8
Une heure plus tard, les soldats et le bêtes, reposés, reprenaient la route. Ethoriel affichait un faux air dégoûté de par sa défaite. Ses comparses l'avaient charié un long moment avec ça.
— Tu te défends bien pour un nouveau.
— Tu feras mieux la prochaine fois.
L'esprit de camaraderie de ces hommes était sincère, il le sentait. Se comporter comme un monstre envers des personnes différentes ne voulait pas forcément dire être odieux et hautain avec tout le monde, il le savait. Pourtant, il était quand même surprit de la facilité qu'ils avaient à aller vers les autres. Lorsqu'il est entré dans la garde, quelques semaines plus tôt, Ethoriel, s'était mis en retrait et les avait observé de loin. C'était le premier jour. Lors de l'entrainement, ont lui avait collé un mentor à qui il avait à peine répondu aux questions sur sa vie. Ce n'est que lors du repas, dans le hall des quartiers réservés aux chevaliers, qu'il avait commencé à s'intégrer. Alors qu'il mangeait seul dans son coin, un petit groupe s'était installé avec lui et avait commencé à l'inclure dans leur conversation. Au départ réticent, il s'était finalement laissé prendre au jeu en se disant que c'était mieux ainsi.
Après cela, il avait rapidement fait connaissance avec les autres. Il n'avait même pas eu besoin de gagner leur confiance. Pour Erod Varok en revanche, c'était une autre histoire. Le capitaine semblait émettre des soupçons à son égard depuis le premier jour. Il le surveillait étroitement et semblait suivre Ethoriel lorsque celui-ci n'était pas accompagné. C'était comme s'il connaissait ses projets. A la différence que si c'était le cas, il aurait déjà tout mis en oeuvre pour le faire pendre. Non, c'était juste une certaine méfiance qu'il éprouvait envers cette nouvelle recrue sorti de nul part, là où les soldat arrivaient dès leur quinze ans pour être formés devenir écuyers. Bien qu'il ne sache rien, le capitaine de la garde était une menace. Ethoriel devait rester sur ses gardes et l'arrivée de la gamine n'arrangeait pas ses affaires.
Le trajet de l'après-midi se déroula dans la bonne humeur pour le groupe d'homme, ils avaient presque oublié la présence de Mérilys. La jeune fille avait bien remarqué le petit manège des deux seules personnes à lui montrer un peu d'attention - elle aurait préféré être ignorée de l'un d'eux. Etait-ce un jeu ? Elle en doutait. Mais qu'est ce que cela voulait dire ? Les douleurs dans son corps s'étaient ravivées, elle ne pouvait réfléchir correctement. Ce qu'elle savait, c'était qu'elle devait parler au propriétaire de la cape avant qu'ils n'arrive à destination. Et comme elle ne la connaissait pas, elle devait faire vite. Mais comment s'y prendre. Cette question la taraudait. Elle ne pouvait pas faire grand chose. Il y avait déjà un point positif : il avait pris la place de l'un de ses camarades à droite de sa prison mobile.
La jeune fille resserra la cape autour d'elle. Mais bien sûre ! Elle ne l'avait pas remercié pour son geste, même si ce n'était pas par gentillesse qu'il la lui avait jeté. Lentement, elle s'approcha des barreaux de sa cage, jusqu'à ce quelle soit assez près pour lui parler discrètement, mais aussi assez loin pour ne pas toucher le métal. Elle ne voulait pas retenter l'expérience de la brûlure. L'adolescente observa l'homme un instant. Il avait fière allure sur son destrier et vêtu de son armure. Son regard inexpressif s'était tourné vers elle dès qu'elle avait commencé à bouger.
— Excusez-moi, marmonna-t-elle, en essayant de ne pas se faire entendre des autres. Je ne vous ai pas remercié pour votre cape.
Le soldat jeta un œil discret autour de lui. Personne ne semblait avoir remarqué le manège de la gamine, ils étaient trop occupés à bavarder et ricaner entre eux. Pour plus de discrétion, il se remit à fixer l'horizon.
— Evite de t'adresser à moi ! S'ils nous voient discuter, nous aurons tous les deux de gros ennuis.
L'espoir grandit dans le cœur de Mérilys. Ce chevalier n'était pas comme ses camarades. Si cela avait été le cas, il n'aurait pas hésité à la menacer. Elle avait bien compris sa mise en garde, mais elle ne s'éloigna pas pour autant du bord du chariot. Elle se détourna simplement de l'homme. La jeune fille n'allait certainement pas laisser sa chance de sortir d'ici s'envoler.
— Vous n'êtes pas comme eux, dit-elle calmement.
— Détrompe-toi, contesta Ethoriel à voix basse. Je suis bien des leur.
La jeune fille secoua la tête.
— Vous êtes peut-être un chevalier, chasseur de sorcière, mais contrairement à vos compagnons, vous semblez avoir de la compassion pour tout être vivant. Peut importe ce que vous pensez de lui.
Elle était très loin de la vérité, mais il n'allait pas s'amuser à la lui révéler. Pas en présence des autres.
