𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑
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C H A P I T R E 1 3
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Shota Aizawa se tient là, juste devant moi, ses yeux bruns luisant dans l’obscurité. Il me lorgne quelques instants, silencieux.
— Vous attendiez ma sortie ? je répète, hébétée.
Il acquiesce.
— Je vous ai vu entrer et je me suis dit qu’il serait poli de vous saluer. D’autant plus qu’étant donné votre compagnie… Je ne savais pas s’il serait bien poli de venir vous voir.
Je déglutis péniblement. Ainsi, il a vu que j’étais avec Uryu.
— Oh, je…
Il zieute d’ailleurs ce dernier, par-dessus mon épaule. Mes joues chauffent et je détourne le regard, mal à l’aise. Après le sketch qu’il lui a fait, je me demande bien ce que Shota se dit, à présent.
Sans doute ri-t-il de moi, mentalement.
— Je comptais simplement vous saluer. Mais je ne veux perturber davantage votre diner galant.
Je ne réponds pas, mal à l’aise.
Que dire ? Je ne veux pas me justifier, lui montrant mon affection. Je n’ai d’ailleurs toujours pas digéré sa façon de me renvoyer malgré ses promesses.
Cependant, là qu’il se tient devant moi, je ne peux lutter contre l’irrépressible envie de ne pas me ridiculiser devant lui. Qu’importe si je lui tiens encore rigueur de notre dernière entrevue.
Je me retourne, souriant timidement. Mal à l’aise, je déborde d’envie de me tirer de cette situation.
— Attendez…
Sa voix grave, tel un murmure dans l’ombre, envoie quelques frissons courir le long de mon dos. Je me retourne.
— Je suis vraiment désolé, (T/P). Je vous assure que cette histoire me hante. Elle n’aurait jamais dû se finir comme ça.
Ma gorge se serre. Il devient dur de le détester. Cela l’a toujours été, ceci dit. Cependant la tâche parvient à se faire plus compliquée encore, ce que je ne croyais pas possible.
— Ce n’est pas grave. Je passe différents entretiens, de toute façon. Je retrouverais bien vite un emploi.
— Vraiment ? sourit-t-il tendrement, penchant la tête sur le côté. Avez-vous appelé un numéro de la liste ?
Est-ce l’obscurité de la salle gagnant mon cœur ou la fatigue de toujours courber l’échine ? Est-ce le fait d’avoir diné aux côtés d’un homme que j’exècre ou d’avoir conversé avec cette sympathique inconnue, aux toilettes ?
Je ne saurais le dire.
Mais soudainement, je suis lasse de me laisser encaisser les coups. Je suis fatiguée de me taire lorsqu’un collègue siffle ma démarche ou scande une remarque graveleuse. Je suis furieuse de laisser les entreprises délirantes de Fawzia, souvent blessantes, impunies. De me contenter de quelques excuses alors que je sais qu’elle recommencera plus tard, n’ayant pas été sermonnée comme il le faut. Je suis fatiguée de courber l’échine face aux longs cils d’Aizawa.
Alors je lève soudain le nez, le défiant.
— Je ne veux pas travailler pour vous. Pas encore. J’aimerais me sentir protégée.
Ses yeux s’écarquillent et il a un mouvement de recul. Nettement, je discerne la douleur qu’a créé cette remarque. Mon cœur se serre d’ailleurs.
Mais je dois bien me résoudre à dépasser mes peurs. A dire tout haut ce que je pense.
— Je… Je vois…
J’ignore mon cœur battant ardemment, presque dans un sifflement douloureux, au creux de ma poitrine.
Il baisse les yeux, semblant soudain mal à l’aise.
— Je ne sais pas s’il est utile de vous répéter que je suis désolé…
— Non, ça ne l’est pas, je lâche avant d’ajouter plus doucement. Je sais que vous l’êtes. Je ne vous pense pas mauvais. Vous avez juste fait une promesse que vous ne pensiez pas devoir tenir et, lorsque vous avez découvert que vous le deviez…
Ses lèvres se pincent et il acquiesce.
— Je ne devrais pas être déçue, je lâche. Vous étiez trop bon pour être vrai. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne voulais pas vous revoir. Parce que je me doutais que vous feriez quelque chose de ce style.
— Je… Je suis vraiment désolé, insiste-t-il.
Un sourire tendre étire mes lèvres.
— Ne vous excusez pas. Vous êtes loin d’être une mauvaise personne et la nuit que j’ai passé à vos côtés a été… Si belle, je chuchote.
Un sourire étire ses lèvres.
— Ne prenez pas mal ce que je vous dis. Je veux juste vous expliquer pour quelle raison je me sens pas bien à l’idée de repostuler dans votre entreprise.
L’espace d’un instant, je crains d’apercevoir de la douleur dans ses yeux. Mais il se redresse soudain et acquiesce.
Le visage fermé, il déclare d’une voix posée :
— Je comprends.
— Vraiment ? je lâche, légèrement surprise.
Il sourit doucement, comme s’il craignait de briser ce moment.
— Je ne peux pas me montrer enfantin et vous reprocher de n’avoir aucune confiance en moi. Pas après ce que j’ai fait. Je ne peux pas non plus m’attendre à ce que vous restiez dans mon entreprise. J’ai fauté en qualité de patron, il est normal que vous ne souhaitiez plus me côtoyer dans ce rapport hiérarchique.
