Novembre
1
Les examens de mi-trimestre approchaient et Seungcheol révisait tranquillement ses cours à sa moindre pause. Il devait les réussir, comme ça il pourrait intégrer les écoles qu'il voudra.
On lui disait qu'il travaillait trop mais il avait juste l'impression de faire son devoir d'étudiant. Alors à chaque pause, interclasses et autres petits moments, il sortait ses fiches et révisait autant qu'il pouvait.
Hansol et Seungkwan lui reprochaient de trop se concentrer et de se fermer à l'extérieur. Le délégué ne saurait dire ce qui c'était passé dans la salle de classe en une semaine. Tout autour de lui disparaissait et ses amis trouvaient cela insupportable. Quand bien même, il s'en fichait.
Cependant, le fait de ne plus faire attention aux autres l'empêcha de remarquer l'humeur de Jeonghan qui se dégradait au fil des jours.
Celui-ci souriait moins, parlait moins, ne se mêlait plus aux autres élèves et rentrait seul, laissant Joshua en plan devant le lycée.
Et le brun ne s'était rendu compte de l'état déplorable du lycéen quand celui-ci vint en cours avec les cheveux de nouveau châtain.
Ne plus voir du coin de l'œil un éclair argenté passer devant sa table (en effet, Jeonghan entrait par le fond de la salle N21 tous les matins et zigzaguait entre les tables, veillant bien à saluer Seungcheol en passant devant la sienne) lui fit remarquer que le garçon n'avait plus sa chevelure en honneur de September.
Il se rendit compte que le garçon avait des cernes sous les yeux et une démarche beaucoup moins fluide qu'avant. Il ressemblait à un robot.
«Qu'est-ce qu'il a ? demandait-il à ses amis
-Si tu levais la tête de tes cahiers, tu aurais remarqué plus tôt son état... Personne ne sait. expliquait Hansol
-Et Joshua ?
-Il ne semble pas non plus.»
Jeonghan était avachi sur sa table et observait le tableau vide, ses yeux se fermant de temps en temps. Seungcheol alla le voir. Il voulait juger par lui même la situation.
«Bonjour Jeonghan, comment vas-tu ?
-Salut Seungcheol, bien et toi ?»
Le châtain s'était relevé et fixait son camarade de classe. Ils ne brillaient plus, ses beaux yeux marron. Et ses lèvres ne s'étaient pas courbées vers le haut.
«Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Rentrons ensemble, ce soir.
-Jeonghan...
-S'il-te-plait.
-D'accord. Le prof est là, j'y vais.»
Le brun n'aimait vraiment pas que Jeonghan évite de répondre sa question mais il n'allait pas le forcer. Et puis si le châtain voulait qu'ils rentrent ensemble c'était peut-être pour lui expliquer la situation.
Joshua était fort embêté. Jeonghan l'avait chassé de chez lui à plusieurs reprises depuis le début du mois de Novembre et le jeune homme ne comprenait pas pourquoi. Du moins jusqu'à ce qu'il aperçoive une voiture n'appartenant pas à la mère de Jeonghan garée dans l'allée de la maison des Yoon. Jisoo avait émit une hypothèse mais il préférait avoir tort. Car si elle s'avérait exacte, Jeonghan passerait un trop mauvais mois.
Quand il avait entendu Jeonghan demander à Seungcheol de l'accompagner jusque chez lui, il fut en quelque sorte soulagé. Avec un peu de chance, le châtain s'expliquerait auprès du délégué et celui-ci pourrait sûrement l'aider.
La pause de midi vint et Seungcheol ne daigna pas lever ses fesses de sa chaise. Il sortit de son sac son déjeuner et ses fiches de révisions.
Seungkwan et Vernon étaient partis déjeuner sous l'arbre visible de leur salle et seuls quelques élèves étaient restés en N21.
Seungcheol venait de boucler un set de fiches quand Hye Mi saisit une chaise pour s'assoir face à lui. Elle avait attaché ses cheveux en queue de chevale et le brun avait toujours trouvé ça jolie. Cependant son air sérieux l'inquiétait.
Elle se pencha vers lui et chuchota : «Que penses-tu de Jeonghan ?
-C'est... Quelqu'un de bien, je suppose.
-Non, Seungcheol. Ce que tu penses quand tu le vois. Quels sont les mots que tu lui associe ?
-Où tu veux en venir, Hye Mi ?» Elle rabattit ses cheveux en arrière, agacée. Elle prit une profonde respiration.
«Tu le regarde d'une manière unique.
-Je le regarde comme je regarde tout le monde.
