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Six Heures

1

Peu importe à quel point l'humeur de Hansol était mauvaise, il ne pouvait nier la beauté de l'île de Jeju. A peine y avait-il mis les pieds qu'il avait eu vue sur le bleu profond de l'océan et les allées éclairés par des lampadaires déguisés en torches anciennes. Des escaliers en pierre reliaient des enseignes –restaurants, boulangerie et autres tout confondus– aux longues promenades de bois qui longeaient le sable. Le doux vent frais de soirée avancée portait le son des vagues jusqu'à ses oreilles et même si les lieux étaient fréquentés, ils étaient incroyablement calmes ; Jeju ressemblait à un paradis terrestre et Hansol était définitivement conquis.

Du moins, jusqu'à ce qu'il arrive au lieu de logement qu'il partagerait quelques temps avec sa famille. Il s'agissait de l'extension de la maison d'une vieille dame que celle-ci louait afin d'avoir une entrée d'argent supplémentaire. Les lieux auraient pu être charmants s'il n'y avait pas un jardin à l'abandon, un ou deux chats errants à l'air fou et de la mousse partout sur les murs et escaliers de la bâtisse –comment cela était-il même possible ?

« Comme c'est charmant ! » s'était exclamée sa mère. Elle aimait vraisemblablement les endroits à l'abandon...

La propriétaire des lieux se traîna vers eux avec un peu de difficulté et monsieur Vernon-Chwe la salua avant de lui donner une enveloppe contenant une partie de la somme qu'il devait verser pour le temps des vacances ; ils échangèrent quelques mots et la vieille femme les laissa s'installer dans l'extension.

Ce n'était pas très grand, il y avait juste deux chambres, un salon avec cuisine ouverte, des toilettes et une salle de douche minuscule –il n'y avait même pas de lave-linge, Hansol s'en plaint.

« Jeune homme, il est hors de question que l'on dépense des milles et des cents pour des chambres à l'hôtel et puis il serait temps que tu gouttes à autre chose que le luxe dans lequel tu vis à Séoul. Alors tu vas me faire le plaisir de déballer tes affaires et de te préparer pour que nous sortions dîner ; et dans la bonne humeur, merci ! » L'adolescent avait jeté un dernier regard à son père avant de se rendre dans la chambre qu'il partageait avec sa petite sœur Sofia afin d'exécuter les ordres donnés. Une fois fait, il enfila une simple veste en jeans et il rejoint ses parents à l'extérieur de la maison.

Alors qu'en rentrant, ses parents et sa sœur avaient décidé de faire une partie de carte, Hansol, toujours de mauvaise humeur, était partie se coucher sans plus.

Le lendemain, il fut le premier réveillé et ce fut la faim qui le força à se lever. Discrètement, il quitta la chambre et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit le frigidaire puis tous les placards pour constater qu'il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent ou quoique ce soit d'approprié pour un petit-déjeuner.

« Cette vieille est si fauchée qu'elle ne peut pas remplir ses placards de bouffe ? C'est dingue... » il soupira et enfila un jogging, un sweat-shirt et une paire de baskets avant de quitter la maison. Toujours le plus discrètement possible.

Il avait pris l'initiative de trouver le petit-déjeuner et le ramener à sa famille. La veille, il avait repéré quelques magasins alimentaires près de la plage et c'est là qu'il décidait de se rendre.

Il descendit une longue pente et une fois arrivé en bas de celle-ci, tomba nez à nez avec le parc et la plage. A sa droite et à sa gauche se trouvaient quelques boutiques alignées face à la mer. Malheureusement, elles semblaient toutes fermées, il s'était peut-être levé trop tôt.

Il allait faire demi tour quand une faible odeur de pain chaud attira son attention. Elle venait clairement de sa droite ; il décida de s'y diriger. Plus il avançait, plus Hansol pouvait identifier d'autres odeurs de nourriture. Il sentait l'odeur des tartes aux pommes et des gâteaux au chocolat, des croissants dorés et de baguettes croustillantes. Par réflexe, il fouillait son porte-monnaie pour calculer encore et encore quelle somme il possédait –ce serait bête de ne rien pouvoir s'acheter– jusqu'à ce qu'il trouve la boulangerie-pâtisserie qui laissait ses odeurs flotter sur toute cette partie de l'île.

« Boulangerie-pâtisserie Jwa.» lit Hansol au dessus de la porte dans un souffle impatient.

Il entra sans prendre la peine de jeter un regard à la personne présente derrière le comptoir ; il était hypnotisé par le nombre conséquent de mets dans les présentoirs. Au bout d'un certain temps, Hansol décida de prendre deux pains au chocolat pour ses parents et deux éclairs au chocolat pour Sofia et lui.

Il leva enfin les yeux vers le boulanger. Il s'était attendu à voir un monsieur avec une grosse bedaine mais il s'était retrouvé face à un petit gars. Il avait des cheveux blonds –une teinture, à coup sûr– qui lui tombait sur ses sourcils marrons très droits mais aux extrémités arrondies. Ses yeux marrons foncés possédaient des cils noirs très fournis, lui faisant un regard de biche incroyablement charmant et ses joues proéminentes donnait l'impression qu'ils souriaient sans cesse. Son nez n'était pas compressé entre les deux morceaux de chaire de chaque côté de son visage rond et le bout du nez bien arrondie et lisse se dressait fièrement. Ses jolies lèvres fournies étaient bien roses et se séparaient pour offrir un sourire poli à Hansol. Il ressemblait à un ange.

« Bonjour ! Que puis-je vous servir ?»

Hansol qui ne revenait pas de tomber sur quelqu'un d'aussi magnifique dans une boulangerie-pâtisserie, resta muet. Le visage du boulanger se décomposait, inquiet pour la santé de son client. Cependant, son sourire réapparu quand Hansol reprit ses moyens et dit :
« Deux éclairs au chocolat, s'il-vous-plaît.»

Hansol observa le jeune boulanger glisser rapidement du côté des pâtisseries et faire coulisser la vitre pour accéder aux préparations. Avec habilité, il saisit deux éclairs et les mit dans une petite boîte en carton préparée à l'occasion.

Il l'a tendit à Hansol et annonça : « Cela fera 4 574 won (environ 3,60€).»
L'américano-coréen s'empressa de donner la somme au boulanger et quitta la boutique.

Il ne se rendit compte qu'il avait arrêté de respirer qu'une fois que la porte se ferma derrière lui. Hansol prit la direction de la maison de vacances, encore perturbé. Il ne remarqua pas les papillons se remuer dans son estomac.

Peu avant la montée qui l'emménerait au terrain de la vieille femme, Hansol baissa les yeux vers la boîte qu'il tenait fermement entre ses mains et se rendit compte qu'il manquait les pains au chocolat pour ses parents. Il fit immédiatement demi-tour.

Le boulanger n'avait pas bougé de derrière son comptoire et le revoir en face de lui confirma que Hansol ne l'avait pas imaginé une dizaine de minutes plus tôt.

« Bonj... Ah c'est encore vous. Il y a un problème avec les éclairs ? Pas assez de chocolat dedans, peut-être ? Je suis vraiment désolé ! Je...
– Non, non ce n'est pas ça. C'est juste... Puis-je avoir deux pains au chocolat s'il-vous-plaît ? Et une baguette aussi.»

Le boulanger rougit un peu, gêné de s'être emporté ainsi et servit Hansol qui lui donna une autre somme d'argent en échange. L'américano-coréen fuit la boulangerie-pâtisserie, laissant derrière lui un ange intrigué par leur interaction.

« Ces éclairs sont délicieux ! » s'exclama Sofia en finissant sa pâtisserie. Hansol hocha la tête en accord, savourant au possible le sien.
Sa mère lui demanda où il avait acheté les pâtisseries et il lui expliquait le chemin vers la boutique en récupérant la crème qu'il avait fait tomber sur son essuie-tout.
Hansol adorait les éclairs au chocolat et il était très pointilleux quant à leur goût, leur taille ou encore la quantité de crème à l'intérieur. Quand il avait croqué dans l'un de ceux achetés à la boulangerie-pâtisserie Jwa, il avait été surpris. Il était incroyablement parfait.

« Bon, hé bien demain matin, ton père et moi irons prendre d'autres pâtisseries là-bas.
– Pas la peine, je vais m'en charger moi-même.» Étrangement, il voulait être le seul à voir le boulanger. Sa mère répliqua : « Je veux voir ce qu'ils font d'autres. Allons-y tous ensemble, ce sera mieux.»

2

« Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?»

Hansol était stupéfait, le garçon d'hier avait été remplacé par une jeune fille. Elle était brune, de longs cheveux attachés en une queue de cheval se balançaient dans son dos alors qu'elle s'activait pour prendre la commande des parents du brun. Elle avait les même yeux rieurs que le blond de la veille mais ses joues étaient moins hautes et son visage plus oval. Hansol supposa que le boulanger et la fille devaient être de la même famille.

Tandis que ses parents achetaient quelques parts de gâteau à la mandarine, Hansol fit le tour des vitrines une seconde fois. Les pâtisseries étaient réparties de la même manière que la veille mais un petit changement attirait son attention. Les éclairs semblaient plus petits et plats. L'américano-coréen doutait de leur qualité. Il demanda si c'était la même personne qui les avait fait.

« Vous avez probablement acheté ceux de mon petit frère. Je suis vraiment désolée, il est meilleur que moi pour les éclairs. »

La jeune fille s'excusa encore une fois en récupérant l'argent que lui devait les parents Vernon-Chwe. Hansol, qui ne voulait pas paraître trop rude, sourit à la vendeuse en lui disant que les éclairs semblaient bons et qu'il en prendrait deux.

Il pensait en donnant son argent à la jeune fille que s'il continuait comme ça, il n'aurait pas de quoi s'acheter des souvenirs ou d'autres choses que des éclairs.

Il tendait un éclair à sa petite sœur en sortant de la boutique tout en lui conseillant de bien le tenir afin qu'il ne tombe pas. Un mouvement sur sa droite attira son attention. Le boulanger de la veille était appuyé sur la devanture de la boulangerie-pâtisserie et semblait en pleine discussion téléphonique avec quelqu'un. Il avait un air ennuyé peint sur le visage mais de temps en temps, un petit sourire éclairait celui-ci –et Hansol eut l'impression que sa journée s'était embellie face à ces petites illuminations.

« Ça va aller, je te dis...» dit le blond en soupirant « Mais enfin, Gyu, tu n'es pas allé jusqu'à Séoul pour dépenser ton forfait téléphonique en m'appelant dès que tu as un shooting !»

L'autre personne –"Gyu", vraisemblablement– dit quelque chose et le blond perdit de nouveau l'air ennuyé collé à son visage pour sourire –le coeur de l'américano-coréen s'emballait un peu.

« Si tu étais vraiment moche, personne ne t'aurait engagé en tant que mannequin ou quoique ce soit qui touche au monde de la mode. Arrête de te rabaisser et va finir ce shooting une bonne fois pour toute.» Il rigolait en levant les yeux au ciel « Oui, oui. Il faut que j'y aille. Bisou.» puis il raccrocha avant de se diriger vers la porte d'entrée de la boutique, là où se tenait encore Hansol.

Le cœur de l'américano-coréen battait de plus en plus fort et comme dans un film typiquement Hollywoodien, il vit le blond s'approcher de lui au ralenti. Le visage de celui-ci s'illumina et il sourit au brun.

« Bonjour ! » dit le blond poliment avant de pousser la porte de la boutique.
« B-Bonjour... » répondit Hansol en rougissant un peu. Il avait eu l'impression que le boulanger l'avait apostrophé parce qu'il ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il le salut. le brun s'attendait à le voir disparaître à l'intérieur mais le blond s'arrêta dans son mouvement pour se retourner.
« Comment avez-vous trouvé les éclairs que vous avez acheté hier ?
– Vous vous en rappelez ?»

