Chapitre Zéline : Y a-t-il encore de l'espoir ?
Clang !
Le bruit fort d'une porte qui se referme me réveilla en sursaut. Je tâtonnai, dans le noir, à la recherche de ma couverture qui avait mystérieusement disparu. Je la retrouvai finalement et me roulai en boule à l'intérieur, me persuadant qu'elle me protégerait de tous les maux. Je levai mon poignet gauche et serrai le bracelet qui l'entourait de toutes mes forces, seul souvenir réel de ma terre natale, la Cynérie. Je touchai du bout des doigts celui-ci, traçant les contours et les formes, sentant le tout former un mot : « Zal ». Ce bracelet... était le seul objet qui me permettait encore de garder espoir.
Je fermai mes paupières et tentai de trouver le sommeil malgré les larmes et le froid qui m'envahissait.
Le fracas de métal contre les barreaux et les gémissements des autres prisonniers me sortirent de mon sommeil réparateur. Je tournai la tête vers la source du bruit. La voix d'un homme, sûrement d'un démon, retentit :
« Allez, debout là-dedans !! C'est l'heure du marché, vous allez pouvoir être emmenés dans un bel endroit, et on sera enfin débarrassé des incapables ».
Cette remarque semblait m'avoir été directement adressée malgré le fait que mon nom n'avait pas été cité.
Je me relevai, repoussant la couverture émiettée sur le côté, alors que la porte de la cellule était ouverte dans un cliquetis bruyant. Je me levai, chancelant, et saisis fermement un des barreaux devant moi, cherchant la porte en balayant l'air de ma main.
J'entendis des bruits de pas se diriger vers moi et l'on m'attrapa sauvagement le bras, mon géôlier poussant un soupir de mécontentement.
« J'espère qu'on arrivera à te vendre. Sinon, tu vas encore rester longtemps ici, toi », remarqua-t-il en bougonnant.
Je restai silencieux, sage décision de ma part, afin de ne pas froisser le démon qui me conduisit de force ailleurs.
On me força alors à prendre un bain, à enfiler des vêtements sûrement présentables, à ce qui ressemblait à une robe ou une longue chemise de nuit, et, après avoir été pomponné et soigné, à suivre une file de prisonniers pour la vente aux enchères.
Je tentai de desserrer légèrement, par nervosité, le collier en métal autour de mon cou, sans succès. Je poussai un long soupir de désespoir, gardant ma prise contre mon poignet, jouant discrètement avec mon bracelet usé par le temps.
Au fur et à mesure qu'on me forçait à avancer, j'entendis plus clairement les voix. Je levai la tête, essayant de percevoir les alentours. Toutefois, la vente aux enchères semblant se dérouler rapidement et sans accrocs, je n'eus pas le temps de m'adapter à mon environnement et l'on me poussa en avant.
Sous le coup de la surprise, j'en tombai et je m'affalai lamentablement par terre sur le plancher de bois, les rires des spectateurs se déclenchant à cette action devant moi.
« Hum..., lâcha la voix du présentateur, embarrassé par ma performance pathétique, nous avons ici un spécimen assez rare ! »
Les rires se turent pour laisser place à des exclamations de stupéfaction lorsque des bras vinrent m'empoigner pour me remettre sur mes deux jambes et me faire lever le visage, m'exhibant comme un animal de foire.
« En effet, mesdames et messieurs ! Vous ne rêvez pas, c'est bien un Cynérien mâle !! Malgré un défaut particulier... il est en parfaite santé ! J'espère que sa cécité ne vous empêchera pas de l'utiliser à votre convenance ! Les enchères commencent à 10 000 000 de farandoles ! », s'enthousiasma l'annonceur.
Plusieurs voix se firent entendre et les prix commencèrent à grimper de manière faramineuse. Je me retins de rire de désespoir face à ce spectacle ridicule. Au moins, il m'était impossible de voir leurs stupides visages.
Je fermai mes paupières, sachant pertinemment que ce geste ne changeait rien mais cela me rassurait. Une larme coula sur ma joue, me questionnant sur la fin possible de ce cauchemar un jour.
« 1 milliard de farandoles », déclara soudainement une voix de femme au-dessus de l'assemblée.
Le reste de la foule se tut et certains chuchotèrent entre eux.
Le prix fut finalement annoncé une fois, deux fois, trois fois, sans que personne d'autre n'enchérit, et fut ainsi accepté par le présentateur.
