𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖𝟐
𖤓
ET DANS LES LARMES DE CEUX QUI
VIVENT, JE LAVE LE SANG DES
▬▬ MARTYRS ▬▬
‣ CH135
grand spoiler
Le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, Emeraude regardait la scène se déroulant sous ses yeux depuis la porte ouverte de l'avion. Un vent violent s'infiltrait avec tant de force dans la coque que la chemise de son uniforme se déchira quelque peu au niveau de ses coutures, malmenée par la force du torrent. Mais elle n'en avait que faire.
Bosuard et Levi avaient été formels. Elle n'était pas en état de se battre. Son long coma avait engourdi la plupart de ses réflexes et, quoi qu'elle ne veuille bien en laisser paraitre, la perte d'Hanji l'affectait énormément. De plus, le souffle de l'explosion avait projeté des débris dans la racine même de sa colonne vertébrale.
Plus jamais elle ne marcherait ni ne courrait ou même se battrait. Là était d'ailleurs la seule raison qui l'avait poussée à obéir aux ordres et se retirer des combats : si elle y allait, elle serait davantage un boulet qu'autre chose.
Mais une gêne la taraudait tout de même. Un goût amer envahissant sa bouche, elle tentait de discerner ce qu'il se passait en contrebas malgré la poussière soulevée par les jets de pierre du titan bestial. Ce fumier, pensa-t-elle d'ailleurs en se rappelant de la reprise de Shigangshina et la perte d'Erwin.
Plus loin, peut-être à une trentaine de mètres sous l'appareil qui, du fait de ses réparations plus que précaires, avançait au même rythme que la horde de titans colossaux, ses compagnons avaient atterris sur ce qui était et serait sans doute à jamais le plus étrange lieu de combat qu'ils aient jamais foulé. Le corps d'Eren.
Emeraude eut un sourire amer. Hanji aurait hurlé de joie face à un tel spectacle et, à l'heure actuelle, Levi lui crierait sans doute d'arrêter ses observations et se battre en l'affublant d'un élégant surnom reprenant sa myopie. La soldate soupira. Elle lui manquerait atrocement dans le monde libre.
L'Originel était grand. Immense. A un point tel que sa colonne vertébrale d'où s'échouaient mille et une vertèbres en un cascades de cauchemars était assez large pour que chacun de ses compagnons puissent s'y déplacer librement en plus d'autres visiteurs indésirables.
A plat ventre sur le sol de l'avion, le haut de son corps -
—jusqu'à sa poitrine— exposé au vide pour qu'elle puisse mieux voir ce qu'il se passait, elle plissa les yeux tout en coupant sa respiration, le vent violent s'infiltrant avec trop de force en elle pour qu'elle puisse éviter l'apnée. Et, ignorant la désagréable sensation du bord de l'appareil s'enfonçant dans son ventre, elle entreprit de détailler ce qu'il se passait.
De loin, elle distingua le groupe et dut réprimer de sévères insultes en constatant ce qu'ils faisaient. En effet, debout dans sa forme titanesque, Reiner faisait face à Levi, Conny, Mikasa et Bosuard tandis que Jean, Dan et Armin discutaient sous le regard avisé du titan charrette. Et, là, Emeraude crut bien défaillir.
Autour d'eux, aussi nombreux que terrifiants, tous les titans primordiaux ayant un jour vécu se déplaçaient. Le danger était là, présent, diverse. Il s'approchait, grimpait, courait autour des soldats. De diverses formes arpentaient les vertèbres, leurs faces hideuses toutes tournées vers le groupe qui... discutait.
Là, la jeune femme ne tint plus. Une telle apathie était digne d'Eren Jäger et ses éternelles remises en question mal tombées. Son sang ne fit qu'un tour et, se dressant brutalement sur ses bras, elle gonfla son torse avant d'hurler, malgré le fait qu'elle savait qu'ils ne l'entendraient pas :
— MAIS BORDEL VOTRE MÈRE VOUS A PONDU PAR QUEL CÔTÉ !?
Un sursaut d'effroi la prit dès lors qu'elle tut sa phrase. L'avion venait de se mettre à trembler. Violemment. Bien trop violemment. A un point tel qu'elle n'eut aucun doute sur le fait qu'Onyankopon n'avait plus aucun contrôle sur l'appareil. Mais elle ne parvint pas à se relever pour l'aider.