Le blond rigolait un peu face à la mine étonnée de Hansol. Son corps se pencha en avant tandis que sa main empêchait l'américano-coréen de voir sa bouche. Son rire était léger mais puissamment sincère. Il se moquait clairement de Hansol parce que celui-ci avait posé une question vraisemblablement stupide.

« Comment oublier un client qui vient aussitôt dans la matinée ? On accueille que des pêcheurs normalement, à six heures. Alors voir un vacancier m'a un peu étonné, surtout que les activités touristiques ne commencent que vers huit heures.»

Hansol prit une courte inspiration –c'est tout ce qu'il pouvait faire dans son état– et passa une main frêle dans ses cheveux. Il avait toujours eu du mal à s'adresser avec aisance aux inconnus et le boulanger avait l'air de quelqu'un de très sociale et à l'aise en public. Tout son contraire. Cela mettait Hansol un peu mal à l'aise et il répondit avec précaution :
«Je me suis juste réveillé tôt exceptionnellement...»

Sofia à côté de son frère, soupira bruyamment. Elle engloutit le dernier morceau d'éclair dans sa main et dit, la bouche encore pleine : « Ce qu'Hansol veut dire c'est qu'il est un lève tôt et qu'il est vorace aussi. Donc il y a beaucoup de chances qu'il vienne ici tous les matins.»

L'américano-coréen sentit son visage s'échauffer aux dires de sa sœur. Ce n'est pas du tout ce qu'il voulait dire et il passait pour un goinfre maintenant ! Il jeta un regard noir à Sofia avant de prétexter une urgence pour partir.

«En tout cas, ce fut un plaisir de vous rencontrez. Et j'aurai discuté avec vous plus longtemps mais il faut que j'aille rejoindre ma soeur à l'intérieur.
– Votre soeur ?
– Oui, c'est la boulangerie familiale.»

3

Ses parents avaient décidé d'aller se baigner à la plage dans l'après-midi et malgré le fait qu'il soit déjà quatorze heures, Hansol avait l'impression que les rayons du soleil ne s'étaient pas adoucis.

Assis sur sa serviette et caché sous le grand chapeau de sa mère –non, il n'avait pas honte de porter un énorme chapeau pour femmes devant tout le monde. Surtout si c'était pour éviter de finir cramé–, il observait les vagues raser la plage puis se retirer et rejoindre la mer dans un rythme berçant régulier. Il avait un roman sur les genoux mais il ne l'intéressait déjà plus et il cherchait désespérément quelque chose pour s'occuper. Il s'était déjà baigné à plusieurs reprises et avait même essayé de construire un château de sable avec Sofia. Finalement au bout deux heures d'ennuie extrême, il décida d'aller se balader.

Quand il entendit de l'agitation venir de plus loin, Hansol abandonna ses affaires sur la plage et se dirigea vers la source de rires et de chants. Après s'être frayé un chemin à travers des buissons et des arbres –il ne voulait pas prendre du temps à chercher un chemin aménagé–, le brun arriva sur une plateforme en béton qui ressemblait vaguement à une petite place publique couverte.

Des enfants étaient assis au sol en cercle et tapait dans leurs mains et sur leurs genoux en rythme. Ils chantaient tour à tour une comptine en tentant de maintenir le rythme imposé et dès que l'un d'eux se trompait, il était éliminé. Le brun les observait jouer en s'asseyant sur banc en bois ; il jugeait l'activité assez distrayante.

«Seungkwan !» cria l'un d'entre eux après avoir réussi son passage. C'est à ce moment que Hansol repéra le boulanger. Celui-ci sursauta mais se mit à réciter la comptine et une fois qu'il eut fini, cria le prénom d'une petite fille pour qu'elle chante à son tour. Le blond était habillé d'un simple t-shirt rose et d'un bermuda noir ; cela fit tout bizarre à Hansol de le voir sans son uniforme de travail.

Donc, le boulanger s'appelait Jwa Seungkwan ? Il trouva que ça sonnait bien.

«Bon, on va s'arrêter là, les enfants ! Vos parents ne vont pas tarder à vous récupérer et il faut que vous alliez prendre le goûter avant.»

Le cercle se brisa presque simultanément, les enfants se dirigeant en courant vers un tas de petits sacs à dos pour trouver de quoi manger. Hansol s'attendait à ce que Seungkwan les rejoigne mais au lieu de cela, il se dirigea vers le vacancier.

Hansol devait sûrement avoir l'air détendu mais intérieurement, il était complètement paniqué et plus Seungkwan approchait, plus il avait l'impression qu'il allait imploser.
Fatidiquement, le blond s'assit à ses côtés en le saluant sans se rendre compte de la panique dont souffrait le brun.

Il lui affichait son sourire le plus doux en chuchotant –comme s'il ne voulait pas effrayer un animal sauvage. Avait-il finalement saisit l'état dans lequel se trouvait l'autre jeune homme ?– :

«Nous nous rencontrons encore, Hansol.» les poils de la nuque de l'interpellé s'hérissèrent à l'entente de son prénom.
« Je... J'ai entendu la chanson et je suis venu voir ce que c'était. J'ai été surpris de vous trouver là...
– Pas le peine de se vouvoyer, je suis sûr qu'on a le même âge. J'ai 18 ans.

– Moi aussi.»

Hansol était surpris. Il aurait pu jurer que Jwa Seungkwan était plus jeune que ça ; il lui aurait donné 16 ans. Le boulanger lui sourit quand il comprit le fond de sa pensé et enchaîna sur un sujet de conversation banale. Ils avaient fait plus ample connaissance et ils ne se séparèrent qu'une fois que les parents de Hansol vinrent chercher celui-ci pour aller dîner quelque part –sa mère lui avait bien remonté les bretelles en chemin, elle avait eu la peur de sa vie quand elle s'était rendu compte qu'il n'était plus sur sa serviette.

Hansol avait sentit le regard de Seungkwan posé sur son dos jusqu'à ce qu'ils disparaissent à l'angle d'un bâtiment.

4

Hansol et Seungkwan étaient couchés sur l'herbe haute du jardin de la maison de location des Vernon-Chwe ; ils observaient le ciel de début de soirée. Plus tôt dans la journée –et comme plusieurs jours précédemment– le boulanger s'était porté volontaire pour faire visiter aux vacanciers quelques lieux et ils venaient tout juste de rentrer. Monsieur et Madame Vernon-Chwe faisaient le dîner pendant que Sofia prenait des photos de tout et n'importe quoi dans le jardin.

«Au fait, ça fait un moment qu'il faut que je te le dise mais j'arrête pas d'oublier.
– Quoi ?
– Mon nom n'est pas Jwa comme ma mère mais Boo, comme mon père. Donc ne m'appelle pas Jwa mais Boo, ce serait mieux, non ?»

Un silence agréable s'installa entre eux pendant que l'information atteignait le cerveau du brun.

Le blond profitait du fait que Hansol soit ailleurs pour observer son profil. Ses cheveux tombaient grossièrement sur son front jusqu'à ses oreilles et le blond n'avait qu'une envie, celle de lui arranger tout ça pour que son visage soit dégagé. Seungkwan adorait les sourcils épais et droits de Hansol ainsi que ses cils très fins mais nombreux. L'américano-coréen était ce genre de personne à avoir des yeux clairs dont on pouvait déchiffrer n'importe quel sentiment ou changement d'humeur ; leur marron alezan était hypnotisant et Seungkwan aimait s'y perdre de temps en temps. Ses lèvres étaient fines et le beige rosé de celles-ci donnait l'impression qu'elles étaient vraiment douces.

Hansol hocha la tête et ses lèvres s'activaient –ramenant le blond sur terre ; il murmura : «Boo Seungkwan...» A côté de lui, le blond rigola en acquiesçant.

Ils restèrent couchés une bonne demie-heure, leurs mains se frôlant et de temps en temps leurs doigts s'entre-croisant, avant que le téléphone de Seungkwan sonne et que sa mère lui demande de rentrer.

Le blond se leva très doucement, entraînant la main de Hansol qui était encore dans la sienne. Ils se séparèrent.

« Il faut que j'y aille, il se fait tard.
– Ok, on se voit demain ?
– Bien sûr.»

Et il partit. Hansol s'en sentit étrangement déçu.

Hansol appréciait vraiment Seungkwan et il avait beau connaître celui-ci que depuis tout juste une semaine, il avait l'impression qu'ils se connaissaient depuis toujours ; qu'ils étaient destinés à se rencontrer.

« Hansol, Sofia ! À table !»

5

En deux semaines, une petite routine s'était installée entre eux. Le matin, Hansol venait acheter son petit-déjeuner et vers midi, il retournait à la boulangerie-pâtisserie pour attendre que Seungkwan finisse son service. Une fois cela fait, ils partaient tous les deux se balader à travers Jeju. L'américano-coréen emmenait son appareil photo et il prenait des clichés de tout et n'importe quoi –de fleurs, d'oiseaux, du paysage et plus souvent de Seungkwan ; puis ils s'arrêtaient pour manger les sandwichs qu'ils avaient préparé chacun de leur côté, à treize heure. Dans l'après-midi, ils allaient à la plage et de temps en temps, Hansol assistait aux activités que Seungkwan organisait avec quelques enfants que les parents lui laissaient le temps de faire les courses.

Hansol ne pouvait pas nier, Seungkwan était très intéressant et malgré son fort caractère, il restait une personne très gentille et avec la main sur le cœur. Il l'amusait, le faisait rire et sourire ; passer du temps avec Seungkwan c'était comme découvrir de nouvelles sensations, de nouvelles facettes de soi. Le brun aimait passer du temps avec le boulanger et rien que de penser au fait qu'ils devraient se séparer à la fin du mois prochain lui laissait un pincement au coeur.

Plongé dans ses pensées, Hansol ne se rendit pas compte que Seungkwan venait de s'asseoir en face de lui. Celui-ci lui posa un doigt sur son front pour attirer son attention.

«Hé, Hansol ? ça te dirait de venir voir le ciel ce soir. Il est très dégagé à cette période de l'année et on pourra peut-être voir quelques constellations.
– Oui ! Hum... J'veux dire, pourquoi pas ?» Seungkwan rit (vous savez, ce genre de son qui sonne comme une musique aux oreilles.)

« OK, je passe te chercher vers vingt heures ?
– Ça marche.»

Comme l'avait prédit Seungkwan, le ciel était dégagé et les étoiles incroyablement visibles. Si Hansol devait le décrire, il dirait qu'il ressemblait à une toile géante recouverte de peinture bleue sombre tirant sur du noir avec des millions de points blancs lumineux. C'était magnifique.

«J'ai jamais quitté Jeju. Comment c'est, là-bas ?
– A Séoul ? C'est grand et il y a plein de gens. Plein de commerce aussi. On ne voit pas aussi bien les étoiles qu'ici et des fois le trafic c'est l'enfer.
– Tu veux me dégoûter ou quoi ? Tu ne vas quand-même pas me dire qu'il n'y a rien de bien ?
– Si, il y a des bonnes choses mais Jeju n'a rien à envier à Séoul. A Séoul tu peux rencontrer des gens très différents les uns des autres et on propose beaucoup d'activités mais rien n'égale la plage et la chaleur de Jeju.»

Hansol avait l'impression que plus jamais il pourrait se passer d'un ciel si beau et il avait de moins en moins envie de retourner à la capitale. L'américano-coréen redoutait l'heure du départ, chaque heure qu'il s'écoulait faisait partie du grand système de décompte que Hansol gardait en tête.

