Chapitre Polti : Mais qu'ai-je donc fait ??
/!\ Présence de sujets sensibles (les sujets sensibles sont spécifiés à la fin, risque de spoil !)
Disclaimer : Je ne cautionne à aucun moment les actes inhumains commis par cette personne. Je n'essaye pas non plus de les justifier. Il est important de préciser que les atrocités commises par cette personne ne seront jamais pardonnables. À vous de juger pour l'autre.
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« Tu n'es qu'un monstre »
Je me réveillai à nouveau, en sueur, d'un énième cauchemar aux souvenirs étrangers. Je me forçai à calmer mon souffle erratique, ne souhaitant pas réveiller mon compagnon de cellule. Je l'entendis maugréer dans le lit d'en-dessous, avant de marmonner des choses incompréhensibles. Je fermai les yeux et essayai de me rappeler des souvenirs inconnus qui m'avaient assailli. L'échelle grinça subitement à ma gauche et j'ouvris les paupières pour tomber sur mon voisin, à moitié somnolent, baillant à s'en décrocher la mâchoire.
« Qu'est-ce qu'il y a Polti ? Encore un cauchemar ?, marmotta-t-il en se frottant les yeux, c'était quoi cette fois ?
- R- rien, rien d'important, murmurai-je en me recroquevillant sur moi-même.
- Ouh ≈ Vilain menteur ≈, susurra l'autre cynérien avant de finir de grimper et de venir s'installer sur le lit à côté de moi, crache le morceau. Qu'est-ce que tu as encore vu ?
- Je... Je ne sais plus, je ne m'en souviens plus trop... Juste de la fin, où Synia me regardait droit dans les yeux et me traitait de monstre mais... je ne sais même pas ce que j'ai fait de mal, avouai-je alors que j'éclatais en sanglots, pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ??
- C'est peut-être pour le mieux finalement, ça t'évite de devenir fou, comme moi, me consola l'homme en venant m'enlacer.
- Non Slim, je culpabilise tous les jours de choses que j'ai faites mais qui m'échappent complètement... Et le fait de ne pas m'en souvenir me rend encore plus malade que je ne le suis déjà...
- Hmm, écoute, on y pensera demain, essaye de dormir pour l'instant. Je serai là quand tu te réveilleras », me rassura-t-il.
Il me fit s'allonger avec lui et me garda dans ses bras, sa main caressant mon dos pour me consoler, calmant mes pleurs. Je finis par m'endormir d'épuisement comme à l'accoutumée, ignorant la douleur qui subsistait dans mon corps.
Quelques mois plus tôt
Je restai totalement silencieux, alors amené par deux policiers vers la prison pour hommes qui me garderait jusqu'à la fin de ma vie.
J'étais entièrement perdu. Hier, je m'étais endormi, un peu ivre, auprès de Synia, paisiblement, alors enceinte de notre premier enfant, et ce matin, je m'étais réveillé dans une cellule du palais de Justice. Mon procès était déjà passé et j'avais été condamné à perpétuité à la prison.
Que... Que s'était-il passé ? Est-ce que je m'étais téléporté dans un autre monde ? Un autre futur ? Ou est-ce que j'avais dormi pendant des années sans m'en rendre compte ?? Mais cela n'expliquait pas pourquoi j'étais condamné à la prison ?? Et psychiatrique en plus...
Un frisson de terreur me remonta le long de l'échine.
Dire que j'étais apeuré était un euphémisme, j'étais complètement terrorisé. Finir dans la prison psychiatrique revenait à signer son arrêt de mort. La prison normale évitait les fous tandis que l'hôpital psychiatrique récupérait les fous non-dangereux ou les malades d'esprit. La prison psychiatrique récupérait le reste, les fous dangereux, à savoir le pire de ce qu'on pouvait trouver, allant du meurtrier psychopathe, au v*oleur pour finir sur les déviants sexuels, notamment concernant les enfants...
Je secouai la tête, ne souhaitant absolument pas être intégré dans cet endroit, ignorant en plus pourquoi on m'y envoyait et les crimes que j'avais commis.
Avais-je peut-être été trompé ? M'avait-on accusé à la place de quelqu'un d'autre ?
« Mais qu'ai-je donc fait ?? », chuchotai-je de désespoir à moi-même.
On me força à descendre de la camionnette et à entrer à l'intérieur. Le portail gris en fer renforcé, se refermant derrière moi, me priva définitivement de tout espoir.
On m'emmena dans une salle, me prit mon nom, m'affilia un numéro et on me lâcha au milieu de la jungle pénitentiaire sans rien me dire. Je regardai ma tenue bleue, unie de haut en bas, et mes poignets libres de toute entrave. Les seules informations qu'on m'avait données étaient mon numéro sur une plaque placée sur ma tenue et mon numéro de cellule.
Je profitai du calme ambiant rare et me précipitai vers cette dernière, espérant y trouver un refuge. Toutefois, à mon arrivée, quelqu'un semblait déjà présent dans cette pièce assez petite, se résumant à deux lits superposés sur ma droite, deux petits placards à gauche et une table de nuit. À mon grand désespoir, il tourna la tête vers moi, sourit, avant de se lever du lit d'en bas, posant son livre, et se dirigea vers moi, ouvrant la grille qui nous séparait.
« Salut toi ≈ », me salua-t-il.
La peur me cloua sur place et aucun son ne sortit de ma bouche.
« Pas très bavard toi », continua-t-il.
Un nouveau silence prit place.
« Tu es d'une maigreur... C'est terrible, on dirait un cornichon », remarqua le prisonnier au teint mat, ses yeux d'un noir profond me regardant de haut en bas, et secouant ses longs cheveux noirs, légèrement bouclés, d'un air malicieux.
Il se déplaça vers moi, me dominant largement de son immense taille, au moins 2m30 je dirais...
« Hmmm, comment tu t'appelles toi ? ≈, me demanda-t-il d'un ton coquin.
- Polters*..., chuchotai-je, terrifié par sa présence.
- Hmm... Nan, c'est moche. Tes parents ne t'aimaient vraiment pas. Les miens non plus à vrai dire. Je vais t'appeler Polti1 plutôt, ça te va mieux, tu as les joues encore rondes et tu es mignon », déclara le nouveau venu en venant saisir une de mes mèches blondes et en l'enroulant autour de son doigt.
