Le prologue a un rôle bien différent du chapitre qui suit. Il est facultatif et sa lecture pourrait en être omise par le lecteur sans pour autant l'empêcher de comprendre le reste du livre. C'est une entrée en matière qui ne fait pas partie du schéma narratif principal. Le prologue apporte un éclairage, un point de vue différent sur l'histoire que vous allez raconter.

En principe ou plutôt historiquement, le prologue décrit un évènement antérieur à l'action principale du livre, d'où son suffixe « pro ».  Il est alors utilisé pour présenter :

- l'environnement / contexte de l'histoire, en particulier pour les littératures de l'imaginaire. On y présente alors l'univers dans lequel on va évoluer. Attention cependant de ne pas être trop long, trop complexe sinon vous perdrez le lecteur. Ce serait dommage de le décourager d'emblée. On considère généralement que 3 à 5 pages suffisent.

- un scène de crime, dans le cas d'un roman policier. Le prologue va alors servir à éveiller l'intérêt du lecteur et permettre de commencer ensuite le déroulement du récit de façon plus lente et prendre le temps d'introduire l'enquêteur par exemple ou la victime.

Il peut aussi permettre d'utiliser un autre point de vue que celui du reste du livre. 

Enfin,  de temps en temps, il présente une scène qui se situe juste à un autre moment que celui du chapitre 1 et peut même  indiquer un présage, ou un évènement ultérieur. L'auteur peut donc prendre des libertés. L'objectif est qu'il mette en appétit le lecteur. Souvent, il est utilisé  pour dynamiser un début qui sinon serait un peu long.

Certains n'apprécient pas le prologue et ne le lisent pas.  Certains ne le lisent que plus tard dans le récit. Il faut vraiment le prendre comme une annexe détachable. Votre histoire débute au chapitre 1. L'insertion du prologue est une affaire de construction. Vous estimez que votre récit y gagnera en ajoutant ces quelques pages. Vous pensez que cela ne cassera pas l'intrigue ou que l'histoire ne peut pas totalement être bien appréhendée sans les explications données dans ces précieuses pages que l'on pourrait finalement choisir de lire plus tard. Pour ma part, j'ai longuement réfléchi au prologue pour « Alagan » . Au départ je n'en avais pas. Puis j'en ai créé un que j'ai finalement déplacé ailleurs. Finalement, la scène que j'ai aujourd'hui dans le prologue est clé. Elle ajoute au mystère et a été conçue pour tromper les apparences. Le prologue est une scène que vous pouvez créer au tout début ou au contraire, tout à la fin, une fois que votre histoire est finie.

Le prologue n'est pas facile à construire. Il doit être savamment orchestré. Il est souvent plus difficile à écrire. L'éditeur va généralement aller le lire pour juger immédiatement de votre qualité de construction et de votre style. Si vous l'avez perdu dans votre prologue, il n'ira pas lire la suite. Donc réfléchissez bien avant d'en mettre un. Si vous n'êtes pas certain, commencez sans. Il sera toujours possible d'en ajouter un, plus tard.

Il ne faut pas confondre le prologue utilisé dans la fiction avec : 

- la préface : un texte introduit par un tiers généralement avec une certaine renommée pour présenter et recommander l'ouvrage.

- le préambule : rédigé par l'auteur, il donne un résumé ou un éclaircissement, nécessaire à la compréhension de l'histoire. Le préambule ne fait pas partie du récit. C'est un peu une voix off qui explique comment appréhender l'histoire qui suit.

- L'avant-propos : rédigé par l'auteur, il ne parle pas du récit lui-même mais de certains faits qui ont conduit l'auteur à écrire le récit. Il présente les intentions et l'origine du livre.

- L'avertissement :  permet de prévenir le lectorat vis-à-vis de la sensibilité de certains sujets (scènes de violence, à caractère sexuel, etc..)