Est-ce que Seungkwan l'oublierai ? Pourraient-ils continuer à discuter par mails ou messages ? Finiraient-ils par juste retourner à leur quotidien, comme s'ils ne s'étaient jamais rencontrés ? Toutes ces questions s'entre-choquaient dans sa tête et il s'en sentait nauséeux.

«A quoi tu penses ?» demandait Seungkwan en apercevant du coin de l'oeil l'air de pleine réflexion de Hansol.

«On restera en contacte, toi et moi ?»

Ils avaient tous les deux dix-huit ans mais à ce moment précis, ils avaient l'impression d'en avoir douze tant ils se sentaient impuissants face à la situation. Seungkwan semblait ne s'être rendu compte que maintenant que leurs vacances d'été ne dureraient pas éternellement. Un air incertain apparu sur son visage. Doutait-il de cette possibilité ? Probablement.

Hansol ne s'attendait pas à ce que le blond glisse sa main dans la sienne et qu'il se tourne pour être face à lui. Il le regardait mais il ne semblait pas être là ; il était quelque part dans ce monde mystérieux qu'étaient ses réflexions.

Lui et le brun ne se connaissait pas depuis longtemps mais il avait peur de ressentir un manque une fois que celui-ci serait rentré chez lui, à Séoul. Il avait le sentiment d'exagérer un peu mais la manière dont son coeur s'était affolé la première fois qu'il avait vu Hansol lui avait signalé que leur rencontre n'était pas si banale que ça. Et il avait eu raison.

Hansol était maladroit et très timide mais il était intelligent et gentil; Seungkwan se sentait tellement bien en sa présence. Il aimait leurs heures à débattre d'un sujet ; toutes les fois où Hansol s'était assis à l'une des tables de la boulangerie-pâtisserie pour le regarder finir son service ; toutes celles où il surprenait le brun en train de le prendre en photo et que celui-ci finissait par bafouiller des excuses. Il aimait ses cheveux toujours emmêlés et ses jolies yeux marrons ; sa manie de rentrer sa tête entre ses épaules quand quelqu'un lui parlait. Il aimait passer du temps avec lui comme il n'avait jamais aimé passer du temps avec qui que ce soit –même pas Mingyu et Seokmin. Seungkwan ne voulait pas dire adieux à ces sensations et sentiments ; il ne voulait pas dire adieux à Hansol.

Finalement, son regard se ralluma et se rapprochant un peu plus de l'américano-coréen, lui murmura : «Bien sûr que oui, on restera en contacte. Et puis on finira forcément par se revoir toi et moi.»

Hansol avait sourit et Seungkwan l'avait imité. Ils avaient toujours peur tous les deux mais ils avaient relégué leurs sombres pensées au second plan ; ils voulaient avoir toute leur attention portée sur l'un et l'autre et ce, jusqu'au dernier jour.

6

Hansol avait mal dormi cette nuit et il avait décidé de couper court son sommeil en sortant se promener. Il n'avait encore jamais vu l'île à cette heure-là et il trouvait les lieux encore plus beaux sous cette douce lumière bleue que les faibles rayons du soleil pas encore visibles à l'horizon, diffusaient. Le brun fit un petit tour sur la plage en savourant cette atmosphère irréelle et le calme alentoure. Il écouta le sifflement des oiseaux matinaux, les voix des vagues rasant le sable et sa propre respiration mêlé aux chants du vent.

Il tourna comme ça une bonne heure avant de prendre une direction bien précise. Ne se pressant pas, Hansol ne s'attendait pas à arriver si tôt à la boulangerie-pâtisserie. À sa grande surprise, la porte d'entrée n'était pas verrouillée –même-si la petite pancarte accroché à celle-ci indiquait que la boutique n'était pas ouverte. Il entra donc, pressé de pouvoir manger.

Il s'apprêtait à saluer Seungkwan mais il n'y avait personne derrière le comptoir et le silence régnait en maître.

«Il y a quelqu'un ?» murmurait le brun, peu sûr de ce qu'il faisait –si ça se trouve, il n'avait pas le droit d'être là ? Seuls un bruit de porte qui claque et un robinet ouvert lui répondirent. Il sursauta et son cœur s'emballait ; il n'osait plus faire un mouvement. Le robinet s'arrêta de couler et une voix s'éleva. On chantait.

C'était une chanson que Hansol connaissait très bien puisqu'il s'agissait du titre phare du dernier album d'un groupe féminin plutôt populaire et le brun devait avouer que la personne qui chantait n'avait rien à envier aux chanteuses originales. La voix s'éleva un peu plus en même temps que le bruit mécanique d'un four ouvert se fit entendre ; une bonne odeur de pain s'en dégagea et Hansol prit une grande bouffée de celle-ci.

Finalement, Seungkwan apparu du côté vente de la boutique avec un grand plateau plein de pains toujours en chantant. Quand leur regard se croisèrent, le blond failli laisser tomber sa dernière fournée et Hansol, par réflexe, fit un pas en avant pour l'aider à maintenir le plateau en équilibre. Le visage de Seungkwan vira au rouge après qu'il ait remercié le brun. Il glissa les pains dans de grands paniers en osier accrochés au mur de droite.

« Donc... Tu m'as entendu ? demandait Seungkwan sans regarder le brun
– Chanter ? Totalement.» Hansol semblait subjugué mais le blond ne s'en rendit pas compte, honteux de s'être donné en spectacle de cette manière.

La première et seule fois où Hansol avait entendu Seungkwan chanter remontait au jour où il avait découvert qu'il s'occupait d'enfants. Le brun n'avait pas remarqué que le blond avait une voix aussi puissante puisqu'il s'agissait d'une comptine aux notes faciles à atteindre. Mais maintenant qu'il l'avait entendu chanter quelque chose de plus élaboré, il s'était rendu compte de la beauté et la capacité de la voix de Seungkwan. Il en avait eu la chair de poule, ses poils de bras et nuque s'hérissant subitement.

«Oh mon Dieu... Désolé pour ça. Qu'est-ce que je te serre ? demanda le blond.
– "Désolé" ? Tu rigoles ou quoi ?! Ta voix est superbe !»

Seungkwan rougit au compliment et fit mine de ranger les différents emballage présents sous le comptoir pour cacher son visage. Quand il sentit ses joues rouges refroidirent, il réapparu et Hansol sembla rassuré de le voir surgir. Seungkwan mit dans une boite deux éclairs au chocolat et dans un emballage en papier, une baguette ; c'est ce que prenait Hansol tous les matins. Du coin de l'œil, il observait le brun se tortiller les doigts et murmurer quelque chose ; Seungkwan lui demanda de répéter gentiment, curieux.

« Tu... Tu ne voudrais pas continuer à chanter un peu ?» dit le brun finalement et le blond sourit.
« À condition que tu m'accompagnes.
– Je ne sais pas chanter... Mais...
– Mais ?»

Hansol se tortillait les doigts de nouveau et Seungkwan dû se pencher par dessus le comptoir pour entendre ce qu'il disait.

«Hum... Il m'arrive de temps en temps de rapper.»

Seungkwan leva un sourcil, intrigué. Comment cette machine à bégaiements pouvait-elle rapper ? Il avait du mal à y croire.

Hansol intercepta le regard sceptique que le blond lui jetait et décida de faire une démonstration. Il sélectionnait le rap de la chanson que Seungkwan interprétait plus tôt.

Rapper, il le faisait depuis longtemps –à un point où il ne se rappelait plus de sa vie d'avant. On lui disait qu'il était bon et que son air posé donnait à sa manière de rapper ce petit plus qui plaisait tant. Il se délecta de l'expression de surprise qui apparut sur le visage du blond quand il finit.

Celle-ci fut vite remplacée par un sourire ravie et timidement, le blond enchaîna sur le refrain –il rajouta discrètement deux pains au chocolat dans la boîte qui contenait les éclairs.

Ils chantèrent d'autres chansons (« Oh et tu connais celle-là ? Je l'adore !» «Je l'écoutais en boucle quand j'avais dix ans !») entre-coupées  par de petites discussions avant que le père de Hansol appelle celui-ci pour lui demander où il se trouvait –il était dans la boulangerie depuis un moment et sa famille avait dû se rendre compte de son absence inhabituelle– et que le commerce se remplisse de pêcheurs prêt à partir pour le large.

« Désolé d'apporter le p'tit-déj' si tard, j'ai pas vu le temps passer !» s'écria Hansol en entrant dans l'extension. Ses parents et sa sœur se tournèrent vers lui d'un même mouvement et Sofia se jeta sur lui pour attraper la boîte. Il rigola et n'essaya pas de lui résister. Il déposa le reste de son achat sur la table et s'assit, prêt à manger –maintenant qu'il y faisait attention, le ventre de Hansol gargouillait assez fortement.

« Hé bien... Tu as l'air radieux ce matin.» dit Monsieur Vernon-Chwe.

« Je ne vois pas de quoi tu parles.» répondit-il en tentant de réprimer en vain son sourire

« Ça n'aurait pas un rapport avec Seungkwan ?
– Pfff, quoi, hun, non ! Qu'est-ce que tu racontes ?
– J'avais raison, chérie !» Monsieur Vernon-Chwe tapa dans la main de son épouse qui poussa un petit cri d'excitation en applaudissant furieusement. « Ah les amourettes de vacances... Vous vous êtes déjà embrassé ?
– Mais... Mais non ! On est juste amis lui et moi !»

Il avait beau affirmer auprès de ses parents que lui et Seungkwan n'étaient et ne seraient qu'amis, ceux-ci continuaient à lui jeter des regards pleins de sous-entendus durant tout le reste de la journée.

Le lendemain matin, Hansol arriva à la boulangerie-pâtisserie à une heure raisonnable mais au lieu de s'asseoir à sa table habituelle, il se dirigea directement vers le comptoir. Avachi dessus, il observait Seungkwan faire sa routine matinale en chantonnant –il n'était clairement plus gêné de le faire devant Hansol– un air qui lui était inconnu, cette fois. Mais cela ne l'empêchait pas de savourer la douce voix qui s'élevait dans le silence matinale.

«Pourquoi tu n'auditionnes pas pour devenir chanteur ?» demandait innocemment le brun.

Seungkwan déposa fermement la pince qu'il tenait. Cette discussion, il l'avait eu avec sa mère, ses soeurs et tout un tas d'habitant de l'île, –même son ami Mingyu l'avait appelé en pleine nuit pour lui demander d'auditionner pour la PYJ– et à chaque fois, il répondait la même chose.

«Qui prendra soin de la boulangerie si je pars ? Quelle compagnie engagerait un petit gars qui vient de Jeju ? De toutes façons, je ne suis pas si bon que ça.
– Tes sœurs aident déjà ta mère pour la boulangerie et puis, que tu viennes de Jeju ou de Séoul, seule ta voix compte, non ? Elle est merveilleuse en plus.
– Merci Hansol mais non merci. Je refuses de faire ça. Surtout en carrière solo. Pourquoi toi, tu n'auditionnes pas ?»

Hansol rougit d'embarras. Il n'avait pas de raisons aussi nobles que celles de Seungkwan, il était juste timide et il pensait ne pas avoir la force pour vivre la vie d'artiste.

Ne voulant pas dévoiler ses insécurités au blond, il haussa juste les épaules. Mais celui-ci continua en souriant doucement :

« J'ai vraiment l'impression d'avoir découvert une nouvelle facette de toi. Jamais je ne t'aurai imaginé rapper aussi bien.  
– Honnêtement, tu es meilleur que moi, Boo.
– Je ne crois pas. Ton rap est impressionnant.
– Ta voix l'est tout autant. Ne sois pas égoïste et laisse le monde savoir comment tu chantes.
– Ne sois pas égoïste et laisse le monde savoir comment tu rappes.»

