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La journée avait bien commencer, Mariah avait finit de livrer ses premiers remèdes en répétant les recommandations de sa mère, après avoir vérifier l'état des malades. Elle s'apprêtait à rentrer pour récupérer et délivrer les dernières fioles que sa mère avait préparer lorsqu'elle fut arrêtée. Une main agrippa son bras et la traîna entre deux maison, à l'écart du chemin et des regards indiscrets.
La personne n'avait pas prononcer le moindre mot et possédait une force qui empêchait la jeune femme de résister. Elle commença à se débattre et s'apprêtait même à crier pour alerter les rares passant qui osait affronter l'air glacial de l'hiver, mais une main couvrit sa bouche, étouffant sa vaine tentative d'échapper à cette personne.
La jeune femme eut l'impression que son coeur cessait de battre. La peur prit le contrôle de son corps et elle se mit à trembler, ce qui n'avait rien à voir avec le froid.
- Ne cris pas.
La voix de l'homme derrière elle était familière. Lorsque la prise de celui-ci se relâcha, elle retira la main qui couvrait sa bouche et se retourna. James se tenait devant elle, la mine amusé. Soulagée que ce ne soit pas un inconnu qui lui voulait du mal, la jeune femme soupira et s'adossa au mur de l'habitation la plus proche, le temps de reprendre entièrement le contrôle de son corps.
- Imbécile, tu m'as fait peur.
Pour se faire pardonner, le jeune homme l'embrassa délicatement. Lorsqu'il recula, son regard affichait une question. Elle n'eut aucun mal à deviner ce qu'il allait lui demander.
- Tu as parlé à ta mère ?
Exactement la même question que la veille au soir. Celle à laquelle elle s'attendait. Depuis le temps qu'elle faisait traîner les choses, il avait le droit de se montrer impatient. De plus, James n'était ni sourd, si aveugle. Il avait très bien remarquer que les gens du village parlaient dans le dos de la jeune femme. Cela l'insupportait plus que tout. Il avait hâte d'officialiser leur fiançailles et de faire ravaler leurs mauvaises paroles aux commères.
Le sourire lumineux de la jeune femme le rendit fou de joie. Il n'avait pas besoin de l'entendre, les yeux de Mariah parlaient pour elle.
- Elle est heureuse pour nous et sera ravie de nous aider avec les préparatifs. Ils ne nous reste plus qu'à en informer le Pasteur Parrish.
James promis de s'occuper de cela dans la semaine. Après un langoureux baiser, ils se séparèrent pour vaquer chacun à leurs occupations. Le jeune homme devait accompagner son père pour vérifier les pièges placés dans les bois et ramener le gibier au boucher. Mariah, quant à elle, devait se hâter. Elle devait récupérer et livrer d'autres remèdes rapidement, ainsi qu'ausculter les personnes atteintes de maladie.
Le journée fut bien longue pour la jeune femme. Entre les applications d'onguent, les recommandations de consommation qu'elle devait répéter plusieurs fois et les regards mauvais et remarques désobligeantes de certaines personnes, elle ne voulait qu'une chose : rentrer au chaud et aider sa mère à préparer le repas.
Elle espérait sincèrement qu'après le mariage, James et elle partiraient loin de ce trou et de ses habitants à l'esprit moyenâgeux. La jeune femme ne laissait rien paraître, mais les remarques de ses voisins, que ce soit au sujet de sa mère ou d'elle, l'affectaient beaucoup.
Lorsqu'elle termina sa tournée, la nuit commençait déjà à tomber. La chaleur de la bâtisse fut réconfortante pour la jeune femme transit de froid. Le feu crépitait encore dans la cheminée de la cuisine où Ilda s'affairait encore à préparer des remèdes pour différents maux et qui nécessitaient au moins une nuit de repos. Le matériel utilisé traînait toujours sur la table qui s'était recouverte de substances huileuses au cours de la journée.
Mariah pouvait voir que sa mère n'avait pas chômer. Plusieurs contenants pleins monopolisaient une étagère, les couvercles ouverts pour les laisser reposer à l'air libre et conserver les bienfaits.
- Je pense que cela suffit pour aujourd'hui, tenta-t-elle de l'arrêter.
La quinquagénaire affichait une mine fatiguée et ses cheveux bien coiffés en début de journée étaient à présent ébouriffés. Des mèches d'échappaient de sa coiffe et la sueur perlait sur son visage. Les tremblements de ses mains témoignaient de son épuisement.