-Non, ton visage s'illumine. Je ne sais pas ce qui se passe concrètement entre vous mais toi non plus tu ne semble pas savoir. Il faut qu'on parle toi et moi. Mais quelque part d'autre. Plus tard. Viens chez moi demain.»
Puis la brune rangea la chaise et disparue à l'extérieur de la pièce.
Seungcheol était perdu, que venait-il de se passer ? De toute façon Hye Mi était un peu folle. Ça devait être encore une de ses lubies, rien d'inquiétant.
Le soir vint et Seungcheol n'eut pas à attendre Jeonghan puisqu'il fut le premier à avoir rangé ses affaires.
«Je suis désolée d'être une personne sombre depuis quelques temps.
-Ne t'en veux pas, si tu es comme ça c'est qu'il y a une raison.
-Oui...»
Le soleil était bas dans le ciel et les deux adolescents marchaient doucement, pas vraiment pressés.
«September se plaît à la maison. Comme il est jeune il est plein de fougue.
-Il doit avoir grandi depuis la dernière fois.
-A peu près une tête de plus ! Et il peut même monter les escaliers plus rapidement. D'ailleurs il passe son temps dans ma chambre !»
Parler du chat semblait mettre Jeonghan de meilleur humeur puisqu'un sourire tendre avait fleurit sur ses lèvres. Seungcheol fit bien attention à ne pas changer de sujet jusqu'à ce qu'il soit devant la maison des Yoon.
Ce que Seungcheol remarqua en premier fut une voiture noire garée dans l'allée et en second, la mère de Jeonghan fouiller les buissons.
«Maman ?
-Jeonghan !
-Que fais-tu dehors ?
-Le chat ! Je ne le trouve pas !
-Tu as regardé dans ma chambre ?
-J'ai même secoué le paquet de croquettes mais il n'est pas venu !»
Le châtain fronça les sourcils. L'animal jouait peut-être dans le jardin. Mais il commençait à faire nuit et il n'était pas sûr qu'il puisse se repérer dans le noir.
«Peut-être qu'il viendra si tu l'appelle.» proposa Seungcheol. Jeonghan avait oublié sa présence alors il sursauta avant de s'exécuter. Mais rien, pas un chat dans le jardin.
«Et s'il était sortie ? supposa Seungcheol
-Comment ? Le portail est toujours fermé...» sauf quand les adolescents étaient arrivés. «Papa ne l'a pas fermé, n'est-ce pas ?» sa mère ferma les yeux doucement en tournant la tête de droite à gauche à plusieurs reprises.
Jeonghan avait un père ? Mais Seungcheol ne l'avait jamais vu alors qu'il avait ramené le châtain tous les soirs du mois d'Octobre. Était-il en voyage ?
Le brun fut sorti de ses réflexions quand le châtain le bouscula accidentellement en passant à côté de lui pour se rendre à l'intérieur de la maison.
Madame Yoon suivit son fils et Seungcheol fit de même.
L'intérieur n'avait pas vraiment changé si ce n'est que les meubles n'étaient plus à leur place initiale et étaient maintenant recouverts de plaides bleu nuit cassant l'atmosphère chaleureuse de la maison. La lumière de la cuisine était allumée, c'est vers celle-ci que Jeonghan se rua. Il était furieux.
«Toi ! C'est de ta faute si September est partit ! Je t'ai dit ! On t'a dit de fermer le portail en rentrant ! Mais non, monsieur pense que ça n'a pas d'importance !
-Jeonghan, calme-toi.
-Non ! Tu es comme un invité ici. T'es jamais là ! Et quand tu viens c'est pour nous faire des reproches et foutre en l'air notre paix !»
Le châtain tenait un homme qui lui ressemblait énormément par le col. Celui avait ses deux mains posées sur les avants bras du garçon et malgré le fait qu'il soit secoué dans tous les sens, conservait un air stoïque.
C'est la première fois que le délégué voyait son camarade dans cet état, lui qui était de nature si douce habituellement.
Madame Yoon observait la scène, les larmes aux yeux et catastrophée. Seungcheol sentit qu'il devait intervenir alors il attrapa Jeonghan par la taille et le tira en arrière.
«Jeonghan, il faut qu'on retrouve September avant qu'il ne fasse trop noir. Laisse-le. Ça n'en vaut pas la peine.»
Les mains du châtain glissèrent mollement le long de la veste de l'homme et saisirent celles du brun. «Prenons les croquettes avec nous...» murmurait-il en se tournant vers Seungcheol.