Je poussai un long soupir de lassitude, me demandant encore entre quelles mains tordues j'avais fini.
On me tira finalement en arrière pour me ramener dans les coulisses. Je fus poussé dans une cage et l'on m'abandonna ici. Je me recroquevillai sur moi-même, posant ma tête contre un des barreaux de ma prison. J'attendis ce qui me sembla être une éternité, le silence de la pièce seulement ponctué par les exclamations lointaines du public et de l'annonceur. Au bout d'un long moment, enfin, des pas s'approchèrent de moi.
« Sortez-le, le pauvre, ordonna une voix féminine, mes serviteurs s'occuperont de l'emmener.
- Bien Madame », enchérit une voix masculine.
La porte s'ouvrit, après un cliquetis de serrure, et l'on me souleva, avant de me porter ailleurs.
Où ? Comment pouvais-je le savoir ? J'avais perdu la capacité de voir depuis plusieurs longues années.
Néanmoins, on me posa, plusieurs instants après, sur un énorme coussin d'un grand moelleux. N'ayant pas l'habitude d'un tel confort, je me calai confortablement dedans, le sommeil finissant par m'emporter malgré moi...
Ellipse
Une grande silhouette se dressait devant moi, accompagnée d'une plus petite, de la taille d'un enfant. Je me rapprochai d'eux, distinguant le visage de mon fiancé Zal et celui de mon petit frère Narel.
« Zal !! Narel !! », m'époumonai-je en me mettant à courir vers eux à toute vitesse, les larmes coulant sur mon visage.
Cependant, les ombres me jetèrent à peine un coup d'œil, se détournèrent de moi, et partirent dans le sens opposé.
« Zaaaal !!! Nareeeel !! Ne me laissez pas !! Je vous en supplie !!! ZAAAAAAAAL !!! », hurlai-je alors que leurs formes disparaissaient dans le lointain, me laissant seul, isolé, dans le noir complet.
« ZAAAAL !!! », m'écriai-je à plein poumons en me réveillant en sursaut, me redressant.
J'inspirai, puis expirai, avant de toucher mon visage, les larmes continuant de couler inconsciemment sur mes joues.
Je plaçai mes bras autour de moi, de manière protectrice, semblant chercher une once de chaleur, avant de pleurer silencieusement.
« Est-ce que ça va ?, s'enquit la même voix féminine, pas loin de moi.
- Qui êtes-vous ??, questionnai-je sur la défensive, séchant mes larmes.
- Oh chouchou, ne t'en fais pas, je ne te veux pas de mal, expliqua tendrement la voix, ses pas se rapprochant de moi.
- Le démon précédent m'a dit exactement la même chose, crachai-je en resserrant la couverture étonnamment douce sur moi.
- J'en suis désolée chouchou, s'excusa-t-elle d'un air réellement peiné, sa voix se brisant à ces mots, ce que je veux dire... Tu n'es pas obligée de me croire, mais je ne fais que récupérer les esclaves et leur donner une meilleure vie.
- Comment ça ?, fis-je en fronçant les sourcils.
- Tu... Tu n'es pas au courant chouchou ? Le trafic d'esclaves est interdit depuis plus d'une centaine d'années au moins. Je t'ai récupéré sur un marché noir, comme à peu près tous les autres, me raconta-t-elle sincèrement.
- Une centaine d'années... Mais combien de temps s'est-il écoulé dans mon monde alors ?, m'inquiétai-je, la boule au ventre et ma gorge se serrant à ses explications.
- Ton monde... La Cynérie... Le temps s'écoule de la même manière entre le tien et celui des démons. Mais tu as raison... J'ai vérifié ton entrée sur le territoire des démons, enregistré comme esclave. Chouchou, tu es arrivé ici il y a au moins 170 ans ».
Mon visage blêmit à ses mots. J'enserrai ma tête entre mes mains, sanglotant misérablement.
170 ans ?? Qu'était-il arrivé à Zal ?? À Narel ?? À tous ceux que j'aimais ?? Est-ce que... Zal m'aimait encore ou était-il avec quelqu'un finalement ?? Et Narel, je ne l'avais même pas vu grandir...
« Je suis désolé, tellement désolé », bafouillai-je entre des sanglots qui secouaient mon corps mal nourri et abîmé.
Quelque chose d'étonnamment doux et pelucheux vint se frotter contre ma joue. À cette sensation, j'écarquillai les yeux, comprenant de quoi il s'agissait.
