𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝐎
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
Le vent filait à une vitesse ahurissante, soulevant la cape d’Emeraude tandis qu’elle se déplaçait. Le tissu vert laissait une longue trainée colorée derrière elle, soulignant sa silhouette combattive avançant parmi les hauts arbres.
Autour d’elle, les troncs des pins épais aux écorces sombres formaient une barrière protégeant sa vue de l’éblouissant soleil. L’herbe en contrebas n’était que partiellement illuminée, les ombres dessinant le reflet des feuilles situées au-dessus d’elle et préservant ses yeux. Cet endroit était ce qu’elle aurait pu espérer de mieux : protégée des rayons de l’astre, la chaleur et son éblouissante aura ne la fatiguaient ni ne l’aveuglaient point. C’était une aubaine pour elle qui comptait amorcer un féroce combat dans les prochaines minutes malgré ses blessures déjà conséquentes.
Dans sa main droite, figée solidement, le pommeau de son sabre était déjà accroché à une lame acérée brillant par intermittence quand elle croisait un des rares rayons solaires. Sa surface argentée luisait sous la force filtrante de l’astre, sublimant son morbide dessein.
Aujourd’hui, elle vengerait leurs omoplates blessées par la lame qu’Annie et deux autres de ses proches y avaient figés.
Son bras gauche pendait le long de son corps, légèrement en retrait car emporté tel un tissu dans ses déplacements. Elle n’avait pas eu le temps de demander à son frère de reboiter son épaule ni même de s’arrêter pour discuter avec lui. Non. Dès lors qu’elle s’était posée sur le crâne d’Annie, jetant un rapide et intense coup d’œil à Levi pour lui révéler l’identité de la traitresse située dans sa nuque, elle avait compris.
Erd. Gunther. Auruo. Petra. Edward. Emeraude. Les noms de ceux qui mourraient en ce jour.
Elle avait survécu. Quelques heures auparavant, le coup violent porté par la main titanesque à son corps aurait dû la tuer mais elle s’était miraculeusement relevée et ne pouvait l’expliquer. Seulement il restait cinq autres noms sur cette liste. Et elle ne pouvait pas expliquer comment mais savait que son frère n’était plus concerné par ce mauvais présage, que lui aussi avait fini par être épargné.
Seulement ce n’était pas le cas de l’escouade tactique.
Alors, dès lors qu’elle avait murmuré le nom de celle qu’elle croyait pourtant être son amie, que ses prunelles blessées s’étaient perdues dans celles, inexpressives, du caporal, qu’un cri de rage animal était né dans sa poitrine, elle avait compris. Sans même que la voix figée dans son crâne ne se manifeste, elle avait réalisé l’imminence du danger.
Le noiraud s’était approché d’elle, tendant ses bras dans sa direction afin de l’emporter loin de ce qui n’était autre que l’endroit le plus exposé à l’heure actuelle. Mais elle ne lui avait laissé le temps d’établir le moindre contact physique que, dégainant son sabre d’une main déterminée, elle avait quitté les lieux à toute vitesse.
Alors, sous le regard étonné de Levi qui l’avait vue s’échapper, filant vers un point que nul ne voyait, elle avait trainé son corps sur plusieurs kilomètres, parcourant à une vitesse folle ce lieu hanté. Et son cœur n’en finissait plus de battre à mesure qu’elle se sentait approcher de l’imminent combat.
Le paysage autour d’elle n’était plus que trainées marrones et verdâtres tant il défilait avec rapidité. Même l’odeur de pétrichor —qu’elle chérissait habituellement du fait de l’attachement de son frère pour elle— ne parvenait à la détourner de son projet. Un malheur s’apprêtait à percuter l’escouade tactique de plein fouet. Elle le sentait.
Tu aurais dû te faire confiance, Eren, se dit-elle soudain, la gorge nouée au souvenir de sa première discussion avec le caporal.
Soudain, face à son regard humide, une tâche.
Filante droit devant elle sous une capuche similaire à la sienne, une silhouette lui montrant le dos avançait parmi les pins. Située dans l’exact même axe qu’elle, il semblait que son départ n’avait précédé celui d’Emeraude de quelques secondes seulement. Des secondes qu’elle n’allait pas tarder à rattraper.
Seule une dizaine de mètres les séparaient encore.