L'air s'était considérablement rafraîchi mais le châtain n'y fit pas attention. La santé de son chat comptait plus à ses yeux que la sienne. Le félin était beaucoup trop important pour lui, c'était l'un des plus beaux cadeaux qu'on lui avait fait. Grâce à Seungcheol quand il rentrait chez lui, il se sentait moins seul, September l'accueillait, le suivait partout, emplissait le silence de miaulement... Une vraie petite boule de vie !
Madame Yoon, Seungcheol et Jeonghan s'étaient partagé en trois. La femme avait prit la rue face à la maison, le brun celle de droite et le châtain, celle de gauche.
«September ! September !» Jeonghan secoua le paquet mais ça n'attirait que des chats errants et en vadrouille qu'il ne connaissait pas. Son chat restait introuvable. «Il doit avoir faim... Peut-être qu'une odeur l'a attiré... Un lieu avec des odeurs ? La supérette !»
Celle-ci était encore ouverte et le soir, il faisait des grillades, l'odeur se répondait alors aux alentours et certaines bêtes affamées trainaient autour dans l'espoir de trouver un morceau abandonné.
«September ! Où es-tu ? September !»
Il fouilla au niveau des poubelles et du parking mais ce n'est que quand il fixait la supérette, désespéré, qu'il aperçut son animal de compagnie qui grattait la machine à grillade.
Jeonghan lui sauta dessus et enfonça son visage dans son poil. Sa gorge se desserrait, ses membres se décontractant, il se sentit faible sur ses jambes et son visage perdit son expression inquiète pour laisser place à du soulagement.
«Ne fais plus jamais ça, espèce de fou...»
Le chat n'avait pas reconnu son maitre au début, il n'avait eu le temps de ne voir que ses cheveux, c'est pourquoi il s'était débattu. Mais en entendant sa voix, il s'était juste blottit contre lui.
September avait vu le portail ouvert et l'extérieur l'avait intrigué. Il avait juste voulu jeter un coup d'œil mais sa curiosité l'avait emmené toujours plus loin, jusqu'à ce qu'il se perde et ait faim.
«Maman ! Seungcheol ! J'ai trouvé September !»
Les deux personnes qui s'étaient rejointes après leur recherche firent volte face à l'entente de la voix de Jeonghan.
Ils se dirigèrent tous vers la maison des Yoon, soulagés.
«Ah ben tu l'as retrouvé, ton sac à puces.»
L'homme était toujours là, un café à la main et un ordinateur portable sous le bras, cette fois-ci. Madame Yoon soupira tandis que son fils toisa l'homme avant de le bousculer pour passer. Par pure provocation.
«Je te sers quelques choses à boire, Seungcheol ?
-Non merci, Jeonghan.
-Les enfants montez à l'étage, s'il-vous-plaît.»
Le brun jeta un regard intrigué à son camarade mais celui-ci montait déjà les marches alors le délégué se résigna à faire de même.
«Qui c'est, l'homme ?
-Lui ?» Jeonghan soupira et s'installait sur son lit en posant le chat sur son ventre. «C'est mon père.» La chambre de Jeonghan tranchait un peu avec le salon, deux murs étaient gris et deux autres bleu pervenche; son bureau, son lit et sa table basse blancs et au-dessus de son lit, une multitude de photos étaient accrochées au mur. Beaucoup d'entre elles représentaient Jeonghan avec sa mère où Joshua et d'autres représentaient des paysages, des petites choses du quotidien...
«Vous n'avez pas l'air de vous entendre.
-C'est un homme qui voyage beaucoup et qui reste peu à la maison. Je ne sais pas comment il pense mais il a la sale manie de tout vouloir arranger par l'argent. Si nous n'avions pas retrouvé September, il aurait acheté un chat... Je crois qu'il pense que peu importe comment il agit avec moi, je reviendrai toujours... Maman l'aime, je crois, mais elle m'a dit, une fois, qu'il avait beaucoup changé depuis ma naissance...
-Ce n'est pas ta faute.
-Des fois, je me dis que j'aurai du être un enfant moins turbulent. C'est sûrement ça qui a dû le fatiguer et le rendre aigri...
-Jeonghan, tu étais un enfant, et tous les enfants sont excités. Ta nature ne peut pas provoquer ce genre de chose.»
Seungcheol ne savait pas si Jeonghan l'écoutait ; il ne le regardait pas, même quand le brun lui répondait.
«Je sais qu'il me voit faire un métier comme le sien mais je ne suis pas fait pour un monde pareil. Je lui ai dit, tu sais. Mais ça la juste rendu plus froid encore. Je ne sais pas ce qui m'a prit de l'agresser comme ça. Il va me le faire payer.
-Ne dis pas ça. Tu avais peur pour September, il comprendra.
