Lire pour écrire
Une question que je me suis posée et qui fait souvent débat chez les écrivain.es : faut-il lire pour écrire ? La fréquence actuelle de ce débat est liée à la multiplication de jeunes auteur.es, qui ont beaucoup d'enthousiasme, d'impatience et d'idées et pensent peut-être naïvement accéder au statut d'auteur de best-seller mondial sans l'aide précieuse de la lecture. Au risque de décevoir ces écrivain.es en herbe, je pense qu'il faut lire pour écrire, et ce pour plusieurs raisons.
Pourquoi lire pour écrire ?
Il est si facile de s'imprégner du style d'un.e auteur.e que les écrivains de la Pléiade, au XVIème siècle, considéraient qu'en lisant un.e auteur.e, toute son expérience nous est transférée. Ridicule ? Pas tant que ça...
Lire des auteur.es très doué.es permet en effet d'améliorer son style d'écriture. En lisant un livre, on intègre les mécanismes d'écriture fréquemment utilisés par l'auteur.e. On peut aussi repérer une phrase ou un passage qui nous touche profondément, et essayer de comprendre la manière dont l'auteur.e y a instillé tant d'émotions. Des figures de style peu connues comme la paronomase, des mots de vocabulaire originaux... Il existe un style d'écriture pour chaque auteur.e, et beaucoup, beaucoup d'auteur.es.
Tout cela est bien beau, mais on comprend mieux avec un exemple concret. Pléthore d'auteur.es sont connus pour leurs longues phrases, très longues (trop longues pour certains ?), à l'instar de Proust, dont la plus longue phrase contient 856 mots (eh oui, c'est possible !). À l'inverse, un auteur que j'admire beaucoup, Pierre Bottero, cultive les phrases non-verbales composées du minimum de mots. Deux styles très différents, qu'il faut lire pour connaître, afin de s'en inspirer ou s'en détacher en connaissance de cause !
Par ailleurs, on pourrait éviter de lire pour ne pas être influencé lors de son écriture. Seulement, il existe une théorie selon laquelle les « écrivain.es d'aujourd'hui » n'écrivent plus rien de nouveau, mais réinventent des classiques. Théorie absurde et énervante, certes, mais qui comporte une part de vérité. Quel que soit ce que l'on écrit, notre manuscrit se rapporte à un genre, et peut être rapproché d'autres écrits. Oui, même les créations les plus originales ! Il est donc important de lire ce qui a déjà été écrit, tout d'abord pour ne pas réécrire la même chose, mais aussi pour comprendre les codes du genre et peut-être s'en éloigner, qui sait ?
Oui, mais que lire ?
La première chose que je conseillerais de lire (et pas forcément la plus agréable...) ce sont les classiques. Cela peut paraître fastidieux et inutile, puisque de toute façon, "personne n'écrit plus comme ça aujourd'hui" ! Mais Hugo, Balzac, Maupassant et tous les autres sont les précurseurs de la nouvelle génération d'écrivain.es français.es. Et pour les raisons citées ci-dessus, ils sont incontournables. En effet, qui mieux que Balzac peut enseigner la subtilité des descriptions ? Et qui mieux que Jules Verne peut nous inculquer l'art de mêler fiction et explications scientifiques ?
Passons aux choses réjouissantes ! Bien évidemment, si on écrit de la fantasy, qu'allons-nous devoir lire ? De la fantasy, quelle surprise ! Cela marche aussi pour tous les autres genres. Ici encore, parlons un peu d'auteurs classiques, puisque c'est en général ce qui manque dans nos bibliothèques (si, je le sais !). Chaque genre a ses maîtres, ses auteur.es-phares. Pour la fantasy, on trouve naturellement J.R.R. Tolkien ou C.S. Lewis, et Ursula K. Le Guin pour la littérature contemporaine. Du côté de l'horreur, il y a H.P. Lovecraft et Stephen King, et Maxime Chattam aujourd'hui. En fantastique, Mary Shelley et son Frankenstein sont devenus incontournables. Ray Bradbury et René Barjavel ont marqué la science-fiction, tandis que les fondateurs du genre peuvent être Herbert G. Wells et Jules Vernes. Pour les genres développés plus récemment, il n'y a pas vraiment d'auteur.es classiques. Ainsi, si l'on s'intéresse à la romance pour adolescents, les auteur.es à lire peuvent être John Green avec Nos Étoiles Contraires ou encore Estelle Maskame et Did I Mention I Love You?.
Enfin, même s'il est étrange de le dire, n'ayons pas peur de lire des « livres mauvais ». Les livres qui n'ont pas eu de succès, ou ceux qui ont souffert de très mauvais avis pourront nous apprendre une chose : ce qu'il faut à tout prix éviter. Évidemment, il ne faut pas non plus trop en lire : il serait dommage de s'en nourrir !
Les fausses raisons pour ne pas lire
« Je n'ai pas le temps ! »
Alors là, laissons Stephen King, maître inconditionné, répondre : « Si tu n'as pas le temps de lire, alors tu n'as pas le temps d'écrire ».
« Je n'aime pas lire ! »
Dans ce cas, demandons-nous « Pourquoi est-ce que je veux écrire, alors ? ».
Écrire, c'est aimer la langue française, ses subtilités, ses lourdeurs aussi. C'est connaître le pouvoir des mots.
Ne pas aimer lire, cela ne veut rien dire. Il faudrait analyser, se demander « Pourquoi ? », changer de lectures peut-être, explorer d'autres genres.
Et en résumé, ça donne quoi ?
Lire pour écrire, incontournable. Lire pour s'imprégner du style d'auteur.es talentueux.ses, lire pour mieux cerner sa propre écriture. Lire des classiques, mais pas que. Lire de "bons livres", mais pas que. Et surtout, surtout, la règle la plus importante de toutes : se faire plaisir.
Une vision partagée par d'autres auteur.es :
J'ai demandé pour clore cet article à deux auteures de la plateforme de répondre à la question : « Quelle place prend la lecture dans ton écriture ? »
- Réponse de bananelumineuse :
La lecture est synonyme d'évasion, l'écriture permet de comprendre cette évasion. La lecture nous emmène dans les méandres de l'imagination et l'écriture nous invite à l'utilisation de cette toile géante. L'écriture, grâce à la lecture, vit de l'imagination développée par une lecture régulière et passionnée... La lecture est le socle de l'écriture comme l'imagination complète la lecture. En effet, la lecture permet l'inspiration de l'écrivain. Ainsi, tous les grands auteurs, de Hugo à Molière, étaient aussi de grands lecteurs. La lecture inspire, l'auteur y puise ses idées, ses sensations, ses tournures de phrases et tente de les replacer subtilement sur le papier. En laissant ses impressions, ses idées sur le papier, l'auteur permet au lecteur de devenir à son tour auteur.
- Réponse de Korrye :
La lecture a une place importante dans mon écriture car elle me permet de trouver des belles tournures, du vocabulaire, des descriptions et des idées pour mes livres. Toutefois, je trouve aussi beaucoup d'inspiration dans les évènements du quotidien et avec les personnes que je rencontre. Ainsi la lecture est une aide évidente mais ne fait pas tout.
PS :
L'écrivain.e contemporain.e est un.e écrivain.e connecté.e, personne n'écrit vraiment seul.e dans son coin. L'émergence de plateformes d'écriture comme Wattpad permet de rencontrer de multiples auteur.es aux multiples points de vue. Les propos de cet article ne reflètent pas forcément votre opinion, et ne sont pas supposés faire loi !
Article rédigé par -enami-
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