« Désolée chouchou, si j'avais pu, j'aurais essayé de te trouver plus tôt, admit-elle, peinée.
- Non... Mais... Ce... C'est ta queue ? Tu es une renarde ??, demandai-je, incrédule.
- Oh..., avoua-t-elle avant de lâcher un petit rire, hihi oui. Je suis une démone renarde à neuf queues. Je m'appelle Solstice et je suis la maîtresse de ces lieux. Ne t'en fais pas, tant que tu seras ici, tu ne craindras rien.
- Mais j'ai entendu dire que les démons renards..., commençai-je avant de me faire interrompre, attiré dans une étreinte au parfum agréable et rassurant de lilas.
- Je suis désolée chouchou, vraiment, que celui qui t'a acheté était aussi un démon renard. Il a terni notre réputation, crois-moi, tous les démons renards ne sont pas aussi perfides que lui. J'ai cru comprendre..., murmura celle-ci en me lâchant, d'un air gêné, en prenant mes mains dans les siennes, qu'il avait... l'habitude de prendre... des jeunes mâles dans son lit.... Est-ce que toi aussi... tu ? »
Je détournai le regard, me sentant extrêmement coupable face à sa question. Je soupirai avant de lâcher un rire amer.
« Je ne suis entré dans son lit que deux fois. Et ce n'était pas la plus agréable des expériences. Mais il en voulait plus, et j'ai refusé. Il a insisté et comme je ne me laissais pas faire, il m'a volé ma vue, relatai-je le tout en riant de manière hystérique, des larmes coulant sur mon visage.
- Oh chouchou, excuse-moi. Tu n'aurais jamais dû subir tout ça. Tu as ma parole que tout ça ne t'arrivera plus jamais. Le seigneur Olem ne risque plus de te faire du mal. Il a été condamné à la peine de mort il y a plusieurs années. Et d'ailleurs son subalterne, celui que vous appeliez le démon d'argent, est mort lui aussi, m'avoua-t-elle d'un coup, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour toi ?
- Je veux rentrer chez moi, confiai-je, fatigué et complètement las, les larmes continuant de couler silencieusement.
- Chouchou... Comment te dire ? Je ne peux pas... Crois-moi, ce n'est pas que je ne veux pas, mais c'est que j'ignore comment faire. Les seuls démons, qui savent comment se rendre d'un monde à un autre, sont les chasseurs d'esclaves et ils ont, pour la plupart, emporté leur secret dans leur tombe. Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider plus.
- Je vois..., chuchotai-je, le regard perdu dans le vide.
- Mais attends, j'ai peut-être une idée, fit-elle en saisissant mes mains avec une plus grande force, je pourrais t'emmener à la source de Lindell.
- La source de Lindell ?, répétai-je, confus.
- Oui, c'est un petit lac d'une grande puissance. On dit que cette source a pour capacité de faire percevoir à l'âme ce qu'on désire le plus. Peut-être sera-t-il possible pour toi de retrouver un moyen de rentrer chez toi ?, proposa-t-elle, sa voix enjouée à cette idée.
- D'accord, acquiesçai-je en séchant mes yeux, je n'ai plus rien à perdre de toute façon.
- Je suis vraiment désolée chouchou. J'espère sinon que tu pourras vivre en paix avec les autres réfugiés sur mon territoire alors. Bien. Levons-nous, je vais t'y amener maintenant ! », s'exclama la renarde, me tirant d'un coup vers elle, me surprenant.
Tout le long, elle me tint la main, me faisant sortir de la chambre en chemise de nuit, et me raconta plein d'anecdotes et d'histoires drôles tout le long du chemin.
J'étais peut-être aveugle mais je pouvais percevoir toute la gentillesse qui émanait de cette démone. Après tout, il existait bien des mauvais cynériens, alors pourquoi pas des bons démons ?
« C'est bon, nous sommes arrivés », affirma Solstice, me tirant de mes pensées.
Elle s'avança, guidant mes pas en me tenant les deux mains. Je pouvais sentir sous mes pieds la douceur de l'herbe, sentir les effluves de parfums des fleurs alentours, quelques rayons du soleil réchauffant agréablement mes joues. Cet endroit me procurait un sentiment de plénitude et de tranquillité. Mes pieds entrèrent subitement en contact avec quelque chose d'humide, me brisant ce sentiment de paix.