Je n'osais renchérir quoi que ce soit à sa déclaration, effrayé de ce qu'il pouvait me faire.
Il leva finalement son visage et plongea son regard dans le mien.
« Tu n'as pas les yeux d'un tueur, constata-t-il, qu'est-ce que tu fais ici ? Petit agneau perdu.
- Je... Je ne sais pas..., avouai-je sincèrement.
- Oh ? », lâcha-t-il en penchant la tête sur le côté, continuant à jouer avec ma mèche.
Il se pencha soudainement vers moi et vint me susurrer à l'oreille d'un ton taquin :
« Très curieux ≈. J'ai hâte de faire ta connaissance plus en profondeur. Appelle-moi Slim ≈ Polti »
Et sur ces mots, il cessa de jouer avec mon cheveu et retourna à l'intérieur, s'installant sur son lit, continuant son livre l'air de rien.
« Au fait, reprit-il brusquement, ses yeux toujours tournés vers son roman au titre étrange Qui l'eût cru qu'un jour, une grande chèvre me renverserait ?, l'armoire de droite contiendra tes vêtements, je garde celle de gauche et tu prends le lit du haut ».
Je ne dis mot et entrai simplement dans la pièce, refermant la grille derrière moi puis montai dans le lit. Je n'eus pas le temps de me morfondre que sa tête qui surgit me surprit.
« Hey, d'ailleurs, vu que personne ne t'a énoncé les règles, je vais le faire. Je suis trop généreux ≈. Bref, d'abord, pas de meurtres ici même si bah... tu te doutes qu'il y en a. Ensuite, c'est la loi du plus fort qui règne ici, crois-moi, t'es mal barré vu ton physique. Après... hmm... ah ouais, pour les douches, je te conseille d'y aller très tôt si tu veux être tranquille et profiter de l'eau chaude. Enfin, l'extinction des feux, c'est à 23h, si on te surprend dehors, tu finis dans la salle noire et crois-moi, tu veux pas y aller... Et j'ai failli oublier, pour la cantine, passe en dernier, t'auras les restes mais tu seras tranquille, me déballa-t-il à toute vitesse.
- Merci..., soufflai-je en me recroquevillant.
- Sauf... Enfin, commença-t-il avant de sourire malicieusement, sauf si tu restes avec moi ≈.
- Pourquoi ?, interrogeai-je d'un air hésitant en collant un peu plus le mur pour m'éloigner de lui.
- Parce que je suis l'un des plus forts Polti ≈ Et tu m'intéresses, tu attises ma curiosité ≈, m'avoua-t-il.
- Qu'est-ce que tu veux en échange ?, m'enquis-je en redoutant sa réponse.
- Hmm, fit-il en réfléchissant, reste avec moi et j'aviserai ≈ Alors ?
- D'accord, concédai-je, sachant pertinemment que je n'avais pas véritablement le choix.
- Parfait ≈ Bonne nuit mon cher ≈ », me chuchota-t-il avant que sa tête ne disparaisse à nouveau et que le silence se fasse.
Je m'allongeai ainsi et me mis en boule sous les couvertures rêches et sur le matelas dur, taisant mes sanglots qui coulaient le long de mes joues, la tristesse et le désespoir me serrant la gorge, m'endormant tardivement sous le coup de l'épuisement.
Aujourd'hui
« Bon, on va vous faire passer quelques tests sur votre condition, est-ce que ça vous va ? », me demanda un jeune homme.
Je hochai la tête, souhaitant savoir les problèmes créés par mon esprit.
« Slim..., soupira d'un air désespéré une autre femme au teint mat, qu'est-ce que tu fais là encore ?
- Je me promène, plaisanta celui-ci en haussant des épaules.
- Très drôle, déclara le cynérien à côté de moi.
- Ooooh Cloem, Aléis, vous pourriez être plus sympa avec moi ! Les visites ne sont pas interdites à ce que je sache, renchérit mon compagnon de cellule.
- Sauf si le patient refuse, rétorqua la dite Aléis.
- Oh ! Vous osâaaaates ! Vous me mettriez à la porte comme un malpropre ?? Tu me refuserais Polti ??, exagéra celui-ci d'un air faussement dramatique.
- Non, non, tu peux rester, agréai-je en lui tendant ma main depuis le fauteuil.
- Parfait ≈ », susurra le cynérien en tirant la langue aux deux médecins, se contentant de les amuser.
Slim s'approcha et se plaça à côté de moi, restant debout et m'attrapant la main, m'apportant un certain réconfort.
« Bon, très bien, dans ce cas, nous allons commencer la séance. D'abord, je vais vous poser une série de questions et vous devez y répondre honnêtement, m'expliqua la cynérienne.
- Oui, enfin, elle a un détecteur de mensonges juste à côté d'elle donc elle saura si tu mens, me souffla mon partenaire de prison.
- Alors, comment vous appelez-vous ?, demanda Aléis en ignorant les dires de l'autre.
- Mon nom est Polters Larrys, répondis-je simplement.
- Ou aussi Polti ≈, déclara Slim d'un ton amusé.
- D'accord, concéda la jeune femme en ignorant à nouveau le cynérien, qui est Synia ?
- Elle... Elle était ma femme..., murmurai-je d'un air attristé et coupable.
- Avez-vous des frères et sœurs ?, questionna la médecin.
- Non, je suis enfant unique.
- Hmm... je vois... Qui est Solène ?, reprit-elle.
- Qui ?, lâchai-je, interloqué.
- Solène, déclara la femme en levant les yeux de son carnet.
- C'est la première fois que j'entends ce prénom », avouai-je.
Aléis jeta un coup d'œil au détecteur de mensonges, voyant que celui-ci ne sonnait pas, prouvant que c'était bien la vérité.
« C'est bizarre..., marmonna-t-elle avant de poser une autre question, qui est Tolis ?
- Je ne connais pas cette personne non plus, déclarai-je en secouant la tête de manière négative.
- Je vois... quel est votre dernier souvenir avant la prison ?
