Un professeur pas comme les autres
-Leila, tu ne dors pas? Questionna Monsieur Jackson.
Au vu de l'heure il y avait de quoi se poser des questions: deux heure passée du matin. Alors que le chanteur s'était réveillé et levé afin d'aller étancher sa soif, c'est avec surpris qu'il avait entendu des sanglots étouffés sur son chemin vers la cuisine. Il s'était d'abord approché discrètement de la chambre de la petite Angela mais il n'y entendit aucun bruit. C'était donc vers la chambre de l'aînée qu'il s'était dirigé, les pleurs se faisant plus distinctes à son approche. C'est là qu'il y avait découvert Leila recroquevillée sur son lit, le visage trempé par les larmes et essayant de cacher le son de ses sanglots.
-Tu pleures? S'inquiéta son père en la voyant ainsi. Qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie?
-Rien... Tenta de nier la fillette d'une voix tremblante.
-Encore un cauchemar, c'est ça?
Elle ne répondit rien, confirmant les doutes du chanteur qui soupira, l'air presque désemparé face à la détresse de son enfant. Dix jours maintenant qu'elle était arrivée ici, à Neverland, et presque autant de temps que ses cauchemars la tourmentaient la nuit venue. Elle en faisait déjà quand elle était à l'orphelinat mais pas aussi fréquemment, et encore moins d'aussi violents que maintenant. Un véritable calvaire, autant pour la fillette que pour ses parents qui ne savait comment l'aider...
-Allons, viens là... L'appela doucement Michael tout en s'asseyant sur son lit, la laissant se réfugier timidement dans ses bras. C'est fini ma puce, tu ne risques plus rien maintenant. Regarde, papa est là. C'est fini chérie...
Blotti contre son père, la pauvre enfant se laissa être bercée par ce dernier qui faisait de son mieux pour la calmer. Il avait beau lui murmurer des mots rassurant et la cajoler, il pouvait encore sentir les tremblements de son frêle petit corps. Ça ne pouvait vraiment plus durer comme situation, il devait absolument trouver une solution avec son épouse...
-Tu veux dormir avec moi et maman? Ça te rassurerait? Finit par proposer ce dernier, ce à quoi Leila répondit d'un vif hochement de tête. D'accord ma puce. Prends Emily, on va aller voir maman maintenant.
La petite fille s'exécuta en silence. L'on pouvait juste l'entendre renifler de temps à autre mais c'est tout. Michael dû la porter, Leila ne voulant même pas marcher et donc être éloignée des bras protecteurs de son père. Cela ne le dérangea pas, au contraire. Si cela pouvait calmer l'enfant, il faisait ce qui semblait être la bonne chose à faire. Quittant la chambre de la petite, il emmena d'abord cette dernière boire un verre d'eau à la cuisine et passer un peu d'eau sur son visage afin de se rafraîchir. La pauvre était brûlante et transpirante, ce qui montrait l'intensité de son mauvais rêve.
-Ça va mieux? Lui demanda Michael tout en caressant son dos.
-Un peu...
-Tu veux parler de ton cauchemar?
-Non. Refusa-t-elle vigoureusement.
-Tu es sûre? Insista doucement le chanteur. Ça pourrait te faire du bien d'en parler...
-Je ne veux pas m'en rappeler! Secoua-t-elle la tête. De toute façon c'est toujours le même, ça ne change pas...
-Je vois... Je ne vais pas te forcer alors si tu ne veux pas t'en rappeler. S'excusa presque son père avant de la porter de nouveau. Allez, on va dormir avec maman maintenant. Il faut que tu dormes ma puce, tu vas être toute fatiguée demain sinon...
Leila ne répondit pas, posant simplement sa tête sur son épaule. Michael entra silencieusement dans la chambre. Son épouse dormait, mais c'est à contrecœur qu'il dû la reveiller.
-Hum... Qu'est-ce qu'il se passe Mike? Geint-elle, frottant ses yeux alors qu'elle émergeait de son sommeil.
-La petite a de nouveau fait un cauchemar. Répondit-il doucement. Toujours le même...
-Oh, ma chérie... Se désola la jeune mère en se retournant, tendant les bras vers sa fille que Michael lui passa. Ils ne te lâcheront pas ma parole!