« Attention chouchou, nous venons d'entrer dans l'eau, je vais t'aider à t'asseoir sur le bord », déclara la démone en m'assistant.
Je finis par réussir à m'asseoir sur le bord mou de la source, sûrement de la terre.
« Maintenant, c'est à toi, me dit-elle en me lâchant les mains.
- Que dois-je faire ?, m'enquis-je, perdu.
- Lève-toi seul et avance au centre de la source. Ne t'en fais pas, tu ne peux pas te noyer. Laisse-moi te donner un conseil chouchou, ne lutte pas et laisse la source de Lindell te guider », me conseilla-t-elle avant de reculer pour me laisser décider.
J'avais déjà pris ma décision depuis longtemps. Alors, je me levai et approchai doucement, ne sachant pas véritablement où j'allais, d'un pas qui se voulait assuré. Toutefois, je glissai brusquement et je me sentis perdre pied, coulant lentement dans l'eau.
À ce moment-là, les conseils de Solstice me revinrent en mémoire.
Rien ne m'indiquait que je pouvais lui faire totalement confiance, mais je n'avais plus rien à perdre. Ainsi, je fermai mes paupières, cessant de lutter, laissant l'eau envahir mes poumons et chaque fibre de mon être.
« Tout ce que je souhaite, c'est pouvoir revoir ceux que j'aime le plus », priai-je du plus profond de mon âme.
Au bout d'un moment, la sensation de brûlure et d'étouffement dans ma poitrine disparut. J'ouvris doucement les paupières, le noir absolu accueillant mon regard. Je tâtai devant moi, ne percevant rien. Je baissai mes yeux sur mes mains. Je lâchai un cri de surprise.
JE POUVAIS VOIR.
Enfin... mes mains n'étaient pas normales. Elles étaient d'une blancheur extrême, presque fantomatiques.
Étais-je... étais-je mort ?
Ah... À quoi bon maintenant ?
Je me recroquevillai sur moi-même, implorant Clopélia de venir me chercher et de ne pas m'abandonner dans ce noir si triste.
Seul...
...
...
C'était long...
Quand viendrait-on me chercher ?
...
...
...
Pourquoi ?
Pourquoi personne ne venait me chercher ? Étais-je voué à mourir seul ?
....
...
Zal... Narel... Vous me manquez... Je suis tellement désolé...
...
« Zéline... »
Je relevai la tête, persuadé d'avoir entendu une voix familière. Néanmoins, le spectacle qui m'accueillit me stupéfia.
Des fleurs de Lamia se succédaient les unes derrière les autres, illuminant et formant un chemin se perdant dans l'obscurité. Les ténèbres n'étaient percées que par la douce fluorescence bleutée de ces fleurs.
Une larme coula sur ma joue, émerveillé devant cette magnifique scène, l'admiration et l'espoir me saisissant la gorge.
Je pouvais voir... Je pouvais voir les Lamia...
Ni une ni deux, je me levai à toute vitesse et me mis à courir en suivant le chemin de fleurs scintillant doucement, semblant s'évaporer derrière moi en une myriade de paillettes.
JE VEUX RENTRER CHEZ MOI !!!
ZAL, NAREL, ATTENDEZ-MOI !! JE VOUS EN SUPPLIE !!
À force de courir, je finis par atteindre le bout et sautai dans le cercle de fleurs, ne réfléchissant pas une seconde de plus. Je fermai les yeux avant de les rouvrir, percevant le monde autour de moi.
L'obscurité avait laissé place à une immense étendue d'arbres, de fleurs et de différentes espèces. Je clignai des yeux, les larmes me venant aux yeux en reconnaissant l'endroit. Le cimetière. La Cynérie. Ma maison.
J'étais de retour chez moi.
Un sentiment d'euphorie s'empara de moi alors que je prenais conscience de ces faits, tombant à genoux sur l'herbe et remerciant sincèrement les fleurs qui m'avaient guidé jusqu'ici.
Des bruits de pas me sortirent de ma rêverie et j'aperçus deux silhouettes familières, marchant l'une à côté de l'autre.
« Zal... Narel... », soufflai-je, pleurant à chaudes larmes en les voyant se rapprocher de moi.
Ceux-ci semblaient plus âgés. Mon petit frère avait grandi et Zal avait bien mûri depuis la dernière fois.
Je me mis à courir vers eux, heureux de les retrouver, persuadé de la fin de ce cauchemar.