-Il a tous les droits sur moi, il peut m'obliger à suivre des études supérieures. À me séparer de vous tous. Je pourrai pas supporter un nouveau déménagement.»
Le chat s'enfuit des bras de son propriétaire et quitta la pièce ; on pouvait entendre les voix des adultes monter jusqu'ici. Ils avaient beau parler doucement, la vivacité de leur débat se faisait entendre.
Jeonghan roula sur le côté, attrapa son oreiller et enfonça son visage dans celui-ci. Un reniflement s'en échappa. Le cœur de Seungcheol s'affolait.
Jeonghan pleurait.
Depuis combien de temps le jeune homme retenait-il ses larmes ?
«Ne pleure pas... Ça va aller. Il ne peut pas te changer d'établissement comme ça. On ne le laissera pas.
-O-On ?
-Joshua et moi.»
Jeonghan rigola un peu entre deux sanglots. Une image assez comique lui était venu à l'esprit.
«Joshua est-est trop int-timidé par mon père pour ça. La dernière fois, il a lâché sa part de gâteau quand il l'a vu ! Et il passe son temps à le comparer à un démon !» Il se redressa et pointa l'une des photos du doigt. Joshua et Jeonghan devaient avoir une ou deux années de moins sur ce cliché, ils portaient des chapeaux d'anniversaire et seul le brun tenait une part de gâteau, l'autre enfant avait l'ai dépité.
«Merci de me faire penser aux beaux souvenirs, je me sens mieux maintenant.» Il ferma les yeux tout en continuant à sourire. Son rythme respiratoire diminuait, il s'endormait.
«Jeonghan ? interpellait le brun
-Hm ? répondit le châtain
-Que penses-tu de moi ? Je suis ton ami parce que je te parle ou parce que tu m'apprécie ?
-Je t'aime beaucoup.» Seungcheol hocha la tête, pensif. «Mais tu aimes beaucoup Joshua aussi.
-Joshua c'est comme un frère, on a grandit ensemble, t'vois ?
-Je vois...»
Madame Yoon toqua à la porte et murmurait à Seungcheol qu'il était tard et qu'il était temps qu'il rentre chez lui s'il ne voulait pas inquiéter ses parents. Le jeune homme salua son camarade et les parents (il prit grand soin d'être le plus froid possible avec Monsieur Yoon) de celui-ci avant de s'en aller.
2
Hye Mi allait être furieuse. Seungcheol avait une demi-heure de retard. La jeune fille l'avait invité pour le goûter et elle aimait la ponctualité alors le retard lui frisait les cheveux.
Le jeune homme sonna au portail de la grande demeure et Hye Mi ainsi que son gros golden retriever vinrent lui ouvrir.
«Choi Seungcheol ! Je peux savoir pourquoi tu es en retard ?!
-C'est que je suis rentré tard parce que Jeonghan et son chat... Et son père et sa mère... Les photos, l'oreiller...»
Le chien aboyait, Hye Mi le fusillait du regard, le soleil tapait fort; il était désorienté.
«Jeonghan ? Entre et dis-moi tout !» le garçon fut trainé à travers les couloirs jusqu'à la chambre de la jeune fille où une multitude de gâteaux reposait sur une table basse. Ils s'y installèrent et le garçon résuma les évènements de la veille.
«Seungcheol, que penses tu vraiment de Jeonghan ?
-Pourquoi tu me poses cette question ?
-J'ai besoin de savoir quelque chose.
-Je le trouve agréable et gentil.
-Il est beau ?
-Oui, je suppose. Je sais pas...»
Le chien dormait aux pieds de sa maîtresse, celle-ci fixait son camarade dans les yeux. Elle s'attendait à ce qu'il réagisse comme ça, il ne se rendait pas compte de son état.
«Tu as pensé quoi de lui, la première fois que tu l'as vu ?» l'adolescent sourit tendrement à la question de la jeune fille. Il se rappelait de ce jour-là comme si c'était hier.
«J'ai vu ses cheveux en premier, ils sont beaux, tu sais.
-J'aimerai avoir les mêmes... Continue.
- Et puis je ne sais pas. Il avait l'air timide et pas méchant. J'ai eu envie d'aller le voir, mais je ne l'ai pas fait.
-Toi ? Ne pas aller à l'encontre de quelqu'un ? C'est comme si tu me disais que Seokmin pouvait être calme !
-Bah... J'étais intimidé par lui.»
Seungcheol était rarement intimidé, Hye Mi tiqua, elle était sûre de ses pensées maintenant. «Il t'a séduit, tout simplement. T'es pas le genre de gars à faire attention au physique des gens mais à ce qu'ils sont. Ce qui fait que Jeonghan est ce qu'il est t'a séduit. Tu es tombé sous son charme.