Hansol fronça les sourcils. Est-ce que Seungkwan se moquait de lui ? Est-ce que c'était le début d'une dispute ? Il en avait la ferme impression. Il s'apprêtait à riposter quand son téléphone sonna.

C'était Jeonghan, son patron à temps partiel et aussi son ami. Il décida de répondre et sortit de la boutique sans un mot. Seungkwan l'observait à travers la vitre et Hansol sentit son regard lui transpercer le dos quand il décrocha.

« Allô ?»

Seungkwan rêvait depuis tout petit de devenir une idole mais plus les années passaient plus il avait l'impression qu'il n'était pas fait pour le monde du spectacle. Il était trop différent de toutes ces personnes qui passaient à la télévision, il n'était pas grands comme les chanteurs ou charismatique comme les chanteuses. Bien-sûr, il n'avait rien à envier au niveau musculaire –soulever des sacs de farines énormes pendant des années avait bien développé ses muscles de jambes et bras– ou vocale mais il ne se sentait pas capable de gérer la vie d'idole.

Le blond s'en voulait un peu de cacher une partie de la vérité à son ami mais il savait ce que celui-ci lui dirait s'il lui révélait l'ultime raison pour laquelle il ne pouvait pas devenir idole –sûrement qu'il devrait essayer et s'accrocher, que tout était une question d'adaptation. Seungkwan risquerait alors de rentrer en conflit avec lui et le blond ne voulait pas perdre du temps pour ce genre de futilité.

Il fallut une demi-heure à Hansol pour qu'il retourne à l'intérieur mais le temps s'était trop écoulé et il avait dû retourner auprès de sa famille. Dans la journée, ils s'étaient retrouvés à la plage et après un bain de mer, ils étaient retourné à l'un des musées de l'île. Vers dix-huit heures, Hansol avait dû rejoindre ses parents à un restaurant et les deux garçons s'étaient séparés à ce moment là.

« Kwanie, j'ai réfléchis à ton talent après notre discussion d'hier...»

Seungkwan se tourna vers Hansol, l'air ennuyé –celui-ci prit une photo de son expression. Il allait lui dire qu'il ne voulait pas en reparler mais le brun l'en empêcha.

« Et je suis tombé sur ça après être allé au resto.»

Le blond saisit le flyer que lui tendait le brun et lu ce qui était écrit dessus en couleur flashy. C'était un concours de talents organisé au sein d'un des hôtels à proximité.

Seungkwan leva un regard sceptique en direction de Hansol et celui-ci s'empressa d'éclaircir sa pensée : « Tu pourrais y participer, comme ça, tu pourras voir ce que c'est d'être sur scène.
– Hansol, je...
– S'il-te-plait, j'ai vraiment envie de te voir époustoufler tout le monde...»

Seungkwan évitant le regard de Hansol, reportait son attention sur le flyer. Il pourrait y participer et puis, il n'avait rien à perdre n'est-ce pas ? Mais il ne voulait pas y aller seul. Debout, devant tout plein de gens et pour seule compagnie un micro ? Jamais.

Hansol trépignait d'impatience, il voyait bien que Seungkwan réfléchissait sérieusement à sa proposition et il avait hâte de connaître sa réponse.

« OK, je le fais...
– Super !
– À condition que tu participes avec moi.»

Hansol perdit toute expression de joie et regardait son ami comme s'il avait perdu la tête. Seungkwan joua sa dernière carte.

Il saisit la main du brun et ancra son regard sombre dans le sien clair, il poussa sa lèvre inférieure en avant. Le tout lui donnait une moue adorable à laquelle il savait que Hansol ne pouvait pas résister.

« Bon... OK.» finit-il par dire.

7

« Hansol, je te présente Seokmin ! C'est mon ami d'enfance.»

Le grand garçon filiforme face à l'américano-coréen lui tendit la main et celui-ci la saisit avec raideur. Ils se sourièrent poliment mais Hansol n'était pas vraiment concentré sur ce que lui disait Seungkwan en même temps.

Il avait entendu parler de Mingyu –grand, beau et charmant mais très maladroit– plein de fois mais jamais Seungkwan n'avait parlé d'un quelconque Seokmin et le brun soupçonnait le blond de lui cacher quelque chose.

Puis, au bout d'une demi-heure passée ensemble, Hansol remarqua l'attitude que sa nouvelle connaissance avait envers le blond.

Il était collant. Vraiment collant. Seokmin passait son temps à toucher le visage et le corps de Seungkwan, il le câlinait et lui disait des mots doux. Et l'américano-coréen en vint à se demander s'ils n'avaient pas une relation plus qu'amicale.

En rentrant à la maison de vacances, il se dirigea directement dans sa chambre et se laissa tomber sur le matelas qu'on lui avait assigné, manque de lit.

« Ça va pas ?» demandait Sofia qui lisait dans un coin. Il grogna et finalement se tourna sur le dos, faisant face au plafond. Sa sœur avisant sa mine contrariée décida de laisser son roman pour s'approcher de son frère. Il n'avait pas été de mauvaise humeur depuis leur arrivée sur l'île –ce qui était en soi un miracle.

« Il y a ce mec là ! Il passe son temps à coller Seungkwan et c'est chiant !»

Sofia quitta la pièce, jugeant finalement que la situation n'était pas de son ressort. Elle demanda à sa mère de s'occuper de son fils elle-même. La quadragénaire soupira avant de s'asseoir sur le matelas de son fils.

« Sofia m'a dit que ça n'allait pas.
– Seungkwan a annulé nos deux prochaines sorties pour passer du temps avec Seokmin.
– C'est qui, elle ?
– Lui. C'est un de ses amis.
– S'ils veulent passer du temps ensemble, où est le problème ? C'est leur droit et puis il ne faut pas oublier que tu ne connais pas Seungkwan depuis aussi longtemps que ce Seokmin.
– Mais c'est pas ça, le problème !» s'exclamait Hansol avant de rajouter plus calmement « Ils sont trop tactiles...
– Oh...» sa mère caressa ses cheveux « Si ce n'est que ça, c'est pas bien grave. S'ils se connaissaient depuis longtemps, ils ont déjà dépassé le stade de la réserve. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter, il n'y a probablement rien de plus qu'amicale entre eux, si c'est ce qui te chiffonne.
– Si tu le dis...
– Relaxe, t'as toujours tes chances avec  Seungkwan.»

Madame Vernon-Chwe sourit à son fils, se moquant clairement de lui. Hansol ne saisit pas la plaisanterie et s'écriait, tout rouge : « Maman ! Je n'aime pas Seungkwan et je ne veux pas sortir avec lui !» Qui essayait-il de berner ?

La gêne que ressentait Hansol en présence de Seokmin était palpable. Seungkwan avait disparu quelque part à l'arrière de la boulangerie-pâtisserie et les deux autres adolescents s'étaient retrouvés seuls, sans sujets sur lesquels débattre.

« Donc... Vous vous connaissez depuis vraiment longtemps ?
– On allait en garderie au même endroit quand on avait quatre et six ans.
– Ah.
– Et toi ? Je suis partit un bon moment alors...
– Oh. Ah ! Juste depuis Juillet. On s'est rencontré à la boulangerie.»

Seokmin tourna un regard indéchiffrable vers Hansol puis, avant que celui-ci puisse lui demander ce qui avait l'air de le contrarier, se détourna.

Hansol n'osa pas continuer à parler. Seokmin, si.

« Donc vous êtes juste des... des potes ?
– Je suppose que oui.
– Ça m'aurait rassuré, vraiment, si seulement je ne m'étais pas rendu compte que tu mens.
– Je ne !»

Hansol n'eut pas le temps de protester que Seungkwan revint avec une nouvelle fournée de viennoiseries. Il leur demanda de quoi ils parlaient et Seokmin répondit qu'ils discutaient d'un nouveau groupe féminin. Le blond s'exclama et se mit à parler ; il était intarissable sur le sujet.

Horrible. Cette journée avait été horrible. Peu importe ce qu'il disait, faisait, pensait, le regard plein de suspicion de Seokmin observait Hansol. À plusieurs reprises le brun avait pensé à quitter la boulangerie-pâtisserie mais, sans s'en rendre compte, Seungkwan le retenait à chaque fois.

Quand dix-neuf heures avait sonné, Hansol s'était levé, avait prétexté devoir retrouver sa famille et avait salué Seungkwan. Au moment où il allait en faire de même pour le garçon filiforme, celui-ci s'était proposé de le ramener.

« Pas la peine...» dit Hansol avec précaution. Seokmin n'avait pas écouté, avait salué le blond et avait poussé l'autre adolescent vers la sortie.

Jamais Hansol n'avait voulu autant disparaître. Le plus âgé le tenait par l'avant-bras, l'empêchant ainsi de s'enfuir et le brun paniquait à cause de cela. Que comptait-il lui faire ? Si ça se trouve, Seokmin était un gars très dangereux de la mafia et il comptait l'exécuter dans un coin sombre. Hansol n'aurait définitivement pas dû lire toutes ces BDs gores, il en aurait eu moins d'imagination.

« Alors...» commençait Seokmin alors que Hansol sursauta « On ne va pas tourner autour du pot et tu vas me dire qu'elles sont tes vraies intentions envers Seungkwan.»

Tout ce que voulait Hansol s'était rentré se coucher et ne plus jamais sortir tant que ce gars traînait dans les parages. Malheureusement, celui-ci le tenait toujours. Alors il se résigna juste à lui répondre.

« Je n'ai pas de mauvaises intentions, OK ? Je sais qu'il est ton meilleur-ami et que tu l'aimes beaucoup mais est-ce que tout ça (il fit un vaste geste de son bras libre) est vraiment nécessaire ? Je n'ai jamais frappé quelqu'un, j'adore les comédies-romantiques et mon casier judiciaire est plus blanc que la neige ! Alors ne va pas t'imaginer que je puisse faire quoique ce soit à Seungkwan. C'est la personne la plus précieuse que je connaisse ! Qui pourrait vouloir lui faire du mal ?!»

Seokmin rit et relâcha la pression qu'il maintenait sur le membre supérieur de l'américano-coréen.

« Tu as raison. Désolé de m'être montré si menaçant.» Ils s'arrêtèrent de marcher devant la pente qui menait à la maison de vacances. « Tu n'as pas l'air d'une menace, Hansol, mais sache que je sais comment briser efficacement une grande partie de tes os. Alors fais attention à Seungkwan, s'il-te-plait. À un de ces quatres !»

Hansol secoua une dernière fois sa main en signe de salut avant de prendre rapidement la montée. Mais quel type de personnes Seungkwan fréquentait ?!

«Seokmin n'est pas là aujourd'hui ?»

Hansol n'avait même pas salué Seungkwan. La présence inexistante du garçon filiforme l'avait frappé dès qu'il avait mis les pieds dans la boulangerie-pâtisserie.

Le blond ne tient pas rigueur au manque de politesse du brun et lui donnant son petit-déjeuner, dit : « Il est retourné à Séoul pour ses cours d'été.
– Il prend des cours supplémentaires ? Il a du mal à l'école ?
– Oh non, non. C'est justes des cours pour s'avancer, il veut faire un métier assez compliqué, de ce que j'ai compris.»

Hansol s'assit à la même table que d'habitude et admira son éclaire au chocolat avant d'en prendre une bouchée dans un silence religieux.