« ZAAAL !! NAREEL !! », m'écriai-je à tue-tête en me jetant sur eux, dans leurs bras.
Avant de brusquement passer à travers eux et d'atterrir sur le sol.
Qu'est-ce que ?
Il me fallut quelques instants d'hébétude, le temps que mon cerveau traite les informations après ce qui venait de se dérouler.
Je me tournai dans la direction des deux êtres aimés, agenouillés auprès d'un arbre, avant de m'approcher à nouveau d'eux, percevant leur discussion.
« J'ai amené des Lamia, Zal. Tu penses que ça lui plaira ?, s'enquit Narel d'un air pitoyable.
- J'en suis certain. Où qu'il soit, je suis persuadé qu'elles le guideront vers le chemin de la maison, enchérit mon bien-aimé Zal en souriant tristement.
- Zal... Narel... Je suis juste là..., les appelai-je doucement avec désespoir en venant me placer derrière eux.
- Il me manque tellement Zal... Mon frère me manque tellement, sanglota mon petit frère adoré.
- Je sais Narel, je sais... Il me manque beaucoup à moi aussi. Mais restons fort d'accord ? Pour lui, affirma mon fiancé, des larmes coulant également sur ses joues tout en se forçant à sourire.
- Narel... Zal... s'il vous plait... », les suppliai-je.
Je vis le cynérien retirer ses lunettes pour essuyer ses pleurs avant de les remettre sur son nez.
Je m'avançai et levai la tête pour enfin voir le cerisier en face de moi, des fleurs de Lamia dispersées tout autour. Sur son tronc... était gravé mon nom...
Ah...
Je tentai de réconforter les deux êtres les plus chers à mon cœur, avant d'apercevoir que ma main était toujours d'un blanc crémeux.
Ah...
Je comprends...
Je suis une âme...
Ils ne peuvent pas me voir...
Je les vis se lever en même temps. Narel fut le premier à partir et passa à côté de moi sans me sentir, attendant Zal plus loin. Finalement, après plusieurs longs soupirs déchirants, le cynérien se leva lui aussi et commença à partir, passant à côté de moi également.
« Zaaaaaal !! Je t'aime !! Je t'aime tellement !! Je suis tellement désolé !!! Pardonne-moi... Je suis désolé... », avouai-je alors que ma voix se brisait complètement, des larmes coulant sans cesser sur mon visage.
Ce dernier se retourna, regardant dans ma direction.
« Zal ? Que fais-tu ?, demanda mon petit frère.
- Je... J'ai cru entendre la voix de Zéline pendant un instant... Ce ne devait être que le fruit de mon imagination... », murmura-t-il, un chagrin infini se reflétant dans ses beaux yeux noirs.
Ainsi, leurs figures finirent par disparaître à l'horizon, me laissant seul ici.
Je restai debout un long moment à fixer d'un regard vide le lointain. Alors, au bout d'un certain temps, je finis par m'asseoir au pied de mon arbre, attendant.
J'attendais. Un signe. Je ne sais pas. Je n'avais même plus assez de force pour pleurer et plus assez d'espoir pour me rassurer. Alors... il ne me restait plus qu'à attendre.
Le bracelet à mon poignet me parut soudainement lourd.
Je ne sus combien de temps s'écoula. Je vis plusieurs familles passer et rendre visite à leurs proches. Je ne pouvais communiquer avec personne. J'étais seul... ignorant même comment retourner dans mon propre corps. J'étais coincé ici. Pour l'éternité...
...
S'il vous plaît...
Quelqu'un... Aidez-moi...
Je veux juste rentrer chez moi et vivre avec ceux que j'aime...
Je vous en supplie...
...
...
Pardon...
...
Aidez-moi...
« Bah, qu'est-ce que tu fais là ? »
Pardonnez-moi...
Je vous en supplie...
« Ohé ??? C'est à toi que je parle l'endormi !! »
Quelque chose vint obstruer ma vue, une sorte de... nuage ? Celui-ci avait un visage très étrange qui changeait sans arrêt, ressemblant à des émojis qui défilaient.
Je clignai alors des yeux, confus.
« C'est... C'est à moi que tu parles ? », m'enquis-je en me pointant du doigt.
« Bah non, à l'arbre derrière toi. Bah oui ! Bien sûr que c'est à toi que je parle !! (╯°□°)╯︵ ┻━┻ Y a que toi ici !! »
« Mais je... Mais tu peux me voir ?? », questionnai-je, de plus en plus surpris par la tournure des événements.
