Day 6 | WAR! AU |
Ok, donc il faut que je vous prévienne, j'ai totalement (et sans honte) triché pour ce jour.
Normalement, le Jour 5 est partagé entre Mythology! AU (ce que j'ai choisi et que je posterai plus tard) et Historical Event! AU... Le problème ? A ce moment de mon processus d'écriture de la Week, j'aime énormément ces deux thèmes, mais je suis déjà à la bourre, alors hors de question de les écrire tous les deux, mais je veux vraiment écrire sur une période de l'Histoire avec le Soukoku parce que damn c'est génial comme idée !
Et puis je vois que le prompt du Jour 6 est War! AU... Alors bon, évidemment, j'ai écrit un WW1 AU.
Je ne regrette rien ~
Bref. Je vous présente donc du Hurt/Comfort dans la plus pure de ses formes, et vous souhaite une bonne lecture ;3
┌(▼▼メ)┘
Dans les tranchées, de nuit, le silence était écrasant alors même qu'ils se tenaient étendus les uns près des autres, yeux grands ouverts, enfermés dans leurs propres cauchemars, à se demander si le regard fixe de leurs voisins n'était pas dénué de vie.
Certains partaient tranquillement dans les heures les plus sombres de la nuit, sans une plainte. D'autres hurlaient sous le soleil de midi sans pouvoir retenir la vie qui s'échappait de leur corps, dans une finale objection au cruel sort qui leur était réservé.
Chuuya ne les entendait plus depuis longtemps, les mois l'ayant rendu sourd même à l'agonie.
Emmitouflé dans trois vieux pulls de laine envoyés par sa mère, un épais duffle-coat couvert de boue et une écharpe à moitié détricotée, le jeune homme restait calme dans la nuit toujours éclairée par le feu de quelques lampes à huile. Allongé sur le poisseux sol de terre humide, serrant contre lui son sac de jute contenant entre autre les lettres qui lui parvenaient de la maison, quelques cigarettes et un rasoir, il essayait de dormir, en vain. Paupières fermement closes, souffle crispé alors qu'il maintenait obstinément sa position recroquevillée, genoux contre le torse, il s'efforçait d'ignorer les bruits alentours.
De ne plus entendre les gémissements des blessés, les respirations hachées de ceux qui pleuraient, les cris des malchanceux émergeant d'un cauchemar particulièrement violent, les murmures des éveillés qui étaient en poste, ne pouvaient rassembler assez de courage pour tenter de somnoler ou parlaient avec des voix percées d'inquiétude des rumeurs de défaite qui couraient sur le front.
Alors qu'il se tournait, essayant de trouver un semblant de position confortable pour sinon dormir, au moins se relaxer, un froissement de papier le fit se tendre dans l'obscurité, iris bleus soudain éveillés.
Avec des gestes précautionneux, comme manipulant un fragile manuscrit ancien dont les pages jaunies et craquelées menacent de tomber en poussière à chaque instant, il plongea la main dans la poche intérieure de son manteau, et en tira une liasse de lettres grossièrement maintenues ensemble par un lien de chanvre. Le papier se froissa dans le processus, et Chuuya s'empressa de le lisser du plat de la main, contemplant pensivement à la lumière des lampes de ses camarades soldats assis plus loin la teinte brunâtre prise par même les plus récentes missives. Les coins pliés et l'encre ayant bavé à certain endroits ne rendaient pas ce paquet de feuilles moins précieux aux yeux du jeune homme. Au contraire, d'une certaine manière il lui était rassurant de pouvoir être encore là pour constater la dégradation du papier.
L'écriture familière courait sur les feuillets, en lignes minces et serrées, de grandes majuscules rondes et de petites minuscules penchées, comme tracées dans la plus grande précipitation.
Chuuya aimait à penser à la main qui avait pris soin d'écrire chacun de ces mots, déjà couverte du gant de cuir des pilotes, se hâtant pour gribouiller une signature pleine de tendresse avant de reposer le stylo et de saisir le manche de son biplan.
Même les diverses piques qui parsemaient la lettre, concentrées en un nombre plus important vers la fin, sûrement pour distraire le jeune aviateur de l'heure de l'envol qui approchait, et de cette question de la survie qui à chaque départ se posait, ne parvenaient pas à irriter Chuuya. Par un étrange effet, imaginer le brun lui dire ces mots, entendre sa voix légèrement éraillée par trop d'air dans la figure, même si seulement dans son imagination, l'apaisait efficacement.
Sans oublier les messages codés que Dazai prenait soin de glisser dans chacune de ses missives, souvent par un astucieux mélange d'acrostiches et de lettres en apparence innocemment foncées à l'encre bleue. Il avait raison de prendre ces précautions, car Chuuya ne faisait pas suffisamment confiance à son supérieur, le caporal Mori, pour croire qu'il ne procédait pas à une sorte de vérification sur leur courrier, mais de constater que l'aviateur était capable de tant d'efforts juste pour qu'il reçoive aussi souvent que possible un rappel de son affection, le remplissait de la brusque envie de traverser les tranchées juste pour arriver dans le camp de son amant et lui montrer que ces petites attentions lui allaient droit au cœur.
Le jour où il recevait la permission de quitter cet enfer boueux où la mort était le seul moyen de trouver du repos, s'il parvenait à survivre jusqu'au moment où cette option lui était présentée, le rouquin n'hésiterait pas une seconde. Avant même de visiter sa mère, ou l'infirmier renvoyé chez lui après avoir perdu un bras, Arthur Rimbaud, qui avait tant fait pour lui dans les premiers mois de son arrivée, c'était vers Dazai qu'il irait.
Puisque le brun sortirait vivant de cette guerre, évidemment. En tant que véritable prodige dans son domaine, il n'avait pas d'autre destinée que d'accomplir de grands exploits, et de vivre longtemps pour profiter de la gloire que ceux-ci lui apporteraient. S'il osait seulement être blessé, Chuuya s'assurerait de lui relire en boucle les passages où il se vantait de sa supériorité si évidente.
Il irait donc vers Dazai, embrasserait ces mains qui tant de fois lui avaient indirectement procuré du réconfort dans les heures les plus pénibles de la nuit, ignorerait le sang séché sous leurs ongles même alors qu'il entrelacerait leurs doigts, et serait sûr de lui exprimer sa gratitude de toutes les manières possibles pour ces rares pages de lumière qui l'avaient gardé en vie au travers de longs mois d'incertitude et d'angoissante attente de la mort, de la défaite ou de la victoire.
Il évitait de penser au futur, trop rompu à la réalité de la mort pour ignorer que le prochain à ne pas se réveiller pourrait bien être lui, mais Dazai, qui n'avait jamais aimé la vie (et s'était volontairement engagé dans cette boucherie, ce fou) allumait dans sa poitrine une flamme le poussant à considérer le futur, à espérer un futur.
Chuuya voulait se persuader qu'un jour, au lieu de serrer contre son torse le paquet de lettres, il aurait leur auteur entre les bras.
Ce soir là, en s'abandonnant peu à peu au sommeil, il y réussit presque.
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