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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝐎

𖤓

ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬







S03E11
aucun spoiler









             Les yeux clos, Emeraude ne voyait rien. Depuis quelques secondes maintenant, elle avait conscience du fait que ses paupières fermées ne lui laissaient pas voir quoi que ce soit mais ne semblait pas prête d’y remédier. Venant tout juste de se réveiller, elle appréciait le cocon qu’était encore son esprit.

             Les sons, eux, lui parvenaient tout de même. D’abord étouffés par son esprit encore peu conscient de ce qu’il se passait autour d’elle, elle n’eut bientôt plus besoin d’aucune forme de concentration pour comprendre ce qu’il se disait.

             Elle entendait et reconnaissait trois voix. Proche d’elle, à droite de son lit, Hanji s’exprimait avec un ton qui trahissait son inquiétude. Elle la reconnaissait d’autant plus qu’elle sentait ses doigts fins et délicats serrer mollement son poignet, guettant des signes de réveil. A sa gauche, montrant un peu plus de retenue dans ses gestes mais ne parvenant à déguiser le tremblement de ses mots, elle identifiait Erwin.

— Une enquête devra être ouverte, c’est sûr. Si quelqu’un tente de s’en prendre à la vie d’un soldat, nous devons tout faire pour l’arrêter.

             La jeune femme, qui ne s’était jusque-là pas posé la question, commença à réaliser pourquoi elle se trouvait ici, entouré de cette façon et dans une telle position. Elle se souvint de sa dernière conversation avec Hanji et de l’arrivée de Levi.

             Levi. Où était-il ? Elle ne l’entendait pas.

— J’espère que ce fumier sera mené à la potence, cracha la voix de la brune à côté d’elle.

             Emeraude, encore trop graugie pour entretenir une conversation, choisie de ne pas montrer qu’elle était réveillée. Elle dut donc réprimer un frisson particulièrement agité lorsqu’elle réalisa les mots de la scientifique. Il n’était pas dans ses habitudes de se montrer si virulente.

             Intérieurement, elle sourit. La jeune femme tenait donc vraiment à elle, elle ne la voyait pas comme une simple collègue de travail. C’était rassurant. Et plaisant.

— Vu le caractère d’Emeraude, il y a fort à parier que la personne qui s’en est pris à elle ne l’ait pas fait parce qu’elle est soldat mais bien à cause de sa façon d’être.

             Sous ses paupières closes, elle n’eut pour seul réflexe que de lever les yeux au ciel, exaspérée. En repensant au fait que l’une de ses premières pensées en se réveillant avait été de se demander où était Levi et pourquoi il n’était pas à ses côtés, son égo souffrait. Les premiers mots qu’elle venait d’entendre de sa bouche se résumaient à « c’est une sacrée emmerdeuse ».

             Lui, qui la fixait depuis quelques minutes maintenant et avait deviné son réveil en détaillant la réactivité de ses yeux sous ses paupières, sourit faiblement. Comme pour lui laisser de l’espace, ses deux collègues ainsi que Bosuard —partie dix minutes avant pour rejoindre son école— évitaient de la regarder trop intensément. Mais lui, non. Et il voyait nettement l’agacement d’Emeraude.

             Cela l’amusait. Même s’il n’était pas près de l’avouer, il se délectait de la colère de la jeune femme chaque fois qu’il la provoquait. Parce qu’en ces moments-là, il n’y avait bien que lui qui existait dans l’esprit d’Emeraude. Seulement cela, il ne l’avait pas compris. Lui ne pensait voir qu’une emmerdeuse en prenant pour son grade. Et il était intimement convaincu qu’il ne la mettait hors de ses gongs que pour cette raison.

— Oui, effectivement, déclara Erwin en acquiesçant.

             Il appréciait son amie mais il fallait appeler un chat un chat. Elle avait une capacité à s’attirer des ennuis plus développée que la moyenne et un sacré caractère de cochon. Ne se comptait que sur les doigts d’une main les personnes capables de la supporter —surtout depuis que la majeure partie d’entre eux s’était faite tuée.

             Mais Emeraude ne voyait pas les choses comme ça. Ouvrant brutalement ses yeux gonflés par le sommeil, elle se redressa d’un geste soudain, s’attirant des exclamations de surprise de la part d’Hanji et Erwin. Ses cheveux emmêlés sur sa tête formaient de nombreux épis qui s’agitèrent frénétiquement lorsque, son doigt pointé sur le blond, elle se mit à déblatérer une longue tirade.