-Pff tu racontes n'importe quoi ! Moi ? Amoureux de Jeonghan ? Tu dérailles, ma pauvre.
-Tu te moques de moi ? Tu le regarde tout le temps, tu le suis partout... Tu lui distribue même les documents en premier ! Quand Joshua est arrivé j'ai cru que tu allais te suicider !»
Seungcheol n'était pas comme ça, si ? Il ne passait pas tant de temps à prendre soin de Jeonghan tout de même ? Ah, peut-être bien que oui... Des souvenirs lui revinrent en mémoire et il rougit.
«Tu ressembles à un petit-ami très attentionné avec lui —On pourrait vomir des arc-en-ciel rien qu'en vous regardant trop longtemps. Écoute, il est bientôt 17h et je dois me préparer pour dîner au resto ce soir. Donc notre discussion s'arrête là. Tu as une journée entière pour réfléchir à tout ça au calme. N'ignore pas ce que tu ressens, met des mots sur tes sentiments.
À lundi.»
La brunette lui embrassa les deux joues et le raccompagnait au portail.
3
«Allo, Seungkwan ?
-Hansol, il est 7h du matin... Tu ne t'es pas dit que peut-être, je dormais ?
-Pardon... C'est juste... Tu savais qu'on mangeait ensemble ce soir ?
-Bah oui. Ma mère m'en a parlé.
-Pourquoi tu m'as rien dit ?!
-Chuteuh ! Moins fort. Je n'en ai juste pas vu l'utilité. On en parle plus tard. Bisou.»
Hansol Vernon-Chwe observait l'écran de son portable, dubitatif. C'est la première fois que Seungkwan lui disait "bisou", c'était surprenant puisque le brun-roux avait tendance à réfréner ce genre de tendresse. L'américano-coréen pouffait de rire, il imaginait la tête de l'autre quand il se rendrait compte de sa bourde.
«Chéri, tu as préparé tes vêtements pour ce soir ?
-Pas encore Maman, je m'y mets !»
Les Vernon-Chwe étaient des lèves-tôt donc il était tout à fait normal pour eux d'être levées dès 6h. La mère d'Hansol lui avait annoncé la nouvelle au détour d'un couloir et il avait sauté de joie. Il n'aurait pas eu la force de s'ennuyer à un énième dîner sans quelqu'un pour le divertir ! Et qui mieux que Seungkwan —quelqu'un qu'il appréciait énormément, en somme— pour accomplir cette mission ? Personne !
Les deux garçons avaient grandit dans le même milieu. Leurs parents se connaissaient depuis longtemps mais ce n'est que quand la mère de Seungkwan quitta son père pour vivre sur une île que les deux garçons se rencontrèrent.
Ça n'avait pas été le grand amour au départ, Seungkwan était repoussé par l'attitude trop amicale d'Hansol et celui-ci avait fini par ne plus trouver d'intérêt à se lier d'amitié avec un garçon aussi insupportable. Et puis par on ne sait quel miracle, il avait eu une discussion posée dans la chambre de l'américano-coréen après que leurs parents les y aient envoyé et ça avait été le coup de foudre. Et maintenant il en était là.
Hansol attendait impatiemment que 17h30 sonne. En plus d'avoir faim, il avait hâte de retrouver son ami.
«Arrête de sautiller sur la canapé. Si maman voit ça, elle va se fâcher. le prévint sa sœur, Sofia, qui ne décolla pas les yeux de son livre.
-Oui, tu as raison.» l'adolescent tenta de s'abstenir de continuer mais ça ne dura pas longtemps. Alors il se leva et fit les cent pas jusqu'à ce que leurs parents les appellent pour partir.
Ils avaient choisi un luxueux restaurant en bord de mer, annexe de l'hôtel qui donnait sa réputation à la petite ville. Les lieux étaient ouverts, en cas de vents violents, les employés pouvaient fermer les grandes baies vitrées et les grands rideaux bleus turquoise arrêteraient de voler dans tous les sens. Mais ce soir, il faisait agréablement doux et les grandes toiles se balançaient doucement au pourtour de la pièce.
«Voici votre table, je vous souhaite une agréable soirée.» Hansol remercia le serveur de la tête tandis que sa famille s'installait déjà.
Le garçon guettait l'entrée, il ne voulait pas rater l'arrivée de son ami. Il fut cependant surpris de voir Seungkwan et son père accompagnés d'une femme qui devait avoir la quarantaine —ou peut-être moins ?— et de Hye Mi.