- Je... Je me souviens m'être... endormi auprès de Synia et c'est tout..., me remémorai-je.
- Aviez-vous bu ou fumé avant de vous coucher ?, interrogea-t-elle.
- Oui je... Je crois me souvenir avoir passé une soirée d'anniversaire chez un copain et d'avoir bu un peu... Mais pas tant que ça... », soufflai-je en secouant la tête.
Aléis ne dit mot et réfléchit, ensuite, elle fit signe à Cloem de se rapprocher et lui chuchota quelque chose d'inaudible à l'oreille. Ce dernier hocha la tête à ses dires.
« D'accord, mon assistant et moi avons une hypothèse que nous aimerions confirmer. Nous aurons besoin de votre accord pour la tester, expliqua la cynérienne.
- C'est- c'est-à-dire ?, murmurai-je, incertain.
- Pourriez-vous boire Polters ?
- Vous voulez le saouler docteur ?, se moqua gentiment Slim.
- Exactement », affirma cette dernière.
Mon compagnon cligna des yeux d'un air confus.
« C'est que, commençai-je timidement, c'est que... vu que je suis malade, on me déconseille de boire... Sinon ça empirera...
- Non, ne vous en faites pas, nous allons remplacer l'alcool par un produit similaire aux mêmes effets, renchérit la médecin.
- Puis-je... puis-je au moins savoir pourquoi ?, m'enquis-je.
- Nous pensons..., débuta la jeune femme avant de soupirer, nous pensons que vous êtes deux à l'intérieur et c'est ce que nous voulions vérifier.
- Hééé ? Vous avez mangé de l'herbe pour chèvre Aléis, gloussa mon humoriste de voisin.
- Très drôle Slim. Non, c'est parce qu'un unique cas avant vous a déjà été recensé. Les erreurs de réincarnation arrivent. Parfois, deux âmes différentes se retrouvent dans un seul corps. L'une sera la dominante et l'autre dormante. On voudrait savoir quel aurait été le déclencheur pour l'autre âme. Tous les facteurs pointent vers l'alcool, ce qui explique votre cirrhose du foie, m'explicita la docteure.
- Ce serait donc à cause de cet autre gnouf que Polti est malade, emprisonné et malheureux ?, grommela Slim.
- Possible, envisagea celle-ci.
- D'accord, concédai-je, si cela peut vous aider à déterminer la cause de tous mes problèmes...
- Très bien, restez ici, Cloem et moi allons chercher ce qu'il faut », déclara Aléis en se levant et en quittant la pièce avec son assistant.
La porte se referma derrière eux et un silence prit place.
« Alors, tenta Slim, tu es sûr que ça va aller ?
- Oui, au moins, on saura la vérité », affirmai-je en souriant doucement.
L'autre homme ne dit rien et se contenta de se pencher pour ramasser un dossier sur la table, à côté du fauteuil, d'une main.
« Tiens, c'est donc tous ces crimes que tu as commis ? Enfin, que cet autre aurait commis ? C'est pas très joli. Dommage que je ne puisse pas le frapper, s'exprima ce dernier.
- Je ne tiens pas vraiment à le savoir maintenant. L'ignorance est une bénédiction dans certains cas. Il y a quelques mois, j'aurais voulu connaitre mais maintenant, tout ce que je veux savoir est le problème lié à mon esprit.
- Je comprends, agréa le cynérien en reposant à nouveau les papiers.
- Au fait Slim, je ne t'ai jamais demandé mais... quel crime a-tu commis pour finir en prison psychiatrique ?, lui demandai-je.
- Hmm, réfléchit l'homme, à vrai dire, ça n'a rien de secret. J'ai deux frères et une sœur. Je n'ai jamais connu mon frère aîné ceci dit, il s'appelait Doli. Il a disparu peu de temps après ma naissance, je crois qu'il ignorait complètement mon existence. Mais j'ai un petit frère nommé Keln2 et une petite sœur appelée Lovia. Disons qu'on n'a jamais eu une enfance dorée. Enfin... Keln et Lovia avaient deux ans et moi douze quand j'ai commis mon crime. Hmm, comment te le raconter ? En fait, tu vois, mes parents avaient le hobby de faire en sorte que je serve de cible à des lancers de couteaux ou des trucs comme ça. Bref, j'ai subi des tas d'horreurs, similaires aux tiennes finalement Polti. Je sais ce que tu as subi, moi aussi j'ai eu des parents affreux. Mais en plus, lors de ces soirées, mes grands-parents maternels, mon oncle et ma tante étaient invités. Bref, c'était pas très joyeux. En fait, c'est un soir où ils ont voulu se servir de Keln et Lovia que j'ai pété un câble. Je ne voulais pas qu'on utilise mon petit frère et ma petite sœur pour des actes aussi morbides. Bref, j'ai tué tous ces gens ce soir-là. Les voisins, bizarrement pour une fois, ont appelé la police, alors qu'ils auraient pu le faire quand je hurlais, et j'ai été embarqué. Keln et Lovia ont été placés auprès de mes grands-parents paternels, les seules personnes sympathiques de ma famille. J'ai passé mon enfance dans une maison de redressement mais j'ai agressé sans faire exprès un de mes tuteurs à ma majorité et j'ai été envoyé ici, voilà mon histoire ».
Slim m'avait raconté toute son histoire sans sourciller, sans une once de tristesse, comme si c'était un événement simple du passé.
J'étais horrifié. Se retrouver à tuer sa propre famille pour sauver son frère et sa sœur avant de passer toute sa vie dans une prison était triste. La justice cynérienne était aberrante.
« Je suis désolé Slim..., murmurai-je, des larmes coulant le long de mes joues.
- Oh non Polti, tu n'y peux rien, me rassura-t-il en resserrant sa main dans la mienne, ne t'en fais pas, ce n'est pas si terrible comme vie.
- Mais, mais, tu n'as jamais connu la vraie vie ! C'est horrible...
- Au moins, j'ai eu la chance de te rencontrer », m'avoua-t-il en souriant sincèrement avec tendresse.
Aucun son ne sortit de ma bouche et je le regardai avec de grands yeux.
