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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟏

𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
MARTYRS













             Il faisait sombre à l’intérieur du coche et, malgré elle, Emeraude tremblait légèrement. Elle ne savait si son état était lié à la faim, la fatigue, la peur, la honte ou la trahison. Mais le choc des dernières vingt-quatre heures l’avait particulièrement secouée.

             La veille, après qu’Erwin ait proféré l’ordre de la mener en dehors de son bureau, Levi n’avait pas semblé vouloir s’embarrasser davantage de la jeune femme. Alors, le confiant au premier venu avec l’ordre de la mener en salle d’interrogatoire afin d’attendre son départ pour le tribunal militaire de Stohess, il avait par la suite tourné les talons.

             Seulement le premier venu en question s’était avéré être Jean. Son ami. Qui s’était soudain vu tiraillé entre son devoir d’obéir à son supérieur et ses sentiments pour son amie. Il ne savait pas pourquoi Emeraude avait alors des chaines aux poignets, n’avait aucune idée de la raison pour laquelle il devait humilier la soldate en la trainant telle une prisonnière dans les couloirs. Alors, bien évidemment, il avait hésité.

             Mais, ne voulant le voir être puni parce qu’il l’avait protégée, la jeune femme l’avait encouragé à écouter le noiraud. Ainsi, après un baiser se voulant réconfortant sur le sommet de son crâne, le châtain l’avait placée devant lui, posant ses mains sur ses menottes comme l’exigeait la procédure et avait foulé les longs couloirs, tentant de prendre les escaliers où se trouvait le moins de monde.

             Jamais elle n’oublierait le vide qui s’était formé en elle lorsqu’elle avait par la suite croisé Mikasa qui s’était figée à cette vision ainsi que Conny qui s’était jetée sur elle, tentant de défaire ses chaines sans se poser de question ou même Sacha qui avait juré qu’elle allait trouver Levi et le lui faire payer ou encore Eren qui lui avait simplement promis qu’il essayerait d’utiliser son statut privilégié pour l’aider.

             Bien sûr, elle avait été touchée par leurs diverses actions. Regardant ce garçon aux yeux verts encadrés de cheveux lui tombant maintenant un peu plus haut que les épaules, voyant derrière lui les visages se voulant réconfortant de Mikasa, Sacha, Conny, Marco et même Christa qui n’était visiblement pas rancunière, son cœur s’était quelque peu gonflé dans sa poitrine.

             Mais, aussitôt, l’humiliation de cette situation lui était revenue. Habillée en civile, les mains jointes par des menottes dans le dos, son ami posant ses cinq doigts sur celles-ci afin de s’assurer qu’elle ne s’échappe pas. Elle n’était plus un soldat. Elle n’était plus l’une des leurs.

             Elle était une prisonnière.

             A présent encore, assise dans ce coche noir dont les rideaux tirés ne lui permettaient pas de se distraire, elle y repensait. Et, devant elle, le visage doux encadrés de splendides cheveux roux de Petra ne l’aidait pas. De toutes les personnes qui auraient pu avoir la tâche de l’escorter jusqu’au palais de justice, il avait fallu que ça tombe sur la jeune femme.

— Je t’accompagnerai jusqu’à l’entrée du tribunal mais un autre soldat des brigades spéciales sera chargé de prendre la relève, c’est la procédure, expliqua-t-elle d’une voix douce avec son éternel regard bienveillant.

             Emeraude ne répondit point. Bien sûr, elle appréciait Petra. Mais, étant donné qu’elle savait que celle-ci avait ouvert son cœur au caporal et qu’elle avait par la suite couché avec ce même caporal, elle s’était évertuée de l’éviter durant plus d’un mois.

             Et, aujourd’hui, cela allait faire un peu plus d’une heure qu’elles se retrouvaient seules dans ce coche, l’une en face de l’autre. Autant dire que l’atmosphère était pesante.