Seungkwan observait sa réaction. Ses sourcils se froncèrent de concentration, ses yeux se plissaient de délectation. Sa tête partie légèrement en arrière et le blond suivit du regard le morceau d'éclair mâché descendre le long de sa gorge. C'est là qu'il sut que Hansol était satisfait de sa pâtisserie.

Un sourire fleurit sur le visage du blond.

« Tes éclairs sont divinement bons.
– Merci.
– Tu sais que je pourrais tuer pour eux ?»

Seungkwan éclata de rire et Hansol suivit rapidement –manquant de s'étouffer avec un nouveau morceau.

Le blond vint s'asseoir en face du brun et l'observa manger encore quelques secondes avant de dire avec précaution : « On va s'entraîner, cette après-midi ?
– Pour le concours ? Pourquoi pas !
– Génial ! Il était temps qu'on se mette au travail. On va chez moi ?»

Le cœur de Hansol loupa un battement et il lui fallut tout le contrôle du monde pour empêcher sa voix de flancher quand il accepta l'invitation.

Aller chez Seungkwan était différent que de l'emmener à la maison de vacances. Parce que justement, c'était une maison de vacances, pas la maison de Hansol. Il n'y avait rien de personnel ici mais chez Seungkwan, c'était tout à fait le contraire.

Le blond avait grandi dans cette maison. Elle était pleine de souvenirs, de bons moments comme de mauvais, un quotidien y était installé et surtout une intimité particulière. Et Hansol n'était pas sûr qu'il pourrait oser s'immiscer dans cette intimité. Pourrait-il y trouver une place ? Ne pas faire tâche ?

« Solie ? À quoi tu penses ?
– Rien du tout ! Hum... À quelle heure je devrais venir ? 'Fin, qu'est-ce qui serait pratique pour toi ? Ou pour ta mère, je ne veux pas déranger, hein... Et tes sœurs ? Ça ne les gênera pas ?» Hansol commençait à s'agiter dans tous les sens, encore moins sûr à l'idée d'aller chez les Boo. Il ne voulait pas être un intrus et perturber leur petit train de vie.

Il allait finalement refuser l'invitation de Seungkwan quand celui-ci éclata de rire. Sa tête partit en arrière et la pièce se retrouvait démunie de silence.

Le cœur de Hansol rata un battement.

« Ne soit pas ridicule, Solie. Tu ne gênera personne. Et puis ma mère n'arrête pas de me demander avec qui je passe mes journées dehors. Ce serait bien que tu la rencontre.»

La maison de Seungkwan était vraiment jolie. Contrairement au taudis dans lequel séjournait Hansol, elle était bien entretenue. C'était une maison classique, semblable à toutes celles du quartier. Elle possédait le même toit bleu et les mêmes murs blancs que ses voisines ; la petite allée en pierre aussi.

Cependant, elle était entourée d'un jardin magnifique. Outre les arbres fruitiers surchargés de fruits, il y avait de jolies buissons fleuris et une petite zone réservée à la pousse de légumes.

Seungkwan lui avait dit que sa sœur aimait beaucoup jardiner mais que c'était lui, le responsable des légumes.

Ils s'étaient avancés dans l'allée et le blond avait sorti de sa poche un trousseau de clés –le même qu'il utilisait pour déverrouiller la porte principale de la boulangerie-pâtisserie– et avait invité Hansol à rentrer après avoir ouvert la porte bleu foncé.

« Bienvenue dans mon humble demeure ! Fais comme chez toi !»

Après avoir retiré ses chaussures, Hansol s'avançait timidement dans le salon, suivit par Seungkwan.

« J'adore tes chaussettes.» annonçait le blond, moqueur.

Les chaussettes de Hansol avaient comme imprimés les visages des princesses Disney ; il avait complètement oublié que ce sont celles-là qu'il avait enfilé ce matin.

« J'aime beaucoup les Disney ?
– Oh mon Dieu, tu es tellement précieux...» Seungkwan, pouffant de rire, forçait Hansol à s'asseoir sur le canapé.

Alors que Seungkwan déposait sur la table basse un plateau contenant des verres, une boisson et quelques gâteaux, des bruits se firent à l'étage.

On semblait courir fortement et les bruits de course continuaient jusque dans l'escalier. Deux filles apparurent subitement au rez-de-chaussée.

Tout en s'approchant du salon, elles se poussaient, chahutaient et Hansol sentit les poils de sa nuque se hérisser en les observant. Elles semblaient dangereusement surexcitées.

Celle qu'il avait rencontré au début des vacances semblait beaucoup, beaucoup moins posée. Était-ce la présence de l'autre sœur qu'il la rendait ainsi ?

« Kwanie ! Tu es rentré !
– Oh ? Coucou, toi ! Comment tu t'appelles ?»

Alors que celle qu'il connaissait se jetait sur le blond, l'autre se laissa tomber sur le canapé et saisit les deux mains du brun. Contrairement à sa sœur et son frère, elle possédait un visage plus fin, avec des pommettes hautes mais des joues creuses; on aurait pu la penser malade si elle ne semblait pas briller autant d'excitation. L'américano-coréen ne sut pas comment réagir au regard intense qu'elle posait sur lui.

« T'es pas coréen, toi.» dit-elle abruptement. Puis elle se tourna vers son frère. « Il parle coréen, Kwani ?
– Demande lui, Seungmin.» répondit-il en tentant de se dégager de l'étreinte de Seungil.

Hansol prit son courage à deux –et une profonde inspiration– puis chuchotait : « Je suis coréen en partie. Mais je n'ai pas vécu longtemps en Amérique. Je parle très bien coréen...
– Oh ! Comme tu es bon ! C'est merveilleux, Kwanie, merveilleux !»

Tout ce dont rêvait Hansol était de se mettre au travail mais il était là, les bras secoués dans tous les sens par une folle qui le prenait pour un illettré. Et Seungkwan ne s'en sortait pas mieux de son côté ; Seungil refusait de le laisser partir, sous prétexte qu'il lui avait trop manqué.

Soudain, tout chahutage s'estompa quand la porte d'entrée s'ouvrit violemment et que des bruits sourds de choses lâchées au sol se firent entendre.

« Les enfants ! Y'a des courses à ranger !» hurla une femme depuis l'entrée. Les trois enfants Boo se dirigèrent machinalement vers la porte et revinrent avec des sacs plastiques chargés. Hansol quitta le canapé et se prépara à rencontrer Madame Jwa.

Elle n'était pas très grande et arborait un visage fatigué mais chaleureux. Elle fut d'abord surprise de voir un étranger dans son salon mais finit par le saluer. Seungkwan apparu derrière le brun et posant ses mains sur ses épaules alors que son corps venait coller doucement le sien, dit :
« Maman, je te présente Hansol. C'est avec lui que je traîne quand je ne suis pas à la boutique.
– Ah ! C'est donc toi qui me pique mon fils ! Enchantée.» Hansol n'eut pas le temps de répondre à la sexagénaire que Seungkwan le poussait déjà vers l'escalier.

La chambre de Seungkwan n'était pas grande mais bon sang ce qu'il y avait des trucs la dedans ! Hansol n'avait jamais vu autant de posters, d'albums et de peluches réunis dans une seule pièce. Pas que la pièce était dérangée ou sale mais l'accumulation d'objets laissait Hansol perplexe et il ne savait pas où se mettre dans cet univers.

Seungkwan dégagea une partie de son lit de peluche et une chaise émergeait de sous une pile de pulls –il restait un adolescent bordélique quand même– qu'il poussa vers le bureau.

«Installe-toi ! dit-il à Hansol en désignant son lit
– OK...
– Bon, on commence ?
– Ouais.»

Catastrophique, ce début de séance était catastrophique. Les deux adolescents cherchaient désespérément une chanson à interpréter le jour du concours mais ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Il était hors de question que Hansol chante une chanson de groupe féminin comme il était hors de question que Seungkwan s'égosille sur une chanson de groupe masculin qui "ne raconte rien d'intéressant".

« Il doit bien y avoir une chanson qui nous convienne à tous les deux... se plaignait Hansol
- Cherche dans mon tél et je cherche dans le tiens. Comme ça, on repère celles qu'on a en commun. proposait Seungkwan
- Bonne idée ! Tiens.»

Hansol fit défiler les chansons contenues dans la bibliothèque musicale de Seungkwan. Il y avait un grand nombre de chansons, avec un éventail de styles différents important ; l'américano-coréen ne pensait pas que le blond été autant ouvert à la musique –il ne le voyait qu'écouter des chansons de groupes féminins sur l'amour et l'amitié. Ils avaient beaucoup de titres en communs finalement mais Hansol se voyait mal les interpréter. Il était prêt à en choisir un au hasard quand soudainement, son regard se porta sur une chanson en particulier. Une qu'il s'avérait adorer.

Seungkwan se demandant pourquoi Hansol s'était figé subitement avant de sourire de satisfaction, regardait par-dessus son épaule. Il murmurait: « Umbrella de Younha ? J'adore cette chanson.» Malheureusement, la mine de Hansol s'assombrit et tout aussitôt, il dit : « Mais il n'y a pas de rap...
– Dans la version d'Epik High, si.»

Le blond sourit malicieusement à Hansol et celui-ci l'imita. Seungkwan était un génie.

« Plus vite, Hansol ! Si tu ralentis, on se retrouvera complètement décalé avec la musique.
– Je fais ce que je peux.» pour la quinzième fois depuis qu'ils avaient commencé à s'entraîner, l'américano-coréen reprit le même passage d'Umbrella ; ce qui l'irritait un peu. Il tenta du mieux qu'il put de suivre le rythme imposé par les rappeurs mais en voyant la mine peu convaincue de Seungkwan, il sut que ce n'était toujours pas satisfait.

Seungkwan arrêta encore l'instrumental et tendit un verre d'eau au brun. « Ça t'énerve, hum ?» demandait-il en dégageant une mèche de cheveux qui tombait sur le visage du brun.
« Ouais...
– On peut faire une pause, si tu veux ?
– Non, c'est bon.
– T'es sûr ? Parce...
– J'ai dit "c'est bon".»

Hansol avait parlé beaucoup plus brusquement qu'il n'avait voulu et il se rendit compte de sa bêtise quand Seungkwan murmurait un sec "OK." et que son visage se refermait. Il retourna s'asseoir à la chaise de son bureau et mit une poignée de bonbons dans sa bouche sans jeter un seul regard vers le brun.

Une atmosphère pesante s'installait et Hansol ne savait plus où se mettre ou même que dire à Seungkwan pour que celui-ci lui pardonne.

« Kwanie ?» dit-il, incertain. L'interpellé réagit à peine et Hansol fit quelques pas vers lui. Seungkwan faisait mine de relire les paroles d'Umbrella et avança un peu plus sa chaise près du bureau. « Kwanie ?» Hansol posa une main sur l'épaule du blond et celui-ci la dégagea d'un mouvement brusque. Il reprit une poignée de bonbons. Il l'ignorait bel et bien...

« Je te demande pardon, je ne voulais pas être méchant avec toi. Et puis, tu as raison, il vaudrait mieux que je fasse une pause. Désolé.»

Le blond se retourna, toujours assis sur sa chaise roulante et dit, un petit sourire sur les lèvres : « Je devrais en coller une à ton jolie visage pour m'avoir parlé comme ça mais comme je suis gentil, je ne le ferai pas. Tu es tout pardonné, Hansol.» puis il avait tendu le paquet de bonbon au brun. Celui-ci en prit quelques uns et ils commencèrent une discussion qui n'avait aucun rapport avec le concours.