« Puis... J'espère qu'on aura une meilleure réincarnation toi et moi sinon », plaisanta celui-ci d'un air goguenard.
Je souris à sa remarque, ayant peu d'espoir pour ma part d'en avoir une.
Les deux médecins finirent par revenir, ramenant un chariot empli de flacons et d'appareils.
« Vous êtes prêt ?, m'interrogea Aléis.
- D'accord... », admis-je avant que la séance ne commence.
Ellipse
Je me réveillai à cause des légères secousses et ouvris les yeux, complètement ensommeillé.
« Allez Polti, réveille-toi, on va aller manger et ensuite tu as une visite de prévu, m'expliqua Slim.
- Hmm ? Une visite de prévu ? Pour moi ?, lâchai-je, véritablement confus.
- Yep, allez, lève-toi maintenant », m'encouragea-t-il.
Je baillai, encore perturbé par la mention de la visite. Je descendis du lit, m'habillai et rejoignis Slim qui m'attendait à l'entrée de la cellule. Nous nous dirigeâmes ensuite vers le réfectoire et je me cachai alors derrière la figure imposante de mon voisin, ne souhaitant pas être dérangé par des perturbateurs ou agressé.
« Tsss, trouillard »
L'un des prisonniers me fixa du regard et alors que nous passions à côté de lui, Slim se contenta de lui lancer un :
« Qu'est-ce t'as toi ? »
S'il y avait bien une chose qui était pratique, c'était que Slim était vraiment reconnu parmi les prisonniers. La plupart d'entre eux n'avaient pas envie de se battre avec lui, ce fou furieux des combats, ce qui m'avait évité bien des désagréments. Sans sa présence, j'aurais fini en viande hachée au milieu de ces hyènes.
L'autre baissa les yeux et mon compagnon de cellule renifla simplement de mépris avant de continuer son chemin, me traînant derrière lui.
Nous nous servîmes à manger, dans le coin VIP notamment grâce à la notoriété du cynérien puis nous rejoignîmes son groupe. Pour ma part, je me contentai toujours de me mettre en bout de table, me voulant le plus discret possible. Slim se plaçait alors toujours à côté de moi, ne souhaitant pas que l'un de ses « camarades » se trouve à mes côtés.
La logique dans la prison psychiatrique était implacable : être le plus fort. Pour cela, en général, les prisonniers se retrouvaient en groupes. Certains étaient plus puissants que d'autres, parvenant à gratter quelques privilèges selon leur bon comportement également, comme celui de Slim par exemple qui avait le privilège de se balader un peu partout dans le centre librement. Ce groupe était constitué de plusieurs membres et d'un chef. Slim était celui qui dirigeait l'un d'eux. À l'intérieur de celui-ci cependant, il s'agissait d'une jungle bien organisée. Les membres ne s'entretuaient jamais mais souhaitaient soit prendre la place du chef soit s'attirer ses faveurs. Avec Slim, c'était plutôt la deuxième option. Chaque membre pouvait être reconnu pour sa valeur, évitant les conflits. Me concernant, je possédais l'étiquette « jouet ou prostitué de Slim » sur mon front, mon voisin n'ayant pourtant jamais précisé mon rôle, les autres s'étant contentés de me la coller sans chercher plus loin.
Même... même si je savais que Slim voulait avoir des relations avec moi, je ne pourrais rien lui donner... Pour plein de raisons différentes... Mon corps était bien trop laid pour être apprécié avec tout ce qu'il avait subi.
Je secouai la tête, chassant ces idées noires, me concentrant à nouveau sur ma nourriture et mâchouillai savamment mon morceau de pain.
« Slim ! Oh ! Que fais-tu là ? », s'exclama une voix que je ne connaissais que trop bien.
Mon corps se mit à trembler inconsciemment et le bras de mon compagnon vint entourer ma taille pour me rapprocher de lui de manière possessive et protectrice.
« Mauviette »
« Qu'est-ce tu veux Osim ? Dégage, je veux pas te voir, répliqua Slim d'un air extrêmement sombre et menaçant, le reste de son groupe s'étant arrêté de manger, prêt à réagir.
- Dommage, enchérit l'autre cynérien, son groupe le suivant de près, dis, tu veux pas un peu me prêter ton jouet ? Le mien a cassé hier.
- Polti n'est pas un jouet et non, je ne le prête pas, affirma le cynérien sur un ton hostile.
- Oh allez Slim, je n'ai pas eu le loisir de le goûter, le garde pas pour toi tout seul, tu- », commença-t-il sans pouvoir terminer car mon voisin s'était levé à toute vitesse et lui avait enfoncé son poing dans le visage, sous les rires de la tablée.
Le dit Osim en tomba à la renverse, les autres membres de son groupe paniquant, du sang coulant de son nez.
« Ferme-la Osim et casse-toi avant que je te brise tous les os de ton corps un par un », le menaça Slim.
L'autre se contenta de grogner et de filer ventre à terre sous la menace avec son groupe.
Après son départ, tout revint comme avant et le jeune homme se pencha vers moi pour me murmurer doucement :
« Ça va ?
- Ou- oui », bégayai-je, ma main continuant de frissonner involontairement.
Un nouveau traumatisme avait pu être ajouté à ma mémoire lorsque j'avais malencontreusement rencontré Osim dans les douches. Si Slim n'était pas arrivé et intervenu à temps... Les choses en auraient été autrement et il aurait commis exactement le même acte abominable que mes propres parents.
Je me forçai à finir de manger, la nourriture ayant dû mal à passer dans ma gorge, même avec la main de Slim qui me caressait le dos d'un air réconfortant.
« Excusez-nous les gars, on doit y aller. Je vais me présenter à ma belle-mère », mentit mon compagnon de cellule en plaisantant, faisant rire la tablée.
Et sur ces mots, je me dépêchai de fuir la cantine, Slim sur mes talons, vers l'endroit réservé aux visites.
Arrivés là-bas, avant d'entrer à l'intérieur de la pièce, Slim m'attrapa doucement par le bras et me prit à part.
« Polti, j'ai quelque chose à t'avouer, me dit-il brusquement.
- Je t'écoute, lui répondis-je honnêtement.