Elle le savait, sous cette cape qu’elle déshonorait, derrière deux ailes qu’elle brisait, cachée sous des espoirs qu’elle souillait se trouvait la figure droite et stricte d’une traitresse. Et, même si Annie n’avait jamais été une de ses proches, les quatre années qu’elles avaient passé côte à côte aux prises avec la mort, les moments où la blonde l’avait aidée lors de ses crises provoquées par cette voix figée dans sa tête la hantaient.
Elle l’avait trahie.
Et sa trahison ayant amené la mort de tant d’hommes, elle la vengerait de la seule façon qu’elle connaissait. Oui. Dans les pleures de douleur de cette immonde traitresse, elle laverait jusqu’à la dernière goutte de sang séché dans l’herbe.
Ses pupilles s’étaient dilatées tandis qu’elle ne cessait de fixer cette cape trainant en secousses derrière elle. Au creux de son ventre, s’allumant en un feu incommensurable, la colère naissait. Elle sentait ses flammes lécher chaque paroi de son être, irradiant sa force incandescente qui suintait par chaque pore de sa peau. Sa chaleur était telle qu’elle avait la sensation que son sang bouillait et sa chair cuisait. Mais cette douleur n’avait rien de paralysant. Non. Elle neutralisait même celle de son épaule déboitée, son visage balafré ou sa jambe transpercée.
Elle était là, roulant en volutes sombres sous sa peau.
La rage.
— Caporal-chef Levi ? retentit soudain une voix à sa gauche, légèrement en avant.
Elle se raidit. Gunther. Non.
Le brun était aussi mystérieux qu’il était méfiant. Son intellect développé marquait chez lui une prédisposition à trouver rapidement des réponses à certaines énigmes. Et, malheureusement aujourd’hui, le fait qu’il en ait témoigné à haute voix, qu’il ait fait part de ses doutes à l’infâme traitresse située sur sa gauche et dos à Emeraude en l’interpellant n’allait pas tarder à signer sa perte.
Un coup violent porté à sa ceinture. Un bruit métallique que nul n’entendit malgré sa tonalité, concentré sur le nouveau venu qu’ils croyaient être un allié. La jeune femme venait de casser sa pédale de gaz mais elle s’en fichait.
Sa vitesse de déplacement venait de s’accroitre drastiquement, atteignent son maximum et là était bien la seule chose qui comptait.
Car, dès lors que Gunther montrerait à l’encapuchonnée venant de les rattraper, lui et le reste de l’escouade, dans leur course, qu’il savait qui elle était —ou plutôt, qui elle n’était pas—, aucun retour ne serait possible et Annie ferait le choix de l’attaquer. Et, si Emeraude ne se trouvait pas assez proche de lui à ce moment-là, elle ne pourrait pas le sauver.
Derrière lui, elle le voyait du coin de l’œil, le restant de l’escouade se dessinait. Même si elle n’en percevait pas les détails, elle devinait aisément Petra, Erd, Auruo et Eren avancer à ses côtés. Mais elle ne pouvait se permettre de crier pour les prévenir : ils se tourneraient alors dans sa direction et leur attention détournée, même l’espace d’un instant, profiterait à la blonde qui les assassinerait.
Emeraude ne pouvait compter que sur elle-même et c’était exactement ce qu’elle comptait faire.
Dix mètres la séparaient d’Annie. L’accélération brutale liée à l’implosion de ses bouteilles lui donneraient de l’avance. Mais la question maintenant était : entre le moment exact où Gunther révélerait à tous que la personne venant de les rejoindre n’était pas Levi, où cette même personne choisirait donc d’attaquer et le moment où la lame d’Annie s’abattrait sur le brun, aurait-elle assez de temps pour les rejoindre et s’interposer ?
— Ce n’est pas lui ! s’exclama soudain le brun. Qui va là ?
Le cœur d’Emeraude rata un battement. Annie l’avait entendu. Elle venait d’amorcer un geste en direction du brun. Elle allait le rejoindre et attaquer. Dix mètres.