8

Si Hansol avait sut à quel point il aurait été dur d'apprendre une chanson avec Seungkwan, il ne lui aurait probablement pas demandé de concourir. Le blond était intransigeant ; il ne supportait aucune  fausse note, aucun ralentissement ou accélération inutile et encore moins de retard. C'était déjà l'enfer quand ils avaient commencé l'entraînement mais les choses avaient empiré quand la dernière semaine avant le concours avait commencé.

« Solie ! Tiens, ton éclair. Et voici un petit extra.
– Du jus de mandarine ? Merci, Kwanie.»

Hansol se traîna à une table dans la pâtisserie-boulangerie et se laissa tomber sur une chaise. Il n'en pouvait plus. Il avait quitté la maison de Seungkwan peu avant la première heure du matin la veille et n'avait pas trouvé le sommeil avant que quatre heures ne sonne. Il n'avait dormi qu'une heure et demie et il avait l'impression de mourir. C'était comme si tout ce qu'il faisait, disait ou pensait venait de loin ; comme s'il ne vivait pas les choses en directe.

La chaise face à lui fut tirée et Seungkwan apparu dans son champ de vision. La vision angélique que Hansol s'était fait du blond avait depuis longtemps laissé place à une autre plus démoniaque. Il se retint de geindre quand la voix du boulanger s'éleva.

« Tu as l'air vraiment fatigué. Tu t'es couché tard, hum ?
– Oui.
– Bon, que dirais-tu de prendre une journée de repos ?
– Oui !»

Seungkwan rit face au dynamisme soudain de Hansol et pendant quelques secondes, une peur irrationnelle s'infiltrait dans son esprit. Et si le blond se moquait de lui en réalité ? Et s'il lui disait "Non, j'rigole ! Allez, au boulot !" ? Le brun en mourrait probablement !

Mais rien de cela ne se produit et Seungkwan passa une main dans les cheveux emmêlés de Hansol avant de lui apporter une baguette et deux croissants pour le reste de la famille Vernon-Chwe.

« Tiens. (Hansol tendit à Seungkwan la somme qui correspondait au tout).
– Merci. Allez, va te recoucher. On se voit demain.» Hansol voulait se reposer mais il ne voulait pas être loin de Seungkwan. Même s'ils n'en parlaient pas, ils savaient tous les deux que les vacances touchaient à leurs fins ; qu'ils devraient se séparer. Alors sans vraiment réfléchir, l'américano-coréen glissa ses doigts entre ceux de Seungkwan et lui compressa doucement le dos de la main. Il lui demanda faiblement s'il voulait bien venir avec lui.

« Je vais demander à Seungmin si elle peut me remplacer.»

Hansol ne savait pas ce qu'il lui avait pris de demander à Seungkwan de venir avec lui. Jamais il n'aurait agis de cette manière s'il avait bien dormi !

Quand il était fatigué, il devenait incroyablement irréfléchi et nécessiteux ; il soupçonnait le blond de s'en être rendu compte très vite à la manière dont il agissait précautionneusement avec lui.

Après avoir laissé la boulangerie-pâtisserie aux soins de la cadette Boo, ils se dirigeaient vers la maison de vacances des Vernon-Chwe.

Même s'il était encore tôt, la température s'était considérablement réchauffée et Hansol commençait à regretter d'avoir décidé de porter un pull. Il essuyait son front humide à plusieurs reprises en observant le ciel sans nuages et il se rendit compte que sa seconde main n'était pas libre quand il tenta de remonter son pantalon –autre erreur de sa part d'avoir considéré qu'une ceinture serait inutile. Il était dans l'incapacité d'utiliser sa main parce que Seungkwan avait mêlé leurs doigts sans que Hansol ne s'en rende compte –pas que cela lui déplaisait, il aimait beaucoup les contactes physiques avec le blond– et il réfléchit quelques secondes pour savoir à quel moment cela était arrivé.

Il n'y avait personne. Ils n'étaient que tous les deux à la maison de vacance ; le reste de la famille Vernon-Chwe était probablement sortie se balader. Hansol déverrouillait la porte d'entrée en s'excusant du possible désordre qu'il pourrait y avoir.

Étant déjà venu à plusieurs reprises ici, le blond montrait clairement des signes d'aisance. A peine avait-il mis les pieds à l'intérieur, qu'il s'était dirigé vers le réfrigérateur pour leur servir un verre d'eau chacun ; Hansol s'était pratiquement jeté sur le sien.

«Tu as vraiment l'air fatigué... Désolé pour hier soir.» Hansol dit que ce n'était pas la peine de s'excuser « Allez, va te coucher.»

Hansol obéit et après avoir troqué son pull pour un simple t-shirt rouge, il se dirigea vers sa chambre. Il s'installa sur son matelas et quelques secondes plus tard, appela son ami. « Reste avec moi.» avait-il geint dès que la tête blonde de Seungkwan avait passé l'entre-bâillement de la porte, celui-ci le traita de bébé mais vint quand-même s'installer à ses côtés.

C'était silencieux. Silencieux comme ça ne l'avait jamais été entre eux, ils ressentaient tous les deux le besoin de meubler celui-ci. Mais aujourd'hui, ce n'était pas le cas et Hansol adorait cela. Pour lui, pouvoir rester avec une personne, apprécier la présence de celle-ci sans devoir lui parler voulait dire être à l'aise. Hansol l'était définitivement en compagnie de Seungkwan.

Tout doucement, sans quitter le profil de son ami des yeux, l'américano-coréen murmurait :

« Je crois bien que j'aime passer du temps avec toi, Seungkwan.
– Hum ? Ce n'est que maintenant que tu t'en rends compte ?»

Seungkwan rit un peu et roula sur son flanc pour se mettre face à Hansol tandis que celui-ci tournait sa face vers le blond. Ils ne se savaient pas aussi proche l'un de l'autre et voir leurs visages en si gros plan les troublait. Cependant, ils restaient dans cette position qu'ils jugeaient agréable. Hansol adorait la chaleur qui se diffusait entre leurs corps. Il pouvait sentir le souffle de Seungkwan caresser ses lèvres et l'une de ses mains chercher la sienne sur le matelas ; Hansol la saisit. Seungkwan commença à lui caresser le dos de la main avec son pouce ; c'était très agréable. L'américano-coréen se sentait bercé.

«J'ai envie de dormir.
– Alors dors.»

Quand Hansol émergeait une bonne heure plus tard, Seungkwan s'était assoupie à son tour depuis longtemps. Son corps se soulevait à peine à sa régulière respiration, son visage était en partie caché par ses cheveux et il semblait s'être blottit un peu plus proche du brun. Hansol sourit un peu en se frottant les yeux puis tenta du mieux qu'il pouvait de sortir du matelas sans réveiller le blond. Au manque de lumière dans la pièce, ils avaient probablement dormi toute la journée. Le sommeil pesant encore sur lui, Hansol quitta discrètement la pièce comme objectif en tête de boire et de manger –il avait faim, c'est ce qui l'avait réveillé. Il se dirigea vers la cuisine et crû faire une crise cardiaque quand il se rendit compte qu'il était observé.

Sa mère, son père et sa sœur, tous les trois assis sur le canapé, chacun un livre dans les mains, le fixaient avec intérêt.

Saisissant son verre, il vint s'assoir près d'eux sur le canapé. Sans détourner son regard de sur son fils, Monsieur Vernon-Chwe posa son roman sur la table basse et prit l'air le plus sérieux possible.

« Hansol Vernon-Chwe, commençait-il, j'ai besoin que tu sois sincère avec nous.
– Il y a un problème ?
– Nous ne pensions pas te trouver là en rentrant, il marqua une pause exagérée, et encore moins en présence de Seungkwan. Dans un lit.
– Techniquement, on était sur un matelas mais c'est comme tu veux.»

Pour une raison inconnue, Hansol s'était mis sur la défensive et il vit dans le regard de ses parents qu'ils s'en étaient rendu compte. Son père posa une main sur son genou dans l'espoir de le calmer mais cela n'aboutit qu'au contraire ; Hansol ressentait de moins en moins l'envie de rester assis là. Il n'aimait pas la tournure de cette discussion.

Monsieur Vernon-Chwe reprit : « Ce que j'ai besoin de savoir c'est : est-ce que tu réalises qu'il ne nous reste qu'une semaine de vacances ?
– Je sais.
– Savoir est une chose et réaliser en est une autre, Chéri.» Madame Vernon-Chwe saisit le verre que Hansol tenait dans sa main et le posa sur la table basse. « Et tu sûr que ça va aller ?
– Mais de quoi vous parlez ? Je vais très bien, ça ira très bien ; je ne vois pas pourquoi retourner à Séoul serait si horrible que ça ! »

L'adolescent s'était levé subitement, son père l'avait imité et alors que celui-ci prenait une profonde inspiration pour pouvoir disputer Hansol, la porte de la chambre s'ouvrit.

Seungkwan apparu, tout débraillé et une marque d'oreiller sur la joue, un air affolé sur le visage. Il jeta un coup d'œil à l'écran de son téléphone et sembla paniquer un peu plus. Il remarqua enfin la famille Vernon-Chwe et s'écria à leur attention :

« Bonsoir Monsieur, Madame, Sofia ! Je suis désolé d'être aussi brusque mais je suis très en retard ! Il faut que j'y aille, au revoir !»

Et alors qu'il avait à peine enfilé sa seconde chaussure correctement, disparu à l'extérieur de la maison. Un court silence suivit avant que Hansol quitte aussi les lieux en ignorant les ordres de revenir de son père.

Bien sûr que oui, retourner à Séoul allait être dur. Même s'il allait retrouver ses amis, il devrait aussi retourner étudier et travailler ; il devrait retourner à son existence monotone de simple adolescent. Il ne savait pas s'il pourrait supporter ça. Être à Jeju, c'était génial, c'était tous les jours découvrir quelque chose de nouveau, c'était s'amuser et se sentir loin des problèmes ; c'était être avec Seungkwan.

Hansol s'assit sur le bord d'une promenade et passait furieusement ses mains dans ses cheveux. Il ne voulait pas se séparer de Seungkwan. Il était... il était différent des autres. Avec combien de personnes l'américano-coréen pouvait se sentir aussi à l'aise, aussi à sa place, aussi joyeux ? Seulement une. Et elle vivait ici alors que lui, vivait là-bas.

Hansol savait qu'il ne resterait que deux mois à Jeju mais le temps avait fini par lui faire oublier et la piqûre de rappel de son père l'avait bouleversé. Il avait naïvement promis à Seungkwan qu'ils se reverraient mais serait-ce même possible ? Le blond semblait ne pas vouloir quitter sa famille et le brun n'avait pas assez d'argent pour retourner aux prochaines vacances. C'était peine perdue ; jamais ils ne pourraient se revoir. Oh, bien sûr ils pourraient s'envoyer des messages ou s'appeler mais il manquerait toujours ce contact physique naturel qu'il y avait entre eux.

« Ça ne fait même pas deux mois que je le connais, pourquoi j'me prends la tête comme ça ? C'est stupide.»

C'est vrai, ça. Il était triste parce qu'il avait passé un bon mois avec le boulanger mais il était sûr qu'il lui faudrait moins de temps pour l'oublier.

« Et puis, je vais retrouver les autres et ça va être chouette. Je serai trop occupé pour penser à lui de toutes façons.»

Oui, en très peu de temps, il ne sera qu'un souvenir.

Il faisait froid. Cette bonne heure dans le calme de la soirée lui avait fait du bien ; il était l'heure de rentrer.

Hansol se mit debout et suivit le chemin tracé par la promenade. Sauf qu'au lieu de se retrouver devant la maison de la vieille femme, il s'était retrouvé là où menait logiquement le chemin : au centre de petits commerces.