Les présentations furent faites. Les adultes s'étaient assis sur une moitié de la grande table et les enfants, sur l'autre.
«Donc... Vous dînez souvent ici ? demandait la brunette pour lancer la conversation
-De temps en temps.» Expliquait Seungkwan d'un air distant.
L'américano-coréen avait cru à une blague quand il avait les deux autres adolescents arriver. Ils étaient tous les trois les principaux acteurs de la bagarre du mois dernier. Le jeune homme avait peur que la mèche se rallume. D'autant plus que Seungkwan ne semblait pas prêt à oublier les évènements et re communiquer avec la fille de manière plus civilisée.
Hye Mi ne tint pas la distance longtemps. Elle ne supportait pas de voir Seungkwan agir de cette manière avec elle. Elle savait qu'il ne la voyait plus comme une amie mais comme synonyme de mauvais souvenirs.
Elle décida donc de se tourner vers Hansol qui semblait plus enclin à parler que sa petite sœur qui semblait absorbée par son plat principal.
«Ça fait un moment que tes cheveux sont abimés aux pointes, tu comptes couper.
-Je ne sais pas encore, j'ai peur que ça ne face trop court. Tu sais comment sont les coiffeurs, on leur dit deux centimètres et ils en coupent quinze.
-Les cheveux court t'iront bien pourtant.»
Seungkwan n'était pas d'accord. Les cheveux longs sont ce que porte le mieux Hansol ! Il en avait marre de voir cette fille voler autour de son ami et lui conseiller des choses totalement erronées ! Il ne l'aimait pas en grande partie pour ça —et aussi parce qu'elle avait reçu un compliment que Seungkwan se voyait réservé.
«J'ai chaud. Je sors.» Mensonge, il faisait bon dans la pièce, les baies étaient grande ouverte et l'air marin glissait dans le dos de tous les clients.
Seungkwan quitta la table. Les adultes, en grand débat, ne remarquèrent rien. Hansol et Hye Mi le regardèrent partir vers l'entrée et disparaître entre deux rideaux.
«Va le voir.» conseillait la brunette en piquant un brocoli dans son assiette «Vous avez des choses à vous dire.»
Hansol ne lui fit pas dire deux fois.
L'air était plus frais qu'à l'intérieur, l'américano-coréen sentit ses poils de bras s'hérisser malgré la chemise qu'il portait. Il chercha du regard le petit brun-roux.
Celui-ci était assit sur un banc à quelques mètres. Il tapotait sur son téléphone avant de le porter à son oreille. Quelques secondes passèrent et personne ne semblait répondre à l'appelle du garçon. Celui-ci mit en veille son téléphone et le lâcha à coter de lui. Il rapprochait ses jambes de son torse et enfonça sa tête dans le creux tout en enroulant ses bras autour de ses membres inférieurs.
«Idiot...» murmurait Seungkwan. Comment allait-il retourner à table après être partit de cette manière ? Il n'oserait pas.
Hansol se demandait ce qui n'allait pas et il voulait savoir mais pour cela, il faudrait que Seungkwan lui parle. Il n'avait qu'à le convaincre.
«Seungkwan ?» attirait-il l'attention en s'asseyant à côté de son ami. Il passa un bras autour des petites épaules du brun-roux et colla leur flanc l'un à l'autre. «Dis-moi ce qui ne va pas. Je peux peut-être t'aider.
-Pas moyen, retourne auprès de Hye Mi. Elle doit s'ennuyer...
-Arrête tes conneries. Là, j'ai envie d'être avec toi.» Hansol sentait son visage chauffé, il avait chaud, il était en colère. «Quand on s'est engueulé, elle était là et ce soir tu nous fuis. En fait t'a un problème avec elle, pas avec moi.
-T'as tort. C'est toi mon problème...»
Quoi ? Hansol était le problème de Seungkwan ? Le cœur de l'américano-coréen se serra.
Le brun-roux observait la mer éclairée par les rayons de la lune, la verdure les entourant et les alentours calmes. Ce lieu semblait magique. Ou —on pourrait le qualifier de— romantique.
Romantique...
«Que dois-je faire pour régler le problème que je suis ? murmurait l'américano-coréen.
-M'aimer. répondit sur le même ton le plus petit
-Mais je t'aime déjà !
-Il faudrait que tu m'aime comme moi, je t'aime...»
Hansol fixait Seungkwan, un peu perdu. Quoi ? De toute façon, il ne pouvait pas aimer l'adolescent moins qu'il ne l'aimait déjà. C'est pour ça qu'il s'éloignait.