Trop d'informations contradictoires courraient dans son esprit tandis que, ses jambes paralysées l'affaiblissant, elle ne pouvait que demeurer inerte. En contrebas, les soldats se dispersaient en constatant qu'ils étaient trop peu nombreux et surtout bien trop faibles pour se mesurer à la horde de Primordiaux les entourant. Son regard s'arrêta naturellement sur Levi dont elle ne pouvait distinguer les traits. Une larme roula sur sa joue. S'apprêtait-elle à le regarder mourir sans ne rien faire ?
L'appareil ne cessait ses sursauts et, soudain, son cœur commença à remonter le long de sa poitrine pour se figer dans sa gorge. Emeraude pinça les lèvres, familière de cette sensation. La gravité. Le sang s'agitant furieusement en elle, provoquant l'impression de déplacement d'organes n'était dû qu'à une chose. Une chute libre.
Mais là était le problème et celui-ci n'était pas des moindres. Ils se trouvaient à plus de soixante-dix mètres de hauteur.
— ON VA SE CRASHER, TU PEUX T'EN SORTIR AVEC DE SIMPLES BLESSURES MAIS TU DOIS REMONTER DANS L'APPAREIL ! hurla une voix dans son dos.
Le pilote semblait effrayé. Ses mots avaient filé à une vitesse ahurissante de sa bouche, charriant même à ce stade celle de leur chute. Mais elle ne s'en préoccupa point. Non. Parce que, au travers de ces simples paroles, il l'avait aidée à réaliser quelque chose de fondamental.
Ses mains appuyées sur le sol de l'avion, ses yeux s'attardèrent un instant sur ses amis qui ne devenaient plus que des points noirs s'agitant sur le squelette à mesure qu'ils s'en éloignaient. Ils étaient encore assez proches d'eux pour les rejoindre. Elle eut un rire tandis que, tendant ses bras au maximum, elle décollait son buste du sol de l'appareil.
Un frisson la prit soudain. Ebranlant son être, ses yeux déjà animés d'une intensité qu'avait fait naitre l'ordre d'Onyankopon s'agitèrent avec d'autant plus de fureur. En contrebas, attirant un murmure effrayé parmi leurs rangs, l'un des leurs venaient de se faire attraper par un titan. Vissé dans sa langue s'enroulant autour de lui telle des chaines, le monstre le privait sadiquement de liberté tout en lui laissant le soin de regarder autour de lui les visages de ceux voyant leur espoir filer.
Une force insoupçonnée naquit alors dans son ventre, comme une chaleur dense mais légère à la fois. Intense, elle se vit bientôt plaquée contre ses parois intestinales avec une telle hargne qu'elles en sortirent par tous les pores de sa peau, suintant sur sa chair leur brume invisible mais chargée d'une multitude d'auras. Son cœur se mit à battre avec ferveur dans sa poitrine, surpris par tant d'agitation parmi ses organes. Les doigts de la jeune femme tremblèrent sur le sol mais là n'était pas de la faiblesse. Non. Au contraire, jamais elle ne s'était sentie aussi puissante.
On rentre à la maison ensemble ou on ne rentre pas.
— EMERAUDE ? QU'EST-CE QUE TU FOUS !? hurla le pilote.
Mais sa voix ne parvint à l'intéressée que de façon lointaine. Comme un murmure englouti par la force du vent. Et ce, pour une seule raison. Elle ne se trouvait plus dans l'avion.
La tête en bas, elle fondait à une vitesse fulgurante sur le squelette grouillant d'êtres divers combattants avec hargne. Le vent fouettait avec force son visage, plaquant les tissus de ses vêtements contre elle à mesure qu'elle chutait et la violence de la bourrasque était telle que, lui arrachant des battements de cœur irréguliers, elle sentit bientôt un frisson parcourir ses jambes.
Sa gorge se fit sèche et elle évalua la distance entre elle et ses compagnons. Une vingtaine de mètres la séparait de l'impact et, afin de lui assurer une convalescence reposante, Hanji lui avait ôté tout matériel encombrant. De ses bouteilles de gaz à ses grappins en passant par ses sabres, elle n'avait plus rien pour se défendre. A l'exception de ses boomerangs aiguisés mais ceux-ci ne garantiraient pas un bon atterrissage.