« ÉVIDEMMENT !! Je suis un système, donc bien sûr que je peux te voir ! ( ̄Д ̄) Quelle question !! »
À ces mots, je me mis à pleurer de manière incontrôlable. Sa voix se fit inquiète et ce nuage se rapprocha de moi.
« Hé est-ce que ça va ?? Au fait, pourquoi une âme comme toi se trouve ici ?? Tu ne devrais pas être au cycle de réincarnation ?? ('・_・') »
« Je... Non... Je ne suis pas mort... Je suis coincé dans un autre monde... C'est une longue histoire », soupirai-je.
« Vas-y, j'ai tout mon temps ( ' ∀ ' ) »
Sa voix était douce et rassurante, comme celle de Solstice, quoiqu'un peu plus grave et masculine.
Je pris alors le temps de raconter tout ce qui m'était arrivé depuis ma rencontre avec la démone renarde à neuf queues.
À la fin de mon récit, le nuage semblait être pensif.
« Donc, si je comprends bien Zéline, tu es coincé dans le monde des démons ? »
« C'est exact, confirmai-je avant qu'un doute ne m'étreigne, comment m'as-tu trouvé au fait ? Tu... Tu es venu collecter mon âme ? »
« Hein ??( ゚Д゚) Bien sûr que non !! Je ne suis pas un faucheur ou je ne sais quoi !! Je suis euh... plus un esprit ou quelque chose dans ce genre mon cher ! J'ai juste entendu tes appels à l'aide. Je m'appelle Auteur au fait (。◕‿◕。) »
« Oh je vois..., soufflai-je, rassuré, que puis-je faire maintenant ? »
« Hmm. Il faut d'abord que tu retournes dans ton corps, je peux t'y renvoyer si tu veux. Et après je viendrai te chercher ! \(ᵔ∀ᵔ)/ »
Je me figeai, les informations lentement traitées dans mon cerveau, avant qu'un déclic ne se fasse.
« Tu ? Tu... Tu viens me chercher ?? Pour... Pour me ramener chez moi ? En Cynérie ? », questionnai-je, les yeux emplis d'espoir.
« Bah bien sûr, où te ramènerais-je sinon ? ( ̄Д ̄) ? »
« Je... Je... Merci... », remerciai-je sincèrement, des larmes de joie coulant sur mon visage, prenant le nuage et le serrant contre moi, constatant à quel point il était doux et moelleux.
Celui-ci s'extirpa de ma poigne promptement avant de me regarder d'un air un peu confus.
« Euh de rien ? Bref ! Je vais te renvoyer sur-le-champ ! Attends-moi dans cette source de Lindell, le temps que j'arrive !!(〜^∇^)〜 »
Alors que ma vision s'obscurcissait, j'entendis sa voix lointaine.
« Attends-moi hein !! »
Puis, ce fut le noir complet.
Et la douleur se fit ressentir dans tout mon être. Je gémis doucement avant qu'une main ne vienne tendrement se poser sur mon front.
« Ça va chouchou ? J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais ! J'ai vraiment eu peur !, s'exclama d'un air peiné la renarde.
- Non... Ça va..., marmonnai-je, sentant tous mes muscles endoloris.
- Ne bouge pas chouchou, il faut que je te ramène pour te soigner, affirma-t-elle en commençant à me placer sur une de ses queues doucereuses et touffues.
- Non ! Non !!, m'écriai-je en ouvrant grand les paupières, je dois rester là !! »
Elle sembla désarçonnée à ma réponse, un long silence confus s'ensuivant à ma réponse. Pour ma part, le monde avait de nouveau disparu à mes yeux, remplacé par une opacité totale.
« Chouchou, raconte-moi ce qui s'est passé pendant tout ce temps où tu étais absent, me chuchota-t-elle avec gentillesse, me laissant allongé sur trois de ses queues.
- D'accord », agréai-je avant d'entamer un énième récit de ma journée.
Alors que je le terminais, la renarde caressa affectueusement mes cheveux.
« Chouchou, je suis ravie que quelqu'un ait le moyen de te ramener. J'espère qu'il tiendra parole ! », remarqua-t-elle.
Je hochai la tête, l'écoutant d'une oreille distraite déblatérer sur divers sujets. Cependant, l'épuisement me parvint, me rendant ensommeillé.