             Mais Emeraude appréciait la rousse et, face à la perspective d’être jugée et pendue pour le meurtre d’un soldat, une voix en elle lui disait qu’il valait mieux qu’elle tente d’aplanir la situation entre elle et la soldate. Simplement afin de mettre un maximum de choses en ordre au cas où elle devrait s’en aller vers un autre monde bientôt.

— Les cellules sont trop peu nombreuses donc tu auras quelqu’un avec toi mais vous serez enchainés donc il y a peu de chances que, si cette personne est vraiment odieuse, tu sois forcée de te battre, poursuivit Petra avec un professionnalisme exemplaire. Sinon, il suffira que tu…

— Tu me détestes, non ? la coupa la jeune femme d’une voix rauque.

             Aussitôt, la rousse se raidit avant de se tourner vers la jeune femme, interdite. Ses yeux marrons venaient de s’écarquiller et elle devinait la stupeur dans le miroitement de ses prunelles. Mais elle conserva un air impassible, attendant sa réponse patiemment.

— Q… Quoi ? balbutia Petra, ses sourcils se fronçant légèrement.

— Je comprendrais si c’était le cas, expliqua Emeraude en détournant enfin les yeux, comprenant que son regard mettait la soldate mal à l’aise. J’étais censée être ton amie et quelques semaines après que tu aies confié tes sentiments au caporal, je me suis déshabillée devant lui.

             Là, elle sentit la rousse se mettre à remuer plus franchement, signe qu’elle comprenait enfin de quoi elle parlait.

— Quoi !? s’exclama-t-elle de sa voix fluette. Mais pas du tout !

             Surprise, la prisonnière se tourna vers la rousse, faisant teinter les chaines à ses poignets. Celle-ci l’observait, ses yeux grands comme des soucoupes s’imbibant peu à peu de larmes à mesure qu’elle secouait la tête.

Emeraude, je me fiche de ce que tu fais avec le caporal ! sembla-t-elle s’emporter. Déjà parce que cette soi-disant déclaration venait de mon père qui n’avait rien compris à ma lettre et voulait jouer les entremetteurs, ensuite parce que même si c’était le cas, tu restes mon amie !

             Malgré elle, le cœur de son interlocutrice fit un bond dans sa poitrine. La sincérité dans les yeux de Petra la désarçonnait.

— Je n’ai pas supporté la tristesse dans tes yeux le lendemain de ta nuit avec le caporal, pas plus que je n’ai toléré de te voir avec ces chaines aux poignets hier ! s’exclama-t-elle d’une voix tremblante. C’est pour ça que j’ai tout fait pour être celle qui t’accompagnerait aujourd’hui, pour tu ais un visage familier avec toi et pas un de ces porcs qui t’insultent sous prétexte de ta nuit avec le caporal.

             Des larmes remplirent les yeux de la rousse et elle regarda ailleurs, comme pour les empêcher de couler. De toute évidence, elle avait été particulièrement secouée par la vision qu’elle avait eu la veille de la jeune femme, les menottes serrant ses mains dans son dos.

             Mais le moment qui l’avait le plus saisie — et ceci, Emeraude n’en savait rien — était celui où elle était allée voir Edward pour des explications et l’avait trouvé, la main en sang et le visage couvert de larmes, assis sur le sol de sa chambre. Jamais elle n’avait vu le blond pleurer avant ce jour.

Emeraude, tu ne mérites pas ce qu’il t’arrive, céda finalement la rousse d’une voix moins agitée, comme apaisée ou épuisée. Nous sommes plus d’un à être soulagé que quelqu’un ait eu le courage d’abréger ses souffrances.

             La gorge de la prisonnière se serrait et ses yeux s’imbibaient de larmes. Les mots que Petra prononçait aujourd’hui étaient ceux qu’elle avait désespéré d’entendre. Oui. Ses paroles, c’était la rédemption. Après le regard empreint de dégoût du caporal et la sentence du major, quelqu’un se tenait devant elle et ne la blâmait pas.

             Et, terminant son propos, Petra prononça alors des mots qui arrachèrent un spasme à son interlocutrice.

Emeraude… Tu n’es pas un monstre.