- Voilà, comment dire..., réfléchit-il avant de tout me confesser soudainement, je t'aime Polti, je sais que ça ne fait que quelques mois qu'on se connaît, qu'on est gravement malades tous les deux, toi à cause de ta cirrhose du foie et moi à cause de mon cancer, et qu'il ne nous reste que très peu de temps mais, justement, je veux vivre le peu de temps qu'il me reste avec toi »
Les bras m'en tombèrent à son aveu et mes yeux s'écarquillèrent de surprise.
« Que ? Quoi ?, lâchai-je, circonspect.
- Et toi Polti ? J'aimerais avoir ta réponse.
- Je... C'est que... Je ne suis pas sûr d'avoir le droit d'aimer avec toutes les atrocités que j'ai commises, confiai-je, mal à l'aise.
- Polti, l'Amour n'est pas un crime en soi. Et ensuite, ce n'est pas toi qui les as commis, m'explicita le cynérien en prenant mes mains dans les siennes avec beaucoup de tendresse.
- Je... C'est tout comme, je suis une personne affreuse Slim !! Comment peux-tu aimer un être aussi abominable que moi ??, avouai-je en pleurant à grosses larmes.
- Non, Polti, tu n'es pas mauvais. Sans lui, tu ne serais pas une mauvaise personne, ne l'écoute pas d'accord. Tu as le droit d'aimer. Et tu penses que moi je suis une bonne personne ? Tu te trompes. Alors, arrête de te dévaloriser autant, d'accord ? », me rassura-t-il en venant doucement essuyer mes larmes avec son doigt, tout en me caressant la joue.
J'acquiesçai à ses paroles, finissant par me calmer.
« Et au pire, ta réponse peut attendre, enchérit Slim d'un ton doux.
- Non, je veux le dire maintenant. Je t'aime aussi Slim, mais je ne sais pas si je peux t'aimer, je ne suis qu'un monstre, répliquai-je en secouant la tête.
- Bien sûr que non Polti, bien sûr que non. C'est Pols le monstre, pas toi », conclut-il en venant déposer tendrement un baiser sur mon front.
« C'est ma nature même »
Une tête passa soudainement l'angle et la voix d'Aléis se fit entendre.
« Hum, les tourtereaux, excusez-moi de vous déranger dans un moment aussi intime mais on vous attend pour l'expérience », appela-t-elle avant de se détourner et de repartir aussi vite qu'elle était arrivée.
Slim se contenta de marmonner des insultes inaudibles à son encontre tandis que je baissais le regard, embarrassé. Il finit par m'emmener jusque dans une des salles de visites. À l'intérieur se situaient une table longue, deux chaises, l'une en face de l'autre, du matériel médical contre le mur de gauche et un miroir sans teint en face de moi. J'allais m'asseoir alors à la chaise qui faisait face au miroir alors que mon compagnon partait s'appuyer contre un mur, derrière moi.
Cloem entra soudainement dans la salle et vint se placer face à moi, posant un détecteur de mensonges sur la table et me demandant de me présenter.
« Mon nom est Polters Larrys, j'ai... j'ignore quel âge j'ai dorénavant... Je... Je n'ai pas grand-chose à dire sur moi... », murmurai-je en me recroquevillant sur moi.
Le cynérien en face s'apprêtait à répliquer quelque chose lorsque la porte s'ouvrit une énième fois sur une femme aux longs cheveux noirs rattachés en un chignon.
« Toi !! »
Mes yeux s'agrandirent sous le coup de la surprise.
« Sy- Synia ?, balbutiai-je.
- C'est- c'est toi..., souffla-t-elle, semblant soulagée, quelques larmes coulant sur ses joues, je te reconnais enfin... »
Elle s'approcha et vint m'enlacer, resserrant sa prise autour de moi, comme si nous étions de très vieux amis. Elle me relâcha finalement sous le regard perçant de Slim qui n'avait pas bougé d'un poil ceci dit.
« Je... On m'a tout raconté. Je n'ai pas voulu y croire au début mais... maintenant je le vois. Je reconnais le Polters que j'ai connu..., me confessa-t-elle en souriant tristement, je comprends mieux ton changement soudain de personnalité dorénavant.
- Je suis désolé..., m'excusai-je sincèrement, la culpabilité m'étouffant.
- Je... Premièrement, ce n'est pas envers moi que tu dois t'excuser et deuxièmement, ce n'est pas à toi de t'excuser..., me confia-t-elle avant de se tourner vers le miroir, il faut que je te présente deux personnes d'ailleurs. Il faut au moins qu'ils connaissent le vrai toi »
Elle se tourna vers Cloem qui hocha la tête. La porte finit par s'ouvrir sur Aléis qui entra avec deux cynériens que je ne connaissais pas, me tournant dans leur direction. L'un, aux cheveux noirs assez courts, les yeux noirs également, portrait craché de Synia, s'avançait vers moi en me foudroyant du regard, l'autre, caché derrière le plus grand, semblait avoir des cheveux longs blonds et ses yeux verts m'observaient avec une terreur pure.
« Tiens, tiens »
Je me figeai, ne comprenant pas pourquoi ce cynérien me fixait de la sorte. Qu'avais-tu pu faire, Pols, pour qu'il soit aussi terrorisé ?
« ... »
« Messieurs Solène et Tolis Delis, voici Polters Larrys, nous présenta Aléis, enfin, celui que nous avons surnommé Polti.
- Grâce à moi, intervint Slim en se vantant, faisant sursauter le dit Solène et tourner les têtes des deux autres, pas conscients de sa présence.
- L'autre, surnommé Pols, est bien là mais nous ne pouvons pas l'entendre.
« Moi oui »
- Comment savoir qui est qui ?, grogna le dit Tolis.
- T'inquiète, genius man, on le voit au comportement, se moqua mon compagnon, faisant froncer les sourcils de l'autre cynérien.
- Il vaut mieux éviter de faire sortir Pols. Il n'est... pas très agréable..., affirma sagement Aléis.
« Très drôle »
- Et comment savoir lequel des deux est celui qui a abusé de mon frère ? », demanda Tolis.
Mon air complètement ahuri qui suivit leur donna peut-être la réponse.