Dix. Gunther, saisissant sa lame, tourna ses sourcils froncés en direction de l’intru, prêt à protéger Eren. Neuf. Ce dernier, affublé du reste de l’escouade, ne fit le moindre geste, continuant d’avancer en espérant distancer le nouveau venu. Huit. La main d’Emeraude se resserra sur son pommeau, le feu de la rage né en elle ne se tairait point. Sept. Le grappin d’Annie quitta soudain un des arbres pour se planter dans un tronc situé en face d’elle, elle s’apprêtait à dévier sa trajectoire. Six. Gunther n’anticiperait pas le coup, la vitesse de la blonde était trop importante. Cinq. Le titan derrière lui écarquilla les yeux, pressentant un destin funeste. Quatre. Des larmes de rage naquirent dans les yeux d’Emeraude tandis qu’elle approchait de sa cible, déchirée par la douleur de la trahison et la peur de ne pas arriver à temps. Trois. Deux lames acérées jaillirent soudain des mains de la traitresse qui s’apprêtaient à frapper. Deux. Les yeux de Gunther s’écarquillèrent brutalement en les voyant. Un. Annie frappa de ses sabres.
Zéro.
Violemment, les pieds d’Emeraude vinrent se plaquer sur le torse d’Annie. Cette dernière s’était retournée pour frapper Gunther, se mettant face à la soldate. Mais elle ne parvint pas à aller au bout de son geste et couper les cordes du grappin de l’homme lorsque, incrustant ses deux semelles sur sa poitrine et y faisant pression avec une force virulente, la nouvelle venue écarta la traitresse de son amie.
Et, ses yeux enragés posés sur le visage partiellement visible sous la capuche émeraude de celle aux côtés de qui elle avait servi, elle ne put contrôler la colère grondante dans sa voix lorsqu’elle formula avec haine :
— MESURES TOI À MOI.
A quelques mètres de là, les yeux écarquillés, l’escouade coupa son gaz avec quelques secondes de retard, laissant par mégarde une dizaine de mètres de distance entre eux et la scène de combat. Mais ils la fixaient bel et bien, sain et sauf.
Au soulagement de celle se battant actuellement pour eux.
La plante de ses pieds fixée sur le buste de la blonde, ses genoux repliés entre son torse et celui de l’ennemie de laquelle seules ses jambes la séparaient, elle fixait un regard assassin sur son menton visible. Ce dernier, taillée avec minutie, semblait aussi affuté que sa lame.
Mais celle-ci n’avait eu le temps de trancher les câbles de Gunther, ce qui l’aurait mené à une chute qui l’aurait tué. Non. Emeraude s’était interposée avant et, animée par la rage d’avoir été trahie et d’avoir vue cette traitresse tenter de s’en prendre à l’un des siens, elle ne comptait pas s’arrêter si tôt dans son geste.
Sa main droite enserrée autour de sa lame brandit vivement celle-ci, la relevant brusquement. Et, sous le regard atterré des cinq autres présents qui ne pensaient même plus bouger tant ils étaient absorbés par les évènements, elle alla figée son sabre dans le corps de la femme en poussant un hurlement rageur.
Ce spectacle avait quelque chose d’absolument vivifiant et déroutant.
Là, postée à quelques mètres seulement de leur position, les pieds appuyés sur le torse de leur assaillante, les genoux pliés de sorte à ce que seuls une poignée de centimètres ne séparent leur visage, le regard ancré sur son menton dépassant de sa capuche telle une lionne enragée, Emeraude revêtait un aspect que nul ici ne lui connaissait. Jamais, pas même lorsqu’elle s’était battue plus tôt contre tous ses titans, ils n’avaient vu tant d’amertume dans ses gestes ni de colère dans son regard.
Tant de désir de destruction.
Alors, lorsque son bras se releva, traçant une ligne droite et assassine dans les airs, que la lame en son bout s’incurva, suivant ses mouvements précis et que sa pointe fendit soudain ce singulier combat n’ayant même pas encore commencé pour se diriger vers la gorge de la blonde, Eren ne put retenir une exclamation admirative. Là, dans cette peinture guerrière, au bout de cette lame aiguisée, dans la lumière de ce regard affuté se trouvait son modèle. Le genre d’héroïne qu’il aspirait à être.
Une personne aussi capable que Levi Ackerman lui-même.