Leila secoua la tête, confirmant ses dires. Rachel la fit se coucher entre elle et son mari, caressant son dos tout en lui murmurant des paroles rassurantes jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Cette situation leur faisait tellement mal au coeur, ça ne pouvait plus durer. Toujours le même cauchemar, celui d'un père violent venant tourmenter sa fille même dans la mort. C'était lui qui venait hanter les nuits de Leila depuis son arrivée au ranch et mettre la pauvre dans tout ses états. Les parents de la fillette était tellement inquiets de la situation que, alors qu'elle commençait à somnoler, Leila les surprit mentionner dans leur conversation l'idée de lui faire voir un psy.
Au petit matin, c'est donc dans le lit de ses parents que la petite fille se réveilla. Sa mère la réveilla avec douceur, à coup de caresses et de baiser sur son crâne et sa chevelure bouclée. Seule la jeune femme était présente, Michael n'était plus dans le lit avec elles.
-Ma chérie... L'appela tendrement Rachel. Il faut que tu te réveilles maintenant. Tu sais qu'aujourd'hui tu vas commencer l'école à la maison, il faut donc se lever plus tôt maintenant.
-Hum...
S'étirant, Leila obtempéra et suivit sa maman jusqu'à la salle à manger. Son père s'y trouvait, servant le petit déjeuner d'Angela qui était déjà réveillée. Après avoir salué tendrement son aînée, il lui servit ses céréales préférées avec un peu de lait bien frais et un jus d'orange histoire de lui donner un peu de vitamines. La pauvre en avait bien besoin au vu des cernes sous ses yeux, ce qui embêtaient ses parents qui n'aimaient guère la voir ainsi fatiguée. Ils lui auraient bien parlé de leur inquiétude et de l'éventualité d'aller voir quelqu'un pour peut-être l'aider, mais il ne voulait pas l'embêter à peine sortie du lit. Et puis elle était déjà assez tracassée par la journée qui l'attendait, ils n'allaient donc pas lui rajouter cela en plus.
-Tu n'es quand même pas inquiète pour ton premier jours d'école? L'interrogea en souriant son père.
-Si, un petit peu... Avoua la fillette entre deux cuillerées de céréales.
-C'est normal, c'est toujours un peu stressant la rentrée. La rassura sa mère. Mais tu verras, ça va très bien se passer! Tu es à la maison en plus, tu ne seras donc pas trop perdue!
-Il sera gentil la maîtresse qui va venir? Lui demanda Leila, l'air quelque peu inquiète.
-Ce ne sera pas une maîtresse mais un maître. Et je peux t'assurer que ce sera un très bon professeur! Lui répondit la jeune femme. Il est très gentil et calme, tu n'as donc pas à t'inquiéter ma chérie.
-Si tu le dis...
La petite termina comme elle pouvait son petit déjeuner avant d'aller se préparer. Vers huit heures, une voiture fit son apparition au loin. Leila se doutait bien de qui il pouvait s'agir et angoissa. Restant bien sagement collée à ses parents, elle n'eut d'autre choix que d'aller accueillir avec eux son instituteur.
C'était un homme approchant de la soixantaine, un peu costaud et les cheveux grisonnant. Il était vêtu à la fois simplement mais élégamment avec sa chemise à laquelle étaient accrochées ses lunettes au niveau du col. Il arrivait mallette à la main, l'air très professionnel. Et pourtant, son regard doux trahissait son apparence sérieuse. Cela surpris Leila qui, il fallait l'avouer, fut un peu rassurée en découvrant ce curieux bonhomme qui serrait tour à tour la main de ses parents.
-Tiens! Voici donc ma nouvelle élève on dirait! S'exclama-t-il en apercevant la fillette, le regard bienveillant.
-Vous avez vu juste on dirait! Rit son père avant de se tourner vers sa fille. Et bien tu ne dis pas bonjours Leila? Tu fais ta timide ma chérie?
-Oh, laissez! Je la comprends, elle doit ce demander qui est donc ce monsieur bizarre et ce qu'il fait chez elle! S'empressa de répondre l'instituteur avec amusement, se tournant à son tour vers la petite fille, la faisant glousser. Je suis Monsieur Carl Dufarge, ton nouveau professeur. Et toi, ton nom et Leila si je ne me trompe pas?
-Oui monsieur. Lui confirma-t-elle timidement.
-Ah! J'ai bien retenu on dirait! Plaisanta l'homme avant de s'adresser au couple Jackson. Je pense que nous n'allons pas tarder à commencer, il est déjà huit heures dix.