- Je termine ça et j'arrête, promit-elle.
Sa fille l'aida à finir la préparation et à nettoyer les ustensiles restant avant de préparer la table pour le repas du soir. Mariah raconta à sa mère sa rencontre avec James le matin même et le sujet dévia peu à peu vers le mariage et ses préparatifs. La jeune femme exposa ses envies plus ou moins abordables concernant la robe de mariée.
- Il devra quand même me demander ta main lui-même, prévint soudainement Ilda. Avant d'aller voir le pasteur Parrish. Ce n'est pas parce que ton père n'est plus là que nous devons abandonner les bonnes manières.
La jeune femme acquiesça silencieusement. L'évocation de son père lui serra le coeur. Il ne serait pas là pour assister au bonheur de sa fille. C'était à lui que James aurait dû demander sa main directement, avant de revenir plus tard avec un gage de son affection. Elle ne cessais de se poser des questions à chaque fois qu'elle prenait une grande décision dans sa vie, ou qu'elle avait de nouvelles fréquentations : Que penserait-il ? Aurait-il apprécié James ? L'aurait-il trouvé digne de sa fille ?
Ilda sembla remarquer le trouble de sa fille.
- Il aurait été heureux en sachant que toi, tu l'es.
Les deux femmes gardèrent le silence un moment. Chacune se remémorait les moments passés avec le patriarche. Il leur manquait tant.
C'était un mari, un père et un homme exemplaire de son vivant. Lorsque Ilda et lui s'étaient mariés par convenance, l'homme avait très vite remarqué l'intérêt que sa jeune épouse portait à sa profession. Lorsqu'il n'avait pas la solution à un mal, c'était elle qui la lui apportait. Dès l'hors, ils avaient décidé de travailler ensemble, partageant chacun ses connaissances avec l'autre.
Le fait qu'Ilda travail avec son mari pour guérir les villageois de leurs maux avait beaucoup fait parler. Ce n'était pas le rôle d'une femme. Non, les femmes étaient faites pour rester au foyer, préparer à manger et faire des enfants. Rien de plus.
Cependant, au fil du temps, les villageois avaient peu à peu accepté l'idée que la jeune guérisseuse ne se conformait pas à son rôle. Au bout de quelques mois, le couple avait annoncé l'arrivée prochaine d'un bébé qui s'était avéré être une magnifique petite fille. Après la naissance, Ilda passait moins de temps à aider son mari pour s'occuper de leur enfant.
Quelques années plus tard, une violente fièvre avait emporté l'homme qui avait pourtant tout essayé pour s'en sortir, laissant une épouse et une fille dévastées. Mariah avait contracté les mêmes symptômes, mais s'en était miraculeusement sorti.
La jeune fille n'avait cessé de s'en vouloir d'être tombée malade juste après lui. A l'époque, elle n'avait que huit ans, mais avec le temps, elle avait compris que si son père adoré était décédé, c'était parce qu'il manquait de médicaments. Il avait dû les partager avec l'enfant et d'autres personnes atteintes par la fièvre dans le village. Si Mariah n'était pas tombée malade, son père aurait peut-être pu s'en sortir.
Le Pasteur Parrish prétendait que s'était la volonté de Dieu de sauver un enfant, mais de le priver de son père quelques jours plus tard. Peut-être, mais depuis ce jour, où elle avait vu le cadavre de son père se consumer à l'écart des habitation, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la culpabilité... et du ressentiment vis-à-vis de ce Dieu qui avait privé le village d'un guérisseur. Un homme qui avait dédié sa vie à soigner les autres.
Le jour où la jeune fille, alors âgée de quatorze ans avait évoqué cette pensée, elle s'en souviendrait toute sa vie. La soufflante lui brûlait encore la joue. C'était la première et seule fois où sa mère avait porté la main sur elle.
- Ne dis plus jamais ça, l'avait-elle averti. Tu dois garder ce que tu penses pour toi si tu ne veux pas d'ennui.
Depuis ce jour, la jeune fille n'avait plus osé évoquer ses pensées devant qui que ce soit, mais elle n'en pensait pas moins.
C'est avec nostalgie et tristesse que la mère et la fille débarrassèrent la table et partirent se coucher, à la lueur d'une bougie.