Comment était-ce possible... Je suis monstrueux...
« Oh je t'en prie, tu n'as rien fait, c'est moi le monstre, pas toi pfff »
Je ne veux pas t'entendre...
« Hein ? »
« Tais-toi s'il te plait, suppliai-je en prenant ma tête entre mes mains, des larmes coulant le long de mes joues, je t'en supplie, ne parle plus, tu me donnes mal au crâne... »
Slim se précipita à mes côtés, me calmant doucement.
« Ne l'écoute pas Polti, écoute ma voix, d'accord ? Écoute seulement ma voix », me conseilla-t-il.
J'entendis vaguement la voix d'Aléis en fond qui expliquait ce qui se déroulait et qui s'excusait auprès des trois autres cynériens.
J'inspirai puis expirai selon les conseils de Slim, me concentrant uniquement sur sa voix et ma respiration, finissant par me calmer lentement au bout de quelques longues minutes.
« Mais... Si Polte- Polti n'est pas responsable de ces actes, comment cela se passe-t-il ?, s'enquit Synia.
- Normalement, le patient peut sortir mais doit suivre une thérapie et être surveillé constamment. Toutefois, Polti a refusé, il préfère rester enfermé dans la prison psychiatrique, explicita la docteure.
- Polti... je suis-, débuta la cynérienne en se tournant vers moi.
- Non, Synia, tu n'as rien fait de mal. Je suis conscient que mes excuses ne changeront en rien les actes que j'ai commis mais je souhaite m'excuser sincèrement pour ce que j'ai pu faire ou pour tout ce que Pols vous a fait subir. Je suis vraiment désolé. S'il te plait Synia, je ne veux pas de ta pitié, maintenant, oublie-moi et vis ta vie », déclarai-je avant de me lever et de quitter la pièce brusquement sous leurs regards étonnés.
Je courus à en perdre haleine à travers les couloirs, fuyant totalement les yeux inquisiteurs qui me jugeaient sans rien savoir, fuyant les personnes que j'avais inconsciemment blessées, fuyant mes problèmes, me précipitant vers ma cellule assignée. J'y entrai rapidement avant de grimper sur le lit d'en bas, me recroquevillant dessus, pleurant sans m'arrêter, les sanglots secouant mon corps abîmé par les années et rompu par l'épuisement, aux cicatrices gravées à jamais dans ma peau et serpentant le long de mes bras, essaimées un peu partout avec les traces de mes brûlures.
Deux bras vinrent soudainement m'enlacer et je fus attiré dans une douce étreinte réconfortante, ma tête se retrouvant dans son cou.
« C'est mon lit tu sais ?, me chuchota Slim tendrement.
- Pardon..., m'excusai-je tout en continuant à sangloter.
- Tu n'as pas à t'excuser Polti, ne t'en fais pas, me rassura-t-il affectueusement, ce n'est pas grave.
- Je suis désolé, désolé pour tout ce que j'ai fait, je suis vraiment désolé, je vous le jure !!, craquai-je complètement.
- Je sais... Je sais que tu es désolé. C'est bon Polti, ils le savent. Ils savent que tu es désolé. Tu peux arrêter de t'excuser »
Je continuai ainsi de pleurer pendant un temps qui me parut interminable, mon compagnon me gardant dans ses bras durant tout ce moment de faiblesse, me murmurant des mots doux et réconfortants à l'oreille. Mes pleurs finirent par se calmer et je restai blotti dans son étreinte, ne souhaitant pour rien au monde la quitter.
« Tu vas rester avec moi Slim ?, lui demandai-je à voix basse, incertain et effrayé par sa réponse.
- Bien sûr. Toujours. Je ne te quitterai jamais, me promit-il sincèrement, venant caresser le haut de ma tête.
- Même dans la mort ? On ne peut pas rester indéfiniment ensemble, le contredis-je.
- Je ferai en sorte que oui. Je ne t'abandonnerai jamais, je te le promets », me jura-t-il.
Je souris doucement, rassuré par sa promesse.
« Maintenant, dors. Nous avons encore quelques mois à vivre, alors, vivons-les ensemble, d'accord ?, me proposa-t-il.
- D'accord », agréai-je en m'accrochant à sa tenue.
J'ignorai la douleur que me procurait ma maladie et finis par m'endormir de fatigue, dans les bras de la seule personne qui m'acceptait dans ce monde.
Quelques mois plus tard
Je regardai Slim qui s'était endormi dans le lit à côté de moi. Je tenais encore sa main lâche, sachant pertinemment qu'il ne se réveillerait jamais de son sommeil éternel. Pour ma part, je savais que mon heure était proche, bientôt mon âme quitterait mon corps douloureux de vivre.
« Attends-moi encore un peu Slim », lui murmurai-je.
Maintenant, il suffisait juste d'être patient et d'attendre que la mort m'emporte enfin.
C'était drôle comme j'avais lutté jusqu'à présent. Pourquoi ? Si seulement j'étais mort plus tôt comme le voulaient mes parents, ce Solène n'aurait jamais souffert de mes coups. Même si je savais que mon âme n'y pouvait rien et que nous étions deux, je me sentais profondément coupable car nous partagions le même corps. Si seulement je n'étais pas né...
Déesse Clopélia, tout ce que je souhaite dans ma prochaine vie, c'est de naître dans une famille aimante... s'il vous plaît...
Je fermai les yeux, ma conscience se perdant dans les brumes d'un repos pour une fois paisible, libéré de toute douleur....
L'endroit était d'un noir calme et tranquille, très doux. J'observai autour de moi avant d'apercevoir une autre forme blanchâtre au loin. Je me dirigeai vers elle. D'elle, il ne restait qu'une petite boule banche, de la forme d'une flamme.
« Bonjour Polti, m'adressa-t-elle d'une voix discordante, comme si une polyphonie de voix se déclenchait.
- Bonjour... Pols..., saluai-je à mon tour de manière hésitante, que fais-tu ici ?
- Je profite de mes derniers instants pour savourer le calme et la tranquillité.
- Que ? Quoi ? Après tout ce que tu as fait ? », lâchai-je, interloqué.