-Bien sûre! Acquiesça Michael en souriant. Venez, nous allons vous montrer la salle où vous ferez la classe avec la petite.
Sans rien dire, Leila suivit ses parents qui l'emmenèrent à l'étage. Ces derniers avaient fait aménager une petite pièce comme une véritable salle de classe avec tableau noir, bureaux et autres mobilier digne d'une école primaire. Son professeur alla installer ses affaires à son bureaux tandis que Leila prit place à l'une des deux tables, la deuxième devant surement être pour sa petite sœur une fois qu'elle serait en âge d'aller à l'école. Après un dernier briefing avec l'enseignant, ses parents vinrent la saluer avant de s'en aller pour leur travail. Leur congé parental ayant expiré il y a une quinzaine de jours, Leila et Angela restait donc sagement au ranch sous la tutelle de Grace, leur nounou qui était la définition d'une main de fer dans un gant de velour.
-Soit sage ma chérie et travaille bien surtout. La salua affectueusement sa mère d'une bise sur la joue. On sait que tu vas y arriver, ait confiance!
-Ta mère a raison! On sait que tu vas vite progresser, tu as la tête bien faite. Renchérit son père de la même manière. À ce soir ma chérie! On t'aime maman et moi!
-À ce soir! Moi aussi je vous aime!
La fillette se retrouvait seule maintenant. Malgré toute l'apparente bienveillance de son instituteur, Leila avait du mal à être sereine. L'école n'a jamais était vraiment son fort et son certain retard en témoignait. Elle craignait d'avoir l'air stupide et de ne pas réussir. Enfin ça, c'était ce que lui répétait sans cesse son père biologique...
-Bon, par où allons-nous bien pouvoir commencer? S'enthousiasmait son professeur tout en consultant ses fiches. Alors... D'après tes parents tu aurais un peu de retard si j'ai bien compris, surtout en lecture et en écriture c'est ça?
-Je suis en retard pour tout je crois... Répondit-elle presque honteusement. Mais oui ces deux-là j'y arrive encore moins...
-Alors nous commencerons par eux si tu veux bien. Proposa l'homme. Si tu maîtrises ces deux éléments alors tu comprendras tout le reste!
Sur ce, visiblement sûre de lui, le voilà qui alla prendre au hasard un livre dans la petite bibliothèque de la pièce. Une petite histoire pour enfant qu'il confia à Leila.
-Vas y: prends une page au hasard et essaie de la lire afin que je vois où tu en es. Lui demanda-t-il en souriant.
-Vous êtes sûre? S'inquiéta-t-elle, craignant déjà le résultat.
-Allons, n'ait donc pas peur! L'encouragea l'instituteur. Si je ne sais pas quel est ton niveau je ne pourrais pas savoir comment faire pour t'aider à apprendre moi!
-Bon...
Leila ouvrit son livre à la première page. Malgré les illustrations présentant la scène, la fillette ne comprenait pas ce dont il était question dans cette histoire. Cela empira quand elle voulu lire le texte. Si elle connaissait peut-être les lettres, les assembler pour en faire des syllabes et déchiffrer leur sens étaient un véritable casse-tête. C'était comme si tout se brouillait et était impossible à comprendre, ce qui l'angoissa rapidement alors qu'elle essayait de son mieux de lire les mots.
-Il... Il est... Non, il était... Bégayait-elle, rougissant d'embarras et tremblant presque. Il était une... Une... Un... Il était...
Son professeur la regardait d'un air surpris, voir presque désolé en voyant son élève avoir autant de mal à réaliser la tâche qui lui était demandée. La pauvre petite essayait tant bien que mal de lire, impossible de déchiffrer les mots qui se trouvaient sur les pages.
-Ça ira je crois, tu peux t'arrêter. Lui demanda finalement Monsieur Dufarge qui en avait assez entendu, l'air préoccupé. C'est vrai que tu as l'air d'avoir plus de difficultés que je ne pensais... Mais on va y arriver ne t'inquiètes pas! On ne peut que s'améliorer si on le veut!
-Non... Secoua-t-elle tristement la tête, honteuse. Je suis trop nulle pour ça...
-Qu'est-ce donc ce vocabulaire si dégradant? S'étonna son instituteur avant d'aller à sa table. Pourquoi serais-tu nulle comme tu le dis?
-Parce que je ne sais pas encore bien lire et écrire, et je suis idiote... Répondit-elle faiblement.
