Chapitre 1
Automne 1986, New York City...
Je me regarde une dernière fois dans le miroir. Je regarde mon visage et mes cheveux qui tombent légèrement ondulés sur mes épaules et vérifie que mon maquillage, certes discret, est bien mis.
-Mouais... Ça devrait aller je pense.
Je me parfume un peu et ajuste mon chemisier bleu ciel. J'ai la boule au ventre et le cœur qui bat à trois mille... Je me répète dans ma tête le petit discours que je dirai en arrivant pour me présenter à mon patron:
-Bonjour. Je suis Rachel Emerson, la nouvelle maquilleuse que vous avez engagé.
Je me répète cette phrase dans la tête car je sais que, stressée comme je suis, je vais encore oublier quoi dire en rencontrant mon patron ou bégayer, même si c'est une petite phrase un peu nulle c'est vrai. Je quitte enfin la salle de bain pour chercher mon sac à main dans ma chambre ainsi que ma veste en cuir. Je cherche mon badge dans ce foutu sac et évidement il est bien caché au fond... Je le sors enfin et me le passe autour du cou. Je regarde mon réveil qui affiche huit heure dix. Mon nœud au ventre se serre encore plus... Il va falloir y aller si je ne veux pas être en retard, ce qui serait bien con pour mon premier jour de travail. J'enfile ma veste, enfile la bandoulière de mon sac autour de mon épaule et part vers l'entrée de mon petit studio. Comme d'habitude je vérifie plutôt deux fois qu'une que j'ai bien fermé la porte à clé avant de ranger ces dernières dans mon sac et de partir.
Je me remémore le lieu où je dois aller pour bosser. Ça va, c'est à vingt minutes environ et je dois être là-bas pour neuf heure donc j'ai largement assez de temps devant moi, ce qui me fait un peu moins angoisser. Je fais quelques pas dans la rue avant de retrouver mon bon vieux petit scooter d'un vert pale pas très beau je le reconnais, mais qui marche à merveille et qui ne m'a encore jamais fait de panne après plus de deux ans de service. Je monte dessus, enfile mon casque et démarre pour quitter mon petit quartier de Brooklyn.
Je me rappelle quand Karen, mon ancienne patronne et directrice d'un petit magazine de mode pour lequel je travaillais depuis deux ans, m'a fait venir dans son bureau il y a deux semaines pour me parler. Bien qu'on s'entendait plutôt bien, j'avais peur de ce qu'elle voulais me dire. Jamais elle ne m'avait convoqué dans son bureau en deux ans. La seule fois où j'y suis allée c'était pour postuler pour le job de maquilleuse car elle en cherchait une.
Une fois à l'intérieur de ce dernier j'avais constaté qu'en deux ans elle n'avait rien changé à la déco de son bureau que je trouvais pas très beau personnellement. C'était un joyeux mélange de meubles aux couleurs vives et avec des motifs rayés ou à pois, le tout dans une pièce au papier peint jaune pisse. Je suis sûre qu'elle a acheté tout ce merdier après l'avoir vu dans des magazines de décoration qui disaient que c'était à la mode. J'ignorais que c'était à la mode d'avoir un bureau qui donnait l'impression d'avoir été décoré par Picasso ou Salvador Dali... Autant Karen avait un style impeccable et de bons goûts en matière de mode, autant en décoration c'était une catastrophe!
-Ah Rachel! Assis toi, j'ai quelque chose d'important à te dire. C'est à ton sujet.
Je m'étais installée en face de son bureau. Elle me fixait en souriant et en plissant ses yeux sombres. Elle avait ce genre de regard où on ne sait pas si c'est un regard amical ou méprisant...
-Tu es sûrement l'une de nos meilleures maquilleuses Rachel et je tiens à t'en féliciter. Mais... Disait-elle en faisant une pause avant de reprendre. Je pense qu'il serait tant pour toi de changer un peu monde non?
-Que voulez-vous dire?
Je la voyais déjà m'annoncer que j'étais virée pour je ne sais quelle raison et j'attendais la fatale réponse en serrant ma jupe entre mes poings.
-Et bien, tu m'as bien dit que tu étais intéressée par le monde du spectacle si je ne me trompe pas? C'est vrai que pour maquilleuse c'est un monde très intéressant, que ce soit dans l'univers de la musique ou du cinéma.