Est-ce que Seungkwan se sentait délaissé par lui ? Était-il si évident qu'il s'éloignait ? Hansol ne le faisait pas par plaisir, ah ça, non ! Il se doutait que si Seungkwan se rendait compte de la profondeur de ses sentiments envers lui, il fuirait.
Mais si le brun-roux lui demandait de l'aimer comme lui l'aime, cela signifiait que Seungkwan était au courant des vrais sentiments de Hansol et qu'il lui demandait de rester à sa place d'ami. C'est pour ça qu'il était tendu avec lui depuis quelques temps !
«Seungkwan, je suis désolé d'être comme je suis. Et je suis désolé d'éprouver ce genre de sentiment envers toi. Mais s'il-te-plait, ne vois pas le fait que je t'aime comme un problème.
-Tu... M'aime ?
-Oui, mais ne te mets pas martèle en tête pour ça, je ne te ferrai rien. Promis.»
Seungkwan avait la tête qui tournait. Qu'est-ce que c'était que ça ? Un genre de... Déclaration ?
Hansol pensait qu'il était le problème de Seungkwan parce qu'il l'aimait plus qu'amicalement ? Mais au contraire s'il l'aimait comme lui l'aime, alors le problème était réglé !
«Mais je t'aime Hansol.
-Mais moi aussi je t'aime Seungkwan. Mais pas de la même manière et je sais que tu as peur que je te fasse du...
-T'as pas compris. Je t'aime vraiment.
-Mais moi aussi je t'aime vraiment ! Mais ne me repousse pas pour ça !
-Abrutit.»
Se redressant, le petit brun-roux saisit le col de la chemise de l'américano-coréen et le tira sans douceur vers lui. L'esprit lent de Hansol l'énervait des fois.
Il l'embrassa, sans douceur au début puis avec sur la fin. Quand il ne leur restait plus d'air pour respirer.
Seungkwan finit par repousser l'autre garçon, agacé par le romantisme aux jambes brisées par son vis-à-vis. Il allait l'engueuler quand il fut prit dans une étreinte et que son corps fut secoué par les rires d'Hansol.
«Ah, je suis soulagé ! Purée j'ai eu peur que ça finisse mal ! Rah quel bonheur !» Hansol se décolla de Seungkwan, soudainement gêné. «Alors... Tu m'aimes hum ?
-Depuis longtemps, débile.» l'américano-coréen ne réagit pas à l'insulte, trop habitué.
«Moi aussi, je t'aime depuis longtemps.
-Depuis avant le lycée ?
-Peut-être. Et toi ?
-C'est possible... On a l'air con, maintenant.
-Oh moins on a l'air con ensemble.
Un silence suivit l'affirmation. Ils ne savaient pas quoi faire et cette situation risquait de durer longtemps.
Hansol se colla un peu plus à Seungkwan. Il avait froid aux bras mais son visage était brûlant. L'autre garçon était aussi rouge que lui devait l'être, il l'observait discrètement du coin de l'œil.
«J'ai faim. Tu as faim ? Retournons manger. Nos parents doivent se demander où on est passé.
-S'ils n'ont pas encore touché au vin...»
4
En ce dimanche matin, Seungcheol dormait encore. Il avait prévu de se reposer, de traîner toute la journée en pyjama.
Malheureusement son téléphone sonna et il dû décroché puisque la personne semblait obstinée à lui parler.
«Allô ?
-C'est Jeonghan... Ça te dérange si je passe chez toi ?
-Non... Bien sûr que non. À quelle heure ?
-Maintenant.
-Maintenant, maintenant ?
-Oui.
-Ok, d'accord. Je, je t'attends.»
Pourquoi avait-il accepté ?! Il n'était même pas sûr que le salon soit correct. Et il était décoiffé et pas lavé et il puait sûrement du bec !
De la maison des Yoon à celle des Choi, il n'y avait qu'une dizaine de minutes de marche, il n'aurait jamais le temps de tout ranger !
Il prit des vêtements au hasard et se rua dans le couloir pour atteindre la salle de bain. Il salua au passage sa mère.
«Un ami vient dans dix minutes !» prévint-il à travers la porte de la salle d'eau. Sa mère haussait les épaules. Un mec en plus ici, qu'est-ce que ça changeait ? Cette maison était déjà surchargée de testostérone.
Le garçon quitta la salle de bain en cinq minutes, habillé, coiffée et la bouche débarrassée de mauvaise odeur.
Il sauta les quelques marches de l'escalier pour atterrir dans le salon. Ses frères avaient foutu un bordel monstre et sa mère avait disparue il ne savait où.
«Bougez vos fesses ! Ce salon doit être propre dans cinq minutes. On reçoit !»
