzia, je l'ai surtout quitté parce qu'il ne faisait plus rien à la maison. Je sais que c'est une raison débile, mais...

— Non, ça n'a rien de débile, rétorque la comptable en touillant son café. J'ai divorcé à cause de cela, il y a dix ans. Et je n'ai jamais cherché à retrouver un homme pour l'exacte même raison.

           Mes sourcils se haussent. Je m'étais toujours dis que ce serait stupide de quitter Uryu simplement parce qu'il n'entretenait pas la maison. Dans les films, les raisons sont toujours les mêmes : tromperies, ils ne s'aiment plus, la distance, de nouvelles rencontres, n'ont pas les mêmes projets de vie... A côté de cela, le ménage semble une raison si... futile.

— Ma chérie, retient bien ça, lance Tiphaine. Ne t'empêche jamais de quitter un homme juste parce que la raison te semble stupide. Si tu veux partir, c'est que tu en as besoin.

           Je déglutis amèrement.

           Pas de maison, une ambiance de travail pourrie... Je me demande si j'en avais tellement besoin, au fond.

— Tu sais, lâche-t-elle, j'avais une amie qui s'était mariée en même temps que moi. Je veux dire... La même année. Lisa... J'ai quitté mon mari mais elle, non. Pourtant, on était toutes les deux exténuées à cause des mêmes choses. Mais, même si cela faisait dix ans qu'ils étaient ensemble et qu'il ne faisait rien, elle pensait qu'il allait changer.

           Elle avale une gorgée du breuvage.

— Lisa a eu trois enfants. La crise d'adolescence a été dure, très dure. Eux non plus, ne faisaient rien dans la maison. Ils la considéraient comme la nana chiante par excellence et le lui faisaient savoir. Son mari ne la défendait pas... Ils étaient ligués tous les quatre contre elle.

           Un soupir prend Tiphaine.

— Elle rentrait de sa journée de travail, le linge avait moisi dans la machine, la table n'avait pas été mise, l'aspirateur n'avait pas été passé, les chiens n'étaient pas sortis... Quand elle hurlait, son mari levait les yeux au ciel et ses enfants fermaient la porte de leur chambre. Personne ne l'écoutait, n'avait de respect pour elle.

           Le regard de la comptable se fait lointain, absorbé par ses pensées.

— Jusqu'au jour où elle a compris que, peu importe ce que disaient les autres, elle devait penser à elle. Oui, elle avait une famille. Mais cette famille n'avait aucune considération pour elle. Pour ce qu'elle faisait. Et elle devait s'en aller.

           Elle affiche un sourire.

— L'espoir sur son visage quand elle m'a dit qu'elle s'en irait... Je ne l'oublierais jamais. Cela faisait trop longtemps que je ne l'avais pas vue comme ça.

           Là-dessus, Tiphaine se redresse. Prenant son café, elle marche en direction de la porte. Je ne peux m'empêcher de remarquer ses yeux humides.

           Je devrais me taire. Mais je dois savoir.

— Et ?

           Je sais qu'il y a une suite.

           Tiphaine se tourne vers moi, ne me regardant pas. Une larme coule sur sa joue. Unique.

— On a retrouvé son corps deux jours plus tard. Un suicide.

           Là-dessus, elle s'en va.

           Une caresse se fait sur ma joue. Je réalise qu'il s'agit d'une larme. Fawzia reste silencieuse, à côté de moi. Mon menton tremble.

           Le silence prend place durant quelques instants. Puis, d'une voix aigüe, je le romps :

— Je... Je dois vraiment trouver un autre emploi.

           A côté de moi, mon amie acquiesce. Sans un mot, elle enroule son bras autour de moi et pose ses lèvres sur mon crâne.

           Je dois absolument m'en aller. Maintenant.

           Sans attendre deux jours de plus.

 






























𔓘
merci énormément de
lire encore cette réécriture !

je vous promets que
rencontrerez shota
très très très
bientôt
𔓘



































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