Je soupire d’aise. Le fait qu’il comprenne cela m’ôte un poids des épaules.
Un sourire étire mes lèvres.
— Je suis ravie qu…
— (T/P) ? Bah enfin, je te cherche depuis un quart d’heure ! retentit une voix dans mon dos. Avec qui tu te t… Oh, monsieur Aizawa.
Les yeux d’Uryu s’écarquillent et il se penche en avant, tendant sa main en la direction du noiraud.
— Monsieur, c’est un honneur de vous croiser en ce lieu.
Shota hésite quelques instants avant de serrer sa main. Puis, son regard se pose sur moi. Un instant, il me semble lire de la réprobation dans ce dernier mais je me fais sûrement des films.
— Bonsoir, Uryu. Ravie de voir que vous passez une agréable soirée.
Les yeux de l’intéressé s’écarquillent à nouveau, se posant sur moi. Une pierre tombe soudain dans mon estomac.
Distinctement, je discerne dans ses yeux l’instant où il prend sa décision.
La dernière fois que nous nous sommes tous les trois retrouvés dans la même pièce, Uryu a prétendu que je n’étais qu’une petite-amie hystérique. Aujourd’hui, soit il conserve sa crédibilité devant son patron en continuant de prétendre que je ne suis pas saine, soit il l’abandonne.
Je ne tiens pas spécialement à lui. Seulement mon cœur se serre violemment. Car je distingue nettement la seconde où il décide que je vaux moins que ce que Shota s’imagine de lui.
— Enfin, agréable, rit Uryu de façon forcée. Je devais lui présenter les possibilités que le juge nous donne.
Il dissimule sa bouche derrière le dos de sa main.
— Vous devez vous y connaitre, en mesure d’éloignement, lâche-t-il en tentant d’amorcer une certaine complicité.
Cependant le regard de Shota, lui, semble réfuter toute forme de complicité. Fermé, il jauge Uryu d’un œil noir.
Un frisson me prend d’ailleurs en voyant sa mâchoire se contracter brusquement.
— Et pourquoi je m’y connaitrais, au juste ? gronde-t-il.
Aussitôt, l’atmosphère s’épaissit. Uryu se redresse, semblant réaliser que son accès de méchanceté ne fait pas rire son supérieur.
Quant à moi, reculée, je ne bouge pas.
Je n’arrive pas à croire que je vaux si peu aux yeux de cet homme qu’il n’est pas parvenu à feindre vouloir me garder pendant plus de vingt-quatre heures. Soit, je ne l’aimais pas. Mais simplement pour mon équilibre, je croyais pouvoir faire semblant.
A quoi bon, finalement ? Autant tenter d’être seule, mais complète. Me suffire à moi-même.
— Je veux dire… Avec un physique comme le vôtre… Vous devez aussi attirer les détraquées…
— Bah, j’ai l’air d’en attirer un pas mal, là, cingle-t-il.
Mon cœur s’échauffe quelque peu. Je ne peux m’empêcher de sourire, amusée.
— Vous m’excuserez, j’ai un diner d’affaire qui m’attend.
— Oh, je… Oui….
— Madame (T/N), le coupe-t-il en se tournant vers moi. Je vous souhaite une agréable soirée, cela m’a fait plaisir de vous revoir.
Puis, sans un mot à l’égard d’Uryu, il se retourne. En quelques pas, il s’éloigne sous le regard de son employé.
Ce dernier me jauge d’ailleurs.
— Vous… Vous vous connaissez ? demande-t-il.
— D’une certaine façon…
Je réponds de façon évasive, trop concentrée par la démarche ferme et fière de l’homme. Je ne peux me détourner de ce spectacle unique.
— Et… Je voulais te dire, ma petite puce, ne vois rien de personnel dans ce qu’il s’est passé…
Un instant, j’hésite à lui hurler dessus. Mais je me contente d’un sourire doux.
Me tournant vers Uryu, je chuchote :
— Enfin, ce n’est rien.
Ses épaules s’affaissent lorsqu’il pousse un soupir apaisé.
— Génial !
— Bon, je suppose que si tu es venu devant les toilettes c’est que tu voulais y aller ? je demande avec un peu d’espoir.
Il acquiesce aussitôt.
— Vas-y, je t’attends.
— Merci, mon amour.
Je le laisse m’embrasser la joue. Un sourire étire mes lèvres :
— Attends ! Laisse-moi ton téléphone, il va t’encombrer.
Il hausse les sourcils et le cherche dans sa poche arrière.
— Tu as raison ! Tu es si prévenante, ma chérie !
Je lui souris et saisis le téléphone qu’il me tend. Il m’envoie un baiser que j’attrape dans un rictus niais qui se fane aussitôt qu’il tourne les talons.
Puis, j’observe le téléphone dans ma main. Mes yeux se posent sur la porte derrière laquelle il vient de disparaitre et je resonge à l’appareil de clonage.
— Toi, tu viens de signer ta perte, mon vieux.
𔓘
j'espère que ça vous
aura plu !
alors ? est-ce qu'on
ne passerait pas
enfin aux choses
sérieuses ?
𔓘
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