𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟔
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
‣ S03E04
petit spoiler
Lorsqu'Emeraude ouvrit la porte de bois donnant sur la caverne Reiss, elle fut éblouie par la lumière jaillissant du lieu. Etant donné que celle-ci était une cavité souterraine et que, de surcroit, il faisait nuit, elle s'était attendue à devoir marcher à tâtons dans l'endroit. Mais elle n'en eut pas besoin.
Les murs étaient constitués d'un matériau qu'elle n'avait jamais vu auparavant. On eut dit un croisement entre du cristal dans leur texture et des stalactites dans leur forme. Entre bleue et violet pâle, ces surfaces avaient des aspects de diamants. Elle en était subjuguée.
Rien ne décorait ou agrémentait les lieux. Depuis l'encadrement de la porte où Emeraude se tenait jaillissaient de multiples marches, peut-être une centaine, menant au sol bien plus loin en contrebas. L'escalier était sculpté à même la matière cristalline, ancré dans le mur à sa gauche et sans rampe à sa droite.
Quelques colonnes, toujours dans ce même matériau, jaillissaient par endroit jusqu'à un point loin devant elle qu'elle ne discernait pas. Comme si la caverne était infiniment profonde. Elle se réjouit de voir ces constructions dont elle pourrait se servir pour planter ses grappins.
Soit, elle pouvait faire comme la majorité des soldats et se contenter de tirer du gaz en avançant en ligne droite. Mais l'ancien vétéran de son village lui avait toujours dit que c'était là la meilleure façon de tomber en rade rapidement. Et ceci, en période de combat, était symbole de mort.
Dégainant la corde attachée à son grappin, elle fit tournoyer celui-ci d'une simple rotation du poignet en s'élançant dans les escaliers, fixant la colonne la plus proche d'elle. L'endroit où la distance entre eux serait la plus courre se situait à cinq marches d'elle. De son pied gauche, elle frappa le sol, propulsant son corps sur sa destination et, à peine son pied droit entra-t-il en collision avec cette dernière qu'elle s'en servit pour s'éjecter hors des marches, dans le vide.
D'un mouvement brutal mais précis du bras, elle envoya sa prise en direction de sa cible. Ayant évalué l'endroit où elle se planterait, elle orienta d'ores et déjà ses jambes afin de s'élancer vers la prochaine colonne à laquelle elle s'accrocherait.
Mais rien ne se passa comme prévu.
Soudain, un claquement retentit. Elle leva la tête à ce son et vit avec horreur son grappin rebondir sur la surface sans s'y planter. Impossible, se dit-elle en sentant son cœur remonter dans sa gorge, signe qu'elle chutait. Elle réalisa alors qu'elle se trouvait à une quinzaine de mètres du sol. L'impact lui serait fatal.
Sa vue était entravée par ses cheveux qui remontait autour de son visage. Elle ne pouvait pas évaluer de nouveaux endroits où placer son grappin. Elle se décida donc à faire ce que le vétéran de son village et Eddie lui avaient toujours déconseillé.
— Et merde ! lâcha-t-elle.
Elle connaissait le poids de son corps ainsi que celui de son équipement. A l'aveugle, elle pouvait localiser sans la moindre hésitation chaque rouage de son système tridimensionnel. Comme chaque soldat.
Ainsi, d'un geste aisé, elle amena ses mains à hauteur de sa taille et fit glisser ses index sur le sommet des deux bouteilles de gaz fixées sur chacune de ses hanches. Immédiatement, ses cheveux ainsi que sa cape retombèrent le long de son corps, signe qu'elle ne chutait non seulement plus mais qu'elle remontait aussi.
Aussitôt, elle balança ses jambes en arrière pour orienter sa trajectoire. Sa crinière n'étant plus dans son champ de vision, elle y voyait clair. La caverne infinie s'étendait devant elle. Elle avançait en sa direction.
Bientôt, elle franchit plusieurs dizaines de mètres. Mais cela ne lui plaisait pas. Elle tirait bien trop de gaz. D'ordinaire, elle se déplaçait la plupart du temps à l'aide de ses simples mouvements de jambes exécutant un balancier. Elle tenait ainsi plusieurs heures. A ce rythme, elle n'était pas sûre d'en tenir ne serait-ce qu'une.