Un silence se fit à mes mots et il soupira avant de reprendre :
« Tu ne comprends pas, j'ai été conçu pour être mauvais et toi pour être bon. C'est comme ça, c'est tout. Peut-être n'étions-nous qu'une seule âme au début en réalité, moi ton mauvais côté, amplifié, toi le bon côté. C'est dans ma nature de faire du mal et d'être abominable, j'ai été créé pour ça.
- Par qui ? Clopélia ?, interrogeai-je.
- Non, un pouvoir encore au-delà. Est-ce réellement moi qui suis mauvais ou la personne tordue qui m'a conçu ? Après tout... je ne suis qu'un personnage, marmonna-t-il.
- Qu'est-ce que tu racontes ??
- Tu ne comprendrais pas mon cher, c'est bien trop... perché comme manière de penser. Tu ne pourrais pas comprendre que notre monde n'est pas réel, que toutes mes actions étaient préméditées et que je n'ai JAMAIS eu le choix, que j'ai été obligé de les commettre.
- Je ne comprends pas... Que veux-tu dire par notre monde n'est pas réel ?, m'enquis-je, de plus en plus confus par la tournure de la conversation.
- Laisse tomber. Ce n'est qu'un livre après tout, quelle importance ? De toute façon, mon rôle s'est terminé depuis longtemps. Les lecteurs me détestent déjà assez, mon but est donc accompli. Je vais bientôt disparaître, soupira-t-il.
- Attends ! Comment ça tu vas disparaître ?? Je ne comprends rien !! Quels lecteurs ?? Qui sont-ils ??, le questionnai-je, sentant la vérité me glisser entre les doigts.
- Ce n'est pas grave Polti. Au moins, mon existence a au moins eu le mérite de t'empêcher de commettre un crime affreux, je l'ai fait à ta place. Je sais que tu auras une bonne réincarnation avec ton âme-sœur.
- Mais... pourquoi as-tu fait tout ça ? Solène ne t'avait rien fait... ce n'était qu'un enfant..., murmurai-je, le regret me serrant la gorge.
- Parce que je n'avais pas le choix. On m'a écrit comme ça, c'est tout. Que je culpabilise ou que je le regrette maintenant ne changera en rien l'atrocité de mes actes, avoua-t-il d'une voix brisée.
- Personne ne peut t'obliger à quoi que ce soit, tu-
- Polti. Ça suffit, tu ne peux pas me sauver, je suis une âme damnée et j'expierai pour mes crimes le reste de mon existence. Comme tous ces personnages qui commettent des atrocités. C'est ainsi. C'est comme ça que le monde, notre monde, fonctionne. Seul celui qui écrit ces lignes a le pouvoir de modifier notre destin. Mais ce n'est pas mon cas. Au revoir Polti. Je suis désolé de ce que tu as subi à cause de moi, tu n'aurais pas dû souffrir à ma place, s'excusa-t-il, une émotion transparaissant dans sa voix tremblante, avant qu'il ne se tourne et commence à partir, devenant de plus en plus transparent.
- Attends Pols !! Attends !!, m'écriai-je en lui courant après, des larmes coulant le long de mes joues à son aveu.
- J'espère qu'on ne se reverra jamais. Je te souhaite une belle réincarnation, sois heureux. Adieu Polti, me souhaita-t-il alors que sa forme disparaissait complètement.
- Non attends !! Reviens !! »
Toutefois, cette fois-ci, le silence était maître en ces lieux. Il n'y avait plus aucune trace de cette autre âme, comme si son existence entière avait été effacée d'un coup de crayon.
Les larmes coulaient sur mon visage sans s'arrêter, pensant à la solitude dans laquelle il avait dû vivre et au fardeau qui lui avait été imposé. Je ne comprenais pas qui pouvait l'avoir rendu comme ça mais cette personne devait être mauvaise ou bien... n'étions-nous que de simples jouets du divertissement ?
« Polti..., m'appela faiblement une voix connue.
- Slim..., soufflai-je en me tournant dans sa direction.
- Polti, il est l'heure de partir, me dit-il en tendant sa main blanchâtre.
- D'accord, allons-y ensemble », concédai-je en séchant mes larmes et en attrapant sa main.
Je jetai un dernier regard vers l'endroit où se tenait auparavant l'autre âme et murmurai un « repose en paix » avant de suivre Slim.
Je perdis conscience au fur et à mesure que nous nous approchions de cette grande lumière vers laquelle nous nous sentions attirés. Cependant, la seule chose que je sus, c'est qu'à aucun moment, Slim ne me lâcha la main. Nous resterions ensemble, à jamais, même dans la mort. J'espère que nous nous reverrons dans notre prochaine vie. Non, j'en étais sûr... Avec toi Slim...
« C'est un peu triste non ? Moi, ça me fait de la peine... », murmura une belle femme aux longs cheveux blancs, trois âmes sous forme de flammes devant elle dont deux étaient collées l'une contre l'autre, comme si elles étaient inséparables.
L'une des deux semblait même entourer l'autre comme pour la protéger de toute la souffrance du monde extérieur. L'autre, quant à elle, avait l'air apathique, lasse de toute vie, comme si elle savait que plus rien ne pouvait la sauver.
« Ces deux-là se sont vraiment trouvés, de vraies âmes-sœurs, confirma la déesse en les faisant flotter dans la paume de sa main.
Elle tenta de les séparer mais la plus grande qui entourait l'autre ne voulait pas la lâcher.
« Ils ne veulent pas se décoller, rit la femme de manière douce, c'est trop mignon.
- C'est le principe des âmes-sœurs, Clopélia, affirma une voix sortie de nulle part.
- Oui mais... Je ne veux pas les séparer, ça me fait mal au cœur, confessa la dite Clopélia en regardant le nouveau venu.
- Ce n'est pas très difficile, il suffit de leur promettre qu'elles se reverront. Les âmes-sœurs finissent toujours par se retrouver Clopélia, expliqua le jeune homme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus.
- Mais Fury..., bouda la déesse en gonflant les joues, le petit a tellement enduré sans rien dire. Je n'ai vraiment pas le cœur de les séparer.