— Je t'ai dis de ne p...
— Je ne suis pas une sorcière, coupa-t-elle. Je n'ai rien à faire ici.
Le soldat soupira. Il savait très bien ce qu'elle était sur le point de lui demander. Il savait aussi que s'ils étaient surprit à se faire la conversation, elle ne serait pas la seule à perdre la vie dans les prochains jours. L'homme garda le silence et fit comme s'il ne l'avait pas entendu. Peut-être que s'il l'ignorait, elle finirait par rester tranquille. Mais l'adolescente n'avait pas dit son dernier mot et éleva légèrement la voix .
— Faites moi sortir de là !
Elle n'avait pas crié, mais ses paroles était assez fortes pour que certains soldats l'entendent. Ethoriel, lui jeta un regard noir, tandis que les autres hommes lui ordonnaient de se taire. En tête de file, le capitaine tira sur les rennes de sa monture et se retourna.
— Un problème Versoli ?
Le chevalier, détourna le regard de la jeune fille pour le fixer sur son chef.
— Aucun, répondit-il avec assurance.
Peu convaincu, Erod, s'attarda sur lui. Ethoriel soutint son regard de longue seconde, tandis que les bêtes qui les portaient s'impatientaient. Toute la file était arrêtée et le soldat pria pour que son supérieur détourne son attention et reprenne la route. Celui-ci ne tarda pas à talonner sa monture, qui avança sans rechigner. Ses subordonnés l'imitèrent et la colonne reparti en gardant la gamine à l'œil. Elle avait échoué. Au lieu de le convaincre discrètement, elle avait attiré l'attention de tout le monde. Elle se morigéna intérieurement. Elle n'avait plus intérêt à faire le moindre bruit, mais elle ne pouvait pas non plus les laisser la juger et exécuter. Pour le moment, elle ne pouvait rien faire de plus. Défaite elle se laissa tomber en soupirant sur les planches de bois et observa le ciel à travers les barreau.
Quelques oiseaux les survolaient, sans prêter attention à l'étrange procession. Le vent frais balayait la pleine qu'il traversait, faisant danser l'herbe aux abords du chemin. Elle devait profiter de cette vue et des sensations qui allaient avec. Elle pourrait ne plus jamais voir et ressentir quoi que ce soit d'ici quelques jours. Le cœur de l'adolescente ce serra de peur et de chagrin, elle ne reverrait peut-être jamais sa tante.
Une larme coula du coin de son œil et alla se perdre dans ses cheveux. La gorge serrée, elle se força à ne pas faire le moindre bruit. Aucun soldat ne remarqua sa détresse, ou alors, ils s'en moquaient éperdument. Seul Ethoriel en avait quelque chose à faire. Il était décidé à agir.
Contrairement à ce que la jeune fille craignait, ce n'était pas ce jour-là qu'ils atteindraient son lieu de jugement. Ils avaient traversé trois villages au cours de la journée, sans s'y arrêter. Les habitants curieux avaient dévisagé le groupe avec surprise, puis dégoûts et haine lorsque leurs yeux s'étaient posés sur l'adolescente enfermée. Le capitaine avait clamé haut et fort dans les rues qu'ils avaient capturé une sorcière et qu'elle serait châtié pour ce crime. Quel crime ?
La colonne avait fait halte bien après avoir arpenté le derniers village. Le soleil avait disparu depuis un moment et l'air s'était encore rafraichit. La cape que tenait encore Mérilys ne servait plus à grand chose, elle la réchauffait à peine. L'inactivité ne l'aidait pas non plus. Les soldats érigeaient le campement un peu plus loin, tout en la gardant à l'oeil. Deux d'entre eux étaient partis chercher du bois pour faire un feu, tandis que d'autres s'occupaient des chevaux ou de la nourriture. Comme la veille, Mérilys n'eut droit qu'aux restes, mais personne ne lui donna d'eau. L'adolescente mourrait de faim et de soif. Elle avait l'impression d'avoir un trou dans l'estomac et la gorge séche, mais elle n'osa quémander quoi que ce soit.
Un peu plus tard, les hommes instaurèrent un tour de garde. Les soldats se relayraient toutes les heures, par deux pour surveiller et la prisonnière et les alentours. Une fois les roulements covenus, ceux qui ne prenaient pas le premier tour s'installèrent des couvertures qu'ils avaient posé au sol, autour du feu. Le temps passa. L'adolescente avait trop froid et mal pour dormir et la présence de ces guerriers encore éveillés la mettait mal à l'aise. Qui sait ce qu'ils pourraient faire.
La jeune fille avaient compté trois tours avant que ce ne soit le sien. Ce soldat qui ne l'avait ni humiliée, ni frappée ou quoi que ce fut de négatif. Hélas, c'était un autre qui restait près d'elle. Lui, faisait régulièrement le tour du campement, certainement pour s'assurer qu'aucune bête ne rôdait. L'autre ne lui adressait pas la parole. Il faisait comme si elle n'existait pas, elle ne lui prêta donc pas attention et se concentra de nouveau sur celui à qui elle espérait parler... Il avait disparu.
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