Un bruit de succion retentit, transperçant le silence angoissé ayant pris place. La lame de la femme venait de pénétrer la chair de son ennemie, transperçant sa gorge à la naissance de son crâne. Et, l’éclaboussant de sa substance chaude, le sang de la traitresse se projetait en fines gouttelettes de victoire sur la peau du visage balafré de la nouvelle venue.
Un sourire étira les lèvres d’Emeraude qui, se laissant emporter par sa rage, n’arrêta pas son mouvement et enfonça toujours plus profondément la lame aiguisée dans sa gorge sanguinolente, se délectant de la sensation de ce corps pressé contre ses semelles s’affaiblissant à mesure qu’elle tranchait ses artères.
Ses iris, envahies par la rage, semblaient allumées d’une folie nouvelle. Et sans doute celle-ci fut elle la force l’animant lorsque, poursuivant son geste et menant le pommeau de son sabre à buter contre le cou de l’ennemie tant elle avait continué son geste et enfoncé sa lame, elle lâcha dans un sourire victorieux :
— À MES FRÈRES.
Cependant, ce sourire, Eren ne le partagea pas.
Lorsqu’elle avait prolongé son coup d’épée, enfonçant toujours plus profondément son sabre, la pointe de celui-ci avait accroché le tissu de sa cape, l’emportant dans son geste. L’étoffe était alors tombée sur les épaules de la traitresse, dévoilant les traits de celle-ci aux yeux brisés du titan.
Le tissu se relevant lui laissa d’abord voir un menton en pointe taillé finement qui laissa place à deux lèvres aussi épaisses que des lames de rasoir, lesquelles étaient surplombées par un nez aquilin encadré par deux pommettes saillantes. Et, la capuche continuant sa course, deux paupières se refermant brutalement sur des iris azurs à mesure que du sang giclait sur son menton depuis sa gorge se laissèrent voir. Il n’eut même pas besoin de deviner son front légèrement bombé parsemé de mèches blondes pour sentir son cœur se taire dans sa poitrine.
Ses yeux s’écarquillèrent tandis qu’une douleur lancinante transperçait son organe vital, lui faisant quelque peu perdre l’équilibre depuis sa position en hauteur. Il reconnaissait ces traits sévères ainsi que cette allure stricte.
Car, pendant un temps aujourd’hui révolu, il les avait assimilés à ceux d’une amie.
— Annie Leonhardt.
Sur ses prunelles, un vacillement. Sans doute une larme. Il ne le savait pas. Il ne s’en préoccupait pas. Non. Devant lui, vestige d’une confiance aveugle qu’il avait éprouvé envers quelqu’un qui ne le méritait pas, le visage imbibé de sang d’Annie se dessinait. Et il ne parvenait à comprendre les émotions contradictoires qui le traversèrent.
Une partie de lui, blessée, peinait à se tenir debout et stable au bout de ses câbles tant les invisibles lames de la trahison figées dans son dos lui faisaient mal. Une autre, l’enfant en lui n’ayant finalement jamais perdu d’espoir, tremblait face au spectacle de l’héroïne qu’il admirait tant enfonçant une lame rageuse dans le cou d’une fille qu’il appréciait.
Car, même s’il venait d’apprendre sa traitrise, il ne pouvait se résoudre à oublier en un battement de cils la lame l’ayant défendu sur les terrains d’entrainement, les bras puissants l’ayant rattrapé lorsqu’il lui arrivait de chuter, les yeux observant ses arrières pour les sécuriser. Et il savait pertinemment que si Emeraude se montrait maintenant si violente, c’était justement parce qu’elle non plus, n’en oubliait rien.
Soudain, lui coupant le souffle, un mouvement oculaire chez Annie le surprit. Tandis que son cœur auparavant rapide ratait un battement, il le remarqua. Et, à vrai dire, tous le virent autour d’eux. Absolument tous.
Elle venait d’ouvrir les yeux.
— EMERAUDE ! rugit-il, ses muscles se raidissant.
Ils le savaient tous. Les observations d’Hanji et Edward étaient très claires. Lorsqu’un titan intelligent était gravement blessé sous sa forme humaine, il pouvait se regénérer en lançant sa transformation. Et, justement, une source de douleur aigue pouvait motiver une mutation. Tuer l’un d’entre eux ne présupposait donc qu’une seule chose : l’atteindre à la nuque de façon irréversible.