« Merci... Solstice... », la remerciai-je, à moitié endormi sur la fourrure confortable de ses queues.
J'entendis seulement son rire léger et cristallin avant de sombrer, malgré moi, dans un sommeil profond.
Je maugréai quelque chose avant de me réveiller, me sentant subitement ailleurs. J'étais sur le dos de quelqu'un, mais de qui ?
« Qui ? Où suis-je ?? », balbutiai-je, confus, ne pouvant percevoir l'environnement autour de moi.
« Ola ! Calme-toi ! C'est moi !! »
Je m'assagis immédiatement en reconnaissant la voix masculine.
« Oh ! C'est toi, tu es venu ! », m'exclamai-je, ne pouvant contenir la joie dans ma voix.
« Bah bien sûr que je suis venu ! J'ai promis de te ramener, je vais le faire ! ๑(ᵔωᵔ)๑ »
Je fronçai légèrement les sourcils, ne comprenant pas pourquoi je pouvais distinctement voir ses émojis et pas le monde autour de moi.
« C'est parce que je parle directement à ton âme et pas juste à tes yeux »
« Ah bon ? C'est pour cette raison que je pouvais voir quand j'étais sous forme d'âme ? », m'enquis-je, curieux, resserrant mes bras autour du cou de l'autre personne.
« L'âme voit des choses que les yeux ne peuvent pas »
« C'est si profond », murmurai-je, pensif.
Le nuage-humain rit de ma réponse et le reste du trajet se déroula dans un silence confortable, excepté pour le bruit des portes qui s'ouvraient et se fermaient ainsi que celui... d'une machine à écrire ?
« Et Solstice au fait ?, interrogeai-je, inquiet, je ne l'ai jamais vraiment remerciée pour son aide... »
« Ne t'en fais pas, elle le sait. Elle souhaite juste que tu puisses rentrer chez toi »
« Je vois », murmurai-je, sincèrement reconnaissant envers cette démone qui m'avait aidé de bon cœur.
Le silence reprit après ce dialogue.
Après ce long moment, le bruit de la circulation et de la ville me parvint. J'écarquillai les yeux à ce son.
« Sommes-nous ? », débutai-je, incertain.
« Oui, nous sommes bien en Cynérie, Zéline ! ヾ(≧∀≦*)ノ Là, je t'amène juste à l'hôpital pour que tu puisses être soigné et te reposer. Ne t'en fais pas, je m'occupe de tout ! Donc, reste là-bas, d'accord ? »
« Oui... Merci... Merci... Vraiment, merci, merci, merci, merci, répétai-je en boucle, pleurant à chaudes larmes, me sentant profondément redevable envers cette personne, merci encore, merci, tellement, merci... »
« Je... Vis juste ta vie comme tu l'entends maintenant, Zéline. Et tu n'as pas à me remercier, c'est mon devoir, alors ne t'en fais pas ».
Je continuai de pleurer silencieusement, remerciant encore et encore cet esprit qui m'avait sauvé la vie et ramené chez moi sans rien demander en retour.
Je me sentis soudainement déposé dans un lit, aux couvertures douces et au matelas douillet.
« Reste ici, je m'occupe de tout pour te redonner ton identité, justifier ta présence et faire venir ceux que tu aimes »
« Je... Je, merci... Je ne sais quoi dire... merci pour tout », remerciai-je une énième fois.
« Je... De rien... Au fait, je suis incapable de te rendre la vue... mais, je peux faire en sorte que ta vie soit plus facile tout de même »
Je penchai la tête sur le côté sans comprendre, mes longs cheveux suivant le mouvement.
D'un coup, je clignai des yeux et je pus percevoir les formes environnantes, toutes grisâtres.
« Tu ne pourras pas voir le monde dans sa globalité, mais tu pourras discerner les contours de tout ce qui t'entoure. J'espère que ça te va... »
Je demeurai silencieux, ne sachant comment remercier cette personne pour tout ce qu'elle avait fait pour moi.
« Je... Non. Merci. Merci pour tout », déclarai-je en souriant, heureux.
« Alors, tant mieux. Je te souhaite un bon rétablissement, Zéline ! Nous nous reverrons, ne t'en fais pas !! o( ・∇・)o Au revoir !! ⊂(ᵔωᵔ)つ »
Et sur ces paroles, l'inconnu se volatilisa, comme s'il s'était simplement évaporé.