Ses deux frères sursautaient, surpris. Puis un peu déboussolés et pris au dépourvu rassemblèrent leurs objets personnels et les rangeaient à leurs places respectives. Ils se réinstallèrent ensuite sur le canapé.
Entre-temps Seungcheol avait saisit un balais et le passait avec force et imprécision au sol. Il avait passé un coup de chiffon sur la table à manger et mit à chauffer du lait et du café, au cas où Jeonghan en voudrait.
La sonnerie à l'entrée retentie et prit de panique, le brun lança la serviette qu'il tenait par la fenêtre de la cuisine.
Son père qui venait de descendre les escaliers atteint la porte avant lui et l'ouvrit.
«Bonjour jeune fille. Que puis-je pour toi ?» Seungcheol se tapa le front. Son père avait décidément oublié ses lunettes quelque part. Il vint se glisser entre son père et son ami.
«Papa, je te présente Jeonghan, mon camarade de classe.
-Oh ! Excuse-moi jeune homme, je ne vois rien sans mes lunettes. Enchanté !»
Après quelques paroles échangées, les deux adolescents purent enfin s'assoir à la table à manger.
Les deux frères de Seungcheol avaient à peine jeté un coup d'œil au nouveau venu.
«Comment vas-tu depuis vendredi ?
-J'aimerai dire mieux mais à vrai dire je viens de fuir la maison.
-Quoi ? Pourquoi ?
-Mon père et ma mère se dispute encore. À ce que j'ai compris mon père veut faire quelque chose mais ma mère refuse. Et si c'était nous faire encore déménagé ?
-Voit le bon côté des choses, ta mère n'est pas d'accord et ton père ne peut pas te changer d'établissement tout seul. Il faut l'accord des deux parents. Et Jeonghan ?
-Oui ?
-Il ne faut pas fuguer. Tu vas inquiéter tes parents et tout plein d'autres personnes.
-Mais... Je ne fugue pas. Je suis juste parti le temps que leur dispute passe.
-Oh. Ah...»
Ils se fixèrent quelques secondes. Ne relevant pas le comique de la situation. Le brun demanda au châtain s'il voulait un chocolat chaud, celui-ci acquiesça et Seungcheol servit deux tasses, une pour Jeonghan et une pour lui.
«Doux Jésus ! Ces cheveux sont magnifiques ! s'exclama Madame Choi en se ruant sur l'invité. Vos cheveux sont beaux, jeune fille !»
Jeonghan se retourna vers la femme, surpris. Est-ce que tout le monde perdait ses lunettes chez les Choi ?
«Maman c'est l'ami dont je te parlais ce matin... Il s'appelle Jeonghan.
-Un garçon ? Pardon, pardon ! Comme c'est embarrassant ! Enchantée de te rencontrer Jeonghan.
-De même, Madame Choi.
-Dis-moi... Ce n'est pas courant de porter les cheveux longs à ton âge. C'est pour te donner un style ?
-Non. À vrai dire je les aime juste comme ça, c'est tout.
-En tout cas ça te va si bien. Qu'en penses-tu Seungcheol ?»
Le brun fut prit au dépourvu, il bafouilla une réponse positive.
«Merci madame.»
Jeonghan resta une heure chez les Choi et rentra chez lui quand sa mère le contacta pour savoir où il était passé.
«Quel charmant jeune homme tout de même.
-J'arrive pas à croire que toi et papa l'ai prit pour une fille !»
Le brun monta dans sa chambre. Il avait décidé de réviser pour ses examens.
Malheureusement son téléphone sonna. C'était Hansol.
«Allô ?
-Cheol ! Seungkwan m'a embrassé et je crois qu'on sort ensemble !
-Quoi ? Quand ? Où ? Comment ?»
Décidément il n'était pas au bout de ses surprises. Après une heure de discussion sur la couleur exacte des cheveux de Boo, Seungcheol put raccrocher et retrouver sa paix. Du moins c'est ce qu'il croyait alors que la sonnerie de son téléphone résonna.
«Allô ?
-Seungcheol Choi, j'ai réussi ! J'ai embrassé Hansol !
-Je sais.
-Quoi ?
-Il t'a devancé.
-Rooh l'abrutit. Je vais le taper. Bye.
-A plus...»
Les yeux du brun tombèrent sur son calendrier, les examens commençaient le huit Décembre, on était déjà le trente Novembre. Il ne lui restait pas beaucoup de temps...
CuteCatMint
Voici le chapitre ! Désolée d'avoir pris tant de temps pour l'écrire. J'espère en tout cas qu'il vous a plus !
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