Seulement, si Annie venait de rouvrir les yeux, cela signifiait qu’elle n’était pas encore morte. Mais, aux vues de sa blessure, la faucheuse ne tarderait pas à l’emporter. Et se transformer était donc la seule façon pour elle maintenant de survivre aux coups de lame d’Emeraude. Et le problème était là.
Une mutation présupposait une explosion. Violente. Destructrice.
Et ils le savaient. Eux tous ici. Chacun parmi eux avait compris ce qui allait se produire. S’ils se trouvaient à dix mètres du titan et avait encore une chance de s’en sortir, Emeraude, pour sa part, était quasiment collée à elle.
Ils avaient parfaitement conscience du fait qu’il était trop tard pour elle. Jamais elle n’aurait le temps de s’écarter suffisamment.
Même elle l’avait compris.
Et ceci, Eren le devina dès l’instant où, l’entendant, hurler son nom, elle se tourna vers lui. La main encore enserrée autour du pommeau de son arme, celle-ci enfoncée profondément dans la gorge d’Annie qui s’animait peu à peu et les pieds demeurés pressés sur son buste, elle était resignée. Elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas survivre à une telle explosion.
Alors, dès lors que les yeux écarquillés du brun tombèrent sur ceux, rougies et imbibés de larmes de la jeune femme, il fut saisi. Car, pour la première fois depuis qu’il connaissait cette femme si mystérieuse, il parvint à voir nettement ce qu’elle ressentait au travers de ses simples prunelles. De la peur. Ses iris étaient humidifiées par la peur.
Elle était terrorisée.
Et, pourtant, dans un ultime acte pour préserver celui qu’elle avait fini par apprécier, dans un geste désespéré de ne pas lui en infliger plus que nécessaire, elle laissa les coins de ses lèvres se relever légèrement. Oui. Face à la mort, à quelques instants à peine d’une explosion qui lui serait fatale, elle venait de lui sourire.
Un tout dernier geste.
— EMERAUDE ! hurla-t-il de toutes ses forces, tendant une main tremblante en sa direction tandis qu’il essayait d’atteindre sa pédale de gaz de l’autre pour la rejoindre.
Mais il n’eut le temps d’accomplir son dessin qu’un bras particulièrement développé enserra soudain sa taille, le tirant brutalement en arrière loin des deux femmes. Et, même s’il savait pertinemment qu’il était l’espoir de l’Humanité et qu’ils ne pouvaient donc se permettre de le laisser mourir en mission, ce qui venait de motiver le soldat à le tirer loin de la femme au lieu de le laisser la sauver, il maudit de tout son être la personne qui venait de l’empêcher de lui venir en aide.
Ses yeux toujours écarquillés rivés vers Emeraude tandis qu’il tendait un bras impuissant en sa direction, il sentit des larmes les envahir à mesure que la prise sur son ventre se renforçait, l’emportant loin de cette jeune femme qu’il admirait tant. Et, sans même expliquer comment, cette simple vision lui apparut comme une sensation de déjà-vu.
Un carré blond, une figure d’héroïne, une mort inévitable. Tout lui était familier. Jusqu’à cette sensation d’impuissance qui s’incrustait toujours plus en lui à mesure que le visage de la jeune femme rapetissait, qu’ils s’éloignaient d’elle, qu’ils se sauvaient, qu’il l’abandonnait.
Et, malgré la distance soudaine entre eux, il eut le temps de voir un dernier détail chez elle. Quelque chose qu’il n’oublierait jamais. Un simple morceau de paysage minuscule qui le frappa pourtant de plein fouet.
Une larme d’espoir sur son sourire triste.
Les yeux d’Eren ne la quittèrent pas une seule seconde. Et ce, même lorsqu’une lueur rougeâtre enveloppa soudain le visage de cette héroïne, que les flammes de la destruction s’échappèrent brutalement en volutes de haine, l’entourant et que ses étoffes se virent soulevées par le souffle de l’explosion.
Eren eut à peine le temps de comprendre ce qu’il venait de se produire que la larme et sa propriétaire avaient disparu.
Détruis dans l’explosion.
⏂
je suis enfin débarrassée de mes partiels, je vais essayer de me rattraper pour pouvoir refaire des double-update
d'ailleurs merci beaucoup, on a franchit les 20k vues et 3k votes !!!!
<3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Com