— Alors là ! Alors là ! répéta-t-elle en écarquillant ses yeux salis par ses heures de sommeil. Autant je savais que ce nabot de petit con profiterait de mon inconscience pour casser du sucre sur mon dos que toi… Erwin ! Non mais… Je suis déçue ! Tu m’entends ? Déçue ! Je croyais que tu étais mon ami et tu approuves les dires de ce…

             Elle jeta un regard féroce au caporal situé au fond de la pièce, à environ cinq mètres d’elle de sorte à faire face à son lit.

— Est-ce qu’on peut même appeler ça un homme !? rugit-elle en pointant d’un doigt accusateur ses centimètres peu nombreux.

             N’accordant aucun crédit à ses propos —il la connaissait assez pour savoir qu’elle aurait oublié cette scène dans dix minutes— le blond se contenta de la dévisager intensément, ahuri. Il fallait dire qu’elle ressemblait en ce moment à un spectacle des plus troublants.

             Son visage était encore quelque peu gonflé par la substance qu’on lui avait administrée, surtout au niveau des yeux car le sommeil n’arrangeait pas ses paupières. Celles-ci étaient incrustés de saletés similaires à celles que nombre ont après s’être endormi durant longtemps. Il y en avait aussi, mais d’une autre sorte, sur le coin de sa bouche en bas de son visage. Oui, un filet de bave séché se devinait à l’auréole sur son menton. Par ailleurs, sous ses cheveux ébouriffés, les plis des draps avaient marqué ses joues.

             Même s’il n’était pas sans savoir l’aspect peu ragoûtant qu’il avait lui-même le matin, le major était quelque peu surpris par l’état de la jeune femme. Ayant assisté à de nombreux réveil de blessés, il avait déjà vu des soldats dans une postures peu attrayantes. Mais jamais aucun d’entre eux n’avait donné l’impression d’avoir une gueule de bois et non les séquelles d’un combat. Emeraude était bien la première.

— EMERAUDE ! hurla soudain une voix derrière elle.

             Etant tournée vers le major, elle présentait son profil au caporal et ses omoplates à Hanji. Cette dernière se jeta tout de même sur son amie, heureuse de la savoir en vie et, apparemment, bien portante. Elle avait véritablement eu peur pour la jeune femme.

             Cette dernière sentit un torse se coller à son dos et vit nettement deux bras jaillir de derrière elle pour l’enserrer. Alors, sentant un souffle chaud au niveau de son oreille ainsi qu’une pression réconfortante sur son buste, elle oublia sa rancœur envers les deux hommes et esquissa un large sourire réjoui.

             Une étreinte. Cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas connue. Et elle ne réalisait que maintenant combien cela lui avait manqué. Qu’importe l’odeur corporelle forte que toutes deux dégageaient, elle se sentait bien dans ses bras. Elle avait une amie, une vraie.

             En ce moment précis, elle avait la sensation d’être importante aux yeux de quelqu’un, qu’une personne l’aurait pleurée si elle était partie. La glace qu’avait formé la solitude autour d’elle se fissura quelque peu. Peut-être n’était-elle pas tout à fait seule, finalement ?

             Elles restèrent comme ça durant quelques instants, Hanji enserrant Emeraude et cette dernière tenant ses mains avec force en échange, souhaitant lui montrer qu’elle appréciait cette étreinte. Etreinte qu’elles furent bien forcer de briser lorsque le raclement de gorge sonore du caporal retentit.

             Tout en levant les yeux au ciel, les deux jeunes femmes se séparèrent. Une fois assise seule sur son lit, la jeune femme frotta vigoureusement son visage de ses mains afin de se réveiller, retirant au passage les impuretés les plus visibles dessus.

             Le noiraud attendit patiemment qu’elle finisse en pinçant ses lèvres, quelque peu agacé. En toussotant, il leur avait fait savoir à tous les trois qu’il souhaitait prendre la parole. Naturellement, il aurait donc préféré que la soldate choisisse un autre moment pour se débarbouiller, même s’il se sentait dérangé par sa saleté depuis quelques heures maintenant.

             Une fois qu’elle eut terminé sa tâche, il n’attendit pas qu’elle en commence une autre pour prendre la parole. Il avait quelque chose à dire et il s’agissait d’un sujet on-ne-peut-plus sérieux. Il se doutait d’ailleurs qu’elle cesserait ses manigances puériles en entendant ces mots.

— Etant donné que le soldat déposant le courrier est mort après avoir eu les mêmes symptômes que toi, il y avait fort à parier que la cause de ton mal était sur les lettres, commença-t-il. Hanji a fait des analyses sur les charmantes missives que tu as reçue et elles en étaient toutes imbibées.