             Son cœur rata un battement. La voix de Levi lui revint. Je ne suis qu’un monstre d’égoïsme qui se regarde dans le miroir. Une larme roula sur sa joue. Petra observa sa course le long de sa peau, surprise.

— Merci, répondit-elle d’une voix étranglée.

             Elle avait eu besoin que quelqu’un le lui dise. Après tant de larmes et de spasmes, de regards accusateurs et doigts pointés en sa direction, le simple fait qu’une tierce personne ose la regarder droit dans les yeux et démentir la phrase de Levi lui mettait du baume au cœur.

             Le corps gisant de Mike. Le titan bestial arrachant ses jambes. Son cheval mourant sous sa lame. Son couteau transperçant son cœur. La vie quittant ses yeux. Le sang sur ses mains.

« Je ne suis qu’un monstre d’égoïsme qui se regarde dans le miroir. »

             Une inspiration.

« Emeraude… Tu n’es pas un monstre. »

             Une expiration. La rédemption. Une autre larme coula sur sa joue.

             Mais elles n’eurent le temps de s’épancher davantage que le coche dans lequel elles étaient assises se mit à ralentir. Même si les rideaux des deux fenêtres autour d’elles étaient tirés — conformément à la procédure lors du déplacement d’un prisonnier — elles devinèrent qu’elles allaient bientôt descendre.

             Rapidement, le doigt de Petra vint glisser sur sa joue, essuyant sa larme et lui arrachant un sourire reconnaissant. Et, à l’instant où la rousse s’enfonça de nouveau dans son siège, la porte à côté d’elles s’ouvrit dans un claquement, laissant filtrer quelques rayons du soleil qui s’engouffrèrent avec force dans le véhicule.

             Aveuglée par cette soudaine luminosité, Emeraude ne songea même pas à opposer une quelconque forme de résistance lorsqu’une main de fer se referma soudain sur son bras et la tira sans ménagement en dehors du coche.

             Dans son état de cécité momentané, elle ne put regarder autour d’elle et, le soldat des brigades spéciales l’agrippant tout de même avec force, fut contrainte à marcher. Seulement à peine eut-elle fait un pas que sa botte percuta une autre jambe et glissa sur les marches menant à l’extérieur du véhicul. Elle s’effondra de tout son long, sa hanche percutant la coque du coche de plein fouet et irradiant une douleur sans précédent.

             Un battement de cil plus tard, elle parvint à y voir plus clair. Son buste encore dans la voiture, devant les jambes de Petra toujours assise, elle était allongée sur le côté. Son flanc avait percuté et gisait sur l’escalier débouchant sur l’extérieur.

— Emeraude ! Tout va bien !? s’exclama Petra en se levant pour l’aider à se remettre sur pied.

— Bien sûr que oui, elle va bien, rétorqua une voix bourrue au-dessus d’elle tandis que la même poigne de fer la relevait sans ménagement.

             La rousse n’avait pas eu le temps de se pencher vers la prisonnière que celle-ci était déjà debout et se tenait face à l’imposant grillage doré marquant la délimitation du tribunal militaire. Derrière, la splendide bâtisse blanche s’étendait. Son regard alla se poser sur l’entrée ouvragée en forme d’arc. Mais elle savait que ce n’était pas la porte qu’elle emprunterait.

             A côté d’elle, l’homme s’était arrêté pour se tourner vers Petra :

— Ah ouais et dites à votre major que nous, on veut Jaeger ! On en a strictement rien à foutre d’une imbécile collée au trou pour avoir craché sur son supérieur ! maugréa-t-il.

             A ces mots, les épaules de la jeune femme se raidir. Craché sur son supérieur ? Là était le motif qu’ils avaient utilisé pour la mettre en prison ? Pas le meurtre de Mike ? Son cœur se mit à battre avec force dans sa poitrine. Elle n’allait ni être jugée, ni pendue. De plus, si elle était en prison pour insubordination, cela signifiait qu’elle était encore soldat. Du moins, administrativement parlant.