Seulement elle ne s'en préoccupait point. Pour une seule et excellente raison. La sensation de ses jambes venait subitement de lui revenir. Mais celles-ci étaient plus fortes, plus intenses qu'avant l'explosion. Un nuage épais de chaleur agitait le moindre de ses muscles, revigorants. Et elle ne put contenir une larme qui remonta le long de son visage pointé vers le sol tandis qu'elle affichait un sourire rassuré.
— L'ennemi est grand mais vos rangs sont plus nombreux que ce que vous pouvez bien croire.
La phrase qu'avait déclaré Farlan, ce jour-là, lui revint. Et elle la comprenait enfin. Un rire la prit. Dix mètres séparaient l'impact. Le garçon disait vrai. Leurs alliés étaient innombrables. Et puissants.
En contrebas, les cris et hurlements fusaient. Le cœur battant mais les sabres et missiles fermes dans leurs mains, les soldats accusaient le choc de l'enlèvement d'Armin et, ignorant délibérément la possibilité qu'il soit mort sur le coup, se dressaient devant leurs ennemis.
Levi et Mikasa échangèrent un regard appuyé. Autour d'eux, cinq titans s'amassaient en un cercle étouffant. Tous semblaient être des dérivés du bestial ou du féminin. Un humanoïde à la figure déconcertante et grossière de cochon venait de se planter derrière la brune qui, pour sa part, avait une vue nette sur deux créatures de quinze mètres à la poitrine développées. Finalement, derrière Levi, une bête posée sur ses deux pattes arrière et si trapue que ses longs bras trainaient au sol se déplaçait rapidement autour d'un dernier, couvert d'écailles et dardant une longue langue fine en direction du noiraud.
Un frisson prit la guerrière qui se redressa tout de même tandis que le caporal faisait adroitement tournoyer ses sabres entre ses huit doigts. Ils avaient passé le plus clair de ces dernières années à affronter des titans. Ils n'allaient sûrement pas s'arrêter maintenant sous prétexte qu'ils se régénéraient à une vitesse déconcertante.
Celui aux allures de reptile darda ses pupilles en fentes sur le noiraud avant de tendre un long bras chargé et ponctué de griffes acérées sur lui. Il sentit son sang ne faire un tour. Il montrerait à cet enfoiré qu'il s'en était pris à la mauvaise personne.
Seulement il fut bien vite devancé.
— COUCOU LES COPAINS ! hurla une voix bien trop enjouée au-dessus de leur tête.
Levi se figea. Mikasa fit de même. Mais différentes raisons les motivaient. A l'exception d'une seule qu'ils avaient en commun. Pour cause, elle était particulièrement surprenante.
Le dos tendu et l'œil écarquillé, le noiraud tiqua sur la phrase scandée. Son cœur rata un battement et des millions de souvenirs qu'il s'efforça d'ignorer implosèrent à son esprit, le même visage se retrouvant dans chacun d'entre eux. Des traits rieurs agrémentés d'une barbe blonde et de cheveux particulièrement longs. Edward. Cette phrase était le cri de guerre —que le caporal n'avait d'ailleurs jamais apprécié— d'Edward.
Mikasa, de son côté, trouva une source bien plus récente à son ébahissement. En effet, alors même qu'elle s'apprêtait à s'élancer vers l'un des titans féminins pour lui faire la peau, les chevelures brunes et blondes de celles-ci s'étaient soulevées d'un mouvement sec tandis que plusieurs de leurs mèches tombaient au sol, accompagnées de giclées de sang.
Bientôt autour d'eux, les cinq êtres s'écrasèrent sur leurs genoux dans un mouvement synchrone tandis qu'un bruit léger mais tout de même légèrement poussé venait de retentir derrière eux. Ils mirent quelques secondes avant de se tourner vers la source de celui-ci, sachant pertinemment de quoi il s'agissait.
Car, tandis qu'ils posaient leurs yeux écarquillés sur les monstres allongés face contre terre et sur la nuque desquels se trouvaient des plaies béantes et particulièrement précises, ils repassèrent mentalement la phrase qu'ils venaient tout juste d'entendre. Et cette voix, tous deux la connaissaient.
— Je croyais t'avoir dit de rester dans..., commença Levi en se tournant brutalement, agacé qu'Emeraude n'écoute jamais ses directives.
Mais sa phrase mourut dans sa gorge dès lors que son regard se posa sur la jeune femme. Et son rythme cardiaque accéléra drastiquement.
