𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre huit —— Aveugle
« Les jours passent mais les souvenirs restent pour l'éternité. »

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— YASHIRO ? appela Hanako.

— Elle ne va pas tarder à se réveiller, je sens de nouveau ses pensées, lui apprit Aika.

Les yeux de la lycéenne s'ouvrirent avec lenteur. Son regard était d'abord flou, puis totalement net après quelques instants. Une lueur verdâtre illuminait le couloir et le bâtiment entier. La nuit était déjà tombée, la lune était élevée dans le ciel noir.

Yashiro se retrouva face aux deux Mystères, chacun avec un sourire aux lèvres. Elle se redressa, encore un peu fatiguée, puis demanda :

— On est de retour ? Où est Kou ?

— Ah, le gamin...

Hanako sortit de sa poche une minuscule poupée, qui ressemblait trait pour trait au jeune exorciste.

— Le voilà.

— Kou ! s'exclama Yashiro en le prenant dans ses mains.

— Il a combattu bravement jusqu'au bout, dit le Septième Mystère, faussement ému.

— Il est devenu si mignon...

— Oui, je trouve aussi, souffla Aika avec un léger rire.

Hanako se releva d'un bond. Le Huitième Mystère aida Yashiro à se lever, alors que le garçon s'éloignait.

— On pourra rendre leur apparence, à Aoi et les autres ? poursuivit Yashiro, inquiète.

— Oui, lui assura Hanako. On va demander à ce que ce soit fait... par elle.

Il prit dans ses bras une étrange renarde aux couleurs clairs, accompagnée de deux petites âmes autour d'elle. Nene la regarda attentivement. Tout comme la fausse Misaki, elle avait des minuscules clochettes à ses oreilles. Ce devait être un esprit.

— Numéro Deux, tu nous dois des excuses, ajouta Hanako. On a failli y passer plusieurs fois, nous avons tous risqués notre vie sur ce coup-là.

La renarde ne répondit pas tout de suite. Yashiro ne savait que penser, était-il impossible de ramener tous les élèves ? Mais après quelques secondes, l'esprit haussa simplement les épaules d'un air moqueur.

— Je sens que je vais faire de la soupe de renard, menaça Hanako en pointant son couteau vers l'animal.

— Non, attends ! s'exclama Yashiro.

— Ne t'inquiète pas, lui assura Aika. Il plaisante, enfin j'espère. De toute façon, les personnes transformées en poupées vont simplement reprendre leur apparence. Ils n'auront même pas de souvenirs, ni de séquelles.

— Tant mieux... soupira Nene de soulagement.

Elle était profondément soulagée. Toute cette histoire se terminait finalement bien ! Comment aurait-elle réagi s'il était impossible de ramener les élèves ? Yashiro n'en savait rien et elle préférait ne pas y penser.

Du coin de l'œil, la jeune fille put apercevoir le Deuxième Mystère baisser la tête d'un air peiné. Nene sentit immédiatement un pincement au cœur, en se rappelant du passé du Mystère.

Comme c'était Yashiro qui avait détruit le réceptacle, elle put découvrir toute l'histoire de la renarde. Enfin plutôt, l'histoire de son réceptacle.

Avant, elle n'était que l'esprit d'une statue de sanctuaire. Le professeur Misaki arrivait étrangement à la voir, peut-être ne s'était-il pas rendu compte qu'elle n'était qu'un fantôme ? Il venait souvent la rendre visite, et lors d'une photo de sa classe, il n'avait pas hésité à la mettre en avant sur la photo.

Yashiro ressentait une grande compassion pour la renarde. Après tout, personne n'avait pu la voir, sauf Misaki. Il avait pris soin d'elle, la considérait comme son élève. La petite fille affectionnait beaucoup son professeur, au point de tomber amoureuse de lui.

Il était la prunelle de ses yeux, sa raison de vivre.

— Petite renarde, commença la lycéenne en s'agenouillant face à l'animal. C'est à vous.

Elle sortit de sa poche la photo en noir et blanc, où on pouvait voir le professeur, ses élèves, ainsi que la petite statue de l'esprit. Elle la tendit au Mystère Numéro Deux, qui parut légèrement surprise.

— Je vous préviens, je ne vous ai pas pardonné ! poursuivit Yashiro. C'était effrayant et j'ai bien cru y passer ! Mais en retour, je vous ai cassé un objet précieux... Alors je tiens à m'excuser.

La renarde prit la photo dans ses mains, un air mélancolie au visage. Elle observa intensément les moindres recoins. Peut-être que ses souvenirs lui remontaient ? Nene caressa délicatement l'oreille de l'animal, le baume au cœur.

Mais le Deuxième Mystère empoigna subitement la main de la lycéenne et lui planta ses petits crocs. Yashiro poussa un cri de surprise, avant de vivement secouer son bras pour la faire partir.

L'esprit se détacha finalement de la jeune fille et s'exclama :

— Ne me touche pas ! Je ne deviendrai pas ton amie.

— Oh, elle râle, que c'est mignon ! dit Aika d'un ton un peu gaga.

La renarde lui mordit également la cheville, mais le Mystère ne semblait pas avoir mal. Au contraire, elle montra encore plus d'affections à l'esprit en lui caressant doucement la tête.