             Malgré elle, un soupir de soulagement franchit ses lèvres.

— D’ailleurs, tant que vous y êtes, allez dire à votre caporal que le rapport d’arrestation était incomplet ! cracha-t-il. Elle n’a pas de nom de famille, votre prisonnière !?

             Le cœur de la concernée rata un battement. Levi était celui qui avait rédigé son rapport d’arrestation ? Le temps d’un instant, elle se demanda s’il avait eu la permission d’Erwin pour modifier le motif de son incarcération ou s’il avait de lui-même décidé de désobéir au blond et la mettre en prison pour une raison qui lui éviterait un procès et la pendaison.

             Mais elle déchanta très vite. Bien sûr que non, jamais le noiraud ne se serait permis de désobéir à un ordre direct d’Erwin. Pas pour elle, en plus de cela. Le major avait dû se raviser, voilà tout.

— Je prends la relève, retentit soudain une voix derrière elle.

             Elle sentit une vague de sueur la submerger quand une dense chaleur la traversa. Malgré elle, elle se redressa quelque peu, son corps réagissant automatiquement à cette voix grave et impassible. La procédure stipulait qu’un soldat des brigades spéciales devait l’accompagner en cellule. Alors, que faisait-il là ?

             Elle n’osa pas se retourner, sentant pourtant la brûlure du regard du noiraud sur ses omoplates.

— Caporal Ackerman, vous n’êtes pas habilité à…, commença le soldat.

— La ferme.

             Avant que le bourrin au crâne dégarni n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, elle sentit les doigts fins et délicats de Levi s’enrouler autour d’un de ses bras tandis que les autres se posaient sur ses épaules. Malgré les tissus qu’elle portait, elle sentit une sorte de décharge électrique à ce contact et ses poils se dressèrent.

             Il franchit la distance les séparant, collant presque son torse à son dos. Malgré elle, à ce contact, une vague de chaleur intense la submergea et sa gorge s’assécha. Le souffle frais du noiraud fouettait sa nuque tandis qu’à chaque respiration, son buste manquait de se presser contre ses omoplates.

             Son estomac se souleva.

— On y va, murmura-t-il en se penchant dans le creux de son épaule, projetant sa respiration sur son oreille.

             Son épiderme se dressa à ce contact tandis qu’elle fermait les paupières, ne parvenant à s’empêcher de frissonner. Mais elle ne dit rien et obtempéra. Son bras gauche solidement enfermé dans la main de Levi et ses poignets sécurisés par ses autres cinq doigts, elle se mit à marcher. Son souffle se fit court mais elle mit un pied devant l’autre, s’efforçant de garder la tête haute.

             Ensemble, ils dépassèrent la grille dorée et tournèrent à gauche, en direction des cachots. Leurs bottes martelèrent le sol pavé jusqu’à rejoindre la petite porte de bois pratiquée dans un coin discret du bâtiment qu’ils franchirent ensemble. Emeraude, qui s’était tue durant les brèves secondes où ils avaient marché jusqu’à pénétrer le palais, ne tint plus.

             Tandis que la fraicheur de ce coin sombre partiellement illuminé de lampes torches la submergeait et que la porte derrière eux se refermait, elle ouvrit la bouche. La semelle de ses bottes colla sur le sol poisseux mais elle ignora cette désagréable sensation, se laissant guider jusqu’aux escaliers par la poigne ferme du noiraud.

— Vous avez eu ce que vous voulez ? cracha-t-elle en atteignant la première marche.

             Il l’ignora, la poussant davantage pour qu’elle presse le pas. Il avait tenu à l’accompagner car se doutait qu’un soldat des brigades spéciales — ce corps d’armée qui haïssait les bataillons — n’aurait jamais laissé filer l’opportunité de se retrouver seule avec un membre d’une escouade rivale pour le passer à tabac. Mais il n’avait pas non plus envie de s’éterniser auprès de la jeune femme.

             Chaque fois qu’il la voyait, l’image de son ombre se découpant sur les rideaux qui entouraient le lit de Mike, retraçant sa silhouette au moment où elle l’avait tué lui revenait.