Un grognement d'agacement le prit et il se dirigea vers la boulangerie-pâtisserie Jwa et s'assit à même le sol.

Il était mordu. Complètement mordu.

« Qu'est-ce que je vais faire ? Oh putain, qu'est-ce j'vais faire ?!» chuchotait-il en passant ses deux mains sur son visage. Rien. Rien du tout. Il n'allait rien faire, rien dire. Il allait garder ça pour lui et ne jamais en faire part à Seungkwan.

Au bout d'un quart d'heure, il se redressa et, alors qu'il comptait retourner à la maison de vacance, paniquait quand il aperçut une silhouette dissimulée derrière le mur perpendiculaire à celui de Hansol. Il songea à s'enfuir en courant quand l'idée que cela pouvait être un fantôme lui traversa l'esprit mais il reconnu la chevelure blonde de son ami.

Plus il s'approchait, plus les bruits de reniflements étaient audibles. Et plus son cœur battait fort. Il n'avait jamais vu Seungkwan dans cet état. Pas une seule seconde, Hansol avait pu l'imaginer être malheureux tant il était quelqu'un de naturellement joyeux. Personne ne souriait aussi facilement que Seungkwan ; personne n'était aussi aimable et accessible que lui ; personne n'avait un rire aussi angélique que le sien. Et ça contrariait Hansol de savoir qu'au lieu de rire, le blond pleurait.

Hansol s'approcha de la petite boule que formait le corps de son ami recroquevillé et murmurait :

« Seungkwan ?» le blond sursauta à l'appel de son nom mais ne se défit pas de sa position renfermée. Son corps était pris de soubresauts à temps irréguliers.

Hansol se laissait glisser le long du mur tout en s'approchant un maximum de lui. « Qu'est-ce qui te rend si triste ?» demandait-il en caressant le dos du blond.

Il n'était pas sûr de s'y prendre correctement –il consolait rarement les gens, il était plus le genre à se faire consoler– mais Seungkwan semblait se calmer au passage de sa main chaude sur son dos ; avec un peu de chance, il n'était pas trop mauvais.

« C'est juste...» commençait le blond avec une voix étouffée « Je suis trop émotif, c'est tout.» Mais Hansol s'était bien rendu compte que ce n'était pas tout.

« Ne me mens pas, Kwanie. Dis-moi ce qui ne va pas, s'il-te-plait.»

Afin de l'inciter –"l'encourager" était probablement plus approprié mais Hansol était beaucoup trop curieux pour cet innocent terme–  à parler, l'américano-coréen se pencha vers lui et le forçant à se redresser, le serra contre lui. Cela sembla fonctionner.

« Ce soir, on recevait le petit-ami de Seungil et...
– Et ?
– C'est pas un secret que je ne l'aime pas trop et il le sait. D'habitude, on évite juste de se parler ou on fait le stricte nécessaire (on se salue et on demande des nouvelles, c'est tout.) mais je ne sais pas pourquoi, ce soir il était de mauvaise humeur.
– Qu'est-ce qu'il a fait ?»

Ce type aurait aussi bien pu avoir craché sur les brocolis de Seungkwan que l'avoir frappé, Hansol aurait toujours la même envie de meurtre. Comment pouvait-on s'en prendre à quelqu'un d'aussi adorable que Seungkwan ? Ce gars était un connard.

« Qu'est-ce qu'il t'a fait, Kwanie ?
– Maman... Hum. Maman lui a dit ce que nous comptions faire pour le concours et il s'est moqué de nous. Il a dit que ma voix est horrible et que les métisses comme toi ne savent rien faire d'autre que se la péter avec leur côté étranger.» Il prit une pause, comme s'il essayait de contenir son agacement et après avoir essuyé ses quelques larmes, reprit : « Je ne sais pas si c'est la fatigue ou quoi, mais je lui ai dit d'aller se faire voir. Et à partir de là, c'est partit en cacahuète. Seungil et Maman se sont énervées, m'ont disputé comme si c'était moi, qui avait été méchant. J'ai pas pu le supporter et je suis partie.»

Seungkwan essuya encore une fois ses yeux avant que Hansol lui fasse un autre câlin. Ils restèrent dans la même position un long moment avant que le brun murmure que Seungkwan avait la plus belle voix de toute la Corée, que ce type était un enfoiré et que de toutes façons, Seungil et Madame Jwa finiraient bien par se rendre compte de leur grosse erreur.

« Désolé de pleurer autant, c'est ridicule.
– Hé ! Pleurer, ça fait du bien. Tu ne devrais pas te sentir ridicule parce que tu pleures. Pleurer, c'est humain. Alors pleures jusqu'à t'en assécher, Boo !» le blond rit, le brun suivit et une fois plus calmes, un agréable silence s'installait.

« Hansol ?
– Hum ?
– Ça te dérange si je reste chez vous, ce soir ?
– Non. Bien sûr que non !»

Hansol était totalement mordu.

Tout le monde était parti se coucher –il était déjà dix-heure du soir quand-même– et Hansol alla juste chercher dans sa chambre un draps et des oreillers qu'il déposa sur le canapé. Il prit garde à déposer le plus doucement ce qu'il avait en main et le blond l'aida à les installer. Tout aussi silencieusement, les adolescents se glissèrent sous le draps.

Hansol ne savait pas si Seungkwan dormait mais de son côté, il avait du mal à fermer les yeux. Et pour cause, il réfléchissait beaucoup.

Il savait quand emmenant le blond ici en pleine nuit, ses parents le disputeraient la seconde où ils s'en rendraient compte. Hansol n'était pas le genre de gamin à désobéir. Non, il était plus du genre à rester sage pour ne pas avoir à affronter la colère de ses parents. Mais contrairement à d'habitude, il n'avait pas réfléchi quand il avait autorisé Seungkwan à venir.

Mais qu'est-ce qui lui prenait ?

« Solie ? (Ah. Seungkwan ne dormait pas.)
– Hum ?
– Comment tu te sens, pour le concours.
– Tu me connais : je suis super stressé. Et toi ?
– Je ne sais pas trop à vrai dire. C'est comme-ci j'étais super excité mais en même temps super stressé.
– Y'a un terme, pour ça ?
– Je ne crois pas... On devrait en inventer un !»

Seungkwan se tourna face à Hansol et malgré la noirceur de la pièce, celui-ci pouvait voir son sourire amusé. Il dit sous un ton de complicité : « Pourquoi pas...Stressité ?» Seungkwan rit discrètement et acquiesça. Il partit ensuite sur un autre sujet (la possible dissolution d'un groupe de Kpop âgé) et finit par s'endormir, laissant seul le pauvre Hansol confronté à ses pensées. Celui-ci trouva le sommeil suite à l'épuisement.

« Au moins, ils ne sont pas dans un lit...» soupira Monsieur Vernon-Chwe en les découvrant emmitouflés sur le canapé le lendemain matin. Lui et sa femme ne firent aucunes réflexions aux deux adolescents à leur réveil.

9

Il y avait foule dans la salle de restauration de l'hôtel. Celle-ci avait été aménagée dans le cadre du concours ; les tables avaient été dégagées et seules les chaises persistaient, elles étaient cette fois-ci alignées face à la petite scène où se présentaient généralement des musiciens et des chanteurs. Deux grands rideaux rouges cachaient le dos de celle-ci. Malgré le calme apparent, derrière les grands tissus régnait un grand chao. Ça courait dans tous les sens, on chuchotait avec ardeur, on se bousculait ; on achevait les derniers préparatifs.

Hansol, lui, restait sagement assis dans un petit coin ; il remettait en question les choix qu'il avait pu faire dans sa vie.

« Prêt ?» lui demandait Seungkwan en passant une main dans son dos
« Je ne suis pas du tout prêt à monter sur scène...» et encore moins à repartir pour la capitale.

Hansol avait annoncé la veille au blond qu'il partirait le lendemain du concours mais la nouvelle avait étrangement été prise. Seungkwan s'était tus et après quelques secondes à fixer le sol, s'était remis à chanter. Ils n'en avaient pas parlé depuis. D'une certaine manière, ça inquiétait Hansol. L'indifférence du blond à cette nouvelle était-il signe de désintéressement ? Seungkwan s'était-il lassé de lui ? Ou peut-être était-ce sa manière de se faire au départ du brun ?

« Ça va aller, Solie. Après tout, on a revu la chanson des millions de fois ! On va assurer.» Seungkwan sourit au brun et le cœur de celui-ci rata un battement. Pour le relaxer, le blond pressait régulièrement la main de Hansol dans la sienne et celui-ci devait avouer que ça fonctionnait plutôt bien.

Alors que le trio de jeunes jongleurs apparaissait en coulisse sous les applaudissements du public, quelqu'un –probablement un employé– poussa Hansol et Seungkwan jusque sur la scène. Le présentateur les attira vers lui pour les présenter au public.

« Applaudissez bien fort ce charmant petit duo ! (La foule obéit) Alors... qu'allez vous nous présenter ce soir ?
– Nous allons vous interpréter une chanson. annonçait Seungkwan en souriant au public
– Une chanson ! Génial ! (les spectateurs applaudirent à nouveau) Pourrions-nous savoir laquelle ?
Umbrella de Younha et Epik High. intervint cette fois-ci, Hansol
– C'est une jolie chanson. Nous vous souhaitons bonne chance pour votre prestation. Applaudissez les encore une fois pour les encourager !»

Le présentateur disparu derrière les rideaux.

Les premières notes résonnaient dans la salle tandis que la lumière s'atténuait. Le cœur de Hansol battait beaucoup plus vite que le rythme de la musique et il entendait à peine la mélodie à cause du brouhaha que cela engendrait dans ses oreilles. Il sentait ses mains devenir moites autour du microphone et son tic nerveux à la jambe était à deux doigts de commencer.

La voix de Seungkwan s'élevait et le stress de Hansol laissa place à de la stupéfaction. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'il l'entendait chanter mais jamais, jamais ça n'avait été aussi beau. Aussi puissant, émotionnel ; magnifique.

La première partie de Hansol arrivait bientôt, il devait se préparer. Il ne devait pas décevoir Seungkwan alors que celui-ci avait commencé sa performance aussi majestueusement. L'américano-coréen se détendit et approchant le microphone de son visage, prit une posture détendu.

S'il y avait bien une chose qui impressionnerait toujours Seungkwan, c'était bel et bien ce talent que possédait l'anxieux Hansol à se défaire de tout stress afin de sembler très à l'aise une fois qu'il se trouvait devant un public. Le blond sourit doucement au brun quand celui-ci posa son regard sur lui.

Les spectateurs semblaient réceptifs à la prestation des deux adolescents, certains tapaient en rythme avec leurs mains et d'autres filmaient ou chantaient les paroles à voix basse.

Le refrain vint et Hansol reprit son souffle. Bon sang ce que c'était dur de garder une bonne posture devant tout ça de gens. Le refrain ne dura pas longtemps et Hansol reparti pour un tour.

« Tu-tu. Tu-tu. Tu-tu.» chantonnait Seungkwan alors que la musique atteignait sa fin.

C'était le signale. Hansol commença à murmurer dans le micro les dernières paroles tandis que la lumière s'amoindrit de plus en plus.

Hansol n'avait jamais été aussi satisfait de lui même. Jamais il n'avait ressenti autant de fierté. Jamais il n'avait été aussi heureux de vaincre sa timidité.

Dans le noir de la pièce, il sentit une main se glisser dans la sienne et lui donner une légère pression. Hansol pouvait imaginer le regard et le sourire éclatant de Seungkwan à ses côtés ; ils devaient probablement avoir la même expression de bonheur sur le visage.