             Comme escompté, Emeraude cessa de suite ses immaturités et se raidit, les yeux écarquillés. Avait-elle bien entendu ? Un soldat était mort à cause d’un stratagème la visant, elle ? Un inconnu était décédé là où elle aurait dû l’être ? Et elle était en vie ?

             Ses épaules s’alourdir soudain. Elle accueillit cette sensation en déglutissant péniblement. Elle connaissait bien ce sentiment auquel elle était de nouveau confrontée. Il s’agissait de la culpabilité.

             A côté d’elle, Erwin et Hanji lui lancèrent un regard peiné. Ils devinaient ce qu’elle ressentait. Si survivre était une bonne nouvelle, ce n’était jamais facile. Ils parlaient en connaissance de cause. Combien de fois s’étaient-ils réveillés en pleine nuit et en sueur, se demandant pourquoi ils étaient en vie là où d’autres, non ?

             De plus, cette fois-ci, elle ne pouvait même pas dire qu’il ne s’agissait que de la guerre. Purement et simplement. Que cela aurait pu être elle mais qu’un autre avait pris. Non seulement cette excuse ne l’aidait pas en temps normal mais en plus, aujourd’hui était différent. Car le poison la visait elle et seulement elle.

— Je n’ai jamais rencontré tel substance auparavant, déclara la brune de sa voix grave et douce, tentant de préserver son amie. Ce n’est pas une lettre seulement qui t’aurait tuée mais bel et bien un contact répété avec plusieurs missives. Voilà pourquoi lui aussi en a subi les conséquences. C’est aussi la raison pour laquelle on pense que tu es la seule visée. Seul ton courrier en était imbibé.

             Elle déglutit péniblement. Du temps. Il aurait fallu que ce poison prenne plus de temps, soit plus fourbe. Auquel cas, elle serait sûrement morte car intoxiquée plus profondément mais le soldat en charge du courrier aurait eu le temps de changer et ne serait pas six pieds sous terre.

             Dans un geste résigné, elle se laissa choir sur son lit. Son dos vint heurter mollement le matelas, faisant quelque peu voleter ses cheveux autour d’elle. Ses pupilles dilater fixèrent le plafond au-dessus d’elle et elle déglutit péniblement. Quelqu’un était mort par sa faute.

             Erwin la connaissant assez pour deviner ce qu’elle avait en tête mais surtout, ce dont elle avait besoin, se leva. Face à lui, la scientifique l’imita et elle les entendit se mettre en marche. Intérieurement, elle les remercia. Elle avait besoin d’être seule.

— Ce n’est pas de ta faute, retentit la voix de la scientifique sur le pas de la porte.

             Elle l’ignora, fermant avec force les paupières pour empêcher les larmes baignant ses yeux d’en sortir. Son estomac était noué. Elle tentait de se remémorer les traits du garçon qui lui avait chaque jour tendu ses enveloppes mais n’y arrivait pas. Elle n’était même pas fichue de se rappeler ce à quoi il ressemblait.

             Erwin et Hanji étaient maintenant sortis. Mais Emeraude savait que Levi était encore là. Ses yeux gris la brulaient. Lui, contrairement aux deux autres, ne la ménagerait pas. Si une vérité était à dire, qu’importe combien elle était rude à entendre, elle serait dite.

             Mais elle n’était pas prête pour cela.

             Elle entendit la respiration de l’homme se couper et crispa encore plus ses yeux déjà clos. Il allait parler. Elle ne voulait pas l’entendre. Elle avait peur. Mais elle ne fit rien pour l’empêcher de prendre la parole.

— Lève-toi, laves-toi et armes-toi.

             Ses paupières se détendirent soudain mais elle n’ouvrit pas les yeux. Avait-elle bien entendu ?

— On a un fils de chien à attraper.

             Là seulement, elle entendit l’étoffe de sa cape verte se froisser, signe qu’il bougeait. Puis, son ouïe perçue le bruit de ses pas s’étouffant et elle comprit qu’il s’en allait. Mais elle ne le retint pas. Non. Elle ne fit rien pour l’arrêter.

             Au lieu de cela, elle ouvrit les yeux, se redressa et se tourna vers la large bassine remplie d’eau protégée par un drap posée entre son lit et le mur. Puis se levant, elle se décida d’un pas déterminé vers le bain improvisé et glacé.

             Levi l’entendit faire derrière la porte qu’il venait de fermer, un sourire aux lèvres.

             Elle se déshabilla sans plus de cérémonie, pressée de pouvoir enfiler l’uniforme propre posé sur le pied de son lit ainsi que ses armes qui l’attendait à la réserve. Le caporal avait raison.





             Ils avaient un fils de chien à attraper.

 










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