La jambe droite pliée et l'autre, tendue sur le côté, il semblait qu'elle venait tout juste de se réceptionner. Et, à cette vision, deux pensées le frappèrent brutalement. A un point tel que, le temps d'un instant, le combat derrière lui s'éclipsa brutalement.
Tout d'abord, la façon dont elle s'était posée et tordait ses membres démontraient une vérité plus qu'étonnante : sa paralysie semblait avoir disparue. Mais Hanji elle-même avait constaté celle-ci tandis qu'Emeraude avait corroboré ses dires dans des larmes cachées. Il avait assez confiance en elles deux pour savoir que ce qu'elles disaient alors était véridiques. Alors, pourquoi semblait-elle à même de se mouvoir parfaitement à présent ?
Ensuite, —et ceci, même Mikasa ne put s'empêcher d'y penser— il connaissait parfaitement cette posture. A vrai dire, parmi les soldats avec qui il avait combattu, nombreux se démarquaient de différentes façons. Que ce soit les expressions faciales de Mike, les coups de lames incurvés d'Edward et sa sœur. Mais ce qu'il voyait à présent n'appartenait pas à Emeraude. Non. Cette position de réception était celle de Nanaba.
Les mains de la jeune femme se levèrent soudainement au bout de ses bras tendus et, à l'instant même où un sifflement aigu retentit, elle ferma ses doigts. Ils mirent quelques secondes avant de distinguer, prisonniers de ses phalanges, les bords tranchants des boomerangs dont elle s'était servie afin d'occire les bêtes et qu'elle venait tout juste de rattraper.
Levi reporta son attention sur le visage de la jeune femme qui n'avait pas changé de position et le gardait rivé sur le sol. Là, ses battements de cœur s'intensifièrent nettement et ce qu'il vit lui coupa le souffle. Malgré les ombres engloutissant ses traits de par sa position, Mikasa et lui pouvaient nettement voir deux lueurs brillantes sur une même ligne droite, à hauteur de ses yeux.
Oui. De nouveau, il assistait à ce phénomène si étrange qui s'emparait de ses iris dans des situations de détresse absolue. Un rouge brillant et coruscant évoluait en volutes agités dans ses prunelles, se pressant contre sa pupille avec vigueur.
Et là enfin, il comprit. Si elle était à nouveau capable de se battre malgré ses blessures, cela n'était pas dû à ses aptitudes, aussi poussées soient-elles. Le cri de guerre d'Edward. Le saut de Nanaba. La précision au lancé de Sacha. Il y avait quelque chose, là, en elle, qui se produisait. Quelque chose de violent. Quelque chose de fort. Comme une passerelle vers ceux qui n'étaient plus.
— L'ennemi est grand mais vos rangs sont plus nombreux que ce que vous pouvez bien croire.
Emeraude aussi, avait compris. Les martyrs étaient avant tout les guerriers d'un conflit qui touchait aujourd'hui à sa fin. Et ils ne laisseraient personne les éloigner de ce champ de bataille.
Nul ne savait qui était cette étrange jeune femme aux iris rouges qui semblait si étroitement liée à l'au-delà. Personne ne pouvait expliquer comment la frontière entre elle et les morts pouvait être si fine. Mais chacun des sacrifiés s'en serviraient aujourd'hui pour se battre au travers d'elle.
Car leurs rangs étaient décimés mais ils demeuraient nombreux.
Un sourire étira les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle redressait la tête. Ils étaient là, leur force et mémoire l'habitait. Greffant sur son dos les ailes si emblématiques de leur idéal de liberté, ils s'affirmaient dans la mort en aidant les vivants.
Elle était la voix des martyrs. Ils étaient le bouclier des vivants.
Voici pourquoi elle lâcha simplement à l'intention du noiraud :
— Et du souvenir de la lame des sacrifiés, j'irais protéger ceux qui sont restés.
⏂
j'ai ouvert un Tiktok et j'ai voulu préenregistrer des vidéos mais y'a rien qui va ptdrrrr
on dirait que je suis bourrée sur la moitié des vidéos et j'arrive même pas à finir mes phrases
je sens que ça va juste être un truc comme ça oklm
du coup je voulais savoir si ça vous intéresse ou si je le laisse en pv pour moi et mes potes ?
dessus je parlerai de l'avancement de mes fics mais aussi d'autres choses
ce sera très messy mais on pourra interagir plus facilement
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