— Bah alors, vous n’osez pas répondre ? railla-t-elle tandis qu’ils s’enfonçaient dans les escaliers poisseux et sombre.

             Il l’ignora de plus belle mais elle s’arrêta brusquement en plein milieu des marches. Le torse du caporal dut donc se plaquer sur ses omoplates, forçant leurs corps à se presser l’un à l’autre. Tous deux tressaillir à ce contact mais ne reculèrent pas.

             Le souffle de Levi se fit court, percutant le creux de l’épaule de la jeune femme. Celle-ci tourna la tête vers lui, tentant de le regarder mais n’y parvint pas, l’homme se trouvant dans son dos. Seulement celui-ci, hypnotisé par la courbure de sa bouche sous la lueur des torches enflammées, s’approcha davantage.

             Son cœur battait dans sa cage thoracique lorsqu’il plaça soudain sa main sur la gorge de la jeune femme, comme pour l’étrangler. Seulement il n’exerça aucune pression, se contentant de s’aider de sa prise pour la forcer à le regarder. Et, en sentant sa pomme d’Adam se presser contre sa paume, signe qu’elle déglutissait péniblement, un feu incandescent s’alluma au creux de ses reins mais il l’ignora.

             Elle était là, toute proche. Ses omoplates se collaient à son torse, son visage était à peine à quelques centimètres du sien, à un point tel qu’il pouvait voir chaque détail de sa peau, chaque plie de ses lèvres semblant appeler les siennes et il sentait les doigts de sa main gauche caresser malgré eux la gorge qu’il tenait et ceux de sa main droite se presser contre le cuir des gants de la jeune femme.

             Malgré lui, ses yeux dérivèrent sur sa bouche. Que se passerait-il s’il se permettait d’y coller la sienne ? Là ? Maintenant ?

             Mais il reprit aussitôt ses esprits, replongeant ses hématites dans les yeux profonds de la jeune femme.

— Tais-toi, lâcha-t-il finalement contre sa bouche, si près de celle-ci qu’elle eut la sensation d’avaler ses mots.

             Ils s’arrêtèrent ainsi quelques instants, se fixant l’un l’autre avec tant d’intensité, de désir mais de douleur qu’ils en oublièrent où ils étaient. La main du noiraud sur sa gorge lui donnait envie de s’abandonner dans ses bras tandis que la vision des lèvres de la soldate gonflées par l’excitation le poussait à se demander ce qu’il se passerait si, là, tout de suite, il faisait demi-tour et l’emportait avec lui. Loin de la guerre. Loin de la douleur. Loin de tout.

             Elle ouvrit les lèvres pour parler, ses yeux s’imbibant de larmes. Il fallait qu’ils aplanissent la situation, qu’ils s’expliquent. Eux deux en souffraient beaucoup trop.

— Ackerman, on doit l’emmener, retentit soudain une voix féminine et autoritaire.

             Avant qu’il ne songe à réagir, Emeraude lui fut arraché. La main de la femme venait d’enfermer solidement son bras et la tirer à sa suite, peu regardante sur ce qu’il advenait de leur étreinte. Mais tous d’eux ressentirent le même froid glacial lorsqu’ils furent contraints de se séparer.

             Seulement le caporal n’opposa aucune forme de résistance, se contentant d’observer la prisonnière descendre maladroitement les escaliers en le regardant par-dessus son épaule. Il soutint son regard, le cœur battant.

             Et, lorsque la brune des brigades spéciales s’arrêta soudain devant une cellule, l’expression troublée d’Emeraude laissa soudain place à un certain agacement.

— Effectivement, vous avez eu ce que vous vouliez, cracha-t-elle en lui adressant un regard bien moins désireux.

             Elle se détourna de lui pour reporter son attention sur l’endroit où elle allait passer les futures semaines.

             Les sourcils de Levi se froncèrent quelque peu et il suivit le regard de la jeune femme, observant l’intérieur de sa future cellule. De sa position, il ne pouvait pas en voir grand-chose mais sentit tout de même son cœur rater un battement en reconnaissant l’homme déjà assis à l’intérieur de la cage.