- Moi, je peux le faire ! Suffit d'utiliser une épée pour trancher le fil et ouille !, s'exclama un énième inconnu aux très longs cheveux noirs, descendant jusque dans le bas du dos, et aux yeux noirs, la peau blanche, avant de se faire frapper sur la tête par Fury.
- Nocturne, espèce de crétin. Si tu fais ça, tu risques de juste couper définitivement le lien. C'est complètement stupide, le gronda le blond.
- Stupide toi-même, grommela le frère aîné du blond en se massant le haut du crâne.
- Hmm ?, fit Fury en détaillant son frère.
- Rien, j'ai rien dit, sifflota Nocturne en regardant ailleurs.
- Voilà !, s'extasia soudainement Clopélia, fière d'elle mais aussi attristée, j'ai fait en sorte de renforcer encore plus leur lien ! Ce qui fait que dans leur prochaine vie, ils se rencontreront forcément ! »
Les deux âmes se tenaient côte à côte, presque serrées l'une contre l'autre, un fil blanc les liant.
« Maintenant, je vais faire réincarner celle-ci... hmm... là !, affirma-t-elle en pointant du doigt un endroit de Cynérie.
- Il était temps, ce corps n'avait pas d'âme depuis plusieurs mois, remarqua subtilement l'aîné.
- Je fais ce que je peux !!, s'insurgea la déesse en tapant du pied de mécontentement.
- Ensuite, pour l'autre ?, interrogea Fury en déviant le sujet.
- Hmm, je vais moi-même déposer le bébé auprès de la bonne personne, il mérite au moins ça. C'est ma faute après tout, c'est moi qui gère la réincarnation..., confia-t-elle, penaude.
- Ce n'est pas vraiment ta faute Clopélia, mais la Sienne. Ceci dit, que vas-tu faire de la dernière ?, questionna le blond en désignant la dernière du menton.
- Lui ?? Je vais le pendre par les pieds !!, s'emporta subitement la jeune femme, je vais l'envoyer dans le pire endroit qui existe !! Ou alors le faire se réincarner en escargot au moins !!
- Attends Clopélia, l'interrompit le blond en se glissant à ses côtés, laisse-moi m'occuper de celle-ci. Va déposer celle que tu veux et mon frère s'occupera de celle qui doit aller dans le corps du bébé.
- Hmm, très bien Fury, concéda la déesse en boudant un peu, je te laisse cette infâme âme.
- Attendez ?? Pourquoi moi je dois faire le boulot des autres ?? C'est pas juuuuuste !!, s'insurgea Nocturne.
- Fais-le ou je t'arrache les oreilles, proposa gentiment le blond dans un sourire menaçant.
- Bon, bon d'accord, c'est bien parce que tu le demandes avec tant de gentillesse, Fury », accepta finalement le jeune homme avec réticence en prenant la plus grande âme et en l'emmenant.
Clopélia ramassa doucement la plus petite et partit également. Ces deux âmes se retrouveront un jour, et bien plus vite qu'elles ne le pensaient.
Fury se mit alors au niveau de l'âme la plus terne et s'adressa à elle :
« Que vais-je faire de toi ? Après tout, tu n'as été qu'un jouet du destin depuis le début mais tu as tout de même commis des actes abominables. Que faire ? »
Le dieu soupira avant de la prendre avec lui et de disparaître à son tour.
Dans cet endroit ne subsistait plus qu'un calme paisible.
La mort n'est pas la fin, mais le début d'une nouvelle vie. Telle est la réincarnation.
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Présence de sujets sensibles : mention de scarification, d'abus sexuels et de maltraitance d'enfants
*Polters signifie en cynérien presque littéralement : « Pol tars » = « Petit prostitué ». Il est important de préciser que les cynériens peuvent très difficilement changer de prénom car celui-ci est, d'une certaine manière, donné à l'âme et donc changer de prénom, ce serait changer d'âme.
(1)Polti signifie en cynérien littéralement : « Pol ti » = « Petit pois »
(2)Keln est cité dans le chapitre 1.2 de Narel.
BON, ALORS... VOILÀ... Vous avez eu le chapitre de Polters. Des réactions ? Que pensez-vous de lui maintenant ? Que dire de Polti ? Et de Pols alors ? Haha, j'avoue moi-même que j'aime beaucoup Polti mais Pols... Je ne sais pas quoi penser de lui. Est-ce ma faute ? Oups. Je veux dire, allez savoir.
Concernant Slim et Polti, si vous avez lu RCB, vous savez en qui ils vont se réincarner hihi. Donc vous avez vos réponses UwU.
Vers la fin, on aperçoit enfin Clopélia, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas vue ! Depuis le prologue à vrai dire...
Que dire de plus ? Donnez-moi vos réactions et vos avis, je suis curieuse de savoir ce que vous avez aimé, ce que vous avez détesté ou ce que vous n'avez pas compris ^^.
D'ailleurs, j'avais aussi prévu d'autres choses sur ce chapitre. Montrer une partie de l'enfance de Polti, parler un peu plus de Slim, Pols qui était censé s'adresser lui-même à Solène et Tolis mais... ça devenait vraiment trop long. Ce chapitre est un des plus longs que j'ai écrits donc bon XD.
AU FAIT, pour ceux qui n'auraient pas compris pourquoi Polti peut entendre Pols à partir d'un certain moment dans le texte, c'est à cause de l'expérience et du fait que, connaissant son existence dorénavant, il peuvent communiquer.
J'espère sinon que ce chapitre vous a plu et on se retrouve sur le suivant avec comme personnage *roulements de tambour*...... Zéline !! Les lecteurs m'ont fait de la peine et m'ont supplié de lui donner une chance, c'est ce que je vais faire. Zal me rendait malheureuse aussi ^^'.
Je tiens à préciser que les chapitres histoires se déroulent dans un ordre chronologique donc ce n'est pas illogique UwU.
Sur ce, merci pour la lecture et à la prochaine !
FF
PS : Polti et Slim, n'apparaissant véritablement que dans ce chapitre, ne sont pas montrés dans la galerie des personnages. Pour ceux qui veulent un aperçu d'eux, voici ce à quoi ils ressemblent (juste, la tenue est censée être bleu marine, mais ce n'était pas possible, hélas) :
Slim
Polti
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