Finalement, l'animal la relâcha elle aussi puis gravit quelques marches de l'escalier Misaki. Elle se retourna vers les trois enfants, l'air agacé.

— Je m'appelle Yako, confia-t-elle. Si vous me traitez encore de renarde, je vous boufferai la main !

Et à ces mots, la dénommée Yako monta jusqu'en haut de l'escalier, puis disparut en un instant.

— Tu aurais dû en faire une soupe, maugréa Yashiro à l'attention d'Hanako.

— Mais non, voyons.

La lycéenne observa Aika la rejoindre à ses côtés. Son regard se perdait vers le haut de l'escalier, pile à l'endroit où Yako avait disparu.

— Voilà à quoi ressemble donc un renard... murmura-t-elle.

— Tu n'avais encore jamais vu de renard ? s'étonna Yashiro.

Du coin de l'œil, la lycéenne put voir Hanako se raidir.

— Non, jamais, lui confia le Huitième Mystère avec un certain air nostalgique.

Nene l'observa, surprise. Mais après tout, c'était bien possible. Les renards restaient quand même rare, et en particulier Yako et ses jolies couleurs pastels.

— Bon, je vais vous laisser, lâcha finalement Aika en s'éloignant.

— Merci beaucoup de nous avoir aidés ! se dépêcha de dire Nene. Merci d'avoir ramené Aoi, de m'avoir protégé aussi...

— Tu devrais surtout remercier Hanako, après tout, c'est lui le chef. Et puis, je n'ai pas fait grand chose.

Yashiro jeta un coup d'œil à l'intéressé, qui restait totalement pétrifié et muet comme une tombe. Qu'est-ce qui lui prenait ? Pourquoi réagissait-il ainsi ? Il n'avait pas non plus arrêté de fixer Aika, lorsqu'ils étaient dans le territoire du Deuxième Mystère.

Aika attendait aussi une quelconque réaction, mais elle parut horriblement déçue. Elle soupira, avant d'ajouter :

— Il ne semble pas vouloir faire connaissance, c'est bien dommage. Je ne sais pas ce que monsieur à contre moi.

Elle émit un léger rire, avant de se placer face à Hanako. Celui-ci se retrouva nez à nez avec le Huitième Mystère, qui prit immédiatement un air faussement peiné.

— Tu me fais la tête ? C'est parce que je ne suis pas venue à ta réunion ? Oh allez, je n'étais pas de bonne humeur, c'est tout ! Je suis pardonnée maintenant, non ?

Nene ne comprenait pas réellement de quoi parlait Aika, mais elle imaginait que c'était une histoire qui concernait seulement les Mystères. La lycéenne put apercevoir les joues d'Hanako devenir légèrement rosées, suite à ce soudain rapprochement. Il s'éloigna d'un pas en arrière, avant de répondre avec un bégaiement :

— Je... Je ne te fais pas la tête.

— Oh, allez, je suis sûre que même Yashiro a remarqué comment tu me fixais sur le territoire du Deuxième Mystère. J'ai fait quelque chose de mal ? Ou alors c'est parce que j'avais une tâche sur le visage peut-être ?

Aika me fait vraiment à rire, songea Yashiro en ne pouvant pas s'empêcher de sourire. Elle tient tant que ça à ce que personne ne lui fasse pas la tête ?

Hanako baissa son regard, visiblement gêné.

— J'étais juste surpris de te voir, après tout, je ne te connaissais pas, se justifia-t-il en reprenant contrôle de ses émotions.

— Honorable Numéro Sept, je sais que tu as des pensées malheureuses en ce moment, du coup, je suis un peu triste que tu sois triste, lâcha Aika en s'éloignant. N'oublie pas que je peux ressentir tes pensées et tes émotions. Mais bon, je ne vais pas insister. Et Yashiro !

L'intéressée détourna le regard de Hanako, pour reporter son attention vers la petite blonde.

— Appelle-moi dès que tu as un autre souci, je serais toujours ravie de t'aider, lui sourit Aika. Passe me voir aussi à la Salle de Musique si tu veux papoter. Bye !

À ces mots, elle disparut dans un épais nuage de fumée.

Nene observa Hanako remettre en place sa casquette noire, visiblement mal à l'aise.

La jeune fille se laissa tomber contre un mur, épuisée. Toute cette histoire avec les esprits et l'autre monde, ainsi que le fait qu'elle ait failli mourir plus d'une fois, l'avaient complètement éreintée.

— Qu'est-ce que je suis fatiguée, soupira-t-elle. Hanako, tu ne pourrais pas me dire la véritable raison ? A moins que c'est parce que tu es amoureux d'Aika ?!

Le garçon sursauta et ses joues prirent de nouveau feu.

— Pas du tout ! C'est absolument pas ça ! Ne t'emballe pas...

Il prit soudainement un air très sérieux. Yashiro ne l'avait jamais vu comme ça. Elle le sentait comme prit d'une profonde tristesse. Le Mystère avait un air accablée et à la fois mélancolique. À quoi pouvait-il bien penser ?

— Si tu veux tout savoir, je connais Aika depuis longtemps. Je la connais car je restais beaucoup avec elle lorsque nous étions vivants.

Il fit une pause, avant de pousser un profond soupir :

— Aika s'appelait en réalité Aiko. Elle... Elle était aveugle.

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CHAPITRE 8 TERMINÉ
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