Ce sont des acclamations provenant de l'extérieur qui réveillèrent Mariah, tôt le lendemain matin. Le soleil était à peine levé à l'horizon, mais beaucoup de villageois semblaient déjà bien réveillés. En jetant un oeil par la fenêtre, la jeune femme pu apercevoir un groupe de badauds se diriger en hurlant vers la chapelle, au centre du village. Elle distingua vaguement quelques mots dans tout se raffut. Quelqu'un avait-il lancé une nouvelle rumeur pour animer le village ?
Mariah ne perdit pas de temps et s'habilla avant de se rendre dans la cuisine. Comme elle s'y attendait, sa mère était déjà levée. Elle était cependant encore en chemise de nuit et avait le visage collé à la vitre. Son air soucieux inquiéta d'autant plus la jeune femme qui s'approcha pour voir de plus près.
Ilda sursauta lorsque sa fille surgit à côté d'elle.
- Que se passe-t-il ?
- Je n'en sais pas plus que toi, ma fille.
La matriarche se détourna et se dirigea vers la porte d'entrée, attrapant sa cape au passage. Mariah la suivi sans hésiter, curieuse, elle aussi de savoir ce qu'il se passait dans leur village habituellement si tranquille.
Les deux femmes suivirent leurs voisins qui continuait de clamer avec virulence. Quelques mots parvinrent à leurs oreilles et ceux-ci leurs glacèrent le sang.
- Sorcière !
- Le diable est parmi nous !
La folie de la chasse aux sorcière avait donc atteint leur village. Il fallait s'en douter. La moindre activité suspecte pouvait être considérer comme de la sorcellerie. Il en allait de même pour les personnes ayant eu la malchance de naître avec une malformation ou une tâche de naissance.
Jusqu'à présent, rien n'avait perturbé la tranquillité du village. Même les reclus menaient une vie tranquille, bien que retraites. Ils n'étaient simplement pas invités à participer aux événements importants.
Le spectacle que se déroulait devant les yeux de Mariah semblait irréel. Elle pouvait apercevoir que des hommes agrippaient les bras d'une femme et la traîner vers la chapelle. De dos, elle ne pouvait distinguer de qui il s'agissait, mais la couleur de sa peau indiquait qu'il s'agissait d'une bonne.
Celle-ci se débattait de toutes ses forces, tentant vainement de se dégager de leur poigne. Le groupe en colère fini par s'arrêter devant la maison du maire qui ne tarda pas à sortir, seulement couvert d'une robe de chambre par dessus sa chemise de nuit.
- Mais enfin que se passe-t-il ? tonna-t-il incrédule.
Les voix se turent progressivement lorsqu'un homme vêtu d'une robe noir s'avança jusqu'aux limites de la propriété. C'était le Pasteur Samuel Parrish. Mariah jeta un regard à sa mère qui semblait tout aussi surprise qu'elle par cette apparition. Elle ne l'avait pas vu non plus lorsqu'elles avaient suivi le groupe.
La mère et la fille ne détournèrent pas leur attention de la scène, attendant comme le chef de village, une réponse à ce raffut matinale.
- Monsieur, les sorcières sont parmi nous !
L'homme d'église pointa la captive du doigt qui, fatiguée de se débattre, avait cessé tout mouvement et gardait la tête baissée.
- Cette femme à ensorcelé ma fille et ma nièce !
La frénésie reprit en intensité, couvrant les explications du Pasteur et agaçant fortement le maire qui exigea d'abord de voir les enfants. Un voisin de l'homme d'église s'éclipsa et revint quelques minutes plus tard avec les deux jeunes filles qui ne semblaient pas comprendre ce qu'il se passait. Abigail Williams et Betty Parrish n'avaient pas l'air atteintes d'un quelconque mal. Enveloppées dans leurs capes, elles coururent toutes guillerettes vers le Pasteur qui les regardaient avec gravité. Betty s'arrêta et observa son père sans piper mot, avant que son sourire ne s'élargisse. La jeune fille se tourna vers sa cousine et ouvrit la bouche.
La réaction des villageois fut violente lorsque des sons s'en échappèrent. C'était bien des mots que l'enfant prononçait, mais ceux-ci n'étaient pas anglais et une voix guttural qui n'était pas la sienne, cela rendait en effet la chose inquiétante.
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