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Où était-elle ? Tout était noir autour d'elle et elle ne pouvait bouger ses bras , ni ses jambes. Sa tête la faisait atrocement souffrir et elle crû un moment qu'elle sombrerait à nouveau dans l'inconscience. Ses poignets et ses chevilles la brûlaient et très vite, la jeune fille compris qu'ils étaient attachés. Qu'avait-il bien pû se passer pour qu'elle en arrive là ? Elle ne se souvenait de rien. Elle était allongée sur une surface solide et ballottée dans tous les sens. Probablement un chariot. Des voix s'élevèrent au dessus d'elle et c'est à ce moment là que la mémoire lui revint. Les hommes qui l'avaient suivi dans la forêt.
La jeune fille s'agita et voulu hurler à l'aide, mais un obstacle lui barrait la bouche, étouffant les sons qui en sortait.
— Je crois, messieurs, que la demoiselle est réveillée, rit l'un d'eux, tout près.
— Fais en sorte qu'elle se rendorme, ronchonna celui que l'adolescente reconnaissait comme étant celui qu'elle avait frappé. Nous sommes encore loin du campement.
La jeune fille entendit quelque chose frotter le sol en bois tout près d'elle avant que celle-ci ne heurte violemment sa tête. Puis une masse s'approcha assez pour qu'elle puisse sentir l'alcool.
— Tu vas dormir encore un peu, murmura l'homme à son oreille. Et lorsque tu te réveilleras, ce sera juste à temps pour découvrir quel sort on réserve aux gens comme toi. Sorcière !
Un autre coup vint la heurter, mais dans le ventre cette fois. Bien que celui-ci eût été violent et sa respiration coupée, elle ne le senti quasiment pas. Dans un sursaut de lucidité, elle se demanda pour qu'elle raison il l'appelait ainsi. Elle perdit bien vite connaissance et pour de très longues heures.
*
* *
Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, son corps entier était endolori et elle arrivait à peine à se redresser. C'est une fois assise que la jeune fille se rendit compte que plus rien n'entravait ses yeux et sa bouche. Il faisait nuit, par conséquent, soit elle était dans l'inconscience seulement quelques heures, soit elle avait dormi toute une journée. La deuxième hypothèse était plus probable. Mérilys constata également qu'elle ne se trouvait pas sur un chariot rempli de caisses, mais dans une cage aux barreaux forgés dans le fer. Ils avaient certainement appliqué une substance corrosive dessus, car lorsqu'elle posa ses mains sur le métal, elle ressenti une violente brûlure sur les paumes. La jeune fille les retira immédiatement et les inspecta avec soins. Elle ne les avait pas laissé assez longtemps pour que des cloques apparaissent, mais sa peau était rougie et allait rester douloureuse un long moment. Ont-ils si peur d'une jeune fille qu'ils soient obligés d'en arriver à cette extrémité ?
Puisqu'elle ne pouvait s'approcher des barreaux, Mérilys alla s'asseoir au centre de la petite cage, elle se sentait oppressée, affaiblie et nauséeuse. Son cou la démangeait encore, et sa tête la faisait souffrir. Elle voulait rentrer chez elle. Pourquoi l'avait-on amenée ici et enfermée comme une criminelle ? Elle n'avait rien fait de mal.
L'adolescente sentait le désespoir la gagner et les larmes commencèrent à brouiller sa vue et rouler le long de ses joues. Elle n'arrivait pas à réfléchir. Elle n'arrivait pas à se calmer. Mérilys se roula en boule sur le sol, la tête entre ses bras et se laissa aller à sa peur et son chagrin. Elle n'entendit pas les deux hommes s'approcher. Elle ne se rendit compte de leur présence que lorsque l'un d'eux parla.
— La voilà réveillée, s'exclama-t-il moqueur. Tu es une grande dormeuse jeune fille.
L'adolescente releva son visage mouillé, partiellement caché par sa chevelure flamboyante dont la tresse avait été défaite lors de sa course dans la forêt. A la lueur du flambeau que tenait l'un d'eux, elle pouvait facilement distinguer leur accoutrement. C'était deux soldat qui devaient bien faire chacun deux têtes de plus qu'elle. Leur visage était en partie dissimulé par leur haume. Elle distinguait toutefois le regard de chacun. Celui de droite, sans doute celui qui l'avait interpellée, avait les yeux clairs et rieurs, tandis que le deuxième, celui qui tenait la torche, l'observait d'un œil neutre, comme si sa présence lui importait peu.
— Qui êtes-vous ? pleura la jeune fille. Pourquoi suis-je enfermée ici ?
L'homme au ragard narquois éclata d'un grand rire sinistre.
— Et tu oses le demander !
Son dédain et sa haine envers elle étaient palpables. Elle ne leur avait pourtant rien fait, ni même au roi.
— Allons, reprit-il avec sérieux. Pas de ça avec nous. Nous savons ce que tu es. Un monstre, une créature mauvaise, vouée aux ténèbres.
Mais enfin pourquoi tant d'insinuations ? S'en était trop pour Mérilys qui fini par éclater en sanglots bruyant. Le deuxième soldat se tourna vers son confrère et parla d'une voix toute aussi vide d'émotions que son regard.
— Sommes-nous bien certains de ce qu'elle est ? Ce n'est qu'une enfant.
L'autre se retourna et le regarda méchamment. Il tendit la main à travers les barreaux de la cage et agrippa les cheveux de l'adolescente pour la tirer brutalement vers lui. Mérilys lâcha un gémissement de douleur. Elle avait l'impression qu'on lui arrachait la peau du crâne et se retrouver plaquer contre une matière dont on avait enduit un poison n'arrangeait pas les choses. Son visage la brûlait à tel point qu'elle en hurla de douleur.
— Est-ce une preuve suffisante pour toi, le nouveau ? Cette gamine est une sorcière.
La jeune fille n'en croyait pas ses oreilles. Avait-il perdu la tête ?
— C'est faux, parvint-elle à protester, les dents serrées et la voix entrecoupée de sanglots. Je ne suis pas une sorcière
L'homme au regard fou ricana et tira violemment sur sa chevelure rousse, de manière à dévoiler son cou. En plus de sa tête, c'était sa nuque qui la faisait souffrir maintenant.
— Et cette marque dans ton cou ? renchérit-il en appuyant dessus comme s'il voulait que son doigt lui transperce la peau. Tu es des leurs. C'est leur signe.
Le deuxième soldat ne trouva rien à redire, mais l'adolescente vit son regard s'éclairer d'un vif intérêt. Soudain elle sentit la pression disparaître de son crâne et elle s'effondra sur le plancher de sa prison. Les larmes recommencèrent à couler abondement sur son visage. Elle ne comprenait pas. Quelle marque ?
— Je ne suis pas une sorcière.
— Pleures autant que tu veux cela ne changera rien à ta sentence.
L'homme haineux se détourna et commençait à partir, tandis que le deuxième jaugeait sans retenue la pauvre fille roulée en boule devant lui.
— Je ne suis pas une sorcière, continuait-elle de marmonner. Je ne suis pas une sorcière.
— Tu viens où tu préfères tenir compagnie à cette infame créature?
L'homme au flambeau la regarda encore un moment et fini par se détourner à son tour. Son départ plongeant la jeune fille peu à peu dans l'obscurité. Le seul son qu'elle entendait après cela, c'était sa voix, répétant comme une litanie la même phrase depuis plusieurs minutes.
— Je ne suis pas une sorcière.
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