Je me calai confortablement dans le lit, remarquant que mes anciens vêtements avaient laissé place à une robe blanche, à moins que ce ne soit la tenue d'hôpital ? Je l'ignorai. Le collier en métal autour de mon cou avait définitivement disparu lui aussi.
Je triturai entre mes doigts le bracelet porte-bonheur. Peut-être était-il aussi responsable de mon retour en Cynérie ?
Je secouai la tête puis reportai mon regard vers l'extérieur. J'ouvris la fenêtre et laissai l'air doux du dehors ainsi que les rayons du soleil me caresser la joue. Je fermai les paupières et me laissai envahir par ce même sentiment de plénitude que m'avait apporté la source de Lindell.
Je ne sus combien de temps s'était écoulé avant que la porte de la chambre ne s'ouvre en grand et j'aperçus alors des formes familières se précipiter vers moi, appelant mon prénom :
« Zéline !, fit mon frère en se jetant à mes côtés.
- Zéline... »
Je souris chaleureusement dans leur direction. Je les vis se paralyser d'un coup. Zal vint me saisir l'autre main et de sa voix grave, suave, douce et profonde, déclara :
« Zéline... Je... Tes yeux...
- Ce n'est rien. Rien comparé au fait de me retrouver ici, affirmai-je, des larmes de bonheur pur coulant sur mes joues.
- Zéline !! Mon frère !! Tu es enfin revenu !!, s'exclama Narel en m'enlaçant, pleurant sans s'arrêter contre ma poitrine.
- Ça va aller, Narel, je suis là, le confortai-je en caressant d'une main son dos.
- Zéline... Je... Tu m'as tellement manqué mon amour... », me confia mon fiancé en se rapprochant de moi, gardant sa main entrelacée dans la mienne.
Il déposa ses lèvres sur les miennes et entama un long baiser langoureux, nécessiteux, plein de désespoir entre nous. Il cessa au bout de quelques secondes puis vint poser son front contre le mien, fermant ses yeux, son autre main venant se poser dans mon cou, comme pour vérifier si ma présence était bien réelle.
« Zéline, je suis tellement heureux de te retrouver. Tu n'imagines pas à quel point tu m'as manqué... Pardonne-moi, je suis désolé, désolé de ce qui t'est arrivé..., enchérit mon bien-aimé d'un air coupable.
- Non, ce n'est pas ta faute. Je ne t'en veux pas. N'en parlons plus, s'il te plaît..., le suppliai-je, je veux juste oublier tout ce qui s'est passé avant. Je veux... Je veux juste être sûr d'être bien rentré.
- Oui grand frère, confirma mon cadet en relevant la tête, restant dans mon étreinte, tu es bien en Cynérie.
- Je... Tu es bien en Cynérie, Zéline, ne t'en fais pas », affirma également mon aimé.
Mon petit frère se retira et se déplaça sur le côté. Les deux vinrent alors m'enlacer, de manière à ce que je puisse les prendre tous les deux dans mes bras, ma tête sur leurs épaules, entre leurs cous. Pleurant eux aussi de joie, ils me souhaitèrent ensemble d'une même voix :
« Bienvenue à la maison, Zéline »
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Coucou !! Voilà enfin le chapitre Zéline ! Je vous conseille vivement de l'avoir lu avec la musique, elle est sublime <3.
Alors ? Qu'en pensez-vous ? Avez-vous bien aimé ? Pauvre Zéline... Mais au moins, il est de retour !!
Qu'avez-vous pensé de Solstice au fait ? (Moi, je l'ai beaucoup aimée !!). Et Auteur ? Alors ?
D'ailleurs !! J'ai sorti 3 galeries des personnages avec ce chapitre, n'hésitez pas à aller les voir pour savoir à quoi ressemblent les personnages hihi (elles sont au début, juste après le prologue).
Anecdote, la dernière phrase "Bienvenue à la maison, Zéline" est la première que j'avais écrite. Le chapitre Zéline DEVAIT terminer sur cette phrase UwU. Je la trouve incroyable. Pas vous ?
Bref... ben... il ne reste plus qu'un chapitre histoire ! Et c'est celui de Orias ! Enfin ! En même temps, il va pouvoir définitivement clôturer la fin de la première partie ! Après commencera la deuxième partie et la dernière galerie de personnages UwU.
Sur ce, j'espère que vous avez apprécié la lecture et à la prochaine !
FF
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