-Et pourquoi ne pas savoir cela te rendrait-il idiote? Continua-t-il de l'interroger, voulant comprendre son étrange raisonnement.
-Parce que... Réfléchit-elle. Parce que c'est ce que me disait toujours mon premier papa...
-Ton fameux père biologique... Dit doucement l'homme d'un air compatissant. Tes parents m'en avaient parlé. Il ne t'a pas beaucoup aidé pas vrai?
-Non...
Ce fut de trop pour Leila qui ne pu retenir ses larmes à l'évocation de cet homme. Tous ses mauvais souvenirs lui revenaient en tête encore une fois, la torturant sans cesse.
-Il ne m'a jamais aidé, même pour l'école. Sanglota-t-elle. Et quand je n'y arrivais pas et que j'avais des mauvaises notes, il... Il me tapait toujours et il disait que je n'étais qu'une idiote! Il ne faisait que ça avant qu'il ne soit mort...
Bien évidement son instituteur ne pouvait pas rester insensible face à la détresse de son élève. Ce qu'elle lui racontait lui brisait le coeur. Lui qui avait passé sa vie à enseigner par amour des enfants, cela le désolait d'entendre de telles horreurs venir de la bouche d'une petite fille comme Leila.
-Allons, allons... L'interpella doucement ce dernier en lui tendant un mouchoir. Là, c'est fini. Tu es en sécurité ici, personne ne sera en colère si tu n'y arrives pas. On ne peut pas être bon pour tout, ça ne veut pas dire que tu es nulle ou idiote. C'est là que se trompait ton père!
-Vous croyez? Balbutia-t-elle avant de se moucher.
-Bien sûre! Il y a plein de gens qui ont des difficultés pour apprendre, et pourtant ils sont loin d'être bêtes! Lui répondit son professeur avec assurance. Et toi non plus tu n'es pas bête ma petite, loin de là! Mais ça, tu ne te rends pas encore compte car ton père t'as trop répété ces vilaines choses.
-Peut-être...
-Tu es bien plus intelligente que tu ne le crois! Confirma-t-il. Regarde par exemple ton anglais: tu ne le parlais pas encore très bien en arrivant ici je pense, mais pourtant tu as l'air d'avoir bien progressé on dirait! Tu ne l'as jamais remarqué?
-Je... Ne su-t-elle quoi répondre, se rendant compte qu'il avait raison. C'est que... Papa et maman parle tout le temps anglais aussi...
-Justement! Et pour les comprendre tu as dû faire des gros efforts afin d'apprendre la langue non?
-Oh... Je crois bien.
-Tu ne crois pas, tu l'as fait! Rectifia-t-il en souriant. Alors, tu es toujours une idiote?
-Je... Non. Finit-elle par répondre après hésitation.
-Et bah alors? S'exclama l'instituteur en souriant largement. Allez, sèches moi vite ces larmes et on va reprendre doucement. Tu verras, tu vas réussir à faire autant de progrès ici qu'en anglais! Fais moi confiance!
Et il n'avait pas tord. Par ses méthodes éducatives basées sur le jeu, Monsieur Dufarge avait passé l'essentiel de la mâtiné à reprendre les bases de la lecture via des fiches illustrées afin d'apprendre à Leila les syllabes. Bien qu'il restait encore beaucoup à faire pour que la fillette arrive enfin à lire correctement, sa volonté et la patience de son professeur l'avait déjà aidé à reconnaitre certaines syllabes et leur fonctionnement. Après une petite pause vers dix heures pour le goûter, Leila dû s'entraîner à écrire les lettres, ce qu'elle réussit malgré une écriture encore assez instable. La dernière demi-heure, la,fillette ayant bien travaillé, l'enseignant conclu son cours en lui lisant une histoire avant de s'en aller vers midi, ayant terminé son travail pour aujourd'hui. Le soir même, au retour de ses parents, Leila en eut des choses à leur raconter, et ces derniers furent très fières d'elle pour ses efforts et sa volonté de bien travailler. Pour la première fois la petite fille était heureuse d'aller à l'école pour apprendre, et non plus seulement pour échapper un moment à l'emprise de son affreux père biologique comme ce fut le cas auparavant. Et c'est avec plaisir et hâte que tout les jours de la semaine maintenant qu'elle retrouvait sa salle de classe et ce bon Monsieur Dufarge afin d'apprendre toujours plus de choses.
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