Soudain, la tirant de ses préoccupations, un murmure lointain lui parvint. Cela venait de devant elle, peut-être une vingtaine de mètres plus loin. Ce brouhaha infime amplifiait à mesure qu'elle avançait et, bientôt, elle discerna des cris et hurlements ainsi que ce qui semblait être des coups de feu.
Alors, oubliant totalement ses considérations sur le gaz qu'elle tirait, elle appuya encore plus fort sur la pédale de la bouteille, augmentant le débit et accélérant brutalement son avancée. Là où les brigades spéciales avaient des fusils, les bataillons n'avaient que des sabres. Le combat était désavantageux. Il fallait qu'elle vienne leur prêter main forte au plus vite.
Bientôt, elle discerna les soldats. Tournoyant dans un nuage de brume dû à la poussière qu'ils faisaient voler dans leurs déplacements, ils poussaient de multiples hurlements en brandissant leurs armes, s'attaquant férocement. Elle vit quelques masses sombres tomber au sol et pria pour qu'il s'agisse de membres des brigades et non des bataillons.
Le premier soldat qu'elle dépassa ne la remarqua pas, occupé à tourner son pistolet en direction d'une jeune femme qui lui montrait le dos. Elle connaissait de vue sa haute queue de cheval brune. Il s'agissait d'une des leurs. Et elle s'apprêtait à se prendre une balle dans la nuque.
Sans aucun bruit ni même expression faciale, Emeraude dégaina ses deux sabres. Elle se trouvait juste à côté du garçon. Alors, afin d'atteindre ses câbles sans pour autant reculer, elle lança ses jambes devant elle, les ramenant à hauteur de son visage. Ce geste donna une impulsion à son corps qui bascula en arrière.
Sa tête fut bientôt en bas et ses pieds, en haut. Dès lors, elle repéra les cordes de l'homme devant elle. Son gaz était coupé, il avait trouvé une prise sur les murs. Sans une once d'hésitation, elle trancha les liens d'un geste sec. Aussitôt, elle le vit tomber.
Elle ne prit pas le temps de le voir s'écraser. Elle ne souhaitait pas assister à un tel moment. Continuant sa roulade, elle reprit sa position initiale en jetant un œil à la fille qu'il visait. Elle était saine et sauve, toujours dos à elle.
Même si la jeune femme commença dès lors à ressentir le poids de la culpabilité peser sur ses épaules pour ce qu'elle avait fait, elle y fit abstraction. Le moment était grave et l'heure n'était pas aux larmes. Il lui fallait continuer de se battre, quand bien même ses mains en seraient à jamais salies.
Elle atteignit un autre soldat. C'était une femme aux cheveux frisés et roux qui était juste devant elle. Ses cordes étaient de chaque côté du corps d'Emeraude. Cette dernière saisit les liens et, tirant brutalement sur eux décrocha les grappins des parois.
Les cordes étant reliées à ses bras où ses pistolets étaient fixés, elle fut brutalement entravée par la prise de la jeune femme. La rousse, réalisant ce qu'il se passait et qu'elle ne disposait plus d'aucun moyen pour se débattre poussa un hurlement de détresse.
— NAN JE T'EN SUPPLIE ! pleura-t-elle en s'agitant. MA SŒUR M'ATTEND !
Aussitôt, le visage d'Eddie apparut devant ses yeux. Elle sentait les cordes accrochées au système de la soldate glisser dans ses mains à mesure qu'elle tombait. Ses bouteilles étaient fermées et, ses bras plaqués contre son corps donc elle ne pouvait les ouvrir. Elle était condamnée.
L'impact se produirait dans quelques secondes, secondes durant lesquelles Emeraude sentit une larme rouler sur sa joue. Sa sœur l'attendait. Si quelqu'un avait eu l'opportunité de sauver Eddie, même s'il s'agissait d'une personne du camp adverse, tu aurais aimé qu'il la saisisse, songea-t-elle.
— Fais chier.