J'hochais la tête pour confirmer. C'est vrais que si je faisais ce métier c'est surtout pour pouvoir travailler dans des clips ou des films, là où maquillage, imagination et création sont essentiels. Je rêve depuis toujours de créer d'incroyables maquillages pour des films ou des clips, utiliser des prothèses ou jouer avec les ombres et les couleurs pour créer des maquillages et donc des personnages uniques! Travailler dans la mode n'est pas mal mais c'est vrais que c'est un peu répétitif... On doit essentiellement juste unifier le teint des mannequins et souligner leur regard...
Karen me fixait toujours de son regard un peu froid tout en parlant de mes projets d'avenir dont je lui avais parlé une fois, lors de mon entretient d'embauche quand j'ai postulé je crois.
-Abrège! Pensais-je. Me fait pas angoisser inutilement...
-Et bien il se trouve que j'ai une connaissance qui est actuellement à New York pour quelques temps. Il est le manager d'un jeune artiste qui doit tourner un clip dans les prochains temps et il cherche depuis plusieurs jours une maquilleuse pour cet artiste.
-Et? Avais-je demandé timidement.
-Et donc je t'ai personnellement recommandé à lui et je lui ai montré les divers maquillages que tu as réalisé pour le magazine et il a beaucoup aimé. Je lui ai aussi parlé de tes projets d'avenir dans le monde du spectacle ou du cinéma et ça l'a intéressé. En fait, ça l'a tellement intéressé qu'il a accepté de t'engager pour être la maquilleuse de son jeune artiste!
-Quoi?!Vraiment? M'étais-je exclamée sous le choc.
J'étais à ce moment là sur le cul! Déjà être engagée juste en voyant des photos de mon travail ça me surprend mais que Karen, qui est toujours très occupée et en plus qui est très stricte et pointilleuse, me recommande en personne au manager d'un artiste, ça c'est encore plus surprenant! Je priais que j'avais bien entendu ce qu'elle venait de dire et que je n'avais pas rêvé.
-Je... Merci beaucoup! Arrivais-je à articuler. Mais, pourquoi...
Elle m'avait alors coupé la parole et son sourire s'était agrandi.
-Pourquoi j'ai fais ça? Et bien c'est vrais que je n'aime pas recommander mes jeunes talents aux autres, je préfère les garder pour moi! M'expliqua-t-elle avec un petit rire. Mais je sais que le monde du spectacle est quelque chose qui t'intéresse beaucoup et, de plus, tu as énormément de talent je trouve. Donc j'ai préféré te donner toutes tes chances de réussir tes projets et tes rêves car tu ne travailleras pas pour n'importe qui.
Décidément que de surprises! Karen n'était pas le genre de personnes à lâcher des compliments facilement. Je me demandais qui est l'artiste pour qui je vais travailler... Peut être que j'en avais déjà entendu parler?
-Pour qui vais-je travailler? Demandais-je alors.
-Ah! Ça, tu le découvriras par toi même! J'ai promis à son manager de ne pas révéler son identité, question de discrétion. Mais tu ne seras pas déçue!
Je ne répondis rien et me contenta de sourire comme une idiote, trop heureuse par cette nouvelle. Karen contourna son bureau et posa sa main sur mon épaule et parle d'un air nostalgique, comme si j'étais déjà partie.
-C'est dommage que tu vas devoir nous quitter car tu étais une de nos meilleures maquilleuses. Mais je sens que cela aurait été du gâchis que de laisser ce poste te filer entre les doigts avec le potentiel que tu as en plus. Il ne me reste plus qu'à te souhaiter une bonne continuation et te remercier pour tes bons et loyaux services! J'espère que tu viendras nous dire un petit bonjours de temps en temps.
Elle me serra la main chaleureusement. Ce fut la seule fois, je crois, que je la vis complimenter mon travail comme ça et être aussi chaleureuse envers quelqu'un.
*
Je reprends mes esprits pour mieux me concentrer sur la route. Les buildings de New York défilent devant moi. Je ne me lasserai jamais de ce paysage incroyable des forêts de buildings qui semblent atteindre les nuages, c'est impressionnant! Je repense à mon petit entretient avec Karen et me repose cette question qui ne m'a plus quitté depuis ce jour là: Qui était donc ce manager, mais surtout ce fameux jeune artiste pour qui j'allais travailler? Une star? Un jeune artiste en vogue ou un pur débutant dans le monde du spectacle et de la musique? Je vais le savoir dans quelques minutes. C'est excitant et angoissant à la fois car après tout, c'est mon futur patron ce type! J'espère juste que c'est quelqu'un de sympa et pas aussi strict que Karen... J'espère aussi que niveau style et goûts ce n'est pas aussi pire que ceux de Karen pour la décoration... Mais bon, ça ce n'est pas mes affaires!
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