             Il connaissait cette peau mate, ces épaules développés, ces longs cheveux noirs noués en un chignon et ces yeux jaunes. Il se raidit en comprenant qui s’apprêtait à devenir le compagnon de cellule de la jeune femme.

             Le caporal-chef Dan Eisenstein.

             Celui-là même qui se trouvait enchainé parce qu’il avait précisément tenté de tuer la jeune femme.

             Un frisson le prit mais il garda un visage impassible tandis que la brune des brigades spéciales poussait la prisonnière dans la cage sous le regard noir du prisonnier. Pas une seule seconde Levi ne s’était imaginé qu’elle pourrait se retrouver en sa compagnie. Mais rien ne servait de protester, ils ne pouvaient plus rien changer à la situation maintenant. Car seul l’homme initialement chargé de l’amener en cellule avait son mot à dire sur l’endroit où elle resterait.

             Et il se doutait que Dan avait payé le geôlier pour qu’elle se retrouve avec lui, ce fameux soldat dont il avait volé la place pour accompagner Emeraude ici.

             Sans un regard pour elle qui sentit un grand vide s’emparer d’elle, croyant qu’il se fichait de son sort, il fit demi-tour. Malgré son air impassible, la flamme de la rage venait de s’allumer en lui, consumant avec une telle force son habituel flegme qu’il en finit presque aveugle.

             Ainsi, il ne vit pas les escaliers qu’il gravit, les quelques mètres le séparant de la cour du palais, le soleil qui se fit plus important une fois qu’il fut en extérieur, le court chemin le menant jusque derrière les grillages dorés et ceux-là qu’il dépassa.

             Non, son esprit n’était concentré que sur une chose. Le soldat qui avait tiré Emeraude hors du coche. Ce vieux bedonnant au crâne dégarni du nom d’Ernest. L’homme qui avait choisi où elle serait enfermée.

             Celui-ci discutait présentement avec Nail Dork, le commandant des Brigades Spéciales. Le brun émacié se tenait droit devant lui, montrant son profil à Levi. Et il n’eut le temps de se rendre compte de la présence du caporal.

             Du moins, jusqu’au moment où son interlocuteur s’écroula soudain au sol, une botte de cuir noire percutant sa joue grasse. Son supérieur eut un mouvement de recul en le voyant tomber, ce qui lui permit de s’apercevoir de la présence du noiraud.

             Levi ne laissa le temps à Naile ou quelconque autre soldat s’étant tourné au cri poussé par l’agressé de s’interposer. Sa botte alla percuter son ventre de plein fouet, le forçant à se courber. Puis, sa main agrippa son col pour le soulever quelque peu de terre avant de le lâcher violemment, permettant à son crâne de cogner le sol. Aussitôt, son autre chaussure vint s’enfoncer dans les cotes de l’homme sous le regard hébété des passants autour qui ne savaient comment réagir.

             Certains étaient sous le choc de la rapidité avec laquelle la situation avait dégénéré, d’autres n’osaient simplement pas se mesurer à celui qu’on surnommait le meilleur soldat de l’Humanité, surtout qu’il semblait prêt à en découdre.

             Bientôt, après quelques gémissements rauques de sa victime, il se pencha vers elle, saisissant le haut de son uniforme à deux mains pour le forcer à le regarder. Et, d’une voix où transparaissait autant de douleur que de haine, de peur que de détermination, il lâcha :

— Je te préviens, connard. S’il ne touche ne serait-ce que le bout de son ongle, je te crève.

             Là-dessus, il le lâcha brutalement avant de s’en aller, le cœur battant et ses chaussures couvertes de sang. Et, dans sa tête, mille et une pensées tournoyaient. Mais une sortait du lot, dévorant le flot de songes.











             Pourquoi ai-je si peur pour elle ?

 















j'ai été un peu rude dans les chapitres dernièrement donc voilà un peu de douceur

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