D'un geste brutal, elle tira la corde devant elle au moment où la rousse s'apprêtait à heurter le sol. Aussitôt, la soldate remonta de nouveau de quelques centimètres, reprenant une distance de quelques pouces avant l'impact.
Juste avant de la lâcher pour de bon, lui provoquant ainsi aucune blessure, elle sabra les cordes pour l'empêcher de repartir. Aucun soldat intelligent ne prendrait le risque de décoller sans l'équipement nécessaire pour s'arrêter. Elle était donc hors d'état de nuire.
Un peu chamboulée par l'image qu'elle avait eu d'Eddie, c'est sans un regard qu'elle quitta la soldate. Celle-ci, honteuse d'avoir flanché et supplié un ennemi, ne dit rien. Emeraude ne s'en préoccupa point, se contentant de fondre entre la masse de soldats se battant.
Bientôt, elle en repéra un qui se distinguait du reste par sa tenue atypique. Il n'avait pas d'uniforme, seulement un imperméable noir de la même couleur que son chapeau enfoncé profondément sur sa tête. Cette allure lui était familière. Elle avait déjà vu cet homme.
Il fixait de ses petits yeux de fouines et de la pointe de son pistolet quelqu'un devant lui. Tous deux se déplaçaient si rapidement qu'elle eut du mal à identifier l'autre. Mais elle savait que le soldat le tenait en joug et qu'il était donc en danger. Lui, un membre de son camp.
Elle se situait trop loin pour fondre sur l'assaillant et décida donc d'opter pour une autre tactique. Saisissant la corde reliée à son grappin, elle fit tournoyer celui-ci en s'approchant des deux combattants. Une distance d'un mètre les séparait, elle ne risquait donc pas d'heurter le mauvais homme.
Elle n'eut pas besoin de se stabiliser ni même de fermer un œil pour viser. Elle savait ce qu'elle faisait, y était habituée. Sans plus de cérémonie, elle propulsa l'objet de son grappin qui vint cogner l'arme tendue de l'homme, déviant sa trajectoire au moment où il tira. Ainsi, il manqua sa cible.
Cette dernière choisit cet instant précis pour se retourner, son sabre brandit. Seulement, lorsqu'il vit Kenny hurlant en regardant son bras touché ainsi que le grappin l'ayant percuté et qu'il remonta la corde des yeux pour identifier son origine, son cœur fit un bond dans sa poitrine.
Lorsqu'il vit Emeraude, il n'en crut d'abord pas ses yeux. Sa gorge se fit sèche et il sentit ses entrailles se tordre. Seulement, leur regard se croisèrent et il comprit alors qu'il n'hallucinait pas. Elle était bel et bien là.
Leur contact visuel fut court, électrique, intense. Animé à la fois par la noirceur de la haine et l'éclat d'un autre sentiment qu'ils ne connaissaient pas et ne voulaient pas encore connaitre. Parcouru de lueurs toutes plus vives les unes que les autres. Eveillant chacun de leur pore à irradier un sentiment nouveau.
Ils étaient là. L'un en face de l'autre. Après tout ce temps. Après tous ces sentiments. Vivants. Ou plutôt finalement vivants.
Soudain, un hurlement retentit. Ils auraient pu l'ignorer, mais la voix qui l'avait poussé se distinguait du reste des soldats. D'un seul et même geste, ils se tournèrent vers Hanji au moment où Kenny fondait sur eux. Avec horreur, ils virent la jeune femme tomber depuis le haut de la salle.
— HANJI.
Le hurlement d'Emeraude fut si puissant et empreint d'une douleur telle que Levi sentit quelque chose se déchirer au fond de lui.
⏂
coucou !
faisant partie des personnes qui lisent les scans, je sais d'ores et déjà quelle fin je donnerai à cette fanfiction
(je sais qu'isayama n'a pas encore fini mais une des théories m'a bien plue et m'a mise du baume au cœur donc je vais m'en servir comme fin)
j'ai donc un peu peur d'annoncer ça parce que je sens que je vais perdre des lecteurs mais cette fanfiction aura un tome 2, je ne peux vraiment pas faire autrement
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