La musique s'arrêta et la salle fut de nouveau éclairer. Le présentateur monta sur scène sous les applaudissements des spectateurs et le duo regagna les coulisses.

« T'as été génial, Hansol !» s'exclamait Seungkwan en sautant sur le brun. Celui-ci le réceptionna du mieux qu'il put et le serra fortement dans ses bras. « Toi aussi, Boo. Tu as été parfait.»

S'ils étaient dans l'un de ces films américains clichés, Hansol aurait choisi ce moment de bonheur et d'excitation pour déclarer sa flamme au blond. Mais ce n'était pas le cas et il n'y avait pas cette force mystérieuse qui le pousserait à embrasser Seungkwan.

« Hansol, je...» le blond ne put finir sa phrase car on tapota sur son épaule. Les deux garçons se séparèrent, embêtés de ne pas pouvoir finir leur discussions.

Un homme en chemise à manches courtes et en bermuda se tenait face à eux, un air stricte sur le visage. Il ressemblait à l'un de ces touristes typique qui se baladent tout le temps avec un sac aussi gros que leur maison sur leurs dos. Agilement, il sortit de son portefeuille une carte orange, noire et dorée qu'il tendit aux adolescents ; il la saisirent en même temps.

« Désolé de vous déranger dans vos... réjouissances. Je suis un manager de la Orange Caramel entertainment. On cherche de nouvelles personnes talentueuses et votre petit duo me plaît bien. Bien sûr, il y a quelques petites choses à changer mais j'aime votre dynamisme. Alors... Contactez-moi si joindre la Orange Caramel vous dit !»

Qu'est-ce que c'était que cette intervention ? Les deux adolescents n'en revenaient pas. Venait-on vraiment de leur proposer une carrière musicale ? Jamais ils n'avaient imaginé que cela se produirait. Et l'idée de devenir des artistes musicaux s'infiltrait dans leur esprit. Ils s'imaginèrent sur de grandes scènes, chanter devant une mer de fan, s'amuser à hurler les paroles de leurs chansons ; ils imaginèrent la présence de l'autre et tous les bons moments qu'ils passeraient ensemble.

« Seungkwan ! Hansol ! Bravo les garçons !»

Leurs familles réunies s'approchèrent d'eux. Les sœurs aînées de Seungkwan se jetèrent sur lui et les parents Vernon-Chwe félicitèrent Hansol. Ils entamèrent une discussion banale pendant que les trois jeunes filles (Seungil, Seungmin et Sofia) allaient au buffet goûter à tous les plats proposés. Quand Madame Jwa et Madame et Monsieur Vernon-Chwe oublièrent la présence de leurs fils, ceux-ci s'éclipsèrent.

Ils ne firent pas attention au résultat du concours –les petits jongleurs avaient gagné la première place.

Seungkwan entraînait Hansol jusqu'à l'extérieur de la salle de restauration. Ils se retrouvèrent dans l'une des nombreuses zones vertes de l'hôtel. Il faisait beaucoup plus frais à l'extérieur et c'était plus agréable au goût de Hansol.

Seungkwan semblait extatique, il n'arrêtait pas de balancer d'avant en arrière leurs mains, de sautiller sur le petit chemin en pierre qu'ils avaient emprunté. Il chantonnait un peu Umbrella en menant la marche.

Hansol aurait pu rester comme cela pour l'éternité. Main dans la main avec Seungkwan, celui-ci chantonnant un air qu'il aimait et avec cette atmosphère calme, fraîche et agréable.

« C'était dingue comme soirée ! Il y avait tellement de gens ! J'ai crû que j'allais m'évanouir en montant sur scène ! Et puis comment tu as assuré ! Il faut qu'on refasse ça !» s'écriait Seungkwan en saisissant le visage de Hansol en coupe. Et celui-ci crû se perdre dans la mer d'étoiles qu'étaient les yeux pétillants de son ami. « J'ai vraiment envie de recommencer. Je veux recommencer. Je veux... Je veux devenir chanteur. Et cette carte, elle est le signe, Hansol. Elle est là pour nous dire qu'on peut devenir des artistes. Il faut qu'on retrouve le gars  de la O.C entertainment ! Demain, on... »

Soudain, la vision de Hansol se troubla et il sentit sa joue se refroidir brusquement au passage de quelques larmes. Il n'y avait pas de demain, l'américano-coréen partait dès les premières heures du jour ; il n'aura même pas le temps de passer saluer le blond.

Il renifla. Seungkwan se raidit et demanda, étonné :

« Tu... tu pleures ?
– Bien sûr que non, idiot.» Hansol essuya rapidement ses joues du revers de ses mains.
« Pleures pas
– Puisque je te dis que je ne pleure pas.
– Aish, Hansol, tu vas me faire pleurer... Ça y est, je pleure.»

Seungkwan rit un peu –même si cela sonnait triste– puis laissa tomber sa tête sur l'épaule du brun en saisissant ses mains humide. Il ne pensait pas que se séparer de Hansol lui ferait aussi mal, il avait l'impression que son cœur brûlait tant c'était douloureux et son visage était devenu incapable d'afficher autre chose qu'une mine torturée. Toute l'excitation précédente était retombée et les deux garçons se raccrochaient à la carte qu'une de leur poignée partageait ; comme si elle était le seul souvenir de leur temps passé ensemble.

Hansol posa son menton sur le haut de la tête de Seungkwan et ferma les yeux, laissant quelques larmes glisser le long de ses joues et s'écraser sur le cuir chevelu du blond. Il caressait le dos des mains de Seungkwan distraitement en le berçant doucement ; les pensées à des kilomètres de là. Il songeait à tous les bons souvenirs qui contenaient la présence du blond, à tous les bons moments passés ensemble ; tout ces sentiments ressentis durant deux mois. Un sourire fleurit sur ses lèvres et il murmura : « J'vois pas pourquoi on pleure, de toutes façons...
– C'est vrai, ça. On va se revoir, hein ?»

Mais Hansol ne répondit pas et se contenta de lâcher les mains de Seungkwan avant de glisser la petite carte dans la poche arrière de son jeans. Son épaule était frigorifiée par les larmes de Seungkwan. Celui-ci agrippait le t-shirt de l'américano-coréen en pensant qu'il voulait s'en aller. Le brun le rassurait en le prenant de nouveau dans ses bras.

C'était silencieux. L'effervescence de la fête de l'hôtel n'arrivait pas jusqu'à leur point d'eau et les animaux de la nuit semblaient s'être tus pour ne pas perturber l'au revoir. Seuls les reniflements de Seungkwan qui s'élevaient à intervalles irréguliers et la respiration de Hansol rythmait le silence.

« Bien sûr qu'on va se revoir. C'est obligé.»

Et alors qu'au loin ses parents l'appelaient pour rentrer, l'américano-coréen enlaçait une dernière fois son ami.

10

«Hansol, debout.
– Encore cinq minutes...»

Madame Vernon-Chwe observait son fils enroulé dans son draps passer son oreiller par dessus son visage. Elle ne tarda pas à lui arracher et dit malicieusement : « Tu n'es pas pressé d'aménager dans ton nouvel appartement ?»

Hansol réagit au quart de tour. Il se leva, prit la direction de la salle de bain en courant puis en ressortit en moins d'une dizaine de minutes. Il enfilait un hoodie noir en se dirigeant vers la cuisine dans laquelle il engloutit deux petites brioches au chocolat puis jeta un regard à l'horloge accrochée à l'un des murs de la pièce. Il était onze heure moins le quart.

« Je vais être en retard si je ne pars pas dans cinq minutes ! » criait-il à travers l'appartement pour prévenir ses parents. Sofia s'opposa encore à cette idée et se laissait tomber mollement sur le canapé en faisant semblant de pleurer ; Hansol décida d'ignorer son attitude et de juste lui poser un baiser sur le dessus de la tête.

Il descendit les quelques étages qui le séparaient de la rue avec les derniers cartons de déménagement restant pour les disposer dans sa voiture. Après avoir embrassé son père, sa mère et sa sœur, il parti. Il se rendit compte qu'il lui avait fallu plus que cinq minutes pour s'en aller.

« Il est déjà si tard... Tant pis pour les cartons, d'abord l'aéroport.»

Les lieux étaient incroyablement fréquentés ce jour-là. On allait et venait dans tous les sens et Hansol aurait probablement été déboussolé s'il n'avait pas l'habitude d'une telle effervescence. Il prit un ascenseur pour se rendre au second étage du bâtiment principal et s'approcha de la longue vitre qui permettait d'observer les voyageurs récupérer leurs valises sur les tapis roulants réservés à leur distribution.

Hansol aperçu enfin une tête blonde familière après quelques minutes de recherche et il sourit. L'excitation était à son comble et l'américano-coréen redescendu quatre à quatre les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée pour attendre son ami devant la sortie faite pour les voyageurs.

« Seungkwan !» s'exclama-t-il quand le jeune homme apparu. Celui-ci releva la tête à l'entente de son prénom et sourit en apercevant enfin Hansol au milieu de la foule. Il se dégageait du mieux qu'il pu de l'attroupement et le brun vint lui sauter dans les bras.

Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas vu. Bien sûr, ils s'appelaient souvent et s'envoyait des messages. Ils s'étaient appelé le jour de leur remise de diplôme, pour leurs anniversaires et même ces fois où leur moral était au plus bas et qu'ils avaient besoin d'entendre la voix de l'autre mais il leur manquait toujours la présence, la capacité à se toucher ou à se voir autrement que pixelisé...

Tout en lui coinçant le visage entre ses grandes mains –il avait bien grandi depuis les grandes-vacances d'il y a deux ans–, Hansol lui demanda comment s'était passé le voyage et comment allait sa famille. Seungkwan en fit de même avant que le brun ne l'emmène à sa voiture –main dans la main, bien sûr. Ils eurent du mal à faire rentrer les deux valises que le blond avait emmené avec lui mais après un peu moins de cinq minutes à essayer de les mettre dans le coffre, le duo put enfin s'installer dans le véhicule à son tour.

« L'appartement est proche de la compagnie. Il y a deux chambres mais qu'une salle de bain et la cuisine et le salon sont séparés par une porte coulissante. Je suis sûr qu'il va te plaire !»

Seungkwan sourit à pleines dents. Hansol était intarissable depuis qu'ils s'étaient retrouvés et le blond devait avouer que ça lui avait manqué ces dernières années.

« Mes parents veulent qu'on dîne au restaurant ce soir. Ça ne te gêne pas ?
– Non, non. Et puis j'aimerai bien les revoir.
– Génial, je leur enverrai un message plus tard pour confirmer.»

Hansol n'avait pas mentit, l'appartement était vraiment chouette. Seungkwan aimait beaucoup la lumière naturelle qui s'y infiltrait et l'impression que tout était très grand. La cuisine était spacieuse et le blond aimait la couleur jaune pâle des placards et le carrelage blanc qui rendait la pièce plus lumineuse encore ; il s'y voyait déjà préparer des tonnes et des tonnes de plats et pâtisseries. Sa chambre contenait déjà quelques meubles –lit, bureau et chaise ainsi qu'une armoire.

Hansol arriva derrière lui et lui faisant un câlin, murmurait :

« Ça te plaît ?
– J'adore.»

FIN

14 532 mots
Alors... Cet OS a prit plus de temps que prévu pour sortir et pour cause, j'ai eu pas mal de devoirs et un emploi du temps chargé (ah la Terminale, quelle belle année scolaire !). Cependant, cela ne m'a pas empêché de finir d'écrire cette nouvelle mais aussi d'avancer dans l'écriture de ma prochaine histoire : ROYAL.

J'espère que vous aurez apprécié ce petit Verkwan et je vous dis à